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L'Emir Abdelkader, le Franc-Maçon.

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  • L'Emir Abdelkader, le Franc-Maçon.

    Tiré de : Mystiques, philosophies et Francs-Maçons en Islam.
    De Thierry Zarcone.
    Editeur: Jean Maisonneuve. Paris.

    Page: 292

    SOUFIS ET FRANCS-MAÇONS.

    [...]
    En 1876, un article du journal pro-anglais Stamboul avait lancé un appel désespéré en faveur du maintien de la croyance dans le grand architecte de l'univers, indiquant que ce principe "mettait en accord la franc-maçonnerie française avec la franc-maçonnerie universelle"'&. La confusion entre la croyance en Dieu et le symbole du grand architecte était totale puisqu'il était écrit plus loin : "c'est parce que la franc-maçonnerie a toujours affirmé aussi bien, sinon mieux, qu'aucune religion, Dieu et l'âme, qu'elle compte 550 mille adeptes aux Etats Unis et près de 200 mille en Angleterre et ses colonies"... Et, pour montrer que le maintien de ce "symbole du déisme" était tout à fait indispensable en Orient, l'auteur de l'article avait choisi de faire parler l'un des plus célèbres musulmans adeptes de l'ordre, l'Emir Abd al-Qâdir :

    C'est ainsi que l'avait compris Abdel-Kader qui, après son initiation par le Grand Orient de France écrivait : "dans mon opinion, tout [ P293] homme paroles n'appartient pas à la franc-maçonnerie est incomplet". Ces es d'un très fervent musulman ne sont-elles pas une preuve préremptoire que la franc-maçonnerie n'est pas en contradiction avec le Zran ? Ne répondent-elles pas victorieusement aux attaques des imitateurs inconscients et ignorants, au sein de l'islamisme, des cléricaux de l'Occident ?
    Nulle part, soit dit en passant, la franc-maçonnerie ne pourrait opérer autant de bien qu'en Turquie, car elle est la meilleure école de tolérance mutuelle. Parmi tant de races et de croyances diverses, où trouver un modus vivendi équitable et pacifique, si ce n'est dans la doctrine qui prêche à chaque conscience le respect de la conscience d'autrui.

    La référence à Abd al-Qâdir ne pouvait être mieux placée en une telle circonstance. Le îeyh d'origine algérienne, devenu franc-maçon à Alexandrie, en 1864, à la loge "Les Pyramides" du Grand Orient de France, sur l'invitation de cette obédience', représentait en effet aux yeux des maçons français le type même du musulman éclairé. C'était son intervention en faveur des chrétiens de Syrie, lors des événements de 1860, qui lui avait gagné l'admiration de l'Europe et en avait fait une incarnation de la tolérance"'. Un franc-maçon français avait écrit, en 1865: "il apparaît, lui, le descendant du Prophète, non point comme le représentant fanatique d'une secte, mais comme le disciple de cette morale indépendante de toute idée surnaturelle qui place le respect de la personne humaine au-dessus des divisions et des passions religieuses, et qu'il rit ainsi, par anticipation, une oeuvre essentiellement maçonnique""".

    L'auteur de l'article du Stamboul n'ignorait pas qu'une correspondance échangée entre Paris et la loge égyptienne qui avait initié le îeyh, avait été publiée dans la revue du Monde maçonnique ; c'est de là qu'il avait tiré cette réflexion de Abd al-Qâdir. Lors d'un voyage en France, en 1865, où il avait été accueilli très chaleureusement par ses "frères maçons", Abd al-Qadir avait eu l'occasion de répondre à quelques questions concernant la situation de l'ordre dans son pays. Il s'agissait de la Syrie ottomane des années 1865. Ce dernier avait indiqué que la franc-maçonnerie y était très mal considérée et que les francs-maçons étaient regardés "comme des gens sans croyances (athées), sans lois, prêts à troubler l'ordre de la société". A la question qui était de savoir s'il pourrait, lui, Abd al-Qâdir, implanter et propager l'ordre, il répondit que les peuples n'y étaient pas encore disposés et que les réunions secrètes étaient

