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L’Université remise en cause en Algérie

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  • L’Université remise en cause en Algérie

    Ce n’est certainement pas le moindre des handicaps lorsque, à l’échéance du début du mois de janvier, certains instituts universitaires n’ont pas encore entamé…l’année universitaire.

    Remous, grèves et d’autres considérations non nécessairement pédagogiques ont fini par prendre en otage l’Université algérienne. En réussissant le parcours du combattant de l’inscription dans une branche ou filière universitaire, les bacheliers cuvée 2007 entament, à n’en pas douter, les travaux d’Hercule qui vont s’échelonner sur au moins cinq ans, ceci dans l’hypothèse la plus favorable où le cursus se déroule sous les meilleurs auspices.

    Cependant, il se trouve qu’une grande partie de ces ‘’contingents’’ n’ont pas pu décrocher la première option pour laquelle ils ont postulé, et pour cause. La faiblesse de la moyenne du baccalauréat de certains d’entre eux a fait qu’ils ont été orientés vers le deuxième ou le troisième choix. Pire, il s’en trouve même qui sont ‘’parqués’’ d’office dans des spécialités auxquelles ils n’ont jamais pensé.

    Un cas révélé par la presse au début de l’automne dernier constitue sans doute une situation extrême qu’il convient de méditer. Il s’agit d’une bachelière ayant obtenu un 6 dans l’épreuve philosophie et qui se trouve orientée précisément vers la philosophie. Pour accepter un tel sort, il faut certainement beaucoup de courage et il convient de prendre les vicissitudes de la vie et les impénétrables voies de l’Université algérienne avec…philosophie.

    On ne sait pas encore s’il faut faire preuve d’optimisme quant à l’issue des pourparlers CNES-ministère de l’Enseignement supérieur engagés depuis des années. La nouvelle grille des salaires de la Fonction publique ne semble pas agréer à l’ensembles des fonctionnaires de ce secteur. Certainement pris par sa période de convalescence, M.Harroubia n’a pas pu peser sur le cours des choses alors que l’année universitaire est censée entamer son 3e ou 4e mois.

    En dehors des aléas liés aux inscriptions et à l’intendance (chambre universitaire, cantine, transport), phénomènes générés par la taille de la population universitaire et par la carte régissant la répartition géographique des centres universitaires, les gestionnaires de l’économie nationale et les nouveaux capitaines d’industrie qui commencent à conférer au secteur économique ses vraies valeurs de rentabilité et de compétence se posent d’ores et déjà la grande question de savoir où se trouvent les relais en matière de ressources humaines appelées à prendre en charge les entreprises et à manager leur politique d’investissement.

    Plus terre à terre, le marché actuel de l’emploi est déclaré aride dans les catégories moyennes des ouvriers spécialisés, charpentiers, plombiers, menuisiers aluminium, techniciens en froid,…etc. Aussi bien l’entreprise algérienne que l’entreprise étrangère appelées à travailler en Algérie, aucune d’entre elles n’a l’assurance de tomber sur des qualifications valables dans la formation relevant du cycle court. On fait semblant de jouer à la ‘’vierge effarouchée’’ lorsque des entreprises étrangères ramènent de leur pays d’origine la main-d’œuvre spécialisée pour construire nos bâtiments et aménager nos routes !

    En effet, la relation intime et dialectique entre la formation et l’emploi n’a pas encore bénéficié de l’attention voulue des pouvoirs publics de façon à rationaliser et harmoniser le rapport entre la qualification et le background universitaire d’une part et les besoins d’une économie émergente d’autre part. Néanmoins, l’engagement de l’Algérie dans l’économie de marché- supposant compétitivité, performance et management moderne- ne peut souffrir davantage les atermoiements d’un système scolaire et universitaire qui forme des chômeurs en puissance. Tout le monde a pu remarquer le nombre d’offres d’emploi publiées quotidiennement dans les journaux et qui s’étalent parfois sur plus d’une semaine, annonces faites par les nouvelles entreprises à la recherche d’une main-d’œuvre qualifiée, d’agents de maîtrise et de cadres compétents. La particularité du chômage en Algérie est le fait qu’il soit lié à un déficit de qualification et de compétence. Là, apparaît également la faillite de la formation professionnelle qui n’a pas su s’élever au diapason des défis de l’économie moderne.

    Il n’y a pas lieu de se faire trop d’illusions sur l’absorption du chômage par les entreprises étrangères qui investissent dans notre pays avec le seul argument que la main-d’œuvre algérienne est à bon marché par rapport à l’exigence salariale des travailleurs européens. Cela ne peut devenir une réalité tangible que si nos ouvriers, agents d’exécution et cadres arrivent à s’imposer par la compétence et l’efficacité. Malheureusement, le nivellement par le bas généré par une économie rentière- qui, il faut bien se l’avouer, n’avait besoin d’aucune qualification particulière- a fait beaucoup de dégâts dans les systèmes scolaire et universitaire.

    La formation professionnelle qui, sous d’autres cieux, est un choix dicté par des prédispositions personnelles et par le choix d’un cycle court qui permet de s’insérer rapidement dans le monde du travail, est vécue en Algérie comme un pis-aller, un refuge pour adolescents rejetés par l’école. Les diplômés de l’université ne sont pas logés à meilleure enseigne. Dans un contexte de compétitivité qui n’offre de place que pour la compétence, le plein emploi est une simple vue de l’esprit. Ce ne sera que par le moyen d’une formation performante et adaptée aux besoins de l’économie moderne que cette impasse historique pourra être dépassée.

    Par La Dépêche de Kabylie
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