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«Cette récession sera la plus féroce depuis la Seconde Guerre»

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  • «Cette récession sera la plus féroce depuis la Seconde Guerre»

    L’Américain Dean Baker pose un regard pessimiste sur l’économie mondiale :
    Recueilli par CHRISTIAN LOSSON LeQUOTIDIEN : jeudi 17 janvier 2008
    Dean Baker est codirecteur, à Washington, du Center for Economic and Policy Research, un think tank américain.


    Les signes d’une récession américaine se précisent-ils chaque jour un peu plus ?

    Oui, sans aucun doute. L’impact du crash immobilier est énorme. Selon les dernières estimations, le prix des maisons s’effondrerait à un rythme annuel de 11,3 %, ce qui représenterait une perte virtuelle de 2 200 milliards de dollars et conduirait à une baisse de la consommation de plus de 100 milliards de dollars… Les oracles pensaient au départ que la crise serait circonscrite aux subprimes, ce fameux secteur des prêts hypothécaires. Mais on s’aperçoit qu’elle a désormais un impact sur la consommation, qui représente 70 % de notre économie. Les gens ne peuvent plus hypothéquer leur maison et emprunter pour consommer…

    Quelle peut être l’ampleur de ce retournement et pourquoi n’a-t-il pas été anticipé ?

    Les économistes ne prédisent jamais les récessions. Ils les reconnaissent quand elles sont déjà là. Celle qui se profile sera certainement la plus féroce depuis la Seconde Guerre mondiale. Parce qu’il est toujours plus difficile de récupérer d’une récession due à l’effondrement d’une bulle financière. La récession de 2001, celle de la bulle Internet, a conduit à une hausse du chômage, qui ne s’est atténuée qu’avec la création d’une autre bulle, celle de l’immobilier, histoire de booster l’économie. Les outils traditionnels qui consistaient à baisser les taux d’intérêt pour pousser les gens à emprunter de l’argent ne pourront plus marcher cette fois.

    D’autant que l’inflation a atteint 4,1 % en 2007, un record depuis dix-sept ans…

    C’est vrai. Et c’est ce qui va préoccuper et limiter la marge de manœuvre de la Fed [la banque centrale américaine, ndlr]. D’abord parce que c’est le double de l’hypothèse fixée par le patron de la Fed, Ben Bernanke. Ensuite parce qu’il va être difficile de baisser encore plus les taux d’intérêt pour tenter de relancer l’économie. Les taux d’intérêt à dix ans sont déjà en dessous de l’inflation…

    Qui peut endosser la responsabilité de la crise ?

    Le premier, c’est l’homme qui table aujourd’hui à 50 % sur une récession aux Etats-Unis. Et qui a lui-même contribué à la laisser arriver en encourageant la bulle : Alan Greenspan, l’ex-boss de la Fed. Il a ignoré les conseils de régulation du marché du crédit, qui aurait pu limiter les abus. Aujourd’hui, il réécrit l’histoire en tentant de s’exonérer. Il dit qu’il ignorait le scandale des subprimes ou qu’il n’a pas été prévenu. C’est faux. Il n’a pas d’excuse pour une telle négligence, un tel laisser-faire dicté par le seul souci d’enrichir les plus riches…

    Les places boursières mondiales dévissent, les prévisions de croissances sont révisées à la baisse. Quelle sera l’étendue de la contagion ?

    Le reste du monde sera clairement affecté par ce qui se passe chez nous. D’abord, parce que les Etats-Unis restent le premier marché d’importation du monde. Ensuite, parce que d’autres régions connaissent aussi une bulle immobilière sans précédent. En France, même si elle est différente et moins importante qu’en Amérique. En Espagne et en Irlande, surtout. Et même si, à l’inverse des Etats-Unis, la crise à venir affectera moins la consommation, elle sera réelle. On le voit déjà. Les banques, qui ont perdu beaucoup, et vont encore perdre beaucoup, vont durcir plus que jamais les conditions du crédit.

    Les appels au secours à des fonds souverains pour se recapitaliser sont-ils une menace ou une solution ?

    Les banques n’ont pas le choix. Elles sont, dans l’ensemble, dans une situation désespérée. Il leur faut du cash, des liquidités. Après, c’est une question politique et diplomatique. Les pays du Golfe, notamment, ont de plus en plus d’emprise sur l’économie américaine.

    La crise aura-t-elle un impact sur l’élection américaine ?

    Quand la récession s’ajoute à l’inflation, c’est toujours une nouvelle terrible pour l’équipe au pouvoir. La présidence républicaine et le Congrès démocrate auront du mal à s’entendre sur un plan de relance d’ici l’élection… Ils ne stopperont pas la récession, tout juste l’édulcoreront-ils. Le ciel est très gris et l’année 2008 s’annonce comme une année particulièrement difficile.
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
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