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Une organisation saoudienne invite Ayman Al-Zawahiri, numéro deux d'Al-Qaida, à un dialogue religieux sur Internet
A l'heure des hackers, des pirates du Web et autres cyberguerres, l'idée d'une discussion sur Internet entre le régime saoudien et Ayman Al-Zawahiri, numéro deux d'Al-Qaida, apparaît originale, voire improbable. C'est pourtant un "dialogue de haut niveau", par courriel interposé, que propose une organisation baptisée Hamlah As-Sakina (Campagne pour la tranquillité), financée par le ministère saoudien des affaires religieuses, au dirigeant du mouvement islamiste.
La vocation de cette organisation est de détourner les "musulmans du monde entier" du terrorisme et autres "idéologies déviantes". Grâce à Internet, "le dialogue avec Zawahiri est possible, où qu'il se trouve" et tant qu'il "accepte de discuter avec amabilité", a déclaré le porte-parole de Hamlah As-Sakina, Khaled Mouchawwah, cité par le quotidien panarabe Al-Hayat du 25 décembre. Ajoutant qu'il doutait de la "sincérité de Zawahiri à engager un dialogue sérieux avec des experts en affaires islamiques et politiques", il s'est également dit "prêt à discuter par tout autre moyen qui lui conviendrait".
Hamlah As-Sakina a réagi à une opération médiatique inédite lancée dix jours plus tôt par Al-Qaida. Le 16 décembre, un message mis en ligne sur deux sites Internet, considérés comme les organes de communication du mouvement djihadiste, a invité tous ceux qui le souhaitent, notamment les journalistes, à poser des questions écrites à Ayman Al-Zawahiri. Seules conditions requises : les questions doivent être "courtes et précises" et envoyées avant le 16 janvier. Les réponses seraient alors diffusées "dans la mesure du possible et dans les plus brefs délais".
Hamlah As-Sakina s'est bâtie la réputation de rivaliser avec le mouvement d'Oussama Ben Laden dans les domaines où celui-ci est censé exceller : l'utilisation d'Internet comme propagateur d'idées et l'argumentation théologique. Créée début 2004, l'organisation a officiellement été "adoubée" en 2006 par les autorités saoudiennes. Hamlah As-Sakina compte aujourd'hui une quarantaine d'oulémas (docteurs de la foi), capables de "surfer" sur les sites islamistes. Elle dispose aussi de son propre site, Asskeenh.com, qui rassemble fatwas et textes religieux, ainsi que les messages de militants "repentis". Selon ses responsables, Campagne pour la tranquillité vise les jeunes, plutôt que les leaders qui ont "choisi la voie de la violence et du terrorisme". Mais quand le numéro deux et théoricien d'Al-Qaida propose lui-même le dialogue… L'occasion était à saisir.
REVERS PERSONNEL
L'"invitation" d'Al-Qaida, dont l'authenticité n'a pas été établie, suscite bien des interrogations chez les spécialistes et les journaux arabes. Elle est interprétée par une partie d'entre eux comme la volonté de toucher un"public plus large" au moment où Ayman Al-Zawahiri vient de subir un revers personnel : la défection d'un compagnon d'armes de la première heure, Sayed Imam Al-Chérif, plus connu sous le nom de "Dr Fadel", "émir" avant lui à la tête du Djihad islamique égyptien, auteur d'un des livres fondateurs de l'idéologie djihadiste. Capturé au Yémen par la CIA puis remis aux autorités égyptiennes, il purge depuis 2004 une peine de prison à perpétuité.
Dans un manifeste publié dans plusieurs journaux du Golfe fin novembre, "Dr Fadel" a appelé à renoncer à la lutte armée, condamnant les attentats du 11-Septembre, les dirigeants d'Al-Qaida en général et Zawahiri en particulier. Une défection opérée sous haute surveillance du gouvernement égyptien mais d'une personnalité capable, selon certains experts, de susciter un débat au sein d'Al-Qaida. Une défection suivie mardi, selon la chaîne de télévision Al-Jazira, de la décision de l'Egypte de libérer d'ici au mois de mars 4 000 membres du Djihad islamique actuellement emprisonnés.