    P.294: SOUFIS ET FRANCS-MAÇONS


    sévèrement défendues189. Pourtant, trois années seulement après que le Sïeyh eut prononcé ces paroles, l'ordre commença progressivement à s'installer en Syrie et l'on apprend, grâce au témoignage de Robert Morris, qu'une loge informelle, où se trouvaient plusieurs fils de l'Emir, s'était réunie à Damas, en 1868190. Robert Morris avait pu rencontrer le Seyh, en 1868, comme le maçon libanais Shâhîn Makâriûs, en 1881191. Si l'on considère attentivement quelles ont été les réponses que le ~eyh algérien, installé en Syrie, avait données aux questions des maçons français, on remarque immédiatement que celles-ci étaient empreintes de mysticisme, ce qui n'est pas étonnant puisque Abd al-Qâdir avait été également, à côté de sa qualité de chef de guerre, un grand soufi de la confrérie kâdirî192.

    Sans anticiper sur le chapitre suivant qui abordera la question de la double affiliation confrérique franc-maçonnerie / soufisme, on relèvera ici seulement ce qui concerne les interférences entre sa vision mystique et la question de la croyance en Dieu. A cette époque, l'obédience française n'affichait pas encore sa position antidéiste ; ce qui se déduit facilement d'après le contenu des questions que l'obédience posait systématiquement à tout individu qui demandait son admission dans l'ordre. On retiendra ici quelques-unes d'entre elles : quels sont les devoirs de l'homme envers Dieu, quels sont les devoirs de l'homme envers ses semblables, quels sont les devoirs de l'homme envers son âme, l'âme est-elle immortelle ? Abd al-Qâdir y avait répondu de la manière la plus orthodoxe affirmant qu'il fallait honorer le Dieu très haut "qui est l'unique et n'a pas d'associé dans la création", et à la façon des

    P.295 POLITIQUE ET IDÉOLOGIES MAÇONNIQUES


    soufis, en faisant reposer son interprétation sur la théorie mystique de l'unicité de l'être (vandet-i vücûd)193. D'après Bruno Etienne, qui a eu accès à des documents inédits, le îeyh aurait marqué plus tard sa désapprobation devant la suppression du grand architecte de l'univers : "Abd al-Qâdir pensait naïvement que l'ordre allait pouvoir réconcilier l'islam et le christianisme".
    “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

  • #2
    Merci pour le partage de tes lectures ( toujours si intéressantes)

    Mafalda.

    Commentaire


    • #3
      merci pour le partage l'imprevisible



      coucou Andaloussia

      c'est tout ce que t'as trouvé comme avatar

      Commentaire


      • #4
        Extrait d'un article intéressant en relation avec cette question...



        Le point de vue des francs-maçons [2]


        Le 20 septembre 1860, les membres de la loge Henri IV à Paris (Grand Orient de France) suggèrent de lui manifester leur reconnaissance pour « ses actes éminemment maçonniques ». Reconnaissant en Abd el-Kader les qualités du Maçon, ils lui adressent le 16 novembre 1860 une missive approuvée par le Grand Maître, dans laquelle ils lui offrent de s’affilier à leur atelier. Le message « au Très Illustre Emir Abd el-Kader, Damas » dit ceci : « La franc-maçonnerie qui a pour principe de morale l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme, et pour base de ses actes l’amour de l’humanité, la pratique de la tolérance et la fraternité universelle, ne pouvait assister sans émotion au grand spectacle que vous donnez au monde. Elle reconnaît, elle revendique comme un de ses enfants (pour la communication d’idées tout au moins) l’homme qui sans ostentation et d’inspiration première, met si bien en pratique sa sublime devise : Un pour tous. ». Les signataires concluent ainsi : « là-bas, bien loin, il y a des cœurs qui battent à l’unisson du vôtre, des hommes qui ont votre nom en vénération, des FF qui vous aiment déjà comme un des leurs et qui seraient fiers si des liens plus étroits leur permettaient de vous compter au nombre des adeptes de notre institution. ».


