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L'état des réserves pétrolières de l’Algérie en question

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  • L'état des réserves pétrolières de l’Algérie en question

    L’ex-P-DG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, vient de contredire le ministre de l’Énergie sur l’état actuel des réserves pétrolières de l’Algérie. Chakib Khelil dans une récente déclaration a avancé que les réserves pétrolières de l’Algérie ont une durée de vie de 50 ans. L’ancien responsable de la compagnie pétrolière nationale affirme, lui, sur le quotidien en ligne Tout-sur l’Algérie qu’elles ne sont que de 18 ans et que l’Algérie va plus tôt que prévu consacrer sa production de brut à couvrir principalement la demande locale, qui va aller crescendo d’ici à 2020, en raison de deux facteurs, nous semble-t-il, la croissance économique et la croissance de la population. S’y ajoute la montée de la demande émanant des transports : accroissement du nombre de véhicules et diésélisation prononcée du parc automobiles. Qui a tort ? Qui a raison ?

    Les deux intervenants sont des experts avisés. Le premier a été longtemps directeur de l’exploration à Sonatrach, le second était ingénieur réservoir à Sonatrach à la fin des années 60, avant d’exercer dans les années 70 en tant que responsable d’une société mixte algéro-américaine spécialisée dans le pétrole. Avant d’être nommé ministre de l’Énergie, il était consultant et responsable à la Banque mondiale. Si l’on tient compte des statistiques du géant britannique BP, une référence dans le secteur pétrolier, la durée de vie des réserves algériennes est, comme l’a avancé Attar, de 18 ans. Mais il faut savoir de quoi on parle. Les deux sources parlent de réserves prouvées récupérables. Et ne tiennent pas compte ni du potentiel pétrolier ni des découvertes récentes.

    En clair, ces réserves sont déterminées avec une grande certitude.
    Le ministre de l’Énergie part du postulat que le domaine minier national est sous-exploré. On est très loin de la moyenne mondiale, 100 puits par 10 000 kilomètres carrés. Il y a donc du pétrole à découvrir. On avait prédit dans les années 80 qu’en 2000, l’Algérie aura épuisé l’essentiel de ses réserves et commencé à importer du brut. Or, à cette échéance, les réserves algériennes de brut étaient au même niveau qu’en 1971. C’est comme si l’on n’avait produit aucune goutte depuis. C’est le fruit de gros investissements engagés dans les années 90 dans l’exploration, en partenariat avec des compagnies internationales.

    Un potentiel de 28 milliards de barils
    Depuis 2000, résultat de l’effort de Sonatrach et de ses partenaires, l’Algérie enregistre des records en termes de découvertes : 18 en 2006, 20 en 2007. Ce qui fait dire que le désert algérien n’a pas livré tous ses secrets. L’association des géologues américaine avait conclu que les réserves algériennes pourraient atteindre 28 milliards de barils. Ce qui donne une durée de vie au rythme actuel d’extraction de 40 ans. Khelil n’est pas loin de ce chiffre.

    Si l’on tient compte du champ de Hassi-Messaoud, on peut en tirer encore au rythme de 30 millions de tonnes par an pendant 40 ans. N’oublions pas que d’ici 2020-2030, les technologies de récupération du pétrole permettront d’atteindre des taux plus élevés que ceux d’aujourd’hui, une moyenne de 30%. Khelil parle de réserves possibles et probables, en un mot pouvant être mises au jour avec une moindre certitude. La technologie aura avancé. L’effort intensif d’exploration au cours des prochaines années va porter ses fruits.

    En tout état de cause, ces affirmations contradictoires posent un problème de fond. Elles invitent à un débat d’experts. La richesse relative de l’Algérie en pétrole constitue en partie une malédiction. En ce sens, elle n’incite pas à développer rapidement une économie de substitution, à développer en urgence les énergies alternatives aux ressources fossiles. Mais le vrai débat aujourd’hui est celui de préparer dès aujourd’hui l’après-pétrole, de diversifier les exportations au profit des générations futures. L’ancien responsable de Sonatrach n’a pas tort en disant qu’on découvre de moins en moins de pétrole dans le monde. C’est cette incertitude dans la confirmation de ce potentiel, bien qu’elle ne dispense pas de poursuivre cet effort intensif d’exploration pour maintenir le rythme d’extraction actuel le plus longtemps possible, qui contraint à développer rapidement les exportations hors hydrocarbures et les capacités industrielles locales susceptibles de faire face à la concurrence. C’est là où se joue l’avenir de l’Algérie.

    source : Liberté
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