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Benjamin Stora : « Algérie-Maroc. Destins croisés »

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  • Benjamin Stora : « Algérie-Maroc. Destins croisés »

    Benjamin Stora est professeur d'histoire à l'Ecole des langues orientales de Paris et à Sciences PO. Auteur d'une vingtaine de livres, il a notamment écrit « Algérie-Maroc. Destins croisés ».

    Quel est le paysage politique au moment où le Maroc accède à son indépendance ?

    Plusieurs événements fabriquent un imaginaire politique pour le passage à l'indépendance. La guerre du Rif des années vingt, toujours présente dans les esprits, la défaite française de 1940, le mouvement de décolonisation qui démarre à la fin de la seconde guerre mondiale, la création de la Ligue Arabe en 1945, fabriquent une chaîne mémorielle, des points nodaux de références, des représentations de mêmes événements se retrouvant dans chacun des partis nationalistes marocains. Un élan commun dans toute la société se dessine.

    En février 1947, au Caire, est fondée la première structure de coordination entre les mouvements nationalistes du Maghreb sur l'initiative du parti des Marocains de l'Istiqlal et du parti tunisien du Néo-Destour, des Algériens indépendantistes du PPA-MTLD, de Messali Hadj. Ce « Bureau du Maghreb », est chargé de préparer la propagande pour l'indépendance des pays d'Afrique du Nord. La guerre en Algérie dure depuis un an et demi et la France a du mal à se relever de sa défaite à Dien Bien Phu, en Indochine.

    Quelle est la place, le rôle de la figure du Roi dans ce processus ?

    En 1955, au moment où se dessine le passage à l'indépendance du Maroc, le futur Roi, Mohammed V qui a dépassé la quarantaine - il est né en 1909 - est un leader au sommet de sa popularité, unanimement fêté par son peuple. Sa déposition le 20 août 1953 par les autorités françaises lui vaut une ferveur quasi religieuse : les Marocains croient deviner dans le ciel sa figure au moment de sa conduite en exil. Son habileté politique, l'obstination dont il fait preuve dans son choix nationaliste, jointes à un charme personnel et à un heureux caractère, font de lui l'une des figures les plus attachantes du monde maghrébin. Ne s'enfonçant pas dans le ressentiment étouffé à l'égard de la France, il élude le recours à l'action violente pour parvenir ses buts, s'en tenant à une approche dédramatisée de la situation du Maghreb.

    Installé en exil dans l'île de Madagascar, il