        En février 1861, Abd el-Kader répond en faisant part de sa « joie indicible » et de son désir de rejoindre la Maçonnerie. Il demande quelles seraient les conditions et les obligations qui lui seraient imposées. La loge Henri IV envisage une initiation par correspondance (autorisée par les règlements alors en vigueur) et demande à Abd el-Kader de répondre par écrit au questionnaire qui est habituellement soumis oralement à chaque nouvel adhérent. Trois questions : il s’agit de savoir quels sont ses devoirs envers Dieu, ceux de l’homme envers ses semblables et envers lui-même. On lui demande également un exposé succinct sur l’immortalité de l’âme et l’égalité des races humaines aux yeux de Dieu. Dans sa longue réponse, l’émir synthétise toute l’éthique musulmane, à savoir que l’individu doit agir selon des intérêts à court et à long termes. S’agissant de la tolérance l’Émir écrit qu’ « elle consiste à ne pas s’en prendre à l’Homme d’une religion quelconque pour l’obliger à l’abandonner. Toutes les lois religieuses authentiques sont tolérantes, que ce soit l’islam ou d’autres. L’attitude la plus importante est d’être utile à sa foi. ».

        Une crise interne au GO retarde l’initiation d’Abd el-Kader. Par la suite, il ne sera plus question d’initiation sans présence effective. A la demande de la loge Henri IV, la loge Les Pyramides, à l’Orient d’Alexandrie, accepte de procéder à l’initiation de l’Émir au nom de la loge parisienne. Le 18 juin 1864 à 21 heures, la RL de Saint Jean constituée à l’Orient d’Alexandrie commence ses travaux. L’orateur donne lecture des réponses de l’Émir aux questions posées et celui-ci est introduit dans le temple afin d’y exécuter les voyages d’épreuve prescrits par le rituel et prêter le serment d’usage. Il est reconnu membre actif de Henri IV et des Pyramides. Le Vénérable dit ceci : « N’est pas maçon celui qui se dit maçon, mais celui qui fait de son âme un temple assez pur pour que l’esprit divin s’y complaise, celui qui, mettant en action la sublime charité est prêt à donner son pain et à verser son sang pour ses frères. Il y a longtemps que vous êtes maçon. ». Contrairement aux règles habituelles, Abd el-Kader se voit conférer les trois premiers grades en même temps. A Paris, la Loge Henri IV décide de convoquer une tenue solennelle en l’honneur du nouvel initié. Le 27 juin 1865, Le Monde maçonnique annonce son arrivée prochaine à Paris, estimant que le Grand Temple sera certainement trop étroit pour contenir tous ceux qui voudront témoigner à leur frère leur estime. Il est logé par le ministère de la Guerre et accompagné par le consul de France à Damas ! Auprès de Napoléon III qui le reçoit il défend la cause d’un soufi arrêté dans le Caucase. Abd el-Kader est reçu dans sa loge le 30 août ; les grades décernés à Alexandrie sont confirmés par un diplôme de consécration.

        L’Émir quitte la France le 2 septembre, et retourne à Damas. Même s’il est porté comme membre honoraire de la loge La Syrie, à l’Orient de Damas, ses contacts avec la franc-maçonnerie se relâchent. La cause de cette attitude réside peut-être dans la situation politique locale, mais surtout dans l’évolution de la Franc-Maçonnerie française. Celle-ci avait en effet abandonné progressivement la philosophie religieuse pour une philosophie laïque étrangère à l’esprit d’Abd el-Kader, qui avait vu dans l’institution maçonnique une société de pensée pouvant être le trait d’union entre chrétiens et musulmans.


        En 1877, un convent du GODF décide de supprimer l’obligation dans les loges de travailler « à la gloire du Grand Architecte de l’Univers » [3]. Dans une lettre au GODF, l’Émir exprime sa désapprobation. [4]


        Malentendus

        L’intervention d’Abd el-Kader pour sauver les chrétiens de Damas a pu être mal interprêtée par certains : « les francs-maçons ont vu dans le sauvetage des chrétiens par Abd el-Kader une oeuvre maçonnique "drapeau de la tolérance face à l’étendard du prophète", alors que pour lui c’est une action essentiellement musulmane - pratique du horm : protection envers des dhimmis dans une enceinte sacrée ». [5].


