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Intensification de la déforestation de l'Amazonie

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  • Intensification de la déforestation de l'Amazonie

    Au Brésil, heure n'est plus à l'autocélébration. Alors que le gouvernement brésilien se félicitait, l'an passé, d'avoir réduit la déforestation de l'Amazonie, les chiffres qui viennent d'être publiés soulignent que la destruction a repris de plus belle.

    Elle a même atteint un niveau record depuis la mise en place du suivi en temps réel, il y a quatre ans : plus de 3 200 kilomètres carrés de forêt ont été détruits entre août et décembre 2007 selon l'Institut national d'enquêtes spatiales (Inpe, sigle en portugais). Et ce n'est qu'une estimation préliminaire. Le ministre de l'environnement, Marina Silva, a averti qu'après l'analyse des images satellitaires, le bilan de la déforestation devrait atteindre 7 000 kilomètres carrés. Or, l'Amazonie, en plus d'être la plus grande forêt tropicale de la planète, est aussi l'un des plus importants réservoirs de biodiversité au monde. On estime que la moitié des innombrables espèces animales et végétales qu'elle abrite n'a pas encore été découverte…

    Cela fait plusieurs mois que les organisations environnementales crient au désastre, contredisant l'équipe de Luiz Inacio Lula da Silva, qui se vantait d'avoir ramené le rythme de destruction au niveau des années 1970, quand les militaires de la dictature ont lancé la conquête de l'Amazonie. Selon ces associations, le recul de la déforestation ces deux dernières années s'expliquait moins par l'action du gouvernement que par la difficulté des grands propriétaires à exporter du fait de la revalorisation de la devise brésilienne.

    «Liste noire»


    De fait, le premier mandat de Lula a été marqué par la plus importante destruction de l'histoire de l'Amazonie : plus de 10 000 kilomètres carrés pour la seule année 2004.

    La réalité semble leur donner raison. La récente envolée des cours agricoles, en particulier du soja et de la viande, ainsi que la demande croissante d'éthanol-carburant, dérivé de la canne à sucre, ont relancé la production. Certes, ni le soja ni la canne ne sont plantés en Amazonie, du fait de son climat tropical.

    Mais en occupant plus de terres, il y pousse d'autres activités, notamment l'élevage. Parallèlement, l'installation de ces cultures attire des populations qui accélèrent la déforestation pour construire des villages à proximité des champs. C'est d'ailleurs dans le Mato Grosso, principal État agricole du Brésil, qu'a été enregistrée la plus grande déforestation entre août et décembre 2007, avec environ 1 790 kilomètres carrés défrichés.

    La publication de ces chiffres a déclenché une véritable guerre entre le ministre de l'Environnement et celui de l'Agriculture, qui refuse la responsabilité de la dégradation. Le président Lula a convoqué une réunion d'urgence pour tenter de limiter le niveau de destruction. Le gouvernement a décidé d'augmenter de 25 % le nombre d'agents fédéraux pour surveiller et dénoncer l'extension des cultures à la frontière de l'Amazonie. L'absence de contrôle est en effet le principal problème, du fait de l'importance des distances et du non-respect des lois. Le gouvernement vient également de décréter que les agriculteurs pris en flagrant délit de déforestation n'auront plus droit aux crédits préférentiels. Enfin, Brasília a publié une liste noire de 36 municipalités où il ne sera plus possible de toucher à un seul arbre. Mais l'action de l'État fédéral est insuffisante si elle n'est pas relayée localement. De la demi-douzaine d'États situés dans l'immense forêt, seul celui d'Amazonas fait un effort de préservation. Il vient de créer une bolsa floresta, ou «bourse forêt», subvention versée aux familles qui s'engagent à ne plus défricher. En revanche, dans le Mato Grosso, le gouverneur, Blairo Maggi, est aussi le premier producteur de soja du Brésil. En cinquante ans, 17 % de l'Amazonie a disparu.

    Par Le Figaro
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