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Le sort de l'ours polaire repose sur une glace de plus en plus mince

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  • Le sort de l'ours polaire repose sur une glace de plus en plus mince

    L'ours polaire de la baie d'Hudson lutte pour sa survie alors que le réchauffement climatique réduit le temps qu'il peut passer sur la glace à chasser pour se nourrir, avertissent des écologistes et des habitants de Churchill, un village du nord canadien.


    «Pendant des années, il y avait entre 1.600 et 2.200 ours polaires dans la région», se souvient Bonnie Chartier, qui guide les touristes venus observer à Churchill le roi de la banquise.

    «Aujourd'hui, on dit qu'il n'y en a plus que 965. Leur nombre a chuté tout d'un coup et c'est le réchauffement climatique qui en est la cause», dit cette femme née à Churchill.

    En 2006, la population de Churchill, qui se targue d'être «la capitale mondiale de l'ours polaire», dépassait de peu celle des plantigrades, avec 975 habitants, selon le recensement canadien.

    Carnivore, l'ours polaire, le plus gros des ursidés, se nourrit surtout de phoques, qu'il chasse lorsque la glace se forme à partir de l'automne sur la baie d'Hudson. Au printemps, à la fonte des glaces, l'ours revient sur la terre ferme, où il jeûne.

    «Depuis 20 ans, les ours reviennent de la banquise deux semaines plus tôt et repartent une semaine plus tard», note Mme Chartier. «Leur temps de chasse pour se nourrir est donc écourté de trois semaines, surtout pendant les semaines cruciales du printemps quand les phoques mettent bas. Or, les bébés phoques sont des proies faciles pour les ours polaires», ajoute-t-elle.

    «Les temps sont durs pour les ours car ils n'accumulent pas assez de graisse pour attendre le moment où ils peuvent recommencer à chasser», poursuit-elle.

    Résultat, de plus en plus d'ours s'aventurent dans le village, ce qui, paradoxalement, conduit certaines personnes à croire que cette histoire d'ours en sursis n'est qu'un leurre destiné à attirer encore plus de touristes à Churchill.

    Autre conséquence, le bourg a même dû agrandir l'an dernier sa célèbre «prison» pour ours polaires, où les bêtes sont détenues en attendant de pouvoir être relâchées sur la glace une fois l'hiver revenu.

    «S'il y en a de plus en plus autour de Churchill, c'est qu'ils tentent désespérément de se nourrir faute de temps pour chasser», déclare un autre guide, le biologiste Brad Josephs.

    «La même chose s'est produite dans plusieurs villages au nord de Churchill, où les autochtones les plus anciens disaient au gouvernement que les ours étaient plus nombreux, parce qu'ils en voyaient de plus en plus dans leurs villages», ajoute-t-il.

    «Le gouvernement a donc augmenté le quota de chasse mais lorsqu'il a fait un recensement, il s'est rendu compte que la population d'ours n'était pas en hausse mais bien en baisse», indique M. Josephs.

    Le Canada compte sur son territoire plus de la moitié des ours polaires de la planète, dont le nombre est estimé à entre 20 000 et 25 000.

    Pour Bonnie Chartier, il ne fait pas de doute que les ours commencent à être affectés par le réchauffement climatique: «Nous en avons vu qui étaient anormalement maigres».

    Le climat n'est plus le même à Churchill, dit-elle. «Quand j'étais enfant, on portait un blouson l'été. Aujourd'hui, les gens sont en short et en débardeur».

    «Même les tempêtes de neige ne sont plus pareilles. Avant cela durait trois jours, maintenant juste une demi-journée», ajoute-t-elle. «Je me fais du souci pour les ours polaires, ils vont être les premiers à trinquer», dit-elle encore.

    Brad Josephs, lui, est encore plus inquiet. «Beaucoup de gens pensent qu'il est peut-être trop tard pour les sauver», dit-il.

    «Mais peut-être faut-il cette menace de perdre un animal charismatique pour que le monde se réveille et se dise que le réchauffement climatique est bien là et qu'il faut faire quelque chose».


    - AFP
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