        La proposition d’adhésion faite à Abd el-Kader n’était sans doute pas dénuée d’arrière-pensée : les francs-maçons pouvaient espérer qu’Abd el-Kader diffuserait leurs idées et contribuerait à leur implantation parmi les musulmans d’Orient. L’orateur Dubroc de la loge Henri IV avait déclaré le 1er septembre 1864 : « ce que nous avons en vue, dans l’initiation que nous consacrons aujourd’hui après en avoir poursuivi si longtemps l’accomplissement, c’est la Maçonnerie implantée en Orient dans le berceau de l’ignorance et du fanatisme ; c’est le drapeau de la tolérance remis entre des mains vénérées, confié à un bras qui a fait ses preuves, [...] sur les plus hautes mosquées face à l’étendard du Prophète. L’émir franc-maçon, c’est pour nous le coin entré dans le roc de la barbarie ».
        De nos jours, l’adhésion de l’Émir à la franc-maçonnerie reste fermement contestée par les Algériens - en particulier par les officiels [6]. Ils insistent sur l’“opposition radicale” entre “la perspective doctrinale de l’Émir issue de la spiritualité islamique” et “la vision profane et laïque de la Maçonnerie”. [7]

        Que conclure ?

        Mesurons à quel point le contexte a changé depuis l’époque d’Abd el-Kader - la laïcité, la critique de l’idéologie coloniale, la contradiction que nous percevons maintenant entre un idéal universaliste affiché et la pratique coloniale ... Replaçons-nous dans le contexte de l’époque et nous admettrons qu’Abd el-Kader a pu partager l’idéal maçonnique d’alors sans renier sa foi musulmane [8].


        http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article408#nh4

        Si tu as beaucoup de richesses, donne ton bien.
        Si tu possèdes peu, donne ton coeur!
        Charif Barzouk

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        • #5
          jamais il n'a été question pour l'emir de devenir franc-maçon.

          ce malentendu a été levé par Bruno etienne dans sa biographie de l'emir.

          pour ceux qui connaisent la pensée philosophique de l'emir quelqu'un qui s'adresse quotidiennement à dieu et est en fusion avec lui ne peut ne peut adherer à aucun ordre.

          il a proposé d'unir chretiens muslmans et juif sous la bannière spirtiuelle de sa confrerie. il se situait au dessus de tout ordre terrestre car son ordre à lui est divin. mais il s'intressait a tous les hommes à toutes les pensées toute sles religions car il estimait que celles çi avait une essence unique. la fran maçonnerie est l'une d entre elles.

          en revanche ses fils ont été franc maçons
          « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

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          • #6
            W'lid l'bled, bonjour.

            IL est difficile de parler de malentendu.

            Un fait historique est toujours discutable.

            Les affirmations catégoriques sont de fausses notes dans les partitions des histotiens.
            “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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            • #7
              Bonjour,

              Il est quand meme siderant de voir ce genre de mensonges historiques clairement demontre, vehicule par les compatriotes et correliogionaire de ce GEANT de l'humanite!

              Siderant!

              Que les francmassons ou les occidentaux intellectuelement malhonnetes, propagent ces idees, d'apres une logique de "il est trop bien pour eux!" je le concoit aisement..
              mais quand c'est nous qui propageons cela.. par ignorance (je crois que ce n'est pas autre chose) c'est assez grave.

              Il ya des livres tres bien ecrits et documentes sur ce point en question, dont les auteurs sont des deux rives.. lisez avant d'affrimer!

              A chaque fois qu'on parle de l'Emir dans un salon, il y a toujours une personne (celle qui le connait le moins ou pas du tout) qui tire ce genre d'affirmation sans savoir pourquoi.. juste parceque ca fait bien..
              Absurde!

              pourquoi ne pas parler de l'humanisme de l'Emir? de ces livres ?
              de ces grands fait historiques?

              peut etre que c'est parceque ca necessite de faire quelques efforts...

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              • #8
                MavericK

                Ah ha .

                C'est quoi le problème excatement ?

                Qui peut aujourd'hui prétendre détenir des vérités historiques "absolues" ?

                Les informations postées plus haut ont une source elle est précisée et à libre accés dans les biblothèques.

                Au passage: Abdelkader est un personnage historique au même titre que tous ceux qui ont joué un rôle dans la révolution algérienne, ni plus ni moins.

                Je précise aussi que je ne suis pas adépte du zaïmisme, tu peux et tous les autres d'ailleurs apporté vos arguments, mais pas question que ce thread finisse en attaques et diffamations.
                Dernière modification par l'imprevisible, 08 mars 2008, 19h12.
                “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

                Commentaire


                • #9
                  Bonjour l'imprevisible,
                  comment ca va?