Cécile Hennion
Source le monde.fr
Qu'en pensez-vous ?
A l'heure des hackers, des pirates du Web et autres cyberguerres, l'idée d'une discussion sur Internet entre le régime saoudien et Ayman Al-Zawahiri, numéro deux d'Al-Qaida, apparaît originale, voire improbable. C'est pourtant un "dialogue de haut niveau", par courriel interposé, que propose une organisation baptisée Hamlah As-Sakina (Campagne pour la tranquillité), financée par le ministère saoudien des affaires religieuses, au dirigeant du mouvement islamiste.
La vocation de cette organisation est de détourner les "musulmans du monde entier" du terrorisme et autres "idéologies déviantes". Grâce à Internet, "le dialogue avec Zawahiri est possible, où qu'il se trouve" et tant qu'il "accepte de discuter avec amabilité", a déclaré le porte-parole de Hamlah As-Sakina, Khaled Mouchawwah, cité par le quotidien panarabe Al-Hayat du 25 décembre. Ajoutant qu'il doutait de la "sincérité de Zawahiri à engager un dialogue sérieux avec des experts en affaires islamiques et politiques", il s'est également dit "prêt à discuter par tout autre moyen qui lui conviendrait".
Hamlah As-Sakina a réagi à une opération médiatique inédite lancée dix jours plus tôt par Al-Qaida. Le 16 décembre, un message mis en ligne sur deux sites Internet, considérés comme les organes de communication du mouvement djihadiste, a invité tous ceux qui le souhaitent, notamment les journalistes, à poser des questions écrites à Ayman Al-Zawahiri. Seules conditions requises : les questions doivent être "courtes et précises" et envoyées avant le 16 janvier. Les réponses seraient alors diffusées "dans la mesure du possible et dans les plus brefs délais".
Hamlah As-Sakina s'est bâtie la réputation de rivaliser avec le mouvement d'Oussama Ben Laden dans les domaines où celui-ci est censé exceller : l'utilisation d'Internet comme propagateur d'idées et l'argumentation théologique. Créée début 2004, l'organisation a officiellement été "adoubée" en 2006 par les autorités saoudiennes. Hamlah As-Sakina compte aujourd'hui une quarantaine d'oulémas (docteurs de la foi), capables de "surfer" sur les sites islamistes. Elle dispose aussi de son propre site, Asskeenh.com, qui rassemble fatwas et textes religieux, ainsi que les messages de militants "repentis". Selon ses responsables, Campagne pour la tranquillité vise les jeunes, plutôt que les leaders qui ont "choisi la voie de la violence et du terrorisme". Mais quand le numéro deux et théoricien d'Al-Qaida propose lui-même le dialogue… L'occasion était à saisir.
REVERS PERSONNEL
L'"invitation" d'Al-Qaida, dont l'authenticité n'a pas été établie, suscite bien des interrogations chez les spécialistes et les journaux arabes. Elle est interprétée par une partie d'entre eux comme la volonté de toucher un"public plus large" au moment où Ayman Al-Zawahiri vient de subir un revers personnel : la défection d'un compagnon d'armes de la première heure, Sayed Imam Al-Chérif, plus connu sous le nom de "Dr Fadel", "émir" avant lui à la tête du Djihad islamique égyptien, auteur d'un des livres fondateurs de l'idéologie djihadiste. Capturé au Yémen par la CIA puis remis aux autorités égyptiennes, il purge depuis 2004 une peine de prison à perpétuité.
Dans un manifeste publié dans plusieurs journaux du Golfe fin novembre, "Dr Fadel" a appelé à renoncer à la lutte armée, condamnant les attentats du 11-Septembre, les dirigeants d'Al-Qaida en général et Zawahiri en particulier. Une défection opérée sous haute surveillance du gouvernement égyptien mais d'une personnalité capable, selon certains experts, de susciter un débat au sein d'Al-Qaida. Une défection suivie mardi, selon la chaîne de télévision Al-Jazira, de la décision de l'Egypte de libérer d'ici au mois de mars 4 000 membres du Djihad islamique actuellement emprisonnés.
Cécile Hennion
Source le monde.fr
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