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Larbi

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  • Larbi

    A cause d'une roué cassée. Monsieur André Delvaux a dû abandonner sa calèche sur le chemin cahoteux de l'immense ferme. Et termina à pied sa marche d'une trentaine de minutes sur les pistes découvertes ou ombragées. Sous le soleil du midi, qui dardait ses rayons estivaux.

    Un peu égaré, Monsieur André Delvaux se réfugia dans l’écurie à l'abri d'une chaleur suffocante. Il prit son souffle, s'éventa avec son mouchoir et essuya les parties suées de son visage. En se cambrant, il vit un petit garçon. Qui inclinant l’échine, s’échinait à la sueur de son front sombre comme l’encre de chine à nettoyer le sol.

    Discrètement, Monsieur André Delvaux regardait le besogneux. Porvu d’une mine famélique et un minois amaigri. Ses menottes collées au manche d’une fourche ; il se débattait en tortillant sa tête prit au milieu d'une bande de moucherons excités par la canicule, l’odeur piquante de l’urine et l’excrément des bêtes.
    Larbi avait l’habitude de se réveiller à l’aube. Victime d’une indigence insolente, il n’avait que le temps de grignoter un bout de croûtant de pain rassis. Parfois, en chemin il cueillit des fruits : orange ou figue. Parfois, il glanait des épis de seigles, une façon de diversifier son menu.

    Affecté, monsieur André Delvaux héla Larbi. Une petite récréation au mioche selon lui était méritée. Et contre deux berlingots, il lui demanda de l’emmener vers la maison de ces maîtres. Qui faisaient leur canotage dominical.
    Gentiment, monsieur André Delvaux les attendait. Profitant ainsi d’un repos sous l’ombre du pergola et du délice d’un thé aromatisé.
    Un quart d’heure de suite, les Goffs rejoignirent leur invité dans un échange de bises et d’accolades. Et chacun s'est mis sur son séant.
    Après, que monsieur André Delvaux distingua les nouveaux traits canoniques de monsieur Le Goff et ces yeux gris tamisés par le bord de son canotier, il examina la fraîcheur jouvencelle de madame Juliette et l'éclat adamantin de son bleu regard attisé par l’ombre de sa capeline.

    Amis d’antan et de plusieurs aventures ; ils mirent des heures à revivre les souvenirs de jeunesse. Puisque, jadis Juliette était marié à Philipe Le Goff, divorça de lui et se maria à Monsieur André Delvaux. Cette liaison amoureuse se termina par une rupture. Juliette souffrante d’une crise financière se remaria à nouveau avec monsieur Le Goff.

    L’apparition imprévue de monsieur André Delvaux, éveilla une foule de sentiments refoulés. De surcroît chez monsieur Le Goff, qui au fil des discussions nota le regard de connivence entre son invité et son épouse. Le dandy, d’un ton aigre-doux s’adressa à son invité. En supposant que sa visite était d’une courte durée. Pas facile ! Lui dit-il, pour un homme qui a choisi de bourlinguer en abandonnant parents et terre.

    Une âpre vérité, qu'André Delvaux devait écouter. Il n’a pas changé ! Songea-t-il au fond de lui-même. Malgré, toutes ces années, Philipe était resté hautin et hargneux. Pauvre Juliette ! Il se murmura. J’aurai mieux fais de te prendre avec moi.
    Avec le regard las, aimanté par la seule voix rauque de son hôte. Avec gloriole et désintéressé, que par sa fière personne. Faisait étalage de ces terres qui se sont multipliés. Une façon d’évincer et d'humilier son ami Delvaux. Qui d'un instant à un autre, jetait des regards furtifs sur la douce Juliette.
    Elle lui paraissait effacée, muette comme une carpe, le regard fuyant et terne.

  • #2
    Autour d'une liqueur d'une bonne cuvée, le maître de séant ainsi que sa charmante épouse et son condisciple continuèrent leur conversation. Et avec emphase, infatué de lui-même Monsieur le Goff expliquait l'ingénieuse façon avec laquelle, il a converti les terres fiches en une immense plantation de vigne. Monsieur Delvaux soi-disant réceptif, avec toute l'attention pendue aux lèvres de son hôte était rétif. Il l'écoutait et le regardait en pleine scène. Avec entrain, en train d'ordonner, d'exiger et de recommander à ces serviteurs plantés derrière son dos. Disponibles à assouvir ces désirs et attachés aux tintements de sa fourchette sur son verre: Changez moi ce verre ébréché! Apportez une autre bouteille bien fraîche! D'une humeur tantôt grincheuse et tantôt émoustillée Monsieur le Goff extasié et rassuré d’être suivi par son invité, ne s’arrêtant pas là. Il se lança à exhiber l’entendu de son plein pouvoir.
    Si monsieur Delvaux coudes en table, avait perdu dans les méandres de ces voyages, le geste adéquat et l’art de se tabler. Monsieur Le Goff de son coté, endimanché et sanglé dans un beau costume blanc. Avait acquis tout le faste et la beauté de bien porter une fourchette, de savoir délicatement tenir un verre et reposer une serviette. Je crains mon cher, qu’avez-vous oublié les bonnes manières ?! Profita monsieur Le Goff, de cette brèche afin de repincer son invité. Les nobles n’ont pas besoin de se confirmer ; ils ont mis les percepts de l'art de bien se tenir à table et ont le droit de les abroger ! Avec un sang froid et un sourire délicieux monsieur Delvaux, réussi à faire boucler la bouche de son hôte. Puis victorieusement, il porta son verre à pied et salua d’un geste de tête madame Juliette.
    En tapinois emporté par une griserie diurne monsieur Delvaux effleurait la beauté du joli minois de la Dame. Même avec sa capeline portée de guingois, elle paraissait sublime.
    D’un battement de paupière, son regard s’envolait et se posa sur la commissure plissée de la bouche framboise. Et picota le grain de beauté éclos en haut de la joue gauche fleurie. Son regard effarouché voltait chaque fois, elle souriait et s’évanouit lorsque Monsieur Le Goff frappa des deux mains. Ma chérie ! Criait-il ! J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer et envoya tout de suite quérir le petit Larbi.

