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Daniel Bouton a humilié Nicolas Sarkozy

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  • Daniel Bouton a humilié Nicolas Sarkozy

    On peut imaginer ces jours-ci la nostalgie de Nicolas Sarkozy pour les temps heureux où les banquiers avaient la politesse de prévenir le gouvernement avant d'annoncer les tuiles, et où ils s'exécutaient sans piper mot quand le pouvoir politique leur demandait de démissionner. C'était l'époque où un Daniel Bouton aurait téléphoné au ministre, qui aurait lui-même appelé le président pour l'avertir des mauvaises nouvelles. Et où le conseil d'administration de la banque se serait respectueusement rendu à l'oukase présidentiel exigeant son renvoi.

    La manière dont se déroule le feuilleton de la Société générale - frappée au coeur par le trader dont elle avait, à l'évidence, sous-estimé le potentiel créatif - illustre aussi le changement de moeurs au sein de l'élite des affaires, qui s'est dépouillé, vis-à-vis du pouvoir politique, de son ancienne attitude de respect obséquieux.


    On a bien senti, dans la réaction énervée du gouvernement après l'annonce de la fraude à 5 milliards d'euros, comme un sentiment d'humiliation d'avoir appris les événements comme tout le monde. Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a même eu, aux yeux du pouvoir, l'outrecuidance de prendre au sérieux l'indépendance de son institution, au point de garder pour lui l'information qui allait secouer le monde de la finance. C'est dire à quel point l'équipe Sarkozy se trompe d'époque, cherchant à tout prix à feindre d'organiser les événements qui non seulement la dépassent mais ne la regardent pas.

    C'est que l'heure est finie des solidarités croisées, des renvois d'ascenseur et des combinaisons discrètes. Les banquiers pensent devoir rendre des comptes à leurs actionnaires, au régulateur, ou à leurs salariés. Pas au pouvoir politique.

    Au point que paraît anachronique l'attitude d'un Michel Pébereau, le président de BNP Paribas, qui cherche à s'assurer du soutien de M. Sarkozy avant de lancer éventuellement une offre publique d'achat (OPA) sur la Société générale. Il y a quelque ironie à voir le franc-tireur qui bousculait il y a dix ans l'establishment avec son OPA hostile sur Paribas et la Société générale - déjà - rentré dans le rang au point de flatter les rêves de "champions nationaux" que M. Sarkozy semble avoir hérité en droite ligne de Dominique de Villepin. Rupture, rupture, est-ce que j'ai une gueule de rupture ?

    Pierre Briançon (Le Monde)
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