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Les pionniers du Mouvement National Algérien: Mohamed Taleb

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  • Les pionniers du Mouvement National Algérien: Mohamed Taleb

    Qui connaît Mohamed Taleb ?
    Ce nom comme tant d’autres ne figure dans aucun livre d’histoire.Et pourtant, il fait partie de la longue liste d’Algériens qui ont voué leur jeunesse au militantisme menant au recouvrement de l’indépendance nationale. Un de ses compagnons, vieux militant de la cause nationale qui ayant assuré de hautes responsabilités dans le PPA - MMD à la veille de novembre 1954, en l’occurrence Sid Ali Abdelhamid, en parle dans un témoignage qui se confond avec une belle page d’histoire et qui révèle beaucoup sur ce que nous ne savons pas de notre passé.

    "Nous étions emprisonnés en compagnie notamment de Mohamed Khider, Hocine Lahouel, Ahmed Mahsas, Stamboul Noureddine, Abtouche et beaucoup d’autres dont je ne me rappelle plus les noms. Mais nous étions tous membres du Parti du Peuple Algérien (PPA) clandestin. Mohammed Taleb se distinguait par la rigueur de son raisonnement, il excluait tout sentimentalisme. Pour lui, quand on s’engage a u sein du PPA, on doit se donner corps et âme pour la lutte révolutionnaire. Plus rien ne doit compte, ni parents, ni enfants, ni amis, seule compter la lutte pour la libération du pays avec ceux qui partagent notre idéal.Quand il prenait la parole, son débit était rapide, tels les tirs d’une mitraillette.

    En mai 1945, le tribunal militaire nous infligea de lourdes condamnations. Nous fûmes alors séparés de Taleb. Pour ma part, je fus transféré avec Mohamed Khider, Hocine Lahouel, Benali Boukort à la prison centrale de Lamb actuellement Tazoult. C’est suite aux mesures d’amnistie après la 2e guerre mondiale que nous fûmes libérés du bagne de Lambèse en 1946.

    Ayant repris mon activité au sein du PPA comme la plupart des anciens détenus, j’ai alors connu au sein du comité régional de la jeunesse du grand Alger, Abderrahmane Taleb, le frère de Mohammed, de même que Mourad Didouche, Mohamed Chergui, Mahieddine Hafiz. Nous siégions au sein du même comité, qui se réunissait clandestinement, souvent à l’intérieur de la boulangerie des parents de Didouche, au milieu des sacs de farine, à la redoute, actuellement El Mouradia en hommage à ce héros légendaire de notre guerre de libération nationale.

    Mohammed Taleb a été membre fondateur de l’Organisation Spéciale (VOS) en tant que participant au 1er Congrès historique du PPA, tenu sur le territoire national et qui S’est déroulé les 15 et 16 février 1947. Les premières séances à Bouzaréah et les dernières dans les locaux de la limonaderie du grand militant de l’Etoile Nord Africaine, Si Mouloud Melaïne. Parallèlement à son activité clandestin au sein du PPA, Mohammed Talebdirigeait la section de Basket Bail du club de l’USMA.

    J’ai appris par la suite par l’intermédiaire de Benyoucef Benkhedda que Mohamed Taleb, patriote et partisan intransigeant de l’action directe, avait animé un groupe de militants qui, bien que ne partageant nullement l’idéologie nazie, mais en vertu de l’adage bien connu : «l’ennemi de mon, ennemi est mon ami», réussit à prendre contact avec les allemands dans le but était, dira plus tard Mohammed Taleb, d’acquérir la technique militaire, de savoir dynamiser les ponts, fabriquer des explosifs et utiliser des armes individuelles.
    Mais les allemands n’avaient comme seul et principal souci que l’utilisation pour leur propre compte des jeunes algériens, comme saboteurs ou comme mercenaires, pour mener des actions derrière les lignes françaises, alors que les algériens cherchaient des alliés pour se lancer dans la lutte armée, afin de se libérer du colonialisme français.

    A cette époque, Messali El Hadj, avec la plupart des membres de la direction du Parti, était emprisonné à la prison centrale d’El Harrach où, il purgeait une peine de 16 ans de travaux forcés, prononcée par le tribunal militaire français d’Alger, à son encontre le 28 mars 1941.

