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Autocrates africains et constitutions

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  • Autocrates africains et constitutions

    Ambitions d'autocrates africains : réviser leur Constitution nationale pour s'accaparer le pouvoir


    Voilà donc le Cameroun touché, à son tour, par la fâcheuse mode : Paul Biya envisage de réviser la Constitution de son pays pour, entre autres, faire sauter le verrou du nombre des mandats, actuellement limité à deux. Dans l’esprit de l’opposition – et d’une population qui désespère de voir un jour à quoi ressemble une alternance démocratique –, cette révision reviendrait à une présidence à vie, avec un chef d’Etat qui les a tant déçus et qui, en plus, se débrouille toujours pour ne jamais perdre aucune élection. En Algérie aussi, Abdelaziz Bouteflika est tenté par une révision du même genre. Dire que, dans l’opinion africaine, Bouteflika et Biya ont tous deux la réputation de s’absenter parfois à l’improviste de leur pays, donnant libre cours à toutes sortes de rumeurs sur leur santé, et même sur leur vie ! Jusqu’à présent, on a toujours fini par retrouver l’un et l’autre, dans un hôpital à Paris ou quelque part en Suisse. On aurait pu penser qu’après avoir tant donné, ces pimpants septuagénaires commenceraient à songer à s’occuper enfin et exclusivement d’eux-mêmes, plutôt que de prendre des dispositions pour imposer à leur peuple un bail emphytéotique, pour mourir au pouvoir ! Quand on songe qu’en 1982, Ahmadou Ahidjo avait préféré céder le pouvoir à Paul Biya, plutôt que de partager son temps entre le Val-de-Grâce et son palais de Yaoundé, on se dit que, décidément, les temps ont bien changé ! Tout le monde feint déjà d’avoir oublié que les événements sanglants de ces dernières semaines, au Tchad, trouvent leur source dans une révision constitutionnelle du même type, initiée, en 2005, par Idriss Déby ! On tremble et l’on frémit, lorsque l’on entend les manifestants de Douala clamer que l’obstination du pouvoir à modifier la Constitution est un appel à la violence, et que, de toute évidence, l’alternance au Cameroun ne se fera pas de manière pacifique. On tremble et, a posteriori, on a presque une pensée amicale pour ceux qui, même de mauvaise grâce, ont su renoncer à manipuler la Constitution pour perdurer. Ainsi de Olusegun Obasanjo, au Nigeria et de Alpha Oumar Konaré, au Mali. Voilà au moins la preuve que, lorsque l’entourage sait résister aux mauvaises décisions, les chefs d’Etat peuvent reculer. Et si c’était finalement cela, que l’on appelle aimer son pays plus que sa petite personne ?

    Jean-Baptiste Placca, RFI
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