Béjaïa à l’aune de sa gouvernance économique
Faut-il traiter son pays de fou pour être entendu ? C’est dire la difficulté de gouverner lorsque les responsables devenus incapables de regarder l’avenir à défaut de vouloir le réfléchir et le débattre avec l’effort de critique nécessaire.
« Il est temps de faire des mécontents pour gouverner », disait Romano Prodi. Et il n’est pas le seul à le penser. D’autres l’ont fait, indépendamment de leur carrière d’homme d’Etat, et au détriment du sort électoral qu’ils réservaient à leurs partis politiques. La mise en œuvre de l’agenda 2010, par le chancelier Schröder en Allemagne, pour redresser son économie, a mis en péril les chances du SPD, le parti majoritaire de demeurer au pouvoir et récolter enfin les fruits des réformes impopulaires qu’il a entreprises. Consciente des choix difficiles qu’il a eu à faire, et des arbitrages budgétaires fortement contestés au sein même de sa majorité, sa successeur la chancelière Angela Merkel a tenu à le remercier d’avoir eu le courage d’engager l’Allemagne dans le chemin des réformes. Les résultats n’ont pas tardé, et les statistiques viennent de nous apprendre un recul spectaculaire du chômage dans ce pays, et un nouveau record de la croissance de l’activité poussant la Commission européenne à revoir à la hausse ses prévisions de croissance. Contrairement à l’Allemagne ou l’Italie qui ont entrepris des réformes dans des conditions d’austérité digne d’une cure, en Algérie, c’est plutôt la disponibilité d’une manne financière qui a tendance à aveugler nos gouvernants faute de pouvoir faire des choix répondant à une stratégie économique éclairante. En tout cas, c’est l’une des caractéristiques les plus défiantes que nos villes et territoires semblent nous révéler. Que faire à l’échelle locale lorsqu’un Etat comme le nôtre ne dispose pas des fondamentaux d’une économie de marché nécessaires pour l’élaboration d’une politique de développement à l’échelle locale ? Je prendrais le cas de la ville de Béjaïa que je connais et à laquelle je suis profondément attaché. C’est une ville qui dispose d’atouts naturels et infrastructurels, qui laisse tous les experts s’interroger sur les raisons de son décrochement, en dépit qu’elle était à l’abri de la décennie de violence qu’a connue le pays. Elle se situe sur une côte maritime riche et diverse, puisqu’elle possède l’un des meilleurs ports, d’un aéroport, entourée des villes proches et riche en consommateurs. La croissance de sa population se fait sur deux trajectoires qui offrent des solutions pratiques aux responsables pour répondre à la demande de mobilité. Une infrastructure universitaire et un capital humain que les territoires des pays riches rêvent de détenir. Bref, tout le monde s’accorde à dire qu’il n’y a pas de raisons explicatives d’une telle dérive si ce n’est un mal de gouvernance. Gouverner, c’est prévoir. Prévoir, c’est anticiper. Et dans la ville de Béjaïa, on aurait du mal à cerner une politique de développement qui offre une perspective éclairante aux éventuels investisseurs. Pas même une donne statistique fondamentale pour assurer aux intervenants économiques, qu’ils relèvent du public ou du privé, l’appréciation objective quant aux effets de leurs actions. Dans une telle situation où la capacité de prévision tend à disparaître au sein d’un territoire, et l’exercice de projection rendu impossible, c’est la notion de gouvernance qui perd sa pertinence. A Béjaïa, il y a urgence : c’est toute la notion de gouvernance du territoire qu’il faut reconstruire de nouveau. Aussi difficile qu’elle puisse apparaître, mais quand bien même utile et nécessaire, je propose de reconstruire la gouvernance économique de Béjaïa sur un objectif primordial qui est celui d’identifier les domaines d’investissement stratégique prioritaires. Des secteurs en nombre limité qui soient en mesure de nous apporter l’avantage nécessaire d’une attractivité inégale par rapport aux autres régions. Des secteurs sur lesquels l’investissement doit se focaliser, capable d’impulser le rythme de croissance, et qui renforcent a posteriori la performance des outils de gouvernance dans leur efficacité. C’est un défi à la fois vital dans la mesure où il conditionne la nécessaire mise en œuvre d’une politique publique de développement, capable de répondre aux attentes et frustrations exprimées au cours d’une année de manifestations et d’émeutes. Mais aussi un défi de gouvernance politique, dans la mesure où il invite les acteurs politiques à accepter l’idée de concentrer les investissements publics sur un projet clair structurant et éviter le saupoudrage qui n’a jamais donné de résultat concret. Bref, l’idée essentielle consiste à présenter au gouvernement un contrat qui doit s’inscrire dans le programme des dépenses d’équipement, mais qui réponde à la préoccupation majeure des éventuels investisseurs. Je citerais quatre secteurs qui sont, à mon avis, déterminants capables de converger vers la création d’une nouvelle filière qui propulsera la ville de Béjaïa à devenir un pôle attractif très important dans le pays.