    Après une terrible et éprouvante grève de la faim à la prison de Serkadji, Messali et ses compagnons arrivèrent à arracher à l’administration française le statut et le régime de détenus politiques. Les quelques membres importants du Parti partageant le même point de vue, décidèrent d’envoyer un émissaire auprès de Messali pour le mettre au courant de leurs tractations avec les Allemands, et avoir son avis sur le projet de Mohammed Talebet de son groupe. Le choix de l’envoyé auprès de Messali s’arrêta sur le Tlemcénien Boumediene Marouf, chef de la fédération du PPA de l’Oranie.

    Voici l’essentiel de la réponse de Messali rapportée par Marouf :


    «Le peuple n’est pas préparé. «L’action armée est prématurée. Une collaboration avec les allemands dans ce domaine est impossible, nos frères arabes du Moyen Orient qui sont politiquement en avance sur nous, ne se sont pas engagés sur cette voie. Les allemands se préparent à la guerre, ils veulent des points de fixation à leurs forces militaires. Ils veulent nous utiliser, comment leur faire confiance, alors que dans son livre «Mein Kampf», Hitler traite les arabes de race inférieure, ce serait conduire le peuple à l’abattoir».
    Benyoucef Benkhedda note dans son livre «Ies origines du 1er Novembre» ceci :
    «L’avenir allait donner raison à Messali et apporter une pleine justification à sa position. Le refus catégorique de toute collaboration avec les allemands exprimé par lui s’explique aisément. Il est dicté par le souci de ne prêter, en. aucun cas le flanc à la propagande conjuguée du gouvernement français et du Parti Communiste qui, tous deux accusent le PPA «d’agent hitlérien». Accepter l’aide aIlemande, c’était à ses yeux apporter de l’eau au moulin d’adversaires en quête du moindre faux pas pour crier à la collusion du PPA avec le nazisme. C’était aggraver le sort des détenus et livrer l’organisation à la répression qui s’annonçait rigoureuse à l’approche de la guerre. C’était des poursuites pour «intelligence avec l’ennemi» et d’autres chefs d’accusation aussi graves.Messali somma alors le groupe Talela composé d’une dizaine de membres, de démissionner sur le champ. Cela leur sera bénéfique car à la déclaration de la guerre, ils ne seront plus inquiétés. L’administration les considérait comme ne faisant plus partie du PPA». Néanmoins, après la fin de la guerre, Taleb, et ses compagnons furent autorisés à reprendre leurs activités au sein du Parti.

    Mohamed Taleb assista, en tant que membre du Comité Central, au Congrès historique du PPA en Février 1947. Sa volonté d’en découdre avec le colonialisme français, les armes à la main, était sans faille. Mohammed Taleb avait la conviction profonde que la libération de l’Algérie ne pouvait se réaliser que par l’action armée directe. Il fut membre fondateur de l’Organisation Spéciale (OS), qui, malgré toutes les difficultés et les péripéties qu’elle a traversées, a su mettre en œuvre le déclenchement du 1er Novembre par l’intermédiaire des «22» qui furent tous membre du PPA. La disparition prématurée de Mohammed Taleb en février 1952 l’a privé de voir la réalisation de son idéal et certainement de jouer un rôle actif aux côtés de ses frères de combat."

    Par le moudjahid Mohamed Bache Tazir- Nouvelle République

  • #2
    «En 1936, contre l’assimilation pour l’indépendance…»

    Quand le 2 Août 1936, Messali Hadj, débarqua à Alger, venu défendre l’idée de l’indépendance, lors du meeting populaire du stade municipal, il était soutenu par une pléiade de jeunes nationalistes fougueux menés par Mohamed Talebet Hocine Lahouel. Dans un discours resté mémorable, Messali Hadj, défend vigoureusement l’idéal de l’indépendance, contre les partisans de l’assimilation qui soutenaient le projet Blum Violette. Messali Hadj était Président de l’Etoile Nord-africaine, créée en 1926, dans les milieux de l’immigration Algérienne en France. Le programme de cette organisation projetait non seulement l’indépendance de l’Algérie, mais aussi celle de l’Afrique du Nord.Mestoul Mohamed et Hadj Smain mirent en place les premières cellules à Alger en 1930, mais celles-ci demeuraient en veilleuse jusque là. L’arrivée de Messali les impulsa.

