[IMG]http://www.***********/paratge.JPG[/IMG]Un an après la Toussaint Rouge, les autorités coloniales commencent à douter de leur capacité à anéantir la « rébellion » par la seule voie armée, ainsi débute une véritable guerre des nerfs. Pour avorter le projet indépendantiste du FLN/ALN, nombreux sont les études préparatoires et les propositions du futur projet de statut de l’Algérie. Certaines émanent de personnalités éminentes et sont publiées par la presse, d’autres, qui ne sont pas les moins intéressantes sont l’œuvre d’auteurs moins connus et circulent, faute d’autre moyen, par des voies plus officieuses. Le but est de chercher des solutions pour sauver «l’Algérie française» et avec elle l’empire colonial. Trois mois après le déclenchement de la guerre, Jacques Chevallier, député-maire d'Alger, prend le contrepied des colons et de la haute administration, qui considèrent l’Algérie comme trois départements français en se posant la délicate question : «Qu'est ce que l'Algérie ?» Pour lui, c’est clair : «Ce n'est pas la métropole, ce n'est pas une colonie, ce n'est pas un Etat associé. C'est un groupe de départements dont la définition n'existe pas.» Mais la question que pose chaque «citoyen» et chaque «sujet» est : «Alors que faire de ce pays ?» Au travers de cette problématique viennent s’affronter plusieurs visions concernant le devenir du pays qui, grosso modo, se résument en trois courants de «pensée» : les conservateurs coloniaux qui s’attachent au statu quo ; les libéraux qui réclament plus de libertés aux musulmans et une large autonomie par la transformation de l’Algérie en plusieurs zones , régions et Etats en raison de l’hétérogénéité du pays et du fait que la «personnalité algérienne» ne se conjugue pas au singulier mais au pluriel ; et enfin le FLN/ALN qui veut tout ou rien, c’est-à-dire l’indépendance totale.
L’intégration pour déjouer la désintégration
Durant la période coloniale, tous les projets de réformes – le «royaume arabe» de Napoléon III, la loi du 4 février 1919, le projet Blum-Viollette de 1936, l’ordonnance du 7 mars 1944 et le statut de l’Algérie de 1947 – touchant les musulmans ont été avortés par les colons. Après le déclenchement de la guerre, les représentants de ces derniers, ainsi que le Comité algérien de salut public parlant en leur nom, réclament non des réformes, mais des mesures sévères pour juguler le mouvement séparatiste.
En juin 1955, Charles de Gaulle pense que «l'association est la seule politique valable et digne pour la France en Afrique du Nord. Une séparation de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie d'avec la Métropole ferait de ces territoires la proie du désordre ou les victimes d'une dictature». Pour sa part, le gouverneur général Jacques Soustelle s’aligne sur cette position, en affirmant, dans une interview au Combat,son opposition à une «solution à la tunisienne» parce que contrairement à la Tunisie, en Algérie «il n'y a jamais eu d'Etat ni de nation algérienne. Tout au plus peut-on dire que la masse musulmane a pris conscience de son "moi" par le refus de la situation économique qui lui était faite, puis par affirmation de son appartenance à l'islam. Et c'est à ce "moi" que quelques hommes prétendent donner une forme politique en se référant au nationalisme. Nous n'avons devant nous ni un Etat algérien, ni une nation algérienne, ni une dynastie algérienne, mais uniquement des tendances politiques dressées les unes contre les autres par des rivalités farouches». Le 12 janvier 1956, à la Radio d’Alger, il s’attache à nouveau au maintien de l’Algérie au giron français en annonçant en même temps les pires scénarios en cas d’une évolution algérienne en dehors du cadre français : «L'Algérie sans la France, ce serait la misère dans d'innombrables foyers (…). La sécession, c'est la ruine. C'est aussi la guerre civile installée ici à l'état endémique, l'anarchie permanente avec des horreurs dont même celles que nous subissons depuis un an ne nous donnent qu'une faible idée.»