Faut-il traiter son pays de fou pour être entendu ? C’est dire la difficulté de gouverner lorsque les responsables devenus incapables de regarder l’avenir à défaut de vouloir le réfléchir et le débattre avec l’effort de critique nécessaire.
« Il est temps de faire des mécontents pour gouverner », disait Romano Prodi. Et il n’est pas le seul à le penser. D’autres l’ont fait, indépendamment de leur carrière d’homme d’Etat, et au détriment du sort électoral qu’ils réservaient à leurs partis politiques. La mise en œuvre de l’agenda 2010, par le chancelier Schröder en Allemagne, pour redresser son économie, a mis en péril les chances du SPD, le parti majoritaire de demeurer au pouvoir et récolter enfin les fruits des réformes impopulaires qu’il a entreprises. Consciente des choix difficiles qu’il a eu à faire, et des arbitrages budgétaires fortement contestés au sein même de sa majorité, sa successeur la chancelière Angela Merkel a tenu à le remercier d’avoir eu le courage d’engager l’Allemagne dans le chemin des réformes. Les résultats n’ont pas tardé, et les statistiques viennent de nous apprendre un recul spectaculaire du chômage dans ce pays, et un nouveau record de la croissance de l’activité poussant la Commission européenne à revoir à la hausse ses prévisions de croissance. Contrairement à l’Allemagne ou l’Italie qui ont entrepris des réformes dans des conditions d’austérité digne d’une cure, en Algérie, c’est plutôt la disponibilité d’une manne financière qui a tendance à aveugler nos gouvernants faute de pouvoir faire des choix répondant à une stratégie économique éclairante. En tout cas, c’est l’une des caractéristiques les plus défiantes que nos villes et territoires semblent nous révéler. Que faire à l’échelle locale lorsqu’un Etat comme le nôtre ne dispose pas des fondamentaux d’une économie de marché nécessaires pour l’élaboration d’une politique de développement à l’échelle locale ? Je prendrais le cas de la ville de Béjaïa que je connais et à laquelle je suis profondément attaché. C’est une ville qui dispose d’atouts naturels et infrastructurels, qui laisse tous les experts s’interroger sur les raisons de son décrochement, en dépit qu’elle était à l’abri de la décennie de violence qu’a connue le pays. Elle se situe sur une côte maritime riche et diverse, puisqu’elle possède l’un des meilleurs ports, d’un aéroport, entourée des villes proches et riche en consommateurs. La croissance de sa population se fait sur deux trajectoires qui offrent des solutions pratiques aux responsables pour répondre à la demande de mobilité. Une infrastructure universitaire et un capital humain que les territoires des pays riches rêvent de détenir. Bref, tout le monde s’accorde à dire qu’il n’y a pas de raisons explicatives d’une telle dérive si ce n’est un mal de gouvernance. Gouverner, c’est prévoir. Prévoir, c’est anticiper. Et dans la ville de Béjaïa, on aurait du mal à cerner une politique de développement qui offre une perspective éclairante aux éventuels investisseurs. Pas même une donne statistique fondamentale pour assurer aux intervenants économiques, qu’ils relèvent du public ou du privé, l’appréciation objective quant aux effets de leurs actions. Dans une telle situation où la capacité de prévision tend à disparaître au sein d’un territoire, et l’exercice de projection rendu impossible, c’est la notion de gouvernance qui perd sa pertinence. A Béjaïa, il y a urgence : c’est toute la notion de gouvernance du territoire qu’il faut reconstruire de nouveau. Aussi difficile qu’elle puisse apparaître, mais quand bien même utile et nécessaire, je propose de reconstruire la gouvernance économique de Béjaïa sur un objectif primordial qui est celui d’identifier les domaines d’investissement stratégique prioritaires. Des secteurs en nombre limité qui soient en mesure de nous apporter l’avantage nécessaire d’une attractivité inégale par rapport aux autres régions. Des secteurs sur lesquels l’investissement doit se focaliser, capable d’impulser le rythme de croissance, et qui renforcent a posteriori la performance des outils de gouvernance dans leur efficacité. C’est un défi à la fois vital dans la mesure où il conditionne la nécessaire mise en œuvre d’une politique publique de développement, capable de répondre aux attentes et frustrations exprimées au cours d’une année de manifestations et d’émeutes. Mais aussi un défi de gouvernance politique, dans la mesure où il invite les acteurs politiques à accepter l’idée de concentrer les investissements publics sur un projet clair structurant et éviter le saupoudrage qui n’a jamais donné de résultat concret. Bref, l’idée essentielle consiste à présenter au gouvernement un contrat qui doit s’inscrire dans le programme des dépenses d’équipement, mais qui réponde à la préoccupation majeure des éventuels investisseurs. Je citerais quatre secteurs qui sont, à mon avis, déterminants capables de converger vers la création d’une nouvelle filière qui propulsera la ville de Béjaïa à devenir un pôle attractif très important dans le pays.
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