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Jean-du-Sud- Jos Monferrand. Gilles Vigneault

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  • Jean-du-Sud- Jos Monferrand. Gilles Vigneault

    Gilles Vigneault, connaissez-vous?
    Ce troubadour représente à lui seul la poésie québécoise dans tout ce qu'elle a de terroir et de sensibilité, le sens de la liberté et de l'indépendance, l'esprit coureur des bois, du Québécois.



    Jean-du-Sud

    Paroles et musique: Gilles Vigneault

    Quand Jean-du-Sud s'était mis dans la tête
    D'aller chasser sur l'île d'Anticosti
    Le swell dans l'large annonçait une tempête
    Mais Jean-du-Sud était déjà parti
    Appareille...
    Mets deux ris dans la voile
    On march'ra sur les étoiles...
    De mer!

    Quand Jean-du-Sud est v'nu mouiller dans l'large,
    Tout l'monde savait qu'il n'avait pas d'poisson
    Qui pouvait faire autant caler sa barge.
    Les femm's disaient qu'il avait d'la boisson.
    Dans la baie...
    Y'a du rhum d'la Jamaïque
    Des gallons pis des barriques...
    De vin!


    Quand Jean-du-Sud se mêlait d'fair' la pêche,
    I' s'en allait sur les bancs d'Mosquaro
    Avait-il l'goût d'manger d'la morue fraîche:
    Changeait toujours jusqu'au dernier carreau.
    La voile rouge
    S'en vient sur sa misaine
    Est icitt' pour une dizaine...
    De jours!


    Quand Jean-du-Sud disait:"La mer est grande!"
    Dans ses yeux bleus y'avait comme un matin
    Parc' qu'i' faisait aussi la contrebande
    Des illusions de paradis lointains
    Capitaine
    Méfie-toi des mirages
    Des bateaux sur les nuages...
    Dans l'ciel!


    Quand Jean-du-Sud nous contait ses voyages,
    On avait l'impression d'êtr' ses matelots
    I' nous parlait en r'gardant les nuages
    Qui dessinaient des îl's nouvelles dans l'eau
    Serr' l'écoute...
    Sur les hauts-fonds ça casse
    Faut dériver dans la passe...
    Du nord.


    Etait tout seul à bord de son Mât d'hune
    (C'était comm' ça qu'on appelait son voilier).
    Il n'était pas rendu l'autr' bord d'la dune
    Pis on l'pensait à l'Anse-aux-Madriers
    Capitaine
    A la voile et aux cordages
    Il était son équipage...
    Tout seul!


    Quand Jean-du-Sud a trouvé sa tempête,
    On a trouvé son mât pis son beaupré
    Hurlait le vent et braillaient les mouettes
    Dans la p'tite anse où c'qu'il aimait s'ancrer.
    Jean-du-Sud
    Drapé dans sa grand'voile
    Marche enfin sur les étoiles...
    De mer


    Paraît qu'il est r'devenu capitaine
    Sur un' goélette qui s'promène su'l'fond d'l'eau
    La houl' du Sud, c'est son manteau qui traîne.
    La brum' de l'Est, la fumée d'son brûlot.
    Jean-du-Sud
    A la voile et aux amarres
    Désormais reste à la barre...
    Du jour...



    Jos Monferrand

    Le c-u-l su'l'bord du Cap Diamant, les pieds dans l'eau du St-Laurent
    J'ai jasé un p'tit bout d'temps avec le grand Jos Monferrand
    D'abord on a parlé de vent, de la pluie puis du beau temps
    Puis j'ai dit : «Jos dis-moi comment que t'es devenu aussi grand
    Que t'es devenu un géant»

    Le *** su'l'bord du Cap Diamant, les pieds dans l'eau du St-Laurent
    J'ai jasé un p'tit bout d'temps avec l'eau pis le firmament.