                  Je m'excuse si je t'ai heurte avec mon dernier post.. c'est parceque j'ai reagit "a chaud"..
                  mais, je ne renie pas ce que j'ai dit pour autant

                  J'ai trouve un bon texte ici:
                  (L’émir Abdelkader : une l’influence qui dépasse le cadre même du monde arabo-musulman
                  Abdelillah Benarafa
                  OUMMA)
                  Il quitte Brousse après un tremblement de terre en 1855 en compagnie de sa suite composée de 111 personnes pour aller s’installer à Damas.
                  Installé dans cette ville sainte, il devient petit à petit un maître spirituel et son enseignement fut recueilli par ses disciples. Une partie de cet enseignement fut consigné par écrit sous le titre « Le Livre des Haltes ». La teneur littéraire de cet ouvrage est d’une grande facture. L’émir n’a cessé à travers ce livre de proclamer son rattachement spirituel à l’un des plus grands maîtres de l’histoire humaine, le Sheikh al-Akbar, Ibn Arabi, enterré à Damas. L’émir habita la maison qui fut autrefois celle de son maître et demanda à être inhumé auprès du sheikh al-Akbar.
                  A Damas, l’émir a pris sous sa protection la communauté des Algériens ; mais aussi la communauté chrétienne et européenne lors des émeutes de juillet 1860. Il leur permit d’échapper aux massacres qui ont eu lieu entre les chrétiens maronites et musulmans druzes. Ces affrontements sont la conséquence de manipulations des deux grandes puissances coloniales de l’époque, la France et l’Angleterre.
                  En effet, la France manipulait les chrétiens Maronites en leur promettant un Etat indépendant ; tandis que l’Angleterre manipulait de son côté les Druzes pour contrecarrer les ambitions françaises dans la région et réaliser ses desseins mercantiles. L’émir, en tant que musulman, avisé des intrigues des uns et des autres, intervint et a offert sa protection aux chrétiens. Cette attitude, somme toute naturelle de la part d’un fidèle musulman, a eu un écho considérable dans le monde entier, et surtout en Occident. Beaucoup de chefs d’états lui ont témoigné leur reconnaissance. Ainsi, Le Pape le fut décoré de l’ordre de Pie IX et reçut la grand-croix de la légion d’honneur. Il a reçu des centaines de lettres de reconnaissance et d’amitié ; des cadeaux de valeur et il a été décoré plusieurs fois des plus grandes distinctions et grades. Dans son attitude qualifiée de tolérante, l’émir n’a fait qu’obéir aux préceptes coraniques et prophétiques, rien de plus. Les versets et propos prophétiques relatifs à la tolérance sont abondants et l’émir n’a fait que son devoir de simple croyant pour préserver le droit des minorités religieuses en terre d’Islam. Leur existence parmi la communauté musulmane prouve s’il en faut cette tolérance.
                  La franc-maçonnerie voulant profiter de la situation s’est adjointe au concert de félicitations et remerciements qui fusaient de toute part à l’égard de l’émir. Ainsi le Grand Orient De France (GODF) s’est empressé de demander à deux de ses loges parisiennes : la loge Henri IV et la loge La Sincère Amitié de correspondre avec Abdelkader.
                  Mis à part le consensus général lié à cette affaire, les raisons qui peuvent expliquer la démarche du GODF sont : d’une part, la permanence encore au sein de la maçonnerie de l’idée de la foi en Dieu ; d’autre part, le souhait des maçons à devenir un groupe de pression influent pour orienter les décisions de l’Etat français dans un sens de sécularisation des sociétés humaines. Dans les deux lettres envoyées en 1860 par les deux loges, nous ressentons une certaine récupération du geste de l’émir pour qu’il apparaisse comme émanant d’un prétendu idéal maçonnique. Ainsi Abdelkader est qualifié de pourfendeur « des préjugés de caste et de religion » des « fureurs de la barbarie et du fanatisme » et de héraut « de la liberté de conscience » et du « sentiment de fraternité humaine » (voir Bruno Etienne : Abdelkader pp. 323, 324, 325 éd. Hachette). Si la lettre de la loge Henri IV est plus consensuelle, celle de La Sincère Amitié fait référence à un symbolisme maçonnique, tel le terme de Grand Architecte de l’Univers ou l’utilisation du premier élément de la trinité chrétienne (le Père). A la suite de ces deux lettres, l’émir a demandé des éclaircissements au sujet de la Maçonnerie. Or, dans l’exposé doctrinal qui lui a été envoyé par le GODF, celui-ci le fait précédé d’une allusion « à l’initiation qui vous sera conférée » comme si le fait de demander des éclaircissements impliquait la volonté d’adhérer à la Maçonnerie.
                  Au terme de cet exposé du GODF, où l’on ressent une volonté de faire croire que l’émir est déjà acquis à la cause maçonnique, le destinataire est invité à répondre à cinq questions. Les réponses à ces questions apparaissent comme un condensé de son enseignement tel que nous le trouvons dans le Livre des Haltes. A travers ces réponses, les thèmes classiques du soufisme sont abordés comme l’indigence ontologique (’ubudiyya), l’unicité de l’Etre (wahdat al-wujud), la conformité à la Loi divine (shariah)... etc. Mais voyons la réponse de l’émir à la dernière question.