    Mohamed Taleb créa la, section du 2e arrondissement qui couvrait toute la Casbah. Suivirent les sections de Belcourt, Zeghara, Maison Carrée, Blida, Rouïba, Dellys, etc.... Un organe de coordination s’avérait nécessaire. Ainsi prit naissance, la fédération d’Alger. Mohamed Taleb en assuma le secrétariat. L’ampleur du mouvement effraya les autorités coloniales.

    L’Etoile Nord-africaine est dissoute en 1937, par le gouvernement du front populaire, présidé par Leon Blum. Pourtant l’Etoile Nord-africaine fait partie du cartel de la gauche française et marcha avec lors des manifestations historiques contre le fascisme et les nervis du colonel De la Rocque en Février 1934 à Paris.

    Le RRA (Parti du Peuple Algérien) créé à Nanterre (France) en Mars 1937, remplace l’Etoile Nord-africaine avec un programme plus nuancé.
    Le siège du parti est transféré à Alger. Messali Hadj, Lahouel Hocine, Moufdi Zakaria, Gherafa Brahim et Khelifa Benamar, sont arrêtés aux motifs de reconstitution de ligue dissoute et incarcérés à la prison de maison Carrée. Ils recourent à la grève de la faim pour obtenir le régime politique. Ils sont condamnés à deux ans d’emprisonnement Gherafa à un an.

    L’action militante se poursuit dans l’ensemble du pays. Mohamed Taleb est membre du comité directeur du PRA et totalement engagé dans le militantisme, harcelé par la police, son domicile est perquisitionné à plusieurs reprises. Le parti décide de présenter la candidature de Messali aux élections cantonales. Son triomphe n’est pas reconnu par l’administration qui l’annule au profit du candidat parrainé par l’administration, au motif que Messali emprisonné, n’est pas éligible.

    En Europe, le spectre de la guerre obscurcit les cieux. L’annexion de l’Autriche par l’Allemagne fait résonner un bruit de bottes.

    L’inanité des élections, la répression permanente exercée contre les militants nationalistes, a conduit certains de ces derniers à la conclusion qui si l’occupant s’est imposé par la force et la violence, il ne quitterait le sol conquis que contraint par les mêmes moyens. Un groupe s’est formé autour de l’idée d’une organisation paramilitaire y est opposé fermement.

    Entre le parti et ces militants, ce fut la rupture totale. Pour mettre leurs idées en pratique, les membres du groupe décident de prendre contact avec les Allemands, aux fins d’acquérir une formation militaire qui les familiariserait avec le maniement des armes classiques, et l’utilisation des explosifs.Abderrahmane Yacine, un étudiant d’origine tunisienne, qui militait dans les rangs de l’Etoile Nord-africaine en France, établit le contact recherché. Ouamara Rachid partit d’Alger vers Paris pour confirmer le contact et mettre au point les modalités de l’opération.

    En Août 1939, une équipe de quatre éIéments conduits par Mohamed Taleb, embarqua clandestinement du port d’Alger vers l’Allemagne via Marseille.
    Il s’agissait de Mohamed Taleb, 22 ans, agent commercial, ex membre du Comité Directeur du Parti, Mekideche Lakhdar, 22 ans, comptable, ex secrétaire de la 2e section, Flitta Ahmed, 27 ans, gérant de commerce, ex président de la section de Boufarik, Hamza Omar, 24 ans, moniteur dans un centre de formation professionnelle, ex trésorier de la 2e section. Arrivé sur les lieux, le groupe se rendit compte qu’on tentât de le manipuler. Il fait entendre fermement qu’il voulait absolument garder les mains libres. Dans ces conditions, la formation souhaitée, battit de l’aile.

