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La loi des séries : fatalité ou pas?

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  • La loi des séries : fatalité ou pas?

    Autant le dire tout de suite, la soi-disant loi des séries de malheurs ou de bonheurs est un pur produit de notre imagination. Par contre, l'accumulation de coïncidences obéit à des lois, bien véritables cette fois, du hasard. Eh oui, bien que le hasard semble échapper à toute rationalité c'est même sa nature , il peut être mis en équations. Et celles-ci peuvent servir à démasquer ce que l'on nomme la loi des séries.

    Car effectivement, tout le monde sait qu'«un malheur n'arrive jamais seul» ou que «jamais deux sans trois». Tout le monde a vécu ces moments où des événements totalement improbables s'enchaînent, des rencontres, des contrariétés ou même parfois des bonnes nouvelles qui nous donnent l'impression que cela est régi par une «loi des séries».

    Mais il y a là plus de psychologique que de science. De tout temps, l'homme a dû, pour survivre, apprendre à décoder son environnement, à classer et mesurer les choses qu'il voyait. À noter que tel animal avait telles habitudes. Que telle plante avait besoin de tant d'eau pour bien pousser. Bref à connaître le *timing des événements, la fréquence avec laquelle ils se produisent. D'où l'importance que prennent à nos yeux des événements sortant de la norme.

    Il faut donc d'autres outils pour mieux les appréhender. Les mathématiques, qui se préoccupent beaucoup du hasard (un mot qui vient de l'arabe et qui signifie jeu de dés), possèdent quelques-uns de ces outils. Ainsi en est-il des probabilités, capables de quantifier les phénomènes aléatoires. Les probabilités sont, semble-t-il, nées au milieu du XVIIe siècle. Blaise Pascal et Pierre de Fermat ont à cette époque échangé des lettres et des martingales pour tenter de résoudre des problèmes de jeux de dés. Depuis, la science des probabilités s'est considérablement développée.

    Qu'est-ce qu'une probabilité ? C'est un nombre, compris entre 0 et 1, que l'on attribue à un événement susceptible de se produire en fonction des informations que l'on possède sur lui. La valeur 0 est celle que l'on attribue à un événement que l'on estime impossible, la valeur 1 à un événement qu'on estime certain de se produire. Ainsi, en théorie, il y a une chance sur deux d'avoir un garçon ou une fille. La probabilité est de 0,5. De même pour le lancer d'une pièce, chacune des deux faces ayant la même chance d'apparaître.

    Mais cela ne veut pas dire qu'une famille ne pourra pas avoir six garçons ou que l'on ne pourra pas voir sortir dix fois de suite la face pile d'une pièce non truquée. Les lois du hasard nous disent simplement que la probabilité d'avoir six garçons et aucune fille est d'une chance sur 64 (0,0156), une telle famille sera donc plus rare que les autres , et que celle de voir sortir la même face de la pièce dix fois de suite est de 1 chance sur 1 024 (0,001).

    Le hasard mis en cause


    Là où les probabilités deviennent plus intéressantes, c'est précisément dans l'étude des séries de coïncidences. Quand on veut savoir si des événements apparemment indépendants peuvent être liés. Prenons l'exemple des accidents d'avion. Il arrive parfois que les crashs se suivent de près. Ce fut le cas en 2005 avec cinq crashs entre le 2 et le 23 août. Plus de 300 victimes en une vingtaine de jours. Cela signifiait-il qu'il y avait un relâchement dans la maintenance des appareils, dans le contrôle aérien, un «cap» fatidique dans le vieillissement des avions ?

    Les dix années précédentes, il y a eu environ 20 000 décollages par jour et un accident pour 500 000 vols. La probabilité d'un accident est donc de 1 pour 500 000. La probabilité qu'il y ait 5 crashs en même temps est donc très proche de 0 et donc quasiment impossible. Mais la vraie question est quelle est la probabilité que 5 crashs se produisent sur une période de 22 jours n'importe quand dans l'année. Passons sur les calculs un peu complexes. Le résultat est que la probabilité est de 0,1, soit une «chance» sur 10 d'observer une telle série dans l'année. Ce qui n'est pas négligeable et permet de mettre en cause le hasard.

    De telles études sont aussi menées dans le domaine de la santé. C'est ainsi qu'au début des années 1980 fut détecté le début de l'épidémie de sida : la multiplication des cas d'un type particulier de cancer de la peau chez des homosexuels a alerté les autorités sanitaires qui ont pu montrer que cette série n'était pas due au hasard.

    Pour finir, disons que la science des probabilités accepte tout à fait la survenue de miracles : c'est simplement un événement dont la probabilité d'apparition est très faible.

    Par Le Figaro
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