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Mouloud Feraoun

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  • Mouloud Feraoun

    Mouloud Feraoun est un auteur dont je ne me lasse jamais. Rachid Mokhtari est un journaliste que j'aimais beaucoup lire alors quand Rachid Mokhtari parle de Mouloud Feraoun cela donne ce portrait que je vous invite à lire ou à relire.

    Mouloud Feraoun aurait-il eu la nostalgie des petites têtes pleines de poux plutôt que d’affronter celles bourrées d’idéologie islamiste ? Il n’aurait certainement voulu ni des unes ni des autres...

    La rupture avec Satan

    "Je me souviens, comme si cela datait d’hier, de mon entrée à l’école... " Cette phrase initiale du premier livre de lecture au lendemain de l’indépendance, L’Ami fidèle, s’est gravée dans la mémoire de générations d’écoliers traumatisés par la guerre, qui, comme Menrad Fouroulou, au début du siècle dernier, torturé par la faim, allaient, à leur tour, conquérir, pour d’autres déchirures, l’instruction et le savoir...

    Cet énoncé possède une rythmique de la syntaxe kabyle mais son énonciation propulse le " je " autobiographique dans une brutale rupture généalogique, celle de la misère, de la faim et de la peur des lendemains. Menrad Fouroulou refuse l’héritage du destin. Il est instruit du lourd fardeau des siens restés " là-haut " espérant que le fils unique n’aura pas peur d’affronter la ville et que, vaillant, il remontera au village fier de son instruction ; le père pourra ainsi récupérer ses terres mises en bail et prendre vengeance des calamités du siècle. La conquête de l’école pour Menrad est un défi à l’Autre, une incursion dans une autre langue, une autre culture pour et contre lesquelles il ne déclinera pas son identité. C’est pourquoi il lui fallait être à l’abri du mauvais œil " effer " (de la racine berbère signifiant cacher), s’en prémunir pour mieux se les approprier. C’est pourquoi, également, Feraoun écrit sa naissance à l’instruction publique dans une autre langue qu’il apprivoise à la sienne sans grandiloquence, sans susceptibilité idéologique, avec humilité et humanisme.

    La perte de l’identité n’est pas dans cette langue, ni dans cette culture ; elle est dans cette rupture avec l’antan, une cassure positive dans la filiation. L’anagramme Menrad Fouroulou est chargée de sens, d’une interrogation fondamentale, d’une logique, pourtant, contradictoire.

    Le fils du pauvre est d’abord cette cassure de la généalogie, du nom. On ne peut être le fils de quelque chose, d’un état humiliant, d’une progéniture sans géniteur. Le fils est l’héritage généalogique déterminant et honorifique dans une société ayant subi toutes les rigueurs de l’histoire. Estropié car " fils du pauvre ", il conquiert une autre filiation, linguistique et littéraire, et sa prise de conscience de ce fait est le tribut d’une dette contractée de l’histoire.

    Comment la rendre ? C’est la grande question qui se pose dans " Menrad " duquel on peut extraire " min " - qui la rendra ?, mnin - d’où la rendre ? Feraoun s’y identifie en même temps qu’il s’y interroge : quelle est ma situation comme sujet dans cette logique contradictoire ? Y a-t-il une loi dans l’Histoire ?
    Pour découvrir la suite Mouloud Feraoun
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