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La Belgique aurait tenté de livrer un turco-belge à la Turquie

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  • La Belgique aurait tenté de livrer un turco-belge à la Turquie

    Agissant apparemment au nom de la raison d'Etat, les autorités belges ont tenté de livrer un de leurs ressortissants à la Turquie, en contravention avec toutes les règles du droit. Un rapport officiel du comité de surveillance des services de renseignement, dont le contenu a été récemment révélé, relance la polémique sur un dossier que divers niveaux du pouvoir ont tout fait pour étouffer.

    Au coeur du dossier, Bahar Kimyongur, belge et militant du DHKP-C (Front-Parti révolutionnaire populaire de libération), une organisation marxiste-léniniste turque qui prône la révolution armée. Il était un proche d'une autre militante, Ferhiye Erdal, réclamée par la Turquie car elle aurait été impliquée dans un triple meurtre. La jeune femme avait échappé, en 2006, à la surveillance, prétendument étroite, des services belges, ce qui avait déclenché la fureur d'Ankara.

    DEUXIÈME PROCÈS


    C'est un peu plus tard que M. Kimyongur était arrêté aux Pays-Bas. Visé par un mandat d'arrêt international délivré par Ankara, il avait, semble-t-il, été "donné" par la Belgique. A l'issue d'une réunion au sommet réunissant le parquet fédéral, une vingtaine de magistrats et des représentants de divers cabinets ministériels, en avril 2006, une "fuite" du jeune militant vers l'étranger avait été évoquée. La source de l'information était, semble-t-il, turque. M. Kimyongur, Mme Erdal et cinq autres militants attendaient, à ce moment-là, leur jugement, en Belgique, dans un procès pour leur appartenance présumée à un groupe terroriste.

    C'est lors de cette réunion au sommet qu'il fut, en tout cas, décidé d'organiser une surveillance étroite de M. Kimyongur, avec l'espoir qu'il se rendrait aux Pays-Bas et pourrait ensuite être remis à la Turquie. Celle-ci, espérait Bruxelles, s'en trouverait calmée. Le scénario, "machiavélique", selon la note d'un participant révélée par le journal Le Soir mardi 22 janvier, devait toutefois échouer, un tribunal néerlandais préférant remettre M. Kimyongur à la justice belge.

    "Je suis scandalisé, mais je savais que la ministre de la justice avait menti", commente le sénateur écologiste Josy Dubié. Ferme soutien de M. Kimyongur, il s'était fait rabrouer par cette ministre, Laurette Onkelinx (PS), lorsqu'il avait évoqué l'idée d'une manipulation officielle. "A-t-on voulu contourner une règle essentielle voulant que l'on n'extrade pas ses nationaux ?, s'interroge la sénatrice libérale Christine Defraigne. Tout cela dans le but de se concilier les bonnes grâces de la Turquie ?"

    Les deux parlementaires se promettent de relancer les interpellations sur cette affaire. Interrogé par Le Monde, le cabinet de Jo Vandeurzen, successeur de Mme Onkelinx, observe un silence complet sur ce dossier.

    Le dossier Kimyongur avait déjà suscité d'autres polémiques. La Cour de cassation a annulé, en avril 2007, une décision de la cour d'appel de Gand qui avait condamné, quelques mois plus tôt, les sept membres du DHKP-C. La Cour, dans un arrêt réputé "historique", avait remis en question la composition du tribunal, estimant qu'elle avait été "influencée" par la nomination soudaine d'un magistrat à l'instigation du parquet fédéral. Un deuxième procès à l'encontre des membres du DHKP-C livrera son verdict le 7 février.

    Par le monde
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