Les pays émergents de la nouvelle génération ont déjà leur indice
INVESTISSEMENTS. Credit Suisse a mis au point une nouvelle méthode permettant d'identifier les dix «marchés frontières» les plus prometteurs sur la base de critères économiques et sociaux.
Yves Hulmann, Zurich
Mardi 29 janvier 2008
Les marchés émergents ne se résument pas aux seuls pays des BRIC, à savoir le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine. Afin d'identifier suffisamment tôt les prochains pays les plus prometteurs, Credit Suisse (CSGN.VX) mise sur un nouveau concept, celui des «marchés frontières». Se positionner dès maintenant dans ces «nouveaux pays émergents» constituera un avantage, car nombre de ces marchés ont été négligés jusqu'ici par les investisseurs ou leur étaient inaccessibles, souligne Credit Suisse, qui effectuait lundi à Zurich une présentation sur ce thème.
Dix pays retenus sur un nombre initial de 90
Quels pays retenir dans un univers aussi vaste? Lars Kalbreier, responsable de la recherche globale en actions chez Credit Suisse, définit une liste de critères principaux permettant de sélectionner les «marchés frontières». A savoir, le potentiel macroéconomique de chaque pays, le niveau de vie de sa population, le stade de développement de ses marchés financiers ainsi que la stabilité politique dont il bénéficie. Typiquement, il s'agit de pays disposant d'un revenu par habitant moyen situé entre 2000 et 10 000 dollars et dont la croissance annuelle du produit intérieur brut (PIB) a au moins atteint 5% durant les cinq dernières années. Pour affiner cette sélection, Credit Suisse ajoute encore deux conditions: d'une part, les pays retenus doivent être inclus dans les indices boursiers «S & P Extended Frontier Markets» ou «Less Advanced EM Indices». D'autre part, il doit s'agir de marchés accessibles aux investisseurs étrangers. En y ajoutant ces deux conditions, le nombre de pays retenus par Credit Suisse est ramené de 90 à 35.
40 milliards de dollars de capitalisation boursière
L'établissement recourt ensuite à une grille de sélection comprenant quatre critères pour sélectionner les dix meilleurs d'entre eux (voir tableau). Premier critère: le développement économique est mesuré à l'aide de données telles que l'excédent budgétaire, la croissance du produit intérieur brut (PIB) ou encore le PIB par habitant. Ensuite, le développement financier peut se mesurer par le rapport entre la capitalisation boursière et le PIB ou encore le pourcentage des investisseurs internationaux sur l'ensemble du marché. Le niveau de développement social est, lui, estimé sur la base de différentes statistiques allant de l'espérance de vie à la proportion de la population au bénéfice d'une formation supérieure. Enfin, la stabilité sociale est évaluée à l'aide d'indices établis par des institutions telles que la Banque mondiale ou l'organisation Transparency International.
Les entreprises des dix pays retenus au sein de cet indice (Botswana, Colombie, Jordanie, Kazakhstan, Maroc, Nigeria, Panama, Pérou, Ukraine et Vietnam) totalisaient en fin de semaine dernière une capitalisation boursière d'environ 40 milliards de dollars, évalue Hervé Prettre, responsable de la recherche thématique chez Credit Suisse. Bien entendu, ce montant peut apparaître dérisoire en comparaison de plusieurs entreprises du SMI qui dépassent à elles seules déjà ce seuil. L'indice vise toutefois à identifier les marchés qui disposent précisément encore du potentiel de progression le plus important.
Par la suite, certains d'entre eux rejoindront la catégorie des pays émergents traditionnels. «Le fait de disposer d'un tel indice permet à l'utilisateur de savoir s'il peut investir ou non dans un pays donné et de comparer ses rendements à un indice de référence. Ensuite, libre à lui de choisir les sociétés dans lesquelles il veut investir», explique Hervé Prettre.
Des atouts très divers
Les dix pays sélectionnés disposent de points forts très différents. Ainsi, le Kazakhstan profite, par exemple, de l'essor de sa production pétrolière qui est appelée à doubler au cours des sept prochaines années. De son côté, le Botswana, un des plus grands producteurs de diamants au monde, devrait bénéficier de la diversification de son économie dans les services, à l'exemple de la sous-traitance de centres d'appel pour le compte d'autres pays.