    La perspective d’une guerre proche abrégea le séjour. Le groupe rentra au pays dans la 2e quinzaine du mois Août 1939. Le 1er septembre 1939, l’armée Allemande pénètre à Dantzig, violant ainsi la frontière Polonaise. Le 3 Septembre 1939, la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne.
    Libérés en Août 1939, après avoir purgé 2 années d’emprisonnement, Messaliet ses compagnons, sont de nouveau arrêtés un mois plus tard. Une vague d’arrestation S’abattit sur le pays. Le PRA est dissous. Flitta Ahmed est condamné avec Messali incarcérés - à Barberousse Mohamed Taleb et Mekidèche Lakhdar échappent aux filets de la police. Ce dernier sombre dans l’anonymat. Mohamed Taleb se retrouve dans une clandestinité étanche pour poursuivre ses activités militantes.

    Le 10 Juin 1940, l’Italie rentre en guerre contre la France et l’Angleterre. L’aviation italienne fait une incursion dans le ciel algérois et largue quelques bombes sur la cité.

    Après une offensive foudroyante de l’armée Allemande, la France capitule le 17 Juin 1940. Le territoire est coupé en deux. Le Nord Zone occupé. Le Sud Zone libre.

    Le 10 juillet 1940, le maréchal Pétain est proclamé chef de l’état Français à vichy qui détient la capitale du nouveau pouvoir. La 3e république aura ainsi vécue.

    Le général Weygand, ancien chef d’état-major est nommé Délégué général en Afrique du Nord. L’administration locale se convertit vite au nouveau pouvoir.
    La traque des nationalistes ne se relâche pas.

    En mars 1941, Messali et ses compagnons sont condamnés par le tribunal militaire d’Alger à de lourdes peines de prison et enfermés dans la centrale de Lambèse. Les structures du P.P.A se sont effondrées.

    Une jeune organisation fait son apparition


    Le Carna (Comité d’action révolutionnaire Nord africain) Mohamed Taleb en est la cheville ouvrière. Le revoilà qui fait son apparition au quartier Sidi Abderrahmane appelé communément «Houmat 2e» son fief. La jeunesse de ce quartier fut une pépinière ou il puisa les éléments constitutifs des premiers groupes armés. Si ces derniers étaient intégrés dans l’organisation pyramidale du Carna, le groupe de choc commandé par Rabah Zaaf dit Rabah 2e restait sous l’autorité directe de Mohamed Taleb. Le compagnon de lutte M. Abdoun, ancien secrétaire de la section 1 (Basse Casbah) qui au départ n’approuvait pas la démarche des sécessionnistes, prit le train en marche.

    En 1945 Ali Halit avait la charge de la Kabylie, Hadj Hocine couvrait le Titteri et la région des hauts plateaux. Il avait pour mission spécifique la pénétration de la Zaouïa d’El Hamel et celles du Sud de l’Algérois. Chadly Mekki, ancien de la Zitouna, s’occupait de la région Est du pays. Le militant, Hamou Boutlilis rayonnait sur la région Ouest, Hocine Asselah, assurait les relations extérieures de l’organisation avec les différentes tendances, notamment l’Association des Oulémas. Temmam Abdelmalek, contrôleur des contributions, Hadj Cherchali, Cheikh Hamadou, professeur d’arabe, ancien de la Zitouna, dont le coordinateur était Mohamed Taleb.

    Les responsables de l’organisation sont préoccupés par l’arrestation en 1941 du chef scout Bouras Mohamed. Ses tentatives d’approche des officiels Allemands basés à l’hôtel Aletti, paressaient un acte isolé, même si cette démarche compromettait au moins 2 éléments. Le chef Bouras occupait un poste dans l’administration civile de l’amirauté Française. De ce fait, ses allées et venues étaient sans doute surveillées par le 2ème bureau, qui l’a probablement piégé. Contactée par l’organisation, en vue d’une intercession en faveur du mis en cause, la commission d’armistice Allemande, se montra sourde, comme d’ailleurs pour les précédentes sollicitations. Le 27 Mai 1941, Bouras était exécuté au Polygone d’Hussein Dey.