                  Dernière modification par MavericK, 09 mars 2008, 12h30.

                  Commentaire


                  • #10
                    suite...

                    la suite..
                    Question : Comment comprenez-vous la réalisation de la tolérance et de la fraternité ?
                    Réponse : ... Quant à la tolérance, pour la pratiquer il ne faut pas combattre le partisan d’une religion et le forcer à l’abandonner par le sabre, par la force. Toutes les lois divines sont d’accord sur ce point, que ce soit la loi musulmane ou les autres ». Cette dernière phrase fut traduite par le maçon Gustave Dugat ainsi : « toutes les lois divines sont d’accord sur ce point à l’exception de la loi islamique ou les autres ». Il est très difficile de croire que cette anomalie serait due à une erreur puisque ce traducteur hors pair s’est déjà illustré par ses traductions sibyllines et malveillantes (voir René Khawam, Lettre aux Français, 1977). La tolérance pour l’émir n’est pas une indifférence aux dogmes comme le laisse penser la Maçonnerie qui « s’interdit dans ses réunions toute discussion sur la foi religieuse » et professe le libre examen, c’est-à-dire la volonté de réduire le réel à la pensée discursive. Le libre examen permet à l’individu de déclarer caduc tout ce qui dans la religion échappe à la raison discursive comme le dogme, la loi, les anges, le paradis ou l’enfer..., etc. En définitive, l’idée même de Dieu est vidée de toute consistance et n’est qu’une vue de l’esprit. La vérité n’est plus qu’une illusion puisque n’importe qui peut dire n’importe quoi sans l’arbitrage d’un principe supérieur régulateur.
                    A la suite des échanges épistolaires entre l’émir et la loge Henri IV, celle-ci voulant forcer la nature des choses, déclare en l’absence de l’intéressé la cérémonie d’initiation d’Abdelkader à la Maçonnerie, et l’orateur Dubroc de la loge de déclarer le 1er septembre 1864 : « ce que nous avons en vue, dans l’initiation que nous consacrons aujourd’hui après avoir poursuivi si longtemps l’accomplissement, c’est la Maçonnerie implantée en Orient dans le berceau de l’ignorance et du fanatisme ; c’est le drapeau de la tolérance remis entre des mains vénérées, confié à un bras qui a fait ses preuves est arboré par lui... sur les plus hautes mosquées face à l’étendard du Prophète. L’émir Franc-Maçon, c’est pour nous le coin entré dans le roc de la barbarie ». Ces propos qui fusent d’éloquence raciste, montrent clairement que l’intolérance et le fanatisme, voire le racisme sont l’apanage de ceux qui les dénoncent verbalement et les pratiquent dans les faits.
                    Il faut dire que la perspective doctrinale de l’émir issue de la spiritualité islamique s’oppose radicalement à la vision profane et laïque de la Maçonnerie que l’émir rangeait dans la catégorie des naturalistes (tabi’iyyun) et existentialistes (dahriyun), bien connue des théologiens musulmans. Le but de l’émir depuis le début était de les ramener sur la voie de Dieu ; mais quand il a perdu espoir de les sauver d’eux-mêmes, il a cessé tout contact. Il a signifié sa rupture définitive au GODF en 1865 après avoir étudier de plus près les fondements intellectuels de la Maçonnerie, beaucoup plus propices à la déviation qu’au ressourcement.
                    Cette mise au point publique de l’émir vis-à-vis de la Maçonnerie est concomitante à sa propre quête et initiation à la confrérie Darqâwiyya à la Mecque en 1863 par son maître marocain le Sheikh Mohamed Ibn Mas’oud al-Fassi. Il a passé un an et demi auprès de ce sheikh entre les deux villes saintes la Mecque et Médine. Sa première initiation au Nom Suprême s’est déroulé dans une grotte très célèbre (Hira’) à quelques kilomètres de la Mecque, puisque le Prophète y adorait Allah avant de recevoir sa première révélation.
