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Des Thaïlandaises prisonnières d'un «zoo humain»

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  • Des Thaïlandaises prisonnières d'un «zoo humain»

    On les appelle les femmes girafes. Les touristes raffolent de leurs cous démesurés, une particularité anatomique qui apporte de précieuses devises à la Thaïlande. Au point où Bangkok empêche une vingtaine de ces femmes, lasses de jouer les bêtes de cirque, de quitter le pays.





    Un touriste japonais parcourt le camp composé de huttes en paille. Lorsqu'il pointe son appareil photo, les trois femmes devant lui tournent leur cou cintré de laiton et fixent l'objectif. La pose est si rapide et maîtrisée qu'elle semble tenir d'une seconde nature.

    Dans le village de Nai Soi, dans le nord de la Thaïlande, chaque jour apporte son lot de touristes. Pour les voyageurs, les «femmes au long cou» sont synonymes d'exotisme. Mais sous des airs de carte postale, le village est aujourd'hui devenu une prison pour celles qui rêvent d'une vie meilleure.

    «C'est un véritable zoo humain», dénonce une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, Kitty McKinsey. Selon elle, la Thaïlande empêche depuis deux ans une vingtaine de ces femmes de quitter le pays.

    Parmi elles se trouve Zember. À Noi Soi, la femme de 23 ans détone. Au lieu du costume traditionnel, elle est vêtue d'un jean et d'un pull. Surtout, elle ne porte pas de collier. «Je ne veux plus rester ici, dit-elle. Dans ce village, il n'y a rien à faire. Regardez autour, les femmes restent assises et ne font rien de leur journée.»

    À 12 ans, pourtant, Zember et son collier ornaient les affiches touristiques de la Thaïlande. Les autorités l'avaient même traînée à Bangkok pour une foire. Le pays commençait alors à promouvoir auprès des voyageurs ces camps de réfugiés peuplés de femmes au long cou.

    Dix ans plus tard, le cou de Zember est nu. Elle refuse aujourd'hui de porter son collier pour protester contre la Thaïlande, qui l'astreint à une vie de curiosité pour touristes.

    «Quand j'étais jeune, je voulais porter le collier pour garder mes traditions, explique la jeune femme en touchant d'une main son cou élancé. Je suis triste de ne plus le porter. Mais en même temps, je ne veux plus rester dans le village et vivre de l'argent des touristes. Je veux ma propre éducation, je veux travailler et posséder ma propre vie.»

    Zember et sa famille ont quitté la Birmanie à la fin des années 80, chassés par une offensive contre les séparatistes karens de l'est du pays.

    Pour accueillir ces réfugiés, la Thaïlande a créé des camps le long de la frontière. Les familles de l'ethnie padaung, une minorité karen dont sont issues les femmes au long cou, ont été installées dans un village séparé. La Thaïlande a vite compris l'intérêt commercial de leur présence, et les touristes ont fait leur apparition à Nai Soi. Pour les femmes au long cou, les appareils photo des Canadiens et des Français étaient plus tolérables que les fusils birmans.

    Mais pour la génération de Zember, qui sait lire et écrire, tout a changé en 1995. Cette année-là, l'ONU a commencé à offrir aux réfugiés karens une possibilité de relocalisation en Nouvelle-Zélande et en Finlande. Zember a postulé il y a deux ans, tout comme une vingtaine d'autres femmes au long cou.

    «J'ai été acceptée dernièrement, dit-elle. La Nouvelle-Zélande me permet d'immigrer, mais la Thaïlande n'a jamais accepté que je parte.»

    Bien qu'elle ait parcouru plusieurs fois les 35 km de mauvaises routes qui la séparent du chef-lieu, Mae Hong Son, le gouverneur local ne lui a jamais donné son permis de sortie.

    Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés indique qu'il ne peut rien contre la décision de la Thaïlande. «Nous ignorons pourquoi Bangkok refuse de donner le permis nécessaire à leur départ», note Kitty McKinsley.

    «Les touristes socialement responsables doivent savoir ce qui se passe, ajoute-t-elle. Les femmes au long cou sont retenues en Thaïlande contre leur volonté.»

    Le ministère néo-zélandais de l'Immigration a par ailleurs confirmé que 20 réfugiés padaungs avaient été acceptés pour une relocalisation. «Mais leurs problèmes pour obtenir des permis de sortie nous ont forcés à donner leur place à d'autres», explique le responsable des réfugiés au ministère, Kevin Third.

    La Nouvelle-Zélande a demandé des explications à la Thaïlande, sans succès. Aucun représentant du gouverneur de Mae Hong Son n'a voulu répondre aux questions de La Presse. Mais dans une entrevue en juillet dernier, Direk Kornleep, qui occupait alors le poste de gouverneur, commentait l'affaire. «Les longs cous sont très populaires auprès des touristes européens, affirmait-il au site internet Chiang Mai News. L'administration de Mae Hong Son a donc demandé au ministère de l'Intérieur de retenir leur permis de sortie.»

    Lucrative industrie

    À Mae Hong Son, une ville de 8000 habitants, les femmes au long cou sont une industrie. Une myriade de kiosques offrent des visites guidées des trois villages padaungs de la région. Sur leurs devantures, des affiches déclinent les attractions locales: «Karens au long cou - Cave aux poissons - Chute d'eau».

    «La plupart des touristes dans la région vont voir les Padaungs», note une guide de PA Tour à Mae Hong Son. Elle s'empresse ensuite d'offrir l'escapade d'une demi-journée pour 800 baht (25$) par personne.

    La volonté de plusieurs Padaungs de quitter le pays a braqué la population locale. Le départ des femmes au long cou coûterait en effet très cher aux habitants thaïs de la région montagneuse.

    «Les Thaïs nous contrôlent, se lamente Sarah, 20 ans, une jeune mère de Nai Soi qui porte encore son collier. Ils nous empêchent de travailler hors du camp, puisque nous n'avons pas de permis, et il n'y a pas moyen d'étudier, puisque nous ne sommes pas citoyens.»

    À l'ombre de sa hutte, devant l'étal à l'intention des touristes, Sarah explique qu'elle rêve de devenir infirmière. Elle raconte comment elle est arrivée au camp à l'âge de 5 ans, ses parents fuyant la guerre.

    Puis, elle se tait soudainement. «Là, regardez, chuchote-t-elle. Ce sont des Thaïs. Changeons de sujet.» Le couple de touristes passe devant la hutte. L'homme sort un appareil photo. Sa femme se place à la gauche de Sarah et passe un bras autour de ses épaules. L'homme braque l'appareil et Sarah sourit.

    UN LOURD COLLIER

    > Dès l'âge de 5 ans, les filles padaungs doivent porter un collier.

    > Chaque année, une tranche est ajoutée. Une fois complété, le collier contient jusqu'à 25 bagues et pèse 13 kg. C'est la masse du collier qui, en pesant sur les épaules, allonge le cou.

    > L'origine de cette tradition n'est pas établie. Certains pensent que le collier servait à protéger des morsures de tigres. D'autres croient qu'il visait à rendre les femmes moins attrayantes pour décourager les hommes des autres tribus de les enlever.

    > L'ONU estime que 520 Padaungs vivent en Thaïlande.


    - AFP

  • #2
    torticolis des mouvements féministes?????

    Qu'elles leur en fasse voir de toutes les couleurs, aux touristes et locaux, personne ne s'interessera plus à elles, on leur foutera la paix...
    "Il faut avoir bcp de patience pour apprendre à être patient."

    Commentaire

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