Au Maroc, mouvement syndical et le multipartisme datent de l’indépendance, les concepts de la société civile et de mouvements sociaux sont relativement nouveaux dans le débat public. Apparus avec l’ouverture et l’élargissement du champ des libertés publiques, concrétisé par la libération des détenus politiques, le ministère des DH, la constitution du CCDH, IER etc., une multitude de mouvements sociaux contestataires se sont renforcés et imposés sur la scène publique.
Que ce soit le mouvement des femmes, celui pour les droits humains ou celui relatif à la question de la culture amazigh.etc., ceux-ci, sont organisés en associations et en réseaux et adoptent une nouvelle forme de gestion des conflits sociaux avec de nouvelles formes d’actions citoyennes contestataires.
Ces actions tendent à dépasser l’attitude séculaire de la peur du sujet envers les organes de l’État makhzenien, ainsi, leurs capacités de mobilisation et d’occupation de l’espace publique, deviennent elle un enjeu de visibilité et d’existence.
Toutefois ces nouveaux mouvements sociaux restent fragiles commencent à peine à s’ouvrir sur leur environnement social. Et leurs actions, limités dans l’espace ne couvrent qu’une petite partie des problèmes rencontrés par la population, notamment les populations les plus vulnérables.
Repris, actuellement, à son compte par le régime politique et les medias, le concept de la société civile est devenu une sorte de fourre tout, aussi bien opposé à l’État qu’aux organisations politiques et syndicales, ce qui lui fait perdre de vue l’une de ses caractéristiques principales qu’est celle de la contestation sociale et le vide de son contenu politique.
En parallèle à ces évolutions et dans un contexte détérioration du niveau de vie et des services publiques, des mobilisations plus ou moins spontanées, ont eu lieu dans des régions éloigné des centres de décisions (Bouarfa, Sidi Ifni, Sefrou, Bensmim.) et se transforment souvent en affrontements violents entre les habitants et les forces de l’ordre, avec de nombreuses personnes blessés et/ou arrêtées. Ainsi en l’absence d’interlocuteur légitime, face aux autorités locales, la population n’a d’autres choix que de descendre dans la rue manifester son mécontentement, parfois dans la violence.
L’implication des jeunes reste essentielle, et pourrait jouer un rôle important dans la promotion de formes de résistances sociales pacifiques et la proposition d’alternatives en tant qu’interlocuteur des autorités locales. Ainsi, la mobilisation de cette population majoritaire au Maroc représente-t-elle un enjeu majeur pour l’avenir.
Quelle est donc la condition de la jeunesse au Maroc ? Et comment lui permettre de s’impliquer pleinement dans les luttes pour un avenir meilleur et la recherche d’alternatives ?
Bref aperçu de la situation de la jeunesse Marocaine
Les jeunes font parti d’une société fortement hiérarchisée, ils n’ont ni pouvoir social décisionnel ni pouvoir politique, quoiqu’ils aient un poids démographique (38% de la population est âgée entre 15 et 35 ans). Ils sont simplement assujettis et dépendant.
Avec, un système éducatif délabré où plus de six jeunes scolarisés sur dix n’ont pas été concernés par l’orientation et où le tiers des jeunes scolarisés quittent les établissements de formation avant d’obtenir un diplôme (enquête être jeunes CNJA 1993), les chances d’insertions socio professionnelles se rétrécissent. En outre, le système éducatif, où les programmes de philosophie et des sciences humaines ont été sciemment supprimés ou sabotés par le régime, prive les jeunes de tout esprit critique et aussi de leur capacité à réfléchir par eux même. Cette situation peut expliquer la tendance à se tourner vers la religion (53% des jeunes favorable au port du voile islamique selon l’enquête du journal « L’économiste » sur les jeunes) et parfois à l’extrémisme religieux (les auteurs des attentats terroristes de Casablanca en 2003 et 2007 sont tous des jeunes âgés de moins de 30 ans).
