Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a accordé une interview au quotidien italien Corriere della Sera dans laquelle il a affirmé que “le terrorisme est définitivement vaincu par l’Algérie”. “La victoire de l’Algérie sur le terrorisme est, aujourd’hui, reflétée à travers la paix, la stabilité et la sécurité retrouvées dans tout le pays”, a souligné le chef de l’Etat qui a indiqué que “le combat qu’elle a mené avec succès s’est d’ailleurs imposé comme une référence incontournable en matière de lutte antiterroriste”. Voici le texte intégral de l’interview paru mardi :
Quel bilan faites-vous, M. le Président, des relations économiques qui lient votre pays, l’Algérie, à l’Italie ? Qu’est-ce qui vous satisfait et qu’est-ce que vous jugez en deçà des potentialités réelles ?
Ce sont les échanges commerciaux qui dominent aujourd’hui les relations de coopération bilatérales. Le commerce global entre nos deux pays a atteint 9 milliards de dollars en 2005. Ce montant place l’Italie au deuxième rang des partenaires commerciaux de l’Algérie. Les hydrocarbures constituent la quasi-totalité des exportations algériennes. Nos importations d’Italie sont, pour l’essentiel, les produits semi-finis, les équipements industriels et agricoles et les biens de consommation. L’Algérie et l’Italie disposent de grandes potentialités de coopération économique qu’il convient d’exploiter au bénéfice mutuel de nos deux pays. II importe de poursuivre nos efforts afin de renforcer et de diversifier nos relations de coopération dans tous les domaines. C’est d’ailleurs l’objectif auquel s’emploie la commission mixte de coopération économique dont la neuvième session est prévue l’année prochaine à Rome. Une présence effective et durable des entreprises italiennes en Algérie, à travers des investissements dans les nombreux secteurs qui offrent aujourd’hui de grandes opportunités d’affaires, contribuera substantiellement à la consolidation de nos relations économiques bilatérales. Ces entreprises peuvent être associées à la réalisation de projets importants inscrits au titre du programme de relance économique qui est doté d’une enveloppe financière de plus de 100 milliards de dollars. Le secteur des travaux publics commence à attirer des entreprises italiennes. La petite et moyenne entreprise est certainement aussi un domaine où notre coopération peut connaître un développement substantiellement accru grâce, d’une part, à l’expérience éprouvée et au savoir-faire de ces entreprises et, d’autre part, aux avantages importants offerts par l’économie algérienne. Cette participation italienne peut être effectuée sous forme d’investissements directs ou en partenariats avec des entreprises algériennes publiques ou privées. Les bénéfices que rapporteront ces investissements aux entreprises italiennes contribueront, assurément, aux efforts tendant au rééquilibre de la balance des paiements entre nos deux pays.
A quelle phase se trouve le projet de construction du gazoduc Galsi ? Avez-vous plus de confiance dans le gouvernement Prodi quant à sa rapide réalisation ?
La réalisation d’un deuxième gazoduc reliant l’Algérie à l’Italie traduit la volonté partagée des deux pays de donner une impulsion plus significative à nos relations bilatérales. Ce gazoduc revêt une dimension stratégique non seulement pour l’Algérie et l’Italie, mais également pour l’Europe et le partenariat euro-méditerranéen en général. En effet, il permettra à l’Algérie de renforcer sa présence sur le marché énergétique européen et donnera à l’Italie et à l’Europe davantage de sécurité en matière d’approvisionnement énergétique et donc d’assurance pour ce qui est de leur croissance économique. Je rappelle que la société GALSI a été constituée en janvier 2003 en partenariat entre la société nationale SONATRACH et plusieurs entreprises européennes, essentiellement des sociétés italiennes. Des lettres d’intention relatives à la commercialisation du gaz naturel par le canal de ce gazoduc ont été signées en mars 2005 à Milan par les dirigeants d’une douzaine d’entreprises. Une délégation de la SONATRACH se rendra en Italie avant la fin de l’année en cours dans le but d’examiner un accord qui prendra en charge tous les aspects relatifs au démarrage effectif du gazoduc dont la livraison est prévue pour 2009. Les autorités algériennes et italiennes ont toujours confirmé leur attachement à la réalisation du projet ainsi que leur engagement à réunir les conditions pour sa réalisation dans les délais prévus.
Concernant la lutte contre l’immigration clandestine en Algérie, quel est le secret de votre contrôle des frontières ? Pourquoi on ne voit pas des centaines d’Algériens, comme les Marocains, Tunisiens... débarquer sur les côtes italiennes ? Et comment les forces de sécurité algériennes réussissent-elles à empêcher les candidats à l’immigration clandestine d’arriver en Europe ?
