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L'avenir du président Musharraf sur la sellette

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  • L'avenir du président Musharraf sur la sellette

    Les Pakistanais sont-ils en train de se tromper d'élections ? L'enjeu des législatives qui se déroulent lundi se résume à une seule question : l'avenir du président Musharraf. Un véritable plébiscite, donc, alors qu'il s'agit en réalité de doter le pays d'un Parlement démocratique… et que Musharraf n'est pas en lice.

    Résultat, aucun des grands partis n'a énoncé un programme clair, le débat portant presque uniquement sur le fait de savoir si l'Assemblée qui sortira des urnes votera la destitution du président, ou si ce dernier finira par trouver un gouvernement déterminé à travailler avec lui. Jusque dans les campagnes les plus reculées, la litanie des candidats de l'opposition a été la même : «Vous manquez d'eau, la farine est chère, l'huile et le gaz font défaut, tout cela, c'est de la faute à Musharraf». Le message est clair, Musharraf doit partir.

    Au-delà, il y a la conviction que les urnes seront bourrées, et que le président et son entourage sont prêts à tout pour éviter la déroute de la PML-Q, le parti qui soutient Musharraf. «Mon gardien m'a demandé deux jours de congé pour aller voter dans son village, raconte Fatima R., chirurgien-dentiste à Islamabad. Comme je les lui refusais, craignant pour sa sécurité, il m'a suppliée de le laisser partir, car le candidat de la PML-Q lui avait promis 10 000 roupies (un peu plus de 100 euros) s'il votait pour lui.»

    À Lahore, la capitale du Penjab, un commerçant dénonce les «pressions musclées exercées sur les électeurs et les candidats de l'opposition par des milices privées payées par la PML-Q». Pervaiz Elahi, le premier ministre régional du Penjab, un proche de Musharraf qui aspire à devenir chef du prochain gouvernement, est accusé de puiser dans les caisses de l'État pour financer sa campagne. Dénonciation de fraudes, abus de biens publics, truquages… la liste des doléances est longue. La fibre est largement exploitée.

    Nawaz Sharif, le chef de la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N), deuxième grand parti d'opposition après le Parti du peuple pakistanais (PPP) du clan Bhutto, a ainsi lancé samedi : «Nous savons bien que ces élections seront truquées. Nous sommes conscients que ce scrutin se déroulera dans un environnement de tricherie et de menaces.» Faux, proteste Kanwar Dilshad, le numéro deux de la commission électorale : «Nous sommes neutres. Les candidats ont tous eu la même marge de manœuvre pour se faire entendre, et nous faisons notre travail afin que ces élections soient libres, équitables, transparentes et pacifiques.»

    Nouvel attentat

    Car la sécurité est l'autre point noir de ce scrutin à hauts risques. Et pas des moindres. Samedi, au dernier jour de la campagne électorale, un nouvel attentat a ensanglanté Parachinar, petite localité située dans les zones tribales frontalières de l'Afghanistan. Un kamikaze a lancé sur la foule sa voiture bourrée d'explosifs, lors d'un meeting organisé par un candidat indépendant (aucun parti politique n'est autorisé dans la ceinture tribale) soutenu par le PPP. Bilan : 47 morts et une centaine de blessés. L'attaque, qui porte la signature des militants islamistes, est la plus meurtrière au Pakistan depuis le début de l'année.

    L'assassinat de Benazir Bhutto, le 27 décembre dernier, à la sortie d'un rassemblement politique dans la ville garnison de Rawalpindi, avait porté un coup d'arrêt à la campagne électorale. Elle s'est faite par télévision interposée, voire par SMS, envoyés tous azimuts par les militants des différents partis.

    La peur, entretenue par les islamistes, pourrait encore faire baisser un taux de participation qui s'annonce déjà peu élevé. Le politologue Rasul Baksh Rais est l'un des rares à ne pas croire à ce scénario. «Dans les villages, où tout le monde se connaît et où un étranger serait vite repéré, 90 % des gens iront voter», assure-t-il. Il en est persuadé, ces élections changeront la face du Pakistan.

    Par Le Figaro
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