Sur le marché du travail, où le jeune, au bas de l’échelle - quand il trouve un emploi - est chosifié dans un système qui sacralise le rendement et la consommation en plus d’être en premières lignes lors des licenciements ; en outre les contrats ANAPEC proposé aux jeunes rendent leur situation encore plus précaire.
Les choses ne s’améliorent pas dans le système politique où la majorité des jeunes 95% se désintéressent de la chose politique par simple indifférence (selon l’enquête de l’économiste sur les jeunes), par méfiance (87%) ou même parfois par cynisme. Ce désintérêt se manifeste concrètement par l’abandon du droit de vote ce qui baisse encore plus leur pouvoir politique (très fort taux d’abstention lors des dernières élections de l’ordre de 63%) cette abstention peut aussi être assimilé à une forme de contestation passive, d’un système auquel les jeunes ne croient plus.
Actuellement les discours sur l’intérêt porté à la jeunesse font légions, mais ils semblent plus orientés vers leur intégration dans le système consumériste, sans que ces discours ne soient suivis d’actes permettant à la majorité des jeunes d’acquérir des outils d’intégration sociale, économique culturelle et politique.
La situation décrite plus haut, peut, en partie, expliquer la résurgence mouvement sociaux et culturels où des jeunes sont pleinement acteurs. Le renouveau de la mobilisation sociale de la jeunesse marocaine : Déjà depuis l’indépendance les militants de l’UNEM ont été de toutes les luttes sociales au Maroc. Mais avec le déclin relatif du militantisme étudiant, de nouvelles formes d’actions, de mobilisations et de contestations sont apparues.
La création de l’Association Nationale des Diplômés Chômeurs du Maroc en est une illustration. Celle ci débuta en Juillet 1991, elle était conduite par plus de 300 jeunes diplômés en chômage qui ont organisé pendant plus de 5 mois des marches et des grèves de faim. Dans un contexte où l’action des jeunes était caractérisée par la spontanéité et la violence ces jeunes ont instauré un rapport organisé, et donc moins spontané, à la politique. Ils ont adopté un nouveau style d’action collective, une nouvelle culture politique de la revendication (marche, sit-in, négociation avec les autorités, slogans scandés, chants photocopiés et distribués...). Aujourd’hui encore des groupements de diplômés chômeurs sont encore mobilisés et manifestent quasi quotidiennement devant le parlement ou bien dans leurs régions d’origine.
La présence de la jeunesse au FSMaroc en 2002 à été remarqué lors des débats et la création du secrétariat national des jeunes au sein du forum lors du 2éme FSMaroc à madianat al3irfan la cité universitaire Soussi en 2004 montre leur volonté de prise en main de leur destin. Lors de cette édition leur participation était effective à l’organisation et à l’animation. Les jeunes se sont aussi imposés dans les débats et ont participés activement aux ateliers.
Autre mobilisation de la jeunesse et de la société civile est celle des coordinations nationales contre la hausse du niveau des prix, créées en 2006, et où l’on remarque une présence effective des jeunes (issus du monde associatif et des partis politiques) aussi bien pour la prise de décision que pour la préparation, la mobilisation et le suivi des actions décidées. Cette coordination a été à l’initiative de plusieurs sit-in et marches dans plusieurs villes du pays. Elles comptent aujourd’hui prés 80 coordinations et couvre tout le territoire marocain.
Un autre élément important dans ce mouvement, est la presse indépendante (animé essentiellement par des jeunes) qui utilise avec beaucoup d’audace les marges de liberté existantes et informe l’opinion publique nationale et internationale sur luttes sociales en cours.
On peut aussi rappeler la mobilisation de la jeunesse lors de l’arrestation en 2003 de 14 rockers casablancais accusés de satanisme et « d’ébranlement de la foi d’un musulman ». Celle-ci s’est faite au nom de la liberté d’expression. Elle a montré la capacité des jeunes à innover dans les formes de protestation (sit-in, concerts de soutien, articles de presses, slogans.etc.) et aussi leur capacité à « faire passer le mot » et de se solidariser quand ils se sentent visés, sans pour autant être engagés ni politiquement ni dans une structure associative.