                    A sa sortie de cette retraite spirituelle, Abdelkader était transformé par cette nouvelle épreuve de l’éternité, malgré son passé glorieux dans les affaires du siècle. Il composa un poème de 111 vers à l’honneur de son sheikh Al-Fassi, qui lui a ouvert également la voie majestueuse d’Ibn Arabi.
                    Enfin, venons-en au livre des Haltes de l’émir. Il faut rappeler d’abord que ce genre de littérature était connu depuis le soufi Mohamed Niffari (m. vers 350 h.). Mais c’est Ibn Arabi qui, le premier, donna une définition presque achevée à cette notion. Pour lui, il y a entre toute station spirituelle, une halte (mawqif). L’initié qui s’arrête là, reçoit d’Allah les règles de bienséance (adab) appropriées, à la station qu’il souhaite atteindre, et acquière les sciences qui en découlent. Cette voie est plus pénible, mais elle est la plus parfaite. Notre étonnement n’a plus lieu pour expliquer cette relation privilégiée entre Ibn Arabi et Abdelkader. Le nombre de fois où il est mentionné ne se compte pas ; sans oublier les fois où Abdelkader emprunte sa pensée sans le nommer. Mais, l’émir travaille sous l’autorité du sheikh, et il le dit haut et fort : « il est notre trésor d’où nous puisons ce que nous écrivons, le tirant soit de sa ruhâniyyah (spiritualité), soit de ce qu’il a lui-même écrit dans ses ouvrages » (p. 1337)
                    Il faut signaler que l’émir est le premier éditeur de la somme spirituelle Les illuminations de La Mecque, ouvrage monumental d’Ibn Arabi. La place du sheikh est très importante dans le livre des Haltes, et beaucoup de chapitres sont des commentaires de l’œuvre akbarienne. Pour Jacques Berque (’Intérieur du Maghreb, 1978, p. 512-513)’’ la splendeur littéraire’’ du Livre des Haltes « risque de renverser bien des hiérarchies reçues et que la vraie nahda (renaissance) n’est sans doute pas là où on la cherche. »
                    Un dernier mot pour dire que l’émir a joué un grand rôle dans la renaissance arabe. Nombre de réformateurs (tels le sheikh Mohamed Abdou, Jamal ad-din al-Afghani...) sont issus de l’école d’Abdelkader.
                    Son influence dépasse le cadre même du monde arabe. En effet, le renouveau spirituel initié par René Guénon en Occident est issu de l’action bienfaitrice de l’émir. Un des ses disciples est le sheikh Abderrahman Illaych, grand mufti malékite en Egypte. Or, Le sheikh Abderrahmane a eu comme disciples beaucoup d’occidentaux et notamment l’écrivain et peintre suédois Abdel Hadi John Ivan Aguéli (m. 1917) et le grand métaphysicien français Abdel Wahid Yahya, René Guénon (m. 1951), le plus grand relais de l’héritage akbarien et du soufisme en Occident au 20e. siècle.
                    qui, je l'espere enrichira tes "sources"...
                    sans oublier celle de l'ami Jalal a bad.


                    Je trouve tres etrange, que cette manipulation frac maconnique initiale, dure toujours...
                    alimente par nous meme! ils n'auraient pas reve de ca!
                    Au passage: Abdelkader est un personnage historique au même titre que tous ceux qui ont joué un rôle dans la révolution algérienne, ni plus ni moins.
                    Ah bon?
                    donc, pour les francais par ex, Jean Moulin et De gaulle doivent etre parfaitement equivalene a Dupont Dupont?
                    et aux etat unis .....

                    plus serieusement, tout en respectant tout ceux qui ont fait le moindre petit effort pour La cause, il y a quand meme, des personnage plus important que d'autres..
                    et petit detail, l'Emir a combattu AVANT la revolution. (ce que l'on appelle la revolution : 1954 >1962).

