Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Un salarié de France Telecom se suicide sur son lieu de travail

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Un salarié de France Telecom se suicide sur son lieu de travail

    Malheureusement, même si les syndicats de France Telecom avaient moult fois alerté sur l'état de santé mentale des salariés de l'opérateur historique, l'avertissement n'a pas été assez sérieusement pris en compte.

    Un salarié du central téléphonique d'Amboise (Indre-et-Loire) s'est suicidé mardi sur son lieu de travail, a-t-on appris mercredi de source syndicale. Âgé de 52 ans, ce technicien d'intervention à France Télécom, s'est pendu dans un bureau du central téléphonique.

    Rappelons, que l'opérateur a pour objectif majeur d'aboutir à la suppression de 22.000 postes d'ici la fin 2008. A ce jour 16.000 personnes ont déjà "quitté les lieux", d'une manière ou d'une autre, reste 6.000 personnes à “trouver” ... sans qu'aucun plan social ne soit officiellement mis en place, media et politique “obligent” ...


    "Ce n'est jamais anodin, un suicide sur le lieu de son travail. On ne peut pas dire que les conditions de travail dans l'entreprise ne poussent pas les salariés à des situations extrêmes", a indiqué Pascal Jouvin, secrétaire département Sud PTT. Selon le syndicaliste, "il y a une vraie souffrance de la part des salariés. Les médecins du travail ont tiré le signal d'alarme à plusieurs reprises".

    Une cellule psychologique a été installée et un comité d'hygiène et de sécurité et des conditions de travail était prévu jeudi.


    Interrogée sur ce sujet sur RMC et BFM-TV, Laurence Parisot, présidente du MEDEF a estimé que "ce n'est pas facile à dire, mais même si ça [le suicide] se passe sur le lieu de travail, ce n'est pas toujours lié à des facteurs liés au travail". "Néanmoins, je considère que dans notre pays les relations dans le travail se sont hypertendues ces 15 dernières années" a-t-elle tout de même reconnu ... tout en ajoutant : "je pense que c'est très lié au climat général qu'il y a dans notre pays parce que tout est plus dur. C'est plus dur pour l'entreprise de dégager des marges. Je vous rappelle que les entreprises françaises ont en moyenne 10 points de marge de moins que les entreprises allemandes. Tout est plus dur." Pour un peu, elle nous ferait pleurer ...

    La position adoptée par Laurence Parisot semble battue en brêche par Dominique Decèze. Son livre publié en 2004, intitulé “La Machine à Broyer” faisait d'ores et déjà état de conditions de travail mettant en péril l'intégrité mentale des salariés du groupe. Depuis lors, Didier Lombard a annoncé la suppression de 22 000 postes pour 2008. Quelques personnels d'encadrement pourraient être se révélés être quelques peu zélés pour “réussir” leurs propres objectifs personnels qui leur ont été attribués, lesquels pourraient fort bien consister à “obtenir” une réduction des effectifs de leur service.

    En 2004, Dominique Decèze avait d'ores et déjà indiqué que plusieurs études avaient 'établi un lien scientifique entre les restructurations et la souffrance physique et psychique des employés'. “De nouvelles méthodes de gestion ont été brutalement introduites : recherche de la performance, compétition entre salariés, conquête des clients. "La direction a systématiquement cherché à détruire tout collectif de travail qui pouvait faire obstacle à la montée de l'individualisme" ajoutait-il, déjà.

    Plusieurs exemples avaient été cités à ce sujet : "Des personnes sans affectation parce qu'on leur refusait toujours des postes, un cadre muté six fois de suite en cinq ans sans raison, des couples séparés par mutation professionnelle". "On a vu des services déménager à répétition dans un département, contraignant les employés à suivre". Selon lui, "France Télécom a servi de laboratoire à la première grande remise en cause de la fonction publique. Cela préfigure ce qui risque d'arriver à La Poste ou à EDF-GDF.”

    Dans leur rapport annuel sur la santé au travail, présenté en mars 2007 au comité d'établissement de la direction régionale centre-est de France Télécom, des médecins du travail s'inquiètaient du "mal-être" existant dans les sites France Télécom de Rhône-Alpes et Auvergne, où s'accroissent le "stress, le désarroi, les troubles anxio-dépressifs".
    "Le stress, le désarroi, les troubles anxio-dépressifs liés aux transformations du travail ne cessent de s'accroître chez le personnel", détaillent-ils, en évoquant des salariés qui "ont de plus en plus de mal à se reconnaître dans ce qu'ils font".

    Ce qui peut laisser sous-entendre que leur travail peut parfois ne pas être en rapport avec leur poste ou qualification – situation somme toute dégradante - , ou qu'au contraire la notion de ressources humaines ne prévaut encore plus en terme de “ressources” que de “personnes humaines”, que quelques mises au placard ne sont pas à écarter, et que les valeurs éthiques et morales de l'entreprise pourraient sembler bien lointaines pour certains.

    Les médecins citent notamment dans leur rapport une salariée qui, devant l'aggravation de son état de santé, a préféré demander sa retraite anticipée... situation qui risque d'autant plus de se renouveller que l'objectif des “managers” est d'apporter leur ”contribution” à l'objectif global de l'entreprise qui est notamment de supprimer 22 000 emplois, ne l'oublions pas.

    "Les situations de stress sont constantes, l'exigence de productivité et de performance entraîne des efforts constants pour rester dans la course", écrit-elle, en évoquant ses "migraines ajoutées à différents troubles physiologiques, dont des insomnies".

    En réponse à ce malaise, la direction de France Télécom a décidé cet été de créer des "cellules d'écoute", composées d'un médiateur désigné par la hiérarchie, de médecins du travail, d'assistantes sociales, de représentants de la direction des ressources humaines et de cadres. En octobre 2007 cependant, seules deux cellules sont actives, dans les directions territoriales Sud (Montpellier-Toulouse) et Sud-Est (Marseille) de l'opérateur. Et elles n'ont "vu passer presque personne" : seuls six salariés pour la cellule "Sud-Est". Les membres composant ces "cellules" n'étant pas forcément dotés d'une vision la plus neutre, voire même la plus objective ...

    Selon les syndicats, le problème de fond demeure. "Les fermetures brutales de sites, les pressions au départ pour les seniors conduisent à des situations individuelles désastreuses : il y a des gens chez nous qui sont vraiment au bout du rouleau. La direction refuse de reconnaître qu'elle veut virer des gens. Mais elle bouge quand même car elle a peur d'être prise en flagrant délit de n'avoir rien fait si jamais les choses dégénèrent", juge un responsable syndicaliste. Selon une enquête menée cet été par un observatoire "du stress et de la mobilité forcée" chez France Télécom mis en place par les syndicats Sud-PTT et CFE-CGC - contestée par la direction, et donc l'accès à été interdit en interne - 66 % des salariés interrogés se considéraient en situation de stress et 15 % en situation de détresse.

    Sources : AFP, Journal chrétien, Reuters

    Elisabeth Studer (Le Blog Finance)
Chargement...
X