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Pêche : la France atteint son quota de mauvaise foi

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  • Pêche : la France atteint son quota de mauvaise foi

    La France veut-elle mettre à bas «l’Europe bleue», la politique commune de la pêche ? Nicolas Sarkozy l’a laissé entendre samedi, à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), à la grande satisfaction des 200 à 300 marins pêcheurs qui l’écoutaient : «L’affaire des quotas [de pêche], il faut qu’on en sorte. On a une opportunité pour en sortir, la France va présider l’Union européenne du 1er juillet au 31 décembre.»Est-ce tout simplement réaliste ?

    Qu’est-ce que l’Europe bleue ?

    De 1957 à 1982, il s’agissait surtout de protéger le marché européen du poisson par la mise en place de protections douanières, et de garantir l’accès des flottilles de pêche de chaque pays dans l’ensemble des eaux européennes. Il faut attendre 1983 pour que la pêche devienne une politique à part entière, lorsque la nécessité de préserver la ressource halieutique s’est imposée. Or, une telle gestion ne peut se faire qu’en commun, les poissons ne connaissant pas de frontières. Outre l’aide à la restructuration des flottes de pêche, l’Europe bleue a mis en place, espèce par espèce, des «totaux admissibles de capture» répartis entre les Etats par quotas, en fonction de l’historique des captures. Par exemple, l’Espagne reçoit 90 % des quotas d’anchois du golfe de Gascogne contre 10 % à la France, mais des échanges bilatéraux sont possibles. Les réformes de 1992 et de 2002 ont donné davantage d’armes à l’Union afin de préserver une ressource qui, d’année en année, devient de plus en plus rare.

    Pourquoi limiter la pêche ?

    Selon la Commission qui s’appuie sur l’avis des scientifiques, plusieurs espèces sont en voie de disparition, comme le thon rouge, l’anchois, le tacaud norvégien ou le cabillaud. Il est donc urgent de limiter les prises de ces espèces, voire de les suspendre, car s’il n’y a plus de poisson, il n’y aura plus de pêcheur… Ainsi, en juillet 2005, la Commission a dû stopper la pêche aux anchois lorsqu’elle a constaté que le stock ne dépassait pas 15 000 tonnes alors que le quota autorisé était de… 30 000 tonnes !

    Pourquoi la France est-elle seule à contester l’Europe bleue ?

    Paris est souvent seul à contester cette politique et à prôner un laisser-faire pour ses pêcheurs. Ainsi, en juillet dernier, Michel Barnier, le ministre de l’Agriculture et de la Pêche, a affirmé que la pêche à l’anchois pouvait reprendre. Curieusement, l’Espagne, pourtant la première concernée, ne l’a pas suivi : ce pays gère sa flotte sur le long terme et a mis en place un système d’assurance qui permet à ses pêcheurs de faire face à leurs échéances, même si cela fait trois saisons que leurs bateaux restent à quai. Un système qui existe dans d’autres pays, comme au Danemark dont les navires sont souvent immobilisés. Au ministère de l’Agriculture français, on ne conteste pas que la gestion de la flotte pose problème : «Il faut mutualiser les risques pour éviter de se retrouver dans une situation catastrophique», explique ainsi à Libération Michel Barnier. En attendant, on attaque Bruxelles, cela permet de détourner l’attention.

    Sarkozy s’est-il laissé emporter ?

    Manifestement, en pleine campagne municipale, le chef de l’Etat a été un peu trop loin pour plaire à son auditoire. Michel Barnier s’est employé hier à interpréter la parole présidentielle : «Il ne s’agit pas de supprimer les quotas, ils sont utiles et protecteurs», nous a-t-il affirmé. «Il faut mieux les gérer. Pourquoi ne pas passer à une gestion pluriannuelle pour donner davantage de visibilité aux pêcheurs, au lieu de ces négociations annuelles totalement archaïque ?» A Bruxelles, on remarque que, jusqu’à présent, ce sont les Etats qui se sont opposés à une telle gestion, car cela reviendrait à donner plus de pouvoir à la Commission, puisque celle-ci serait chargée d’adapter les quotas année après année…

    source : Libération
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