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Diplomatie: entre ingérence et obligation de réserve.

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  • Diplomatie: entre ingérence et obligation de réserve.

    Les ambassadeurs de Grande-Bretagne et des Etats-Unis d’Amérique à Alger ont-ils franchi « la ligne rouge » et outrepassé leurs missions en s’intéressant, chacun à sa manière, au débat sur la révision constitutionnelle et à la perspective sous-jacente dans ce projet d’un troisième mandat pour Bouteflika comme s’en offusque M. Azzi le président de « la commission nationale de mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation » lors du forum d’El Moudjahid de ce mardi ?

    Dans une déclaration faite à Londres la semaine dernière à l’occasion d’un forum des hommes d’affaires algériens et britanniques, le diplomate britannique avait risqué un commentaire sur un ton à la limite de la provocation tranchant avec l’obligation de réserve qu’impose la fonction de représentant diplomatique officiel.

    Il avait souligné que le troisième mandat doit servir l’Algérie et non des personnes. On l’aura compris, l’ambassadeur britannique faisait, bien évidemment, allusion à la candidature de Bouteflika. L’événement ne laisse pas également insensible l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique qui avait annoncé lui aussi, il y a quelques jours, l’ouverture d’une série de discussions avec les partis politiques pour prendre la température de la classe politique sur le projet de révision constitutionnelle.

    Doit-on qualifier ces initiatives politiques d’ingérence dans les affaires intérieures de l’Algérie, comme le fait M. Azzi qui reproche aux deux diplomates étrangers de n’avoir pas respecté, selon lui, les usages diplomatiques en la matière qui leur imposent d’en référer au canal obligé du ministère des Affaires étrangères pour tout contact avec les partis politiques « sur des questions sensibles de la politique intérieure ? »

    Les autorités algériennes n’ont pas officiellement réagi aux propos de l’ambassadeur britannique et au débat engagé par l’ambassade des Etats-Unis à Alger avec les leaders des partis algériens autour du projet de révision constitutionnelle.

    Serait-ce le signe qu’Alger accueille favorablement l’intérêt particulier porté à l’événement par ces deux chancelleries ou bien doit-on comprendre, à tout le moins, que pour les responsables algériens il n’y a aucune raison de voir dans l’activisme des deux diplomates étrangers des gestes inamicaux contraires à leur statut ?

    L’hypothèse paraît d’autant saugrenue que l’on voit mal le pouvoir, d’habitude si chatouilleux, sur les questions touchant à la fierté et à la souveraineté nationales, bénir l’activisme des deux diplomates étrangers. Le silence officiel de l’Algérie trahit-il alors un réel embarras dans les sphères dirigeantes pour rappeler à l’ordre des représentants de puissants pays avec lesquels l’Algérie entretient de bonnes relations qu’elle tient à préserver en toutes circonstances, même au détriment des principes, valeurs et intérêts nationaux ?

    Des soutiens que Bouteflika utilise à satiété, à l’intérieur et à l’extérieur, en s’affichant fièrement aux côtés des grands de ce monde dans les forums internationaux pour conforter sa légitimité et son image de marque.

    Omar Berbiche
    El watan du 28 Fév 2008.
    “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

  • #2
    Edito du quotidien Le Jour d'Algérie : Diplomatie et ingérence

    Ce n’est pas un hasard s’il est toujours conféré aux affaires étrangères un statut de souveraineté nationale et que le ministre en charge de ce volet sensible est nommé, relève et rend compte directement au président de la République.

    La diplomatie est ainsi faite qu’elle est traversée par un faisceau d’intérêts et d’enjeux à placer sous le sceau de la raison d’Etat, qui échappent à la perspicacité des analystes de chancellerie les plus au fait des affaires internationales, ce qui nous dicte de ne pas nous aventurer sur ce terrain glissant, dans lequel le profane, en pensant bien faire, fait le plus de ravages. Donc laissons les diplomates et les hauts commis des Affaires étrangères vaquer à leur mission, ce qui ne nous dispense pas d’aborder un thème récurrent de ce domaine, l’ingérence.

    Pour des raisons diffuses, mais qui convergent toutes vers l’arrimage historique récent de la lutte de Libération, l’Algérien est connu pour être réfractaire à toute forme d’ingérence, et particulièrement sourcilleux dès qu’il perçoit une immixtion étrangère dans les affaires internes de son pays. Ce signe distinctif de l’algérianité n’est pas réductible aux seules positions du pouvoir en place, mais irrigue de son rejet unanime toutes les composantes de la société, y compris bien sûr les forces de l’opposition, qui ne manquent jamais de faire corps autour de la position commune de dénonciation des ingérences lorsqu’elles se manifestent.

    A titre d’exemple, citons le cas de cet enseignant syndicaliste, appartenant à une mouvance revendicative qu’on ne peut décidément soupçonner d’être des «suppôts du pouvoir», qui racontait hier comment des encadreurs américains, ici à Alger, ont tenté de faire le lien entre les grèves pour des motifs socioprofessionnels et un prétendu rejet du troisième mandat.

    Les enseignants syndicalistes les ont vertement remis en place, en expliquant avec la virulence qui sied à de telles conclusions saugrenues, qu’il n’y a aucun rapport entre le débrayage et le fait d’être pour ou contre la reconduction de Bouteflika.

    La révolte de ce syndicaliste autonome est décuplée par le fait qu’il s’agit là d’une flagrante ingérence, avec son inévitable corollaire, la manipulation. Çà et là, commencent à s’élever des voix pour dénoncer de telles immixtions, la récente «campagne», associée par ailleurs à des pressions externes liées aux histoires d’évangélisation, ayant été inaugurée par la sortie peu diplomatique de l’ambassadeur américain.

    Apparemment, le bref séjour du secrétaire d’Etat Welch a permis aux Américains de rectifier le tir. Seulement, ces voix, celles de la presse et du mouvement associatif ne devraient en principe que porter et amplifier des positions de dénonciation qui auraient dû fuser de l’espace privilégié de condamnation de toutes formes d’ingérence, la classe politique. En la matière, l’on ne peut assurément dire que les partis se sont bousculés au portillon…

    N. S.
    Le Jour d'Algérie du 28 Fév 2008.
    “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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