A la suite de cette mobilisation on a vu se renforcer un mouvement culturel notamment autour du rap et de ce qui est désormais appelée la nouvelle scène musicale marocaine.
Que ce soit le mouvement des femmes, celui pour les droits humains ou celui relatif à la question de la culture amazigh.etc., ceux-ci, sont organisés en associations et en réseaux et adoptent une nouvelle forme de gestion des conflits sociaux avec de nouvelles formes d’actions citoyennes contestataires.
Ces actions tendent à dépasser l’attitude séculaire de la peur du sujet envers les organes de l’État makhzenien, ainsi, leurs capacités de mobilisation et d’occupation de l’espace publique, deviennent elle un enjeu de visibilité et d’existence.
Toutefois ces nouveaux mouvements sociaux restent fragiles commencent à peine à s’ouvrir sur leur environnement social. Et leurs actions, limités dans l’espace ne couvrent qu’une petite partie des problèmes rencontrés par la population, notamment les populations les plus vulnérables.
Repris, actuellement, à son compte par le régime politique et les medias, le concept de la société civile est devenu une sorte de fourre tout, aussi bien opposé à l’État qu’aux organisations politiques et syndicales, ce qui lui fait perdre de vue l’une de ses caractéristiques principales qu’est celle de la contestation sociale et le vide de son contenu politique.
En parallèle à ces évolutions et dans un contexte détérioration du niveau de vie et des services publiques, des mobilisations plus ou moins spontanées, ont eu lieu dans des régions éloigné des centres de décisions (Bouarfa, Sidi Ifni, Sefrou, Bensmim.) et se transforment souvent en affrontements violents entre les habitants et les forces de l’ordre, avec de nombreuses personnes blessés et/ou arrêtées. Ainsi en l’absence d’interlocuteur légitime, face aux autorités locales, la population n’a d’autres choix que de descendre dans la rue manifester son mécontentement, parfois dans la violence.
L’implication des jeunes reste essentielle, et pourrait jouer un rôle important dans la promotion de formes de résistances sociales pacifiques et la proposition d’alternatives en tant qu’interlocuteur des autorités locales. Ainsi, la mobilisation de cette population majoritaire au Maroc représente-t-elle un enjeu majeur pour l’avenir.
Quelle est donc la condition de la jeunesse au Maroc ? Et comment lui permettre de s’impliquer pleinement dans les luttes pour un avenir meilleur et la recherche d’alternatives ?
Bref aperçu de la situation de la jeunesse Marocaine
Les jeunes font parti d’une société fortement hiérarchisée, ils n’ont ni pouvoir social décisionnel ni pouvoir politique, quoiqu’ils aient un poids démographique (38% de la population est âgée entre 15 et 35 ans). Ils sont simplement assujettis et dépendant.
Avec, un système éducatif délabré où plus de six jeunes scolarisés sur dix n’ont pas été concernés par l’orientation et où le tiers des jeunes scolarisés quittent les établissements de formation avant d’obtenir un diplôme (enquête être jeunes CNJA 1993), les chances d’insertions socio professionnelles se rétrécissent. En outre, le système éducatif, où les programmes de philosophie et des sciences humaines ont été sciemment supprimés ou sabotés par le régime, prive les jeunes de tout esprit critique et aussi de leur capacité à réfléchir par eux même. Cette situation peut expliquer la tendance à se tourner vers la religion (53% des jeunes favorable au port du voile islamique selon l’enquête du journal « L’économiste » sur les jeunes) et parfois à l’extrémisme religieux (les auteurs des attentats terroristes de Casablanca en 2003 et 2007 sont tous des jeunes âgés de moins de 30 ans).
Sur le marché du travail, où le jeune, au bas de l’échelle - quand il trouve un emploi - est chosifié dans un système qui sacralise le rendement et la consommation en plus d’être en premières lignes lors des licenciements ; en outre les contrats ANAPEC proposé aux jeunes rendent leur situation encore plus précaire.