    Impliqués dans la même affaire. Nourine, un torréfacteur de Bab Djedid, est condamné à 20 ans de travaux forcés et Benali, coiffeur, rue bleue au centre de la Casbah à 10 ans de travaux forcés, pour espionnage. Ce fut le cas aussi de Hamidi Bouzid, un militant de l’Etoile Nord-africaine, venu de Tolga à la recherche d’un emploi, qui échoua comme bagagiste à l’hôtel de la régence. C’est en ces lieux que siégeait la commission d’armistice Italienne. Après une condamnation de 20 ans de travaux forcés, Hamidi Bouzid s’est retrouvé à la centrale de Lambèse, sans jamais avoir su pourquoi.

    Tout comme sont restées ignorées les causes réelles de la mutinerie des soldats Algériens sous drapeau français cantonnés à Maison Carrée et qui le 27 Janvier 1941, se répandirent en ville occasionnant victimes et destructions. Une quarantaine de ces protagonistes étaient par la suite exécutée, après leurs passages devant le tribunal de guerre. Saïd dit «Diavolo», membre de l’organisation, était utilisé comme chauffeur de service, par la commission Italienne. C’est par lui que s’établit le contact avec cette commission. Celle-ci, sollicités pour la fourniture d’armés, offrit en échange de l’argent pour leur achat. Une première avance est faite et acceptée. Les armes achetées iront prioritairement aux groupes de Kabylie, structurés militairement.

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    • #3
      En février 1941, l’amiral Darlan prend la tête du gouvernement en juin 1941, il nomme le général Weygand, gouverneur général de l’Algérie.

      Les hauts fonctionnaires de l’administration coloniale, connus pour leur appartenance à la franc-maçonnerie, sont limogés s’ils ne l’ont pas été déjà. La «Légion» est le support politique du régime pétainiste, dont la devise «travail, famille, partie» remplace le triptyque républicain «liberté, égalité, fraternité» les restrictions alimentaires dues à l’état de guerre affamaient davantage la population musulmane. Les hobereaux de la colonisation clament leur attachement au maréchal Pétain. Et, aux quatre coins du pays résonne l’hymne «maréchal nous voilà». La circulation à travers le territoire devient difficile, en raison de l’instauration d’un «Iaissez-passer» pour tout déplacement d’une région à une autre. Des «laissez-passer» vierges, et un cachet humide d’une autorité militaire, subtilisé, donnaient quelques facilités à Taleb pour ses déplacements. L’homme circulait beaucoup pour consolider et coordonner les structures de l’organisation. Il affectionnait particulièrement le port d’une canadienne Kaki, qui lui permettait de bien dissimuler un pistolet 7,65 à barillet dont il ne voulait pas se séparer. A l’âge du service militaire, il avait refusé l’incorporation de ce côté là il était également recherché comme insoumis. C’était un militant aux convictions établies. Homme d’actions, il ne reculait pas devant le danger.

      Né le 24 janvier 1917 au sein d’une famille modeste à la Casbah d’Alger, il fait ses premières classes primaires à l’école de la rue de Divan, avant d’être dirigé sur celle de la rue Tanger. Il ne poursuivra pas longtemps dans le secondaire. Sa formation est celle d’un autodidacte. La psychologie l’intéressait beaucoup. Le traité du Dr Gustave le Bon sur la psychologie des foules fut un certain temps son livre de chevet. Neuf ans après leur publication, il conservait encore une série de la revue «Illustrations» renfermant des reportages sur la lutte que s’était livrée les groupes armés communistes et les groupes Nazis, avant le triomphe du national socialisme en Allemagne. Il a assisté au moins cinq fois à la projection d’un film sur la lutte armée menée par les Irlandais. Tant il aimait l’action. Corpulence moyenne, teint brun, les yeux noirs et vifs, le geste autoritaire, il tranchait sans lésiner sur les problèmes posés. Il était d’un courage physique à toute épreuve. Affectionnant le sport, il forme et manage une équipe de basket-ball, qui porta haut les couleurs de l’USMA.

