PARIS.
La France est piégée politiquement et militairement dans le "bourbier tchadien", qu'elle décide de soutenir jusqu'au bout le régime d'Idriss Deby Itno ou au contraire de le laisser se déliter, estiment des experts.
Les rebelles venus de l'est du Tchad sont, comme en 2006, aux portes de N'Djamena, et des combats avec l'armée tchadienne ont éclaté vendredi à une cinquantaine de kilomètres de la capitale.
Avec plus d'un millier de soldats sur le territoire et quelque 1.500 ressortissants français vivant à N'Djamena, Paris peut difficilement ne pas s'impliquer dans la crise tchadienne, souligne le journaliste Antoine Glaser. L'armée française est présente depuis 20 ans au Tchad, aux termes d'accords militaires qui prévoient un soutien logistique et en matière de renseignement à l'armée tchadienne.
Sur le plan politique, si les relations entre Nicolas Sarkozy et son homologue tchadien ne sont pas aussi bonnes qu'elles l'étaient du temps de Jacques Chirac, la récente affaire de l'Arche de Zoé a "scellé" des liens, poursuit M. Glaser. Selon lui, "on peut imaginer que le président français est lié à Deby après la diplomatie secrète qui a permis le transfèrement extrêmement rapide en France des humanitaires" condamnés au Tchad à huit ans de travaux forcés pour tentative d'enlèvement d'enfants.
"La France est totalement piégée sur les plans politique et militaire au Tchad" et se trouve "dans une position qui la contraint" à intervenir, résume-t-il.
Roland Marchal, chercheur au CNRS, estime lui aussi que la France continuera à "soutenir jusqu'au bout" le régime en place, car elle n'a pas de solution alternative.
"Le problème du Tchad n'est pas Deby, c'est tout un système", assure-t-il. Or, selon lui, "la France n'a jamais rien proposé" face à un régime qui "incarne le contraire de tout ce que l'Union européenne s'est engagée à mettre en oeuvre" lors du sommet Europe-Afrique de Lisbonne en décembre. Problème supplémentaire pour l'ancienne puissance coloniale, elle doit aussi tenir compte de ses alliés européens.
Philippe Hugon, chercheur à l'IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), souligne que la politique française au Tchad est désormais liée au déploiement de la force européenne Eufor, un projet que Paris a porté contre vents et marées et dont la France constitue l'ossature. "Les Européens étaient déjà très réticents à participer à Eufor. Si la France soutient Deby de façon trop appuyée, elle n'aura plus aucune légitimité aux yeux de ses partenaires", pour qui la "neutralité" de la force est une condition sine qua non, déclare M. Hugon.
Chargée de se déployer dans l'est du Tchad et le nord de la Centrafrique pour sécuriser les camps de réfugiés du Darfour et les populations locales déplacées, l'Eufor est censée arriver sur place dans les jours qui viennent. Mais l'envoi de troupes autrichiennes et irlandaises a été repoussé vendredi en raison de la situation.
Les rebelles tchadiens ont à plusieurs reprises mis en doute les objectifs réels d'Eufor, en raison de la forte implication militaire de la France (2.100 soldats sur 3.700 hommes), qu'ils accusent de vouloir sauver Deby envers et contre tout.
"Il est temps que la France comprenne enfin que ce régime est fini", a déclaré vendredi à l'AFP Mansour Abbas, un représentant à Paris de l'UFDD (Union des Forces pour la démocratie et le développement).
La porte-parole du quai d'Orsay, Pascale Andreani, a assuré pour sa part que Paris ne se situait pas en l'état actuel des choses dans "l'hypothèse" d'un changement de régime à N'Djamena.
Par Cécile FEUILLATRE.
Sources.AFP.
La France est piégée politiquement et militairement dans le "bourbier tchadien", qu'elle décide de soutenir jusqu'au bout le régime d'Idriss Deby Itno ou au contraire de le laisser se déliter, estiment des experts.
Les rebelles venus de l'est du Tchad sont, comme en 2006, aux portes de N'Djamena, et des combats avec l'armée tchadienne ont éclaté vendredi à une cinquantaine de kilomètres de la capitale.
Avec plus d'un millier de soldats sur le territoire et quelque 1.500 ressortissants français vivant à N'Djamena, Paris peut difficilement ne pas s'impliquer dans la crise tchadienne, souligne le journaliste Antoine Glaser. L'armée française est présente depuis 20 ans au Tchad, aux termes d'accords militaires qui prévoient un soutien logistique et en matière de renseignement à l'armée tchadienne.
Sur le plan politique, si les relations entre Nicolas Sarkozy et son homologue tchadien ne sont pas aussi bonnes qu'elles l'étaient du temps de Jacques Chirac, la récente affaire de l'Arche de Zoé a "scellé" des liens, poursuit M. Glaser. Selon lui, "on peut imaginer que le président français est lié à Deby après la diplomatie secrète qui a permis le transfèrement extrêmement rapide en France des humanitaires" condamnés au Tchad à huit ans de travaux forcés pour tentative d'enlèvement d'enfants.
"La France est totalement piégée sur les plans politique et militaire au Tchad" et se trouve "dans une position qui la contraint" à intervenir, résume-t-il.
Roland Marchal, chercheur au CNRS, estime lui aussi que la France continuera à "soutenir jusqu'au bout" le régime en place, car elle n'a pas de solution alternative.
"Le problème du Tchad n'est pas Deby, c'est tout un système", assure-t-il. Or, selon lui, "la France n'a jamais rien proposé" face à un régime qui "incarne le contraire de tout ce que l'Union européenne s'est engagée à mettre en oeuvre" lors du sommet Europe-Afrique de Lisbonne en décembre. Problème supplémentaire pour l'ancienne puissance coloniale, elle doit aussi tenir compte de ses alliés européens.
Philippe Hugon, chercheur à l'IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), souligne que la politique française au Tchad est désormais liée au déploiement de la force européenne Eufor, un projet que Paris a porté contre vents et marées et dont la France constitue l'ossature. "Les Européens étaient déjà très réticents à participer à Eufor. Si la France soutient Deby de façon trop appuyée, elle n'aura plus aucune légitimité aux yeux de ses partenaires", pour qui la "neutralité" de la force est une condition sine qua non, déclare M. Hugon.
Chargée de se déployer dans l'est du Tchad et le nord de la Centrafrique pour sécuriser les camps de réfugiés du Darfour et les populations locales déplacées, l'Eufor est censée arriver sur place dans les jours qui viennent. Mais l'envoi de troupes autrichiennes et irlandaises a été repoussé vendredi en raison de la situation.
Les rebelles tchadiens ont à plusieurs reprises mis en doute les objectifs réels d'Eufor, en raison de la forte implication militaire de la France (2.100 soldats sur 3.700 hommes), qu'ils accusent de vouloir sauver Deby envers et contre tout.
"Il est temps que la France comprenne enfin que ce régime est fini", a déclaré vendredi à l'AFP Mansour Abbas, un représentant à Paris de l'UFDD (Union des Forces pour la démocratie et le développement).
La porte-parole du quai d'Orsay, Pascale Andreani, a assuré pour sa part que Paris ne se situait pas en l'état actuel des choses dans "l'hypothèse" d'un changement de régime à N'Djamena.
Par Cécile FEUILLATRE.
Sources.AFP.
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