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Avec Mohamed-Chérif Abbas, victime ou coupable !???

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  • Avec Mohamed-Chérif Abbas, victime ou coupable !???

    «Lobby juif» ! Ce n’est pas nous qui avons inventé cette expression pour désigner ces groupes de pression qui, parfois avec la puissance de l’argent, d’autres fois grâce aux regroupements ethniques ou les connivences religieuses, arrivent à peser sur les décisions politiques. Les responsables et les journalistes français eux-mêmes en parlent souvent lorsqu’il s’agit d’expliquer la réalité politique aux Etats- Unis et cela ne choque personne ! Certes, les propos de notre ministre des Moudjahidine auraient pu être édulcorés dans la mesure où la diplomatie exigeait une certaine retenue à la veille d’une visite officielle d’un chef d’Etat étranger.

    Mais toute cette agitation, avec les déclarations tonitruantes des représentants du Parti socialiste qui sont allés jusqu’à «exiger » le report de la visite de M. Sarkozy, nous semble dépasser le cadre d’une polémique qui ne sera pas la dernière, car elle renvoie aux éternelles divergences quant à l’appréciation que nous avons, ici et là, de la réalité historique. Parce que, au fond, c’est de cela qu’il s’agit. Si nous laissons de côté la forme et que nous nous intéressons au contenu de l’interview de M. Mohamed-Chérif Abbas, il a parfaitement raison de parler de la nécessité, pour la France, de demander pardon pour tous les crimes commis contre notre peuple et qui ont connu leur summum juste après l’entrée des généraux sanguinaires et de leurs troupes barbares dans notre pays. Lorsque le président Bouteflika avait parlé de «génocide», il n’était pas loin de la réalité et nous avons vu comment, à l’époque, la classe politique française avait réagi unanimement pour dénoncer ses propos, sans tenir compte du caractère particulier du voyage médical qu’il effectuait au lendemain de cette déclaration ! Certains responsables et hommes politiques de l’Hexagone en profitèrent pour déverser leur bile habituelle sur notre pays et son chef d’Etat. C’était du racisme à l’état pur ; c’était aussi de l’antisémitisme (nous sommes des sémites !) ; c’était inadmissible, révoltant et personne n’avait trouvé à redire ici ! Et si les insanités coutumières de M. Le Pen et des nostalgiques de l’Algérie française ne nous choquent plus, il y avait aussi ces propos blessants du ministre français des Affaires étrangères de l’époque, M. Douste Blasy, qui avait été insultant vis-à-vis de nos médecins. Qui avait réagi chez nous ? Le ministère de la Santé ? Les médecins ? Leurs organisations ? Non, personne, hormis une maigre «Pause-Café» qui s’indignait de ce que notre corps médical soit traîné dans la boue et défendait l’honneur de nos praticiens. Aujourd’hui même et alors que le «réalisme journalistique» nous vaut la condamnation pure et simple de notre ministre des Moudjahidine et presque des excuses auprès d’un président qui n’épouse aucune gêne à exprimer publiquement son hommage à la colonisation, qui prend la défense de M. Abbas ou essaye de comprendre ses motivations ? Personne ! Bien plus, il nous semble qu’il va être sacrifié sur l’autel de ces réconciliations ratées qui, depuis la visite de M. Giscard d’Estain en 1975 et jusqu’au prochain voyage de M. Sarkozy, n’apporteront rien de positivement durable pour les deux peuples tant que l’on n’aura pas assaini l’histoire. Le président français est le bienvenu en Algérie, comme n’mporte quel chef d’un Etat ami. Pas plus et pas moins. L’Algérie peut donner l’impression qu’elle est à vendre et ses richesses sont certes bradées ; les Américains et les Saoudiens en profitent et cela peut donner l’impression aux Français qu’ils ont leur part du gâteau. Alors, ils inventent une «Union méditerranéenne» qui n’est nullement une priorité pour nous dans la mesure où, pour pouvoir discuter d’égal à égal avec les Européens, nous devons d’abord bâtir solidement notre Maghreb, le premier espace social et économique où doivent s’exprimer les ambitions de nos peuples, en vue de donner un sens à nos indépendances nationales. Un cadre communautaire qui nous rendra moins fragiles face aux prétentions hégémoniques extérieures, dans la mesure où notre unité sera notre principale force. C’est ce Maghreb qu’il faudra d’abord créer avant de parler d’union avec les autres ! Face aux menaces extérieures qui entourent nos pays, l’heure a sonné pour une véritable révolution maghrébine dont le premier réflexe sera de déjouer les plans visant à nous diviser davantage. Je trouve que la course aux contrats mirobolants entre le Maroc et la France d’une part et entre l’Algérie et la France d’autre part —chaque pays voulant donner plus pour faire plaisir à l’ancienne puissance coloniale —, sont une preuve de sous-développement et l’image la plus dégradante de l’esprit du néo-colonisé qui habite certains de nos dirigeants. Les enjeux sont clairs : dans la dignité, mais aussi sans passion et sans hypocrisie, nous devons agir dans le sens d’une révision totale de notre politique étrangère qui doit obéir aux intérêts stratégiques de l’Algérie et non aux connivences et aux arrangements de certains clans qui disparaîtront tôt ou tard. Dans ce sens, les déclarations de notre ministre des Moudjahidine sont à relire loin de la polémique actuelle. Ils posent des questions essentielles sur l’environnement géopolitique induit par l’arrivée de la «nouvelle droite » de M. Sarkozy en France. Vous n’êtes pas seul, Monsieur Abbas ! L’Algérie profonde qui continue de souffrir est solidaire de l’esprit de vos propos. Les quelques libertés que vous avez prises avec l’usage diplomatique ne méritaient pas tout ce battage. Mais c’était, peut-êre, une manière de plus de nous enfoncer la tête dans la boue. Ont-ils réussi ? Peut-être ! Mais, grâce à vous, nous avons appris que l’Aurès n’est pas mort.

    M. F.
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