      L’entrée en guerre des Etats-Unis après l’attaque Japonaise de Pearl Harbor, en décembre 1941, entraîne la formation d’une coalition de forces alliées, auxquelles s’intègrent Canadiens, Australiens et néo-zélandais.
      Vers la mi-novembre 1942, Murphy, un officiel Américain, de haut rang, accompagné de deux officiers supérieurs U.S sont débarqués secrètement, au large de Cherchell. lls étaient attendus par des responsables gaullistes. L’organisation est informée d’une probabilité d’un débarquement de troupes alliées sur les côtes nord-africaines. Une telle éventualité contrarie les projets initiaux de l’organisation. Ceux-ci sont repensés en fonction de la nouvelle perspective. Une formation politique, à base élargie, qui se présenterait demain, en interlocuteur valable, parut une solution fiable.

      Hocine Asselah, se joignit aux responsables politiques Algériennes, initiateurs d’un projet de manifeste qui traduirait l’aspiration du peuple Algérien à s’affranchir de la tutelle coloniale, et a s’ériger en nation libre de son destin. C’était une avancée remarquable, surtout venant de personnalités extrêmement modérées, jusque là attachées à l’union Française. Dans le cadre de ses nouvelles orientations, l’organisation pénètre les milieux sportifs. Elle lance un mouvement de jeunesse. Cet élan s’étend aux milieux universitaires. Une association de femmes est crée en 1947. Ce fut une poussée fulgurante. Mohamed Taleb, réunit les conditions matérielles nécessaires à l’impression d’un journal clandestin. La diffusion à travers tout le pays, de «L’action algérienne» provoque un choc psychologique, tant cela était surprenant et inattendu. La police est aux aboies. Ferhat Abbas, et Sayah Abdelkader, les personnalités les plus en vue parmi les signataires du manifeste, sont déportées dans l’extrême sud, une manifestation en leur faveur, est décidée, c’était aussi l’occasion de tester la solidité des assises de l’organisation et sa capacité à entraîner les foules. En septembre 1943, après la prière de l’Aïd Esseghir, Bendif s’empare du micro de l’Imam qui officiait à la nouvelle mosquée, pour haranguer une assistance médusée. La foule des fidèles qui sortait des deux mosquées du centre d’Alger, était canalisée vers la place du gouvernement. Des slogans patriotiques sont scandés. Vive l’Algérie indépendante ! Libérez les prisonniers politiques! Étaient répétés à. satiété. La garde républicaine cantonnée dans les casernements des Targarins, réprima sévèrement la manifestation, dont les échos se répercutèrent à travers tout le territoire.
      Cet événement et la diffusion de «l’action Algérienne» révélèrent au grand Public l’existence de l’organisation.

      Messali est libéré et assigné à résidence à Boghari. Le RRA renaît de ses cendres.

      Mohamed Lamine Debaghine, Ahmed Bouda et d’autres militants s’efforçaient de lui redonner vie dans la clandestinité. De part et d’autre on sentit l’intérêt national à unifier les forces nationalistes. Chedly Mekki prend contact avec Messalià Chellala. Les pourparlers qui suivirent entre les deux formations aboutirent à la fusion de leurs structures (1944). Mohamed Taleb, Cherchalli, Hocine Asselah, Mohamed Lamine Debaghine, Ahmed Bouda, forment l’ossature de la nouvelle direction. Une équipe qui sera amendée quelques temps après. Après un séjour dans les sous-sols de la prison militaire d’Alger, en 1944, qui altéra fortement sa santé, Mohamed Talebs’est retrouvé enfermé au fort militaire de Bouzaréah, avec Lahouel Hocine et Khider Mohamed, durant les évènements de 1945.

      Ils sont libérés en Novembre 1945 après 1 vote de l’amnistie la même année.
      Mohamed Taleb est mort le 16 Février 1952 à l’âge de 35 ans. Deux filles étaient nées d’une union harmonieuse, interrompue prématurément par un destin injuste.

      Hommage à cet aîné des générations de Novembre 1954, que la ville d’Alger à honoré en donnant son nom à une grande avenue sur les hauteurs de la cité ainsi qu’a un collège se situant derrière la mosquée de Ketchaoua.

      Par Taleb Mokhtar, Nouvelle République

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