                    Je précise aussi que je ne suis pas adépte du zaïmisme, tu peux et tous les autres d'ailleurs apporté vos arguments, mais pas question que ce thread finisse en attaques et diffamations.
                    Encore une fois, toutes mes excuses mon ami(e)

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                    • #11
                      Bonjour, MavericK.

                      Toujours toute ouïe pour de nouvelles lectures .

                      Merci pour l'extrait, fort intéressant .

                      Envoyé par MavericK
                      Je trouve très étrange, que cette manipulation frac maconnique initiale, dure toujours...
                      alimente par nous même! ils n'auraient pas rêve de ça !
                      Nullement, il n'y a rien d'étrange, en mettant en ligne l'extrait de "Mystiques, philosophies et Francs-Maçons en Islam". De Thierry Zarcone, un travail fort intéressant et très riches de faits historique, je savais pertinemment qu'il y aurait des contre-arguments, je voulais savoir qu'en est-il exactement, ou plus au moins à peu près, de cette épisode de la vie d'Abdel Kader.

                      Comme précisé plus haut personne ne peut aujourd'hui venir se targué de détenir la vérité absolue sur les personnages de l'histoire. je n'alimente aucune propagande et /ou manipulation, je reste ouverte à toute lecture de tout horizon, avec une réserve critique.

                      Juste il ne faut pas faire sortir les faits de leurs contextes historiques, éviter ainsi de faire de l'anachronisme.

                      La Franc-maçonnerie est essentiellement une organisation mystique et secrète d'après ce que j'ai compris, ce qui rends la problématique encore plus difficile pour les affirmations catégoriques.

                      En tout cas merci de ta contribution qui m'intéresse autant que toutes celles qui pourront venir alimenté cette discussion.
                      Dernière modification par l'imprevisible, 09 mars 2008, 14h44.
                      “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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                      • #12
                        Salut l'imprevisible

                        Je ne suis evidement pas contre un quelconque esprit critique, surement pas!
                        je te respecte beaucoup pour ton esprit critique.
                        Je suis aussi d'accord sur tes visions sur l'Histoire, mais, dans ce cas precis
                        (je ne suis pas historien!), celui de l'Emir, l'analyse des faits historiques nus est vide de sens... ou du moins pas tres enrichissante.
                        En effet, l'Emir n'est pas seulement un homme de guerre, mais un mystique musulman. Ces actions sont donc, plus profondes que cela.
                        Connaissant ces convictions religieuse/sprituelles.. on ne peut qu'etre choque quand a un quelconque lien maconnique avec une quelconque loge obscure...
                        le texte que j'ai cite le montre bien.

                        La dimension spirituel, ne peut etre ecarte au profit d'une analyse historique crue, sinon.. on fait du n'importe quoi a mon sens.

                        dernier point, la francmaconnerie, n'a rien avoir avec la mystique!
                        secret n'implique pas mystique.
                        elle a plutot a voir avec le pouvoir...

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                        • #13
                          MavericK

                          Effectivement tous les paramètres sont a prendre en considérations, pour cerné un sujet d'étude.

                          En tous cas ta référence ainsi que toutes celles citées dans ce thread, m'intéressent toutes.

                          pour ce qui est du mysticisme de la Franc-maçonnerie c'est un angle de vue comme un autre, même sous des projecteurs il reste toujours des zones d'ombres.

                          J'ai envie de comprendre, à ma petite échelle personnelle, des faits historiques très importants à mon sens, sans aucune prétention ni intention de diffamation.



                          .
                          Dernière modification par l'imprevisible, 09 mars 2008, 16h45.
                          “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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                          • #14
                            Abdelkader a été franc maçon, point barre.
                            Abdelkader a condamné toute résistance contre l'occupation française après sa défaite, point barre.
                            Abdelkader était un traître, point barre.

                            Commentaire


                            • #15
                              Hitler (LibreFFX)

                              Tu te trompe de section, ici ce n'est pas un camp de concentration, ni un tribunal des consciences historiques.




                              Revois tes règles de ponctuations.
                              “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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