Les choses ne s’améliorent pas dans le système politique où la majorité des jeunes 95% se désintéressent de la chose politique par simple indifférence (selon l’enquête de l’économiste sur les jeunes), par méfiance (87%) ou même parfois par cynisme. Ce désintérêt se manifeste concrètement par l’abandon du droit de vote ce qui baisse encore plus leur pouvoir politique (très fort taux d’abstention lors des dernières élections de l’ordre de 63%) cette abstention peut aussi être assimilé à une forme de contestation passive, d’un système auquel les jeunes ne croient plus.
Actuellement les discours sur l’intérêt porté à la jeunesse font légions, mais ils semblent plus orientés vers leur intégration dans le système consumériste, sans que ces discours ne soient suivis d’actes permettant à la majorité des jeunes d’acquérir des outils d’intégration sociale, économique culturelle et politique.
La situation décrite plus haut, peut, en partie, expliquer la résurgence mouvement sociaux et culturels où des jeunes sont pleinement acteurs. Le renouveau de la mobilisation sociale de la jeunesse marocaine : Déjà depuis l’indépendance les militants de l’UNEM ont été de toutes les luttes sociales au Maroc. Mais avec le déclin relatif du militantisme étudiant, de nouvelles formes d’actions, de mobilisations et de contestations sont apparues.
La création de l’Association Nationale des Diplômés Chômeurs du Maroc en est une illustration. Celle ci débuta en Juillet 1991, elle était conduite par plus de 300 jeunes diplômés en chômage qui ont organisé pendant plus de 5 mois des marches et des grèves de faim. Dans un contexte où l’action des jeunes était caractérisée par la spontanéité et la violence ces jeunes ont instauré un rapport organisé, et donc moins spontané, à la politique. Ils ont adopté un nouveau style d’action collective, une nouvelle culture politique de la revendication (marche, sit-in, négociation avec les autorités, slogans scandés, chants photocopiés et distribués...). Aujourd’hui encore des groupements de diplômés chômeurs sont encore mobilisés et manifestent quasi quotidiennement devant le parlement ou bien dans leurs régions d’origine.
La présence de la jeunesse au FSMaroc en 2002 à été remarqué lors des débats et la création du secrétariat national des jeunes au sein du forum lors du 2éme FSMaroc à madianat al3irfan la cité universitaire Soussi en 2004 montre leur volonté de prise en main de leur destin. Lors de cette édition leur participation était effective à l’organisation et à l’animation. Les jeunes se sont aussi imposés dans les débats et ont participés activement aux ateliers.
Autre mobilisation de la jeunesse et de la société civile est celle des coordinations nationales contre la hausse du niveau des prix, créées en 2006, et où l’on remarque une présence effective des jeunes (issus du monde associatif et des partis politiques) aussi bien pour la prise de décision que pour la préparation, la mobilisation et le suivi des actions décidées. Cette coordination a été à l’initiative de plusieurs sit-in et marches dans plusieurs villes du pays. Elles comptent aujourd’hui prés 80 coordinations et couvre tout le territoire marocain.
Un autre élément important dans ce mouvement, est la presse indépendante (animé essentiellement par des jeunes) qui utilise avec beaucoup d’audace les marges de liberté existantes et informe l’opinion publique nationale et internationale sur luttes sociales en cours.
On peut aussi rappeler la mobilisation de la jeunesse lors de l’arrestation en 2003 de 14 rockers casablancais accusés de satanisme et « d’ébranlement de la foi d’un musulman ». Celle-ci s’est faite au nom de la liberté d’expression. Elle a montré la capacité des jeunes à innover dans les formes de protestation (sit-in, concerts de soutien, articles de presses, slogans.etc.) et aussi leur capacité à « faire passer le mot » et de se solidariser quand ils se sentent visés, sans pour autant être engagés ni politiquement ni dans une structure associative.
A la suite de cette mobilisation on a vu se renforcer un mouvement culturel notamment autour du rap et de ce qui est désormais appelée la nouvelle scène musicale marocaine.
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