L’Algérie fait face, à l’instar de tous les pays de la région, à la recrudescence du phénomène de l’immigration clandestine, devenue une préoccupation majeure de la communauté internationale dans son ensemble. L’Algérie a apporté sa contribution au dialogue de haut niveau, organisé les 14 et 15 septembre 2006 à New York, sous l’égide de l’ONU et consacré à la migration et au développement. L’Algérie dispose de plus de 7000 km de frontières terrestres et maritimes. Il est illusoire de prétendre assurer un contrôle strict de toute l’étendue de cet espace, quels que soient les moyens déployés à cet effet. Nos services de sécurité sont toutefois mobilisés et agissent avec célérité et efficacité, et s’il y a peu d’Algériens qui tentent l’aventure de l’immigration clandestine vers l’Italie, cela s’explique par deux raisons essentielles : - Premièrement : l’amélioration continue des conditions de vie des Algériens, en particulier les jeunes qui bénéficient de programmes prioritaires d’emploi et d’insertion ainsi que de dispositifs de création de petites entreprises, leur offrant des perspectives réelles de développement dans leur pays, les dissuadant ainsi de tenter l’aventure européenne. - Deuxièmement : la vigilance des services chargés de la lutte contre l’immigration clandestine qui opèrent en amont, empêchant la quasi totalité des tentatives d’immigration clandestine par voie maritime. Je dois d’ailleurs relever, à ce propos, que l’Algérie n’est plus seulement un pays d’origine et de transit de l’immigration clandestine. Elle est devenue également un pays de destination et d’établissement de beaucoup de migrants, notamment d’origine subsaharienne qui, à la faveur des grands chantiers économiques dans le pays, trouvent des opportunités d’emploi. L’Algérie continue d’être un pays de transit d’une migration diversifiée d’origine subsaharienne dans sa majorité. Ce phénomène risque de prendre des dimensions alarmantes s’il n’est pas pris en charge convenablement dans le cadre d’une coopération internationale effective. Cela dit, l’Algérie mène une lutte inlassable contre l’immigration clandestine, malgré l’insuffisance des moyens dont disposent ses services de sécurité. Cependant, elle reste consciente que les solutions d’ordre sécuritaire ne peuvent, à elles seules, endiguer le phénomène. Ce qu’il faudrait faire, et l’Algérie l’a toujours soutenu, c’est promouvoir une politique de développement en faveur de l’Afrique, soutenue par des investissements importants, créateurs d’emplois, pour permettre à moyen et long termes de stabiliser des milliers de jeunes en leur donnant de réelles perspectives d’améliorer leurs conditions de vie, tout en restant dans leurs pays. C’est là toute la philosophie du NEPAD qui s’appuie d’abord et avant tout sur la volonté et les moyens des Africains eux-mêmes, tout en aménageant un espace naturel pour les apports extérieurs au développement de l’Afrique.
Quel bilan faites-vous, M. le Président, des relations économiques qui lient votre pays, l’Algérie, à l’Italie ? Qu’est-ce qui vous satisfait et qu’est-ce que vous jugez en deçà des potentialités réelles ?
Ce sont les échanges commerciaux qui dominent aujourd’hui les relations de coopération bilatérales. Le commerce global entre nos deux pays a atteint 9 milliards de dollars en 2005. Ce montant place l’Italie au deuxième rang des partenaires commerciaux de l’Algérie. Les hydrocarbures constituent la quasi-totalité des exportations algériennes. Nos importations d’Italie sont, pour l’essentiel, les produits semi-finis, les équipements industriels et agricoles et les biens de consommation. L’Algérie et l’Italie disposent de grandes potentialités de coopération économique qu’il convient d’exploiter au bénéfice mutuel de nos deux pays. II importe de poursuivre nos efforts afin de renforcer et de diversifier nos relations de coopération dans tous les domaines. C’est d’ailleurs l’objectif auquel s’emploie la commission mixte de coopération économique dont la neuvième session est prévue l’année prochaine à Rome. Une présence effective et durable des entreprises italiennes en Algérie, à travers des investissements dans les nombreux secteurs qui offrent aujourd’hui de grandes opportunités d’affaires, contribuera substantiellement à la consolidation de nos relations économiques bilatérales. Ces entreprises peuvent être associées à la réalisation de projets importants inscrits au titre du programme de relance économique qui est doté d’une enveloppe financière de plus de 100 milliards de dollars. Le secteur des travaux publics commence à attirer des entreprises italiennes. La petite et moyenne entreprise est certainement aussi un domaine où notre coopération peut connaître un développement substantiellement accru grâce, d’une part, à l’expérience éprouvée et au savoir-faire de ces entreprises et, d’autre part, aux avantages importants offerts par l’économie algérienne. Cette participation italienne peut être effectuée sous forme d’investissements directs ou en partenariats avec des entreprises algériennes publiques ou privées. Les bénéfices que rapporteront ces investissements aux entreprises italiennes contribueront, assurément, aux efforts tendant au rééquilibre de la balance des paiements entre nos deux pays.