    Le petit s’était ramené escorté et tanné par le cri d'un taon. En tirant le pas, le souffle découpé et d’une allure pauvresse. Ses pieds se sont arrêtés tout juste devant et au commencement de l’ombre de la pergola. Les paupières alourdies, Larbi salua avec sa tête ébouriffée l’assemblée privilégie, qui s’offrait le lux et la oisiveté. Avec une trogne égayée, Monsieur Le Goff annonça la nouvelle au petit.
    - Mon petit! Je te nomme dés aujourd'hui, mon propre palefrenier!Au lieu de ce vieux décrépit! En changeant le ton de sa voix Monsieur Le Goff orienta sa tête vers son ami. Ce travail sera une sinécure pour ce surmulot! Figurez-vous mon cher ami, que nous organisons tous les mois, une chasse et dans mes stalles j'élève une belle race d'étalons! - Ha, oui! Ça fait une éternité que je ne chasse plus! Lui marmonna monsieur Delvaux. Assis, le mari se tourna ensuite le haut de sa taille vers son épouse. Ma chérie, il s'occupera spécialement de ta jument Sainte-Victoire! Par un sourire raffiné, le remercia madame Juliette en penchant son buste vers le coté. Puisque, la large poitrine de son épouse l'empêchait de bien voir son petit protégé. Tant, qu'elle voulait le féliciter.
    Même si rarement qu'il gâtait sa femme, joyeusement Monsieur Le Goff fixait Larbi. Durant quelques instants, jusqu'à ce que son sourire s'effilocha. Regarde ce surmulot, il ne sait même pas être poli! Quel roturier! En vain on essaye de faire d'eux des êtres humains! Rétorqua Monsieur Le Goff, en bondissant vers le petit. Parle! Pourquoi, tu n'ouvres pas ta bouche!
    Larbi effaré ne pipa point un mot devant la fureur de son maître. Qui voyait en son silence une espèce de rebellions. Avant même qu'il s'approchait près de lui, une des servantes enfonça ses doigts dans la bouche du petit et retira sur la paume de sa main, un bonbon fondu. Des sucreries! Qui t'a donné ça! S'enquit Monsieur Le Goff auprès du petit tout déconfit. Moi! Intervient monsieur Delvaux. Je l'ai récompensé!
    Par un silence réprobateur lui répondit Monsieur Le Goff. Ce n'est qu'un bobon!Fit monsieur Delvaux, on se grattant la tête. Ce dernier était encore affecté par la mine fanée de Larbi. Dont le front dégoulinait en sueur, il avait peur qu'il choppait une insolation. Dans l'action, en voulant porter un verre d'eau au petit, Monsieur Le Goff par un tour de main le fait renverser. Ho, que suis-je bête! Pardon, mon ami ! S'excusa l'hôte en souriant. Vous gâtez, beaucoup mes employés! Et je crains que vos faiblesses vont les gâtez!

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    • #3
      merci pour ce recit qui me rapelle la condition de nos grands parents....il ne faut pas l'oublier!
      « Puis-je rendre ma vie
      Semblable à une flûte de roseau
      Simple et droite
      Et toute remplie de musique »

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      • #4
        j'aimerai surtout savoir le coté littéraire. est-ce que mon texte était bien écrit ou pas.

        mais pour l'histoire de nos parents, c'est autre chose.......!

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        • #5
          j'ai eu l'impression du "deja vu"....mais c'est excellent...on sent carrement la parfum de terre et l'odeur de sueurs des personnages!!.....yatik saha
          « Puis-je rendre ma vie
          Semblable à une flûte de roseau
          Simple et droite
          Et toute remplie de musique »

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          • #6
            merci voilà ce que j'attendais..........! faut pas être haineux.....!

            dis, tu parles avec Bouteflika ou téléphone…….. !
            TU SAIS J’AIME MON bledi…. !

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            • #7
              Il y a tjrs une leçon a retenir, merci pour le récit.

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