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La carte sismologique de l'Algérie est à revoir

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  • La carte sismologique de l'Algérie est à revoir

    Le tremblement de vendredi dernier est un séisme modéré qui n’a rien à voir avec celui de mai 2003. On ne peut pas parler de réplique d’un séisme cinq ans après. Il s’agit plutôt de migration de foyers. » Le professeur Chelghoum Abdelkrim, spécialiste en génie sismique et numérique, président du cabinet de génie parasismique, dynamique et sismologie (GPDS) et président du Club des risques majeurs, qui a bien voulu livrer sa lecture du phénomène et de la situation d’une manière générale à El Watan, est on ne peut plus clair au sujet de la sismicité qui caractérise le nord de notre pays surtout. Sans vouloir être alarmiste, le professeur s’appuie sur la « théorie américaine de précurseurs » pour expliquer que lorsqu’une région connaît une forte activité sismique de magnitude relativement modérée, il faut s’attendre à « the big one » (la grande secousse). « Dans ce cas, la terre souffle, beaucoup de secousses sont enregistrées dans la même région (le nord de l’Algérie, avec notamment Oran, Beni Ouartilane, Boumerdès, Guelma, Tiaret). Scientifiquement, on ne peut pas fixer avec exactitude l’endroit, qui ne saurait d’ailleurs être en dehors du périmètre des différents tremblements, encore moins le moment exact », dit-il. « Mais il faut se dire que la menace est là, elle rôde », souligne le professeur Chelghoum. Ce qui fait dire au spécialiste que « les pouvoirs publics doivent accélérer l’action de prévention à travers la consolidation du vieux bâti ».

    « C’est le seul moyen de sauvegarder des vies humaines et le patrimoine », ajoute-t-il. Pour avoir une action plus efficace et fructueuse, le professeur suggère « une véritable étude de vulnérabilité » qui ne peut se faire que « si l’Etat laisse intervenir des experts et des bureaux d’études indépendants ». Convaincu que les études sismologiques ne doivent aucunement être l’apanage de « deux institutions », il estime que l’on ne doit pas et l’on ne peut pas limiter l’action visant la sécurisation du pays. Le président du GPDS trouve que les pouvoirs publics semblent réagir après coup, sans une stratégie globale réfléchie et durable. « On ne s’intéresse à ce problème de séismes, une menace qui pèse en permanence sur notre pays, que lorsqu’on enregistre des secousses. Quatre ou cinq jours après, c’est l’amnésie totale et c’est le statu quo qui prend la place pour perdurer, jetant le secteur dans une paralysie absolue. Il y a abandon de la stratégie de renforcement et consolidation du parc immobilier particulièrement vulnérable qui risque de s’avérer fatal », fait-il remarquer. Le professeur Chelghoum insiste sur le fait qu’il est grand temps de revoir jusqu’à la carte sismologique de notre pays puisqu’il est clair qu’il y a un effet de failles qui atteint même Biskra et Touggourt. « Il ne faut pas perdre de vue que Biskra a enregistré un fort séisme, il y a cent ans. Si l’activité sismique dans cette région est modérée, il faut tout de même se dire qu’elle existe », insiste-t-il.

    Revenant à la secousse d’avant-hier, le professeur Chelghoum constate que l’on est encore loin d’avoir une vision globale et une action profonde lorsqu’il s’agit de la recherche dans le domaine. « La preuve, c’est que l’on est encore aux messages laconiques identiques à celui de 1980 délivrant le moment et la magnitude du tremblement. Quant à la situation du foyer, il est clair qu’on tâtonne toujours. La recherche a besoin d’informations sur les caractéristiques du séisme tels l’accélération, la profondeur, la direction de la secousse, l’épicentre, l’hypocentre (foyer et profondeur), l’intensité, le moment sismique ou bien la manière avec laquelle le contenu fréquentiel se décharge sur les constructions », argumente-t-il. Il conclut au sujet du tremblement de vendredi que « ceci n’est pas une réplique, on n’a même pas situé le foyer. Il s’agit d’un séisme modéré qu’il faut étudier. Les institutions concernées doivent étudier sérieusement cette activité ». Pour souligner l’urgence d’une prise en charge sérieuse de ce problème par les pouvoirs publics, le président du Club des risques majeurs rappelle que « les capitaines Rozet et Carrette, du génie militaire français, avaient écrit dans un rapport sur la situation géologique du nord de l’Algérie en 1846 déjà que pour consolider la colonisation il fallait consolider les immeubles », parce qu’ils avaient constaté qu’ils étaient dans « une côte barbaresque qui bouge beaucoup ».

    source : el Watan
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