    Là Jos m'a dit : «Mon p'tit garçon, Ah! si t'apprends bien ta leçon
    Tu viendras qu'ça sera pas long à faire des pas de cent pieds d'long»
    J'ai dit : « Jos, faut qu'ça décolle parc'que j'viens d'sortir d'l'école
    Puis qu'par ici passé vingt ans t'es gréyé pour perdre ton temps,
    Ah t'es gréyé pour perdre ton temps»

    Le *** su'l'bord du Cap Diamant, les pieds dans l'eau du St-Laurent
    J'ai jasé un p'tit bout d'temps avec le grand Jos Monferrand

    Si tu veux faire un vrai géant, va boire à même la rivière
    Assieds-toi sur les montagnes puis lave-toi dans l'océan
    Essuie-toi avec le vent, éclaire-toi avec la lune
    Dors les pieds su'l'bord d'la dune puis la tête au bout du champ
    Et puis la tête au bout du champ

    Le *** su'l'bord du Cap Diamant, les pieds dans l'eau du St-Laurent
    C't'une posture de premier plan pour te donner de l'entregent

    Puis un beau jour tu sentiras en-dessous d'tes pieds tourner la terre
    Puis tu comprendras le chinois aussi bien qu'la reine d'Angleterre
    Tu sauras fermer ta gueule, t'arrêteras d'faire des sparages
    Pour écouter les nuages, mais petit gars tu s'ras tout seul
    Mais mon p'tit gars tu seras tout seul

    Le *** su'l'bord du Cap Diamant, les pieds dans l'eau du St-Laurent
    C'est pas l'diable pour faire d'l'argent, mais c'est bien bon pour passer l'temps

    J'ai jamais vu Jos Monferrand mais j'ai suivi sa p'tite idée
    Quand j'ai voulu m'arrêter, j'avais déjà l'âme d'un géant
    Je suis r'monté su'l Cap Diamant pour raconter mon histoire
    Resté là à la nuit noire à parler pour l'air du temps
    Puis à parler pour l'air du temps

    Le *** su'l'bord du Cap Diamant, les pieds dans l'eau du St-Laurent
    Y'a rien d'pire pour les cancans puis pour bien dire c'est fatigant

    Autant vous dire la vérité, j'ai pas grandi d'un sacré pouce
    En seulement le diable me pousse quand je m'arrête de turluter
    Je r'vire un bordi-bordagne, j'mets la ville dans la campagne
    Puis Tit-Jean prends son violon; que la Province trousse son jupon
    Que la province trousse son jupon

    Le *** su'l'bord du Cap Diamant, les pieds dans l'eau du St-Laurent
    J'ai jasé un p'tit bout d'temps avec le grand Jos Monferrand


    Gilles Vigneault

  • #2
    Merci Bachi,
    Gilles Vigneault, tout comme Madame La Bolduc, et Felix Leclerc, sont les Grands Noms de la chanson Québecoise.


    D'autres textes de Gilles Vigneault:

    Le poète

    Je prendrai dans ma main gauche
    Une poignée de mer
    Et dans ma main droite
    Une poignée de terre,
    Puis je joindrai mes deux mains
    Comme pour une prière
    Et de cette poignée de boue
    Je lancerai dans le ciel
    Une planète nouvelle
    Vêtue de quatre saisons
    Et pourvue de gravité
    Pour retenir la maison
    Que j'y rêve d'habiter.



    J'ai pour toi un lac

    J'ai pour toi un lac quelque part au monde
    Un beau lac tout bleu
    Comme un œil ouvert sur la nuit profonde
    Un cristal frileux
    Qui tremble à ton nom comme tremble feuille
    À brise d'automne et chanson d'hiver
    S'y mire le temps, s'y meurent et s'y cueillent
    Mes jours à l'endroit, mes nuits à l'envers.

    J'ai pour toi, très loin
    Une promenade sur un sable doux
    Des milliers de pas sans bruits, sans parade
    Vers on ne sait où
    Et les doigts du vent des saisons entières
    Y ont dessiné comme sur nos fronts
    Les vagues du jour fendues des croisières
    Des beaux naufragés que nous y ferons.

    J'ai pour toi défait
    Mais refait sans cesse les mille châteaux
    D'un nuage ami qui pour ma princesse
    Se ferait bateau
    Se ferait pommier, se ferait couronne
    Se ferait panier plein de fruits vermeils
    Et moi je serai celui qui te donne
    La terre et la lune avec le soleil.

    J'ai pour toi l'amour quelque part au monde
    Ne le laisse pas se perdre à la ronde.

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