Pour maintenir le climat de peur, certaines sphères médiatiques et politiques jouent sur la question de l’effondrement de l’empire colonial ; dans son bulletin d'information, le bureau politique du comte de Paris remarque avec perspicacité que «la perte de l'Algérie entrainerait le démantèlement de tous nos Territoires d'outre-mer». Même la question de la fédération fait peur à Soustelle, car selon lui «toute formule de caractère fédéraliste ne peut que conduire à la sécession». Les radicaux socialistes d’Alger pensent au pire : «Si l’Algérie est perdue pour la France on peut être assuré que l’Europe occidentale sera assez vite évincée d’Afrique, et que la méditerranée avec ses positions clefs, Gibraltar, Suez, Malte notamment, échappera de même à l’occident. Sans exagération, ce sera la fin d’un monde (…). Les projets autonomistes desserrent ces liens ; en cela dans la conjoncture actuelle ils sont mortels.» La question d’intégration n’a pas trouvé beaucoup d’adhérents chez les partis musulmans (motion des 61) ni d’ailleurs chez beaucoup d’hommes politiques français, y compris parmi les élus du premier collège.
L’intégration pour déjouer la désintégration
Durant la période coloniale, tous les projets de réformes – le «royaume arabe» de Napoléon III, la loi du 4 février 1919, le projet Blum-Viollette de 1936, l’ordonnance du 7 mars 1944 et le statut de l’Algérie de 1947 – touchant les musulmans ont été avortés par les colons. Après le déclenchement de la guerre, les représentants de ces derniers, ainsi que le Comité algérien de salut public parlant en leur nom, réclament non des réformes, mais des mesures sévères pour juguler le mouvement séparatiste.
En juin 1955, Charles de Gaulle pense que «l'association est la seule politique valable et digne pour la France en Afrique du Nord. Une séparation de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie d'avec la Métropole ferait de ces territoires la proie du désordre ou les victimes d'une dictature». Pour sa part, le gouverneur général Jacques Soustelle s’aligne sur cette position, en affirmant, dans une interview au Combat,son opposition à une «solution à la tunisienne» parce que contrairement à la Tunisie, en Algérie «il n'y a jamais eu d'Etat ni de nation algérienne. Tout au plus peut-on dire que la masse musulmane a pris conscience de son "moi" par le refus de la situation économique qui lui était faite, puis par affirmation de son appartenance à l'islam. Et c'est à ce "moi" que quelques hommes prétendent donner une forme politique en se référant au nationalisme. Nous n'avons devant nous ni un Etat algérien, ni une nation algérienne, ni une dynastie algérienne, mais uniquement des tendances politiques dressées les unes contre les autres par des rivalités farouches». Le 12 janvier 1956, à la Radio d’Alger, il s’attache à nouveau au maintien de l’Algérie au giron français en annonçant en même temps les pires scénarios en cas d’une évolution algérienne en dehors du cadre français : «L'Algérie sans la France, ce serait la misère dans d'innombrables foyers (…). La sécession, c'est la ruine. C'est aussi la guerre civile installée ici à l'état endémique, l'anarchie permanente avec des horreurs dont même celles que nous subissons depuis un an ne nous donnent qu'une faible idée.»
Pour maintenir le climat de peur, certaines sphères médiatiques et politiques jouent sur la question de l’effondrement de l’empire colonial ; dans son bulletin d'information, le bureau politique du comte de Paris remarque avec perspicacité que «la perte de l'Algérie entrainerait le démantèlement de tous nos Territoires d'outre-mer». Même la question de la fédération fait peur à Soustelle, car selon lui «toute formule de caractère fédéraliste ne peut que conduire à la sécession». Les radicaux socialistes d’Alger pensent au pire : «Si l’Algérie est perdue pour la France on peut être assuré que l’Europe occidentale sera assez vite évincée d’Afrique, et que la méditerranée avec ses positions clefs, Gibraltar, Suez, Malte notamment, échappera de même à l’occident. Sans exagération, ce sera la fin d’un monde (…). Les projets autonomistes desserrent ces liens ; en cela dans la conjoncture actuelle ils sont mortels.» La question d’intégration n’a pas trouvé beaucoup d’adhérents chez les partis musulmans (motion des 61) ni d’ailleurs chez beaucoup d’hommes politiques français, y compris parmi les élus du premier collège.
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