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Arabie saoudite: le combat d'un couple divorcé de force

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  • Arabie saoudite: le combat d'un couple divorcé de force

    Il y a deux ans, Fatima et Mansour al-Timani ont vu leur vie basculer: leur mariage a été annulé à la demande de la famille de la jeune femme, au motif que son mari était de rang social inférieur. Depuis, le couple, qui a deux enfants, ne peut plus vivre ensemble en vertu des strictes règles régissant les rapports entre les sexes en Arabie saoudite.

    Les ex-conjoints ont contesté la décision en justice, rendu public leur histoire et demandé l'aide d'une organisation de défense des droits de l'Homme. Jusqu'ici sans résultats. Et Fatima menace désormais de mettre fin à ses jours si son récent appel au roi Abdallah ne lui permet pas de retrouver celui qu'elle considère toujours comme son mari.

    «Seul le roi peut résoudre mon cas», a-t-elle expliqué à l'Associated Press dans un entretien téléphonique. «Je veux retourner auprès de mon mari, mais si ce n'est pas possible, j'ai besoin de le savoir pour pouvoir mettre fin à ma vie.»

    L'affaire souligne les dysfonctionnements d'une justice saoudienne souvent arbitraire, dont les principales victimes sont les femmes, qui sont déjà soumises à de sévères restrictions dans leur vie quotidienne. Récemment, le roi a gracié une femme violée condamnée au fouet et à la prison pour s'être trouvée dans une voiture avec un homme qui n'était pas de sa famille.

    «Quand j'ai appris que (la victime du viol) a été graciée, je n'arrivais pas à y croire. Mon cas est tellement plus simple que le sien puisque mon divorce n'est pas valable», affirme Fatima.

    Son mari, employé dans un hôpital, avait pourtant suivi la tradition en demandant au père de Fatima la permission de l'épouser en 2003, raconte-t-elle. «Mon frère a dit des choses positives sur lui et mon père a accepté sa proposition», souligne la jeune femme, informaticienne, qui avait 29 ans au moment de son mariage.

    Elle assure que son père savait que Mansour venait d'une tribu de rang inférieur, mais que cela ne le dérangeait pas. Quelques mois après le mariage, plusieurs proches de Fatima, dont son demi-frère, ont convaincu son père de les autoriser à saisir la justice pour demander l'annulation de l'union, raconte-t-elle.

    Lorsque son père est décédé, Fatima a espéré que la procédure serait abandonnée. Mais le 25 février 2005, la police s'est présentée au domicile du couple, remettant à Mansour les papiers du divorce selon lesquels le mariage avait été annulé neuf mois plus tôt. «Nous étions anéantis. Comment cela a-t-il pu arriver?», demande Fatima.

    Selon l'avocat Abdul-Rahman al-Lahem, qui représentait le couple, les parents des époux ont le droit de demander l'annulation s'ils estiment que l'union affecte le statut social de la famille et ce en vertu d'interprétations locales de la loi islamique.

    Après avoir vécu trois premiers mois sans son mari, Fatima est partie de chez sa mère avec ses deux enfants -une fille de deux ans et un fils de quatre mois- pour aller vivre clandestinement à Djeddah (ouest) avec Mansour.

    Mais la police saoudienne les a retrouvés rapidement et emprisonnés pour avoir vécu ensemble illégalement. «Mes enfants et moi avons été mis dans une cellule avec des femmes condamnées pour revente de drogue, sorcellerie et comportement immoral», raconte Fatima. Son jeune fils «a appris à parler et à marcher en prison».

    De son côté, Mansour a fait appel de la décision du divorce, mais un tribunal de Riyad l'a confirmée en 2007. En septembre, Bandar al-Hajjar, directeur de la Société nationale des droits de l'Homme, une organisation de défense des droits de l'Homme saoudienne, a demandé à la plus haute juridiction du royaume de se pencher sur l'affaire.

    M. Al-Hajjar a soumis deux études islamiques concluant que le divorce n'était pas valable, selon «Arab News», quotidien saoudien en langue anglaise. Les deux études soulignent que Fatima a épousé Mansour avec le consentement de son père et que seule l'épouse peut décider si elle veut que le mariage soit annulé, précise le journal.

    Malgré leur combat juridique, Fatima et Mansour restent à ce jour séparés. Après avoir passé neuf mois en prison, Fatima s'est installée dans un orphelinat avec son fils après avoir pu envoyer sa fille vivre avec son père quand elle était en prison. Elle se raccroche désormais à l'espoir d'une grâce royale.

    - AFP
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