A quelle phase se trouve le projet de construction du gazoduc Galsi ? Avez-vous plus de confiance dans le gouvernement Prodi quant à sa rapide réalisation ?
La réalisation d’un deuxième gazoduc reliant l’Algérie à l’Italie traduit la volonté partagée des deux pays de donner une impulsion plus significative à nos relations bilatérales. Ce gazoduc revêt une dimension stratégique non seulement pour l’Algérie et l’Italie, mais également pour l’Europe et le partenariat euro-méditerranéen en général. En effet, il permettra à l’Algérie de renforcer sa présence sur le marché énergétique européen et donnera à l’Italie et à l’Europe davantage de sécurité en matière d’approvisionnement énergétique et donc d’assurance pour ce qui est de leur croissance économique. Je rappelle que la société GALSI a été constituée en janvier 2003 en partenariat entre la société nationale SONATRACH et plusieurs entreprises européennes, essentiellement des sociétés italiennes. Des lettres d’intention relatives à la commercialisation du gaz naturel par le canal de ce gazoduc ont été signées en mars 2005 à Milan par les dirigeants d’une douzaine d’entreprises. Une délégation de la SONATRACH se rendra en Italie avant la fin de l’année en cours dans le but d’examiner un accord qui prendra en charge tous les aspects relatifs au démarrage effectif du gazoduc dont la livraison est prévue pour 2009. Les autorités algériennes et italiennes ont toujours confirmé leur attachement à la réalisation du projet ainsi que leur engagement à réunir les conditions pour sa réalisation dans les délais prévus.
Concernant la lutte contre l’immigration clandestine en Algérie, quel est le secret de votre contrôle des frontières ? Pourquoi on ne voit pas des centaines d’Algériens, comme les Marocains, Tunisiens... débarquer sur les côtes italiennes ? Et comment les forces de sécurité algériennes réussissent-elles à empêcher les candidats à l’immigration clandestine d’arriver en Europe ?
L’Algérie fait face, à l’instar de tous les pays de la région, à la recrudescence du phénomène de l’immigration clandestine, devenue une préoccupation majeure de la communauté internationale dans son ensemble. L’Algérie a apporté sa contribution au dialogue de haut niveau, organisé les 14 et 15 septembre 2006 à New York, sous l’égide de l’ONU et consacré à la migration et au développement. L’Algérie dispose de plus de 7000 km de frontières terrestres et maritimes. Il est illusoire de prétendre assurer un contrôle strict de toute l’étendue de cet espace, quels que soient les moyens déployés à cet effet. Nos services de sécurité sont toutefois mobilisés et agissent avec célérité et efficacité, et s’il y a peu d’Algériens qui tentent l’aventure de l’immigration clandestine vers l’Italie, cela s’explique par deux raisons essentielles : - Premièrement : l’amélioration continue des conditions de vie des Algériens, en particulier les jeunes qui bénéficient de programmes prioritaires d’emploi et d’insertion ainsi que de dispositifs de création de petites entreprises, leur offrant des perspectives réelles de développement dans leur pays, les dissuadant ainsi de tenter l’aventure européenne. - Deuxièmement : la vigilance des services chargés de la lutte contre l’immigration clandestine qui opèrent en amont, empêchant la quasi totalité des tentatives d’immigration clandestine par voie maritime. Je dois d’ailleurs relever, à ce propos, que l’Algérie n’est plus seulement un pays d’origine et de transit de l’immigration clandestine. Elle est devenue également un pays de destination et d’établissement de beaucoup de migrants, notamment d’origine subsaharienne qui, à la faveur des grands chantiers économiques dans le pays, trouvent des opportunités d’emploi. L’Algérie continue d’être un pays de transit d’une migration diversifiée d’origine subsaharienne dans sa majorité. Ce phénomène risque de prendre des dimensions alarmantes s’il n’est pas pris en charge convenablement dans le cadre d’une coopération internationale effective. Cela dit, l’Algérie mène une lutte inlassable contre l’immigration clandestine, malgré l’insuffisance des moyens dont disposent ses services de sécurité. Cependant, elle reste consciente que les solutions d’ordre sécuritaire ne peuvent, à elles seules, endiguer le phénomène. Ce qu’il faudrait faire, et l’Algérie l’a toujours soutenu, c’est promouvoir une politique de développement en faveur de l’Afrique, soutenue par des investissements importants, créateurs d’emplois, pour permettre à moyen et long termes de stabiliser des milliers de jeunes en leur donnant de réelles perspectives d’améliorer leurs conditions de vie, tout en restant dans leurs pays. C’est là toute la philosophie du NEPAD qui s’appuie d’abord et avant tout sur la volonté et les moyens des Africains eux-mêmes, tout en aménageant un espace naturel pour les apports extérieurs au développement de l’Afrique.
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