© Le Temps, 2008 . Droits de reproduction et de diffusion réservés.
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INVESTISSEMENTS. Credit Suisse a mis au point une nouvelle méthode permettant d'identifier les dix «marchés frontières» les plus prometteurs sur la base de critères économiques et sociaux.
Yves Hulmann, Zurich
Mardi 29 janvier 2008
Les marchés émergents ne se résument pas aux seuls pays des BRIC, à savoir le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine. Afin d'identifier suffisamment tôt les prochains pays les plus prometteurs, Credit Suisse (CSGN.VX) mise sur un nouveau concept, celui des «marchés frontières». Se positionner dès maintenant dans ces «nouveaux pays émergents» constituera un avantage, car nombre de ces marchés ont été négligés jusqu'ici par les investisseurs ou leur étaient inaccessibles, souligne Credit Suisse, qui effectuait lundi à Zurich une présentation sur ce thème.
Dix pays retenus sur un nombre initial de 90
Quels pays retenir dans un univers aussi vaste? Lars Kalbreier, responsable de la recherche globale en actions chez Credit Suisse, définit une liste de critères principaux permettant de sélectionner les «marchés frontières». A savoir, le potentiel macroéconomique de chaque pays, le niveau de vie de sa population, le stade de développement de ses marchés financiers ainsi que la stabilité politique dont il bénéficie. Typiquement, il s'agit de pays disposant d'un revenu par habitant moyen situé entre 2000 et 10 000 dollars et dont la croissance annuelle du produit intérieur brut (PIB) a au moins atteint 5% durant les cinq dernières années. Pour affiner cette sélection, Credit Suisse ajoute encore deux conditions: d'une part, les pays retenus doivent être inclus dans les indices boursiers «S & P Extended Frontier Markets» ou «Less Advanced EM Indices». D'autre part, il doit s'agir de marchés accessibles aux investisseurs étrangers. En y ajoutant ces deux conditions, le nombre de pays retenus par Credit Suisse est ramené de 90 à 35.
40 milliards de dollars de capitalisation boursière
L'établissement recourt ensuite à une grille de sélection comprenant quatre critères pour sélectionner les dix meilleurs d'entre eux (voir tableau). Premier critère: le développement économique est mesuré à l'aide de données telles que l'excédent budgétaire, la croissance du produit intérieur brut (PIB) ou encore le PIB par habitant. Ensuite, le développement financier peut se mesurer par le rapport entre la capitalisation boursière et le PIB ou encore le pourcentage des investisseurs internationaux sur l'ensemble du marché. Le niveau de développement social est, lui, estimé sur la base de différentes statistiques allant de l'espérance de vie à la proportion de la population au bénéfice d'une formation supérieure. Enfin, la stabilité sociale est évaluée à l'aide d'indices établis par des institutions telles que la Banque mondiale ou l'organisation Transparency International.
Les entreprises des dix pays retenus au sein de cet indice (Botswana, Colombie, Jordanie, Kazakhstan, Maroc, Nigeria, Panama, Pérou, Ukraine et Vietnam) totalisaient en fin de semaine dernière une capitalisation boursière d'environ 40 milliards de dollars, évalue Hervé Prettre, responsable de la recherche thématique chez Credit Suisse. Bien entendu, ce montant peut apparaître dérisoire en comparaison de plusieurs entreprises du SMI qui dépassent à elles seules déjà ce seuil. L'indice vise toutefois à identifier les marchés qui disposent précisément encore du potentiel de progression le plus important.
Par la suite, certains d'entre eux rejoindront la catégorie des pays émergents traditionnels. «Le fait de disposer d'un tel indice permet à l'utilisateur de savoir s'il peut investir ou non dans un pays donné et de comparer ses rendements à un indice de référence. Ensuite, libre à lui de choisir les sociétés dans lesquelles il veut investir», explique Hervé Prettre.
Des atouts très divers
Les dix pays sélectionnés disposent de points forts très différents. Ainsi, le Kazakhstan profite, par exemple, de l'essor de sa production pétrolière qui est appelée à doubler au cours des sept prochaines années. De son côté, le Botswana, un des plus grands producteurs de diamants au monde, devrait bénéficier de la diversification de son économie dans les services, à l'exemple de la sous-traitance de centres d'appel pour le compte d'autres pays.
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