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La famille de l’éducation perd un grand syndicaliste

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  • La famille de l’éducation perd un grand syndicaliste

    Bonsoir

    Fervent défenseur des droits des enseignants, chef de file des syndicats autonomes, Redouane Osmane est décédé hier des suites d’une crise cardiaque. En 2003, il décide de se consacrer exclusivement aux revendications des enseignants en créant le Conseil des lycées d’Algérie (CLA).

    La famille de l’éducation est en deuil. Elle vient de perdre un fervent défenseur de ses droits. Redouane Osmane, secrétaire général du CLA, un grand syndicaliste et militant infatiguable des droits de l’homme qui a de tout temps été au service des travailleurs, plus particulièrement des enseignants, s’est éteint hier, à l’âge de 56 ans. L’enseignant de langue française est décédé dans sa deuxième demeure à l’intérieur du grand lycée Emir Abdelkader à Bab El Oued. Redouane était en pleine salle de classe. Il donnait son cours de français à ses élèves de troisième année secondaire lorsqu’il s’était plaint, un laps de temps, d’une petite douleur, celle-ci s’est subitement amplifiée. Il s’était accoudé sur son bureau, s’était assis par la suite sur la chaise. Soudain, c’est le silence : le cœur de l’infatigable syndicaliste a lâché, trahissant l’homme qui a pourtant su et pu affronter toutes les situations les plus difficiles et les plus complexes. Un malaise cardiaque emporte Redouane. C’est la panique, l’incompréhension, l’émoi, le choc mais face à la mort l’être humain est impuissant, il est vulnérable... Redouane est évacué vers l’hôpital Maillot de Bab El Oued. Mais c’est trop tard. Les médecins n’ont rien pu faire. Ils ont juste confirmé le diagnostic. Il s’agit bel et bien d’une crise cardiaque. Pourtant, dans son environnement, aucun de ses proches, ni les enseignants ni ses camarades syndicalistes n’ont soupçonné un dysfonctionnement chez le défunt. Ses collègues du lycée Emir Abdelkader qu’il a fréquentés et qui ont mené ensemble un combat de longue haleine depuis 1993, date de son entrée au lycée Emir Abdelkader, n’arrivent pas à réaliser ce qui venait d’arriver. Redouane est décédé. La triste nouvelle fait le tour d’Alger. Affligés, abattus, chagrinés, les proches du défunt affluent vers l’hôpital. « La mort est amère », lance l’un de ses compagnons qui avait une pensée profonde pour les parents de Redouane dont il est le fils unique. « Redouane n’était pas malade, il était un sportif et la course était son sport favori », explique, la voix émue, Bellit son ami de longue date. La directrice de l’établissement Emir Abdelkader, n’ayant pas supporté le choc, est tombée dans les pommes. Elle a été évacuée en urgence vers l’hôpital. Dès son jeune âge, Redouane a toujours été un militant, un défenseur des droits des travailleurs. Militant du PST, il était au sein de l’UGTA, responsable de la section de Bab El Oued. A l’université de Bouzaréah, il a fondé avec ses amis le Syndicat national des étudiants algériens démocrates (SNEAD), dont il sera un membre actif. En 2003, il a décidé de se consacrer exclusivement aux revendications des enseignants, Redouane crée le Conseil des lycées d’Algérie (CLA). Un syndicat qui a porté haut et fort les revendications des travailleurs du secteur. Un syndicat non agréé qui a pu mobiliser et paralyser tous les lycées d’Alger... Redouane était le chef de file des syndicats autonomes. Ses proches témoignent que le monde syndical et le monde du travail viennent de perdre un syndicaliste sincère, un fervent défenseur des droits des enseignants. « Nous avons travaillé ensemble et nous avons mené le même combat, nous avons reçu des coups, nous avons été parfois satisfaits des acquis arrachés. Sa mort nous touche au plus profond. C’est une grande perte pour nous », a expliqué M. Lemdani du Cnapest. Pour d’autres, le défunt s’est tracé un objectif bien précis, celui de défendre les couches les plus défavorisées. Redouane, l’enseignant, le journaliste, le militant, le syndicaliste, faisait partie de cette catégorie et c’est d’ailleurs cette raison qui l’a poussé à classer parmi ses priorités et de faire des revendications des travailleurs, notamment la question des salaires, son cheval de bataille. Parfois contesté, parfois applaudi, Redouane a toutefois su avec son verbe facile ménager les deux clans. « Redouane va laisser un grand vide, je suis très peiné, d’autant plus que nous avons fait un chemin ensemble dans la lutte syndicale. Le défunt était sincère avec les professeurs, il avait été à la bonne école et savait s’imposer et imposer ses idées à tous les niveaux », se remémore l’un de ses proches qui se rappellera les moments passés ensemble à défendre le mouvement estudiantin. Redouane, selon les adhérents du CLA, était un sportif, débordant d’énergie. Il meublait à la dernière heure sa journée : il tenait des réunions marathons. Il préparait ses cours. Il était attentif aux doléances de ses élèves et il menait la vie dure à la tutelle. C’était leur bête noire. Osmane sera inhumé aujourd’hui au cimetière El Kettar à Alger.
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    El Watan

  • #2
    Bonjour

    Inhumé hier au cimetière d’El Kattar : “Redouane Osmane dérange même mort”

    Des obsèques à la mesure de la grandeur du militant ont été organisées hier par ses amis et sa famille. C’est en présence de milliers de citoyens et de figures syndicales que la dépouille mortelle du défunt Redouane Osmane a été accompagnée à sa dernière demeure.

