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La Banque mondiale dénonce les subventions des prix de l'essence

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  • La Banque mondiale dénonce les subventions des prix de l'essence

    Le pétrole à 100 dollars le baril aura été sans conteste l’un des événements phares de 2007. Voilà un chiffre rond, marquant pour les esprits et mordant pour le pouvoir d’achat. Sachant qu’un baril équivaut à 159 litres, l’automobiliste qui fait le plein doit alors débourser 0,63 dollar pour chaque litre, soit 0,42 euro. Ce prix de la matière brute, hors taxe et hors frais de raffinage et d’acheminement, s’impose à tous les citoyens de la planète. Est-il d’autre produit en effet dont le marché soit plus mondialisé, techniquement uniforme et universel dans son usage ? Et pourtant le pétrole est vendu à ses utilisateurs avec des écarts de prix de très grande ampleur. Alors qu’au Venezuela le litre était distribué à la pompe à 5 centimes de dollar américain dans les rues de Caracas l’été dernier, il fallait payer 2,05 dollars à Oslo, la capitale de la Norvège. Selon cette statistique établie pour les principales villes du monde par The Oil Drum, la gamme va de un à quarante entre le pays où l’essence à la pompe est le moins chère et celui où elle est vendue au prix maximum.

    Le Venezuela et la Norvège comptent parmi les quatre pays exportateurs de pétrole les plus importants au monde. Mais c’est donc leur seul point commun. L’un et l’autre poursuivent des stratégies aux antipodes quand il s’agit de rentabiliser leur manne énergétique. Le colonel Chavez, dont le premier coup d’État (avorté) remonte à 1992, une période de fort mécontentement populaire lié au renchérissement des produits de base, entend faire profiter hic et nunc ses concitoyens de leur trésor.

    À Oslo, c’est le contraire. Les Norvégiens ont décidé de sanctuariser leurs recettes pétrolières. Le Government Petroleum Fund, créé en 1990, est un fonds souverain auquel est affectée la quasi-totalité des ressources émanant de l’exploitation du pétrole et du gaz. La loi interdit que cet organisme public alloue plus de 4 % de ses propres revenus aux besoins de financement de l’État. Grâce à quoi la rente naturelle, nullement éternelle, profitera également aux générations futures. La Norvège, la plus riche en énergies fossiles de tous les pays de l’OCDE, est aussi l’un des pays qui taxent le plus lourdement les carburants automobiles.

    Dans le classement établi par la très sérieuse Agence internationale de l’énergie (AIE) au troisième trimestre 2007, chaque litre d’essence sans plomb supportait une taxation de 1,224 dollar américain (l’unité de compte de l’AIE) en Norvège, de 1,238 dollar au Royaume-Uni, de 1,247 dollar aux Pays-Bas et de 1,114 dollar en France. Contrairement à une légende tenace, les Français ne détiennent pas le record de la fiscalité la plus punitive sur les carburants. Ce n’est pas non plus un hasard si le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Norvège, tous trois bénis par le pactole de la mer du Nord, taxent le plus durement leurs consommateurs : ils savent que le filon qui a fait leur bonheur depuis les années 1970 n’est pas inépuisable. Reste que les paradis fiscaux existent aussi en matière pétrolière : aux États-Unis, le litre de carburant est assorti d’une taxation de 0,105 dollar à peine et le Mexique voisin fait encore mieux (0,082 dollar), selon l’étude de l’AIE.

    Le Venezuela n’est certes pas le seul au sein de l’Opep à vendre pratiquement au prix coûtant ses hydrocarbures. L’Arabie saoudite et l’Iran en font autant (avec des prix au litre à la pompe de respectivement 12 et 9 centimes de dollar). À ces niveaux, les carburants sont six à dix fois moins élevés que leur contenu de pétrole brut valorisé à 100 dollars le baril sur le marché mondial ! Mais il est vrai qu’une grande partie de l’or noir saoudien est extraite à des coûts compris entre un et cinq dollars le baril.

    La Banque mondiale s’efforce de faire la chasse à ces pratiques tarifaires des pays de l’Opep qui vendent l’énergie à usage domestique au dixième de son prix mondial. Il en résulte des gaspillages énormes et anti-écologiques. Selon les experts de la Banque, l’Iran pourrait réduire de 49 % ses émissions de carbone si elle supprimait les subventions consenties à ses consommateurs. Et il en va de même pour le Venezuela, la Russie mais également l’Inde et la Chine, qui pour leur part sont de gros importateurs d’hydrocarbures. Ils ont donc encore moins de raison à subventionner leurs utilisateurs. Si ce n’est que le pétrole à 100 dollars le baril, et à 0,63 dollar le litre, devient insupportable pour des gens dont le revenu quotidien est de 1 à 2 dollars.

    La tentation est grande pour les pays en développement de taxer a minima les carburants. En Chine continentale, le litre à la pompe se vendait l’été dernier 0,64 dollar, le prix de revient brut. Jusqu’à ce que Pékin se résolve à relever de 10 % les tarifs, ce qui a provoqué des émeutes dans la province du Hunan et des morts parmi les resquilleurs dans les files d’attente. L’émoi suscité par l’envolée du pétrole dans les pays riches est de la roupie de sansonnet comparé au désarroi des Africains et même des Asiatiques. N’oublions pas que le revenu moyen d’un Chinois reste encore de 5 à 6 dollars par jour. Voilà qui oblige à une certaine frugalité. Quand l’Américain consomme en moyenne 9 litres de pétrole par jour et le Français, 4,5 litres, le Sénégalais doit se contenter de 0,3 litre...

    source : le figaro
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