    Au lycée Emir-Abdelkader où la dépouille du défunt devait être exposée, une foule d’enseignants, d’élèves et de journalistes attendaient depuis la matinée. A midi, les services de sécurité ont empêché au lycée de Redouane l’exposition du corps pour un dernier hommage. Cette information a soulevé l’ire des enseignants et des élèves qui scandaient, « même mort, il dérange ». Une enseignante dira « qu’après avoir muselé ses activités syndicales, ils veulent l’enterrer dans l’anonymat ». Après une dizaine de minutes de pourparlers, une procession humaine se dirige vers la mosquée « Essuna » de Bab El- Oued où avait été transportée la dépouille de Redouane Osmane. M. Lamdani, membre du CLA, a déclaré que « les services de sécurité ont détourné le cortège funèbre », et d’ajouter que « les autorités ont peur de lui, même mort ».

    Dans la mosquée, l’émotion se lisait sur les visageait des présents. Parmi la foule, on distingue les syndicalistes de l’Intersyndicale de l’éducation, des responsables politiques du PST, du MDS, du Mouvement citoyen de Kabylie, des membres du CCDR, des étudiants…

    « Il était populaire, il est enterré par le peuple », dira un citoyen de Bab El-Oued, qui n’arrivait pas à retenir ses larmes. La grandeur du militant syndical n’a laissé personne indifférent suite à sa disparition. Les gens sont venu de partout rendre un dernier hommage à celui qui fût à l’avant-garde de la lutte syndicale. Venus de Kabylie, d’Alger, de Oran et même du Sud, les ruelles de Bab El-Oued ne pouvaient contenir toute cette foule rassemblée le temps de l’un enterrement d’un des syndicalistes les plus actifs de l’histoire du syndicalisme algérien.

    Après la prière des morts, le millier de citoyens venus pour l’enterrement se dirigeaient vers le cimetière d’El-Kattar où Redouane sera enterré parmi les milliers d’autres citoyens, comme il l’a souhaité durant sa vie.

    Les youyous des femmes qui fusaient de temps à autres des balcons de Bab El-Oued, déchirait la chape de deuil silencieuse pesant sur la foule. Ces youyous, étaient, jadis, le symbole de fierté. Chez nous les hommes naquirent sous les youyous, et ils meurent avec. Les youyous poussés symbolisent « la propreté » et la justesse du parcours de cet homme.

    Devant sa tombe, ses élèves, soutenus par des enseignants ont enterré leur enseignant. Un enseignant dont ils disent, à l’unanimité, qu’il est le meilleur, le plus modeste. « On a appris des tas de choses avec lui, il est leader et il le restera pour toujours », tonne, Sofiane, lycéen à Bab El-Oued.

    Emmitouflés dans des vêtements d’hiver, ceux qui avaient côtoyés Redouane Osmane ne pouvaient rien dire. Devant la consternation générale, ils préféraient garder le silence. Un silence qui en dit long. Lorsque les langues se délieront, c’est un parcours de trente années, sans répit, qui sera narré. Le parcours de Redouane Osmane n’est pas inconnu, il été de tous les fronts. Les fronts occupés par les vrais fils de peuple. Pour ses fils, Redouane a donné toute sa vie. Une vie modeste, mais agitée. Remuée de par et d’autres. Une vie de militantisme sans relâche, un militantisme sans failles, sans trêves et sans concessions. Les différents témoignages n’arrivent toujours pas à cerner, réellement toute la vie de Redouane. A chaud, ses amis racontent les grandes lignes de ses combats. Un homme s’est présenté comme l’ami d’enfance de Redouane, il a relaté les dizaines d’années de militantisme dans la clandestinité. Il dira que ces années ont marqué Redouane. Avec la même fougue et ardeur Redouane a mené son combat.

    Même ceux qui ne partagent pas ses convictions, étaient là. Son noble parcours les a impressionné. A ce propos, un vieillard a souligné que, durant les années de terrorisme, Redouane vivait à Bab El-Oued, le fief des intégristes islamistes, mais sans pour autant que ces égorgeurs le menacent ou lui causent quelque tort, a rapporté notre interlocuteur. Il a ajouté que le respect dont il jouissait depuis toujours lui a valu une place privilégiée parmi la population.

    Son combat pour le salut du peuple et du prolétariat l’a mené à Bruxelles où il a participé à des activités alter-mondialistes. La dimension internationale de son combat est sans conteste. Ses amis syndicalistes lui promettent de poursuivre son combat et ses engagements.

    Redouane est, désormais, entré par la grande porte de l’Histoire, une Histoire qu’il a lui même faite. Elle est faite d’honneur, de bravoure et de justesse.



    Mohamed Mouloudj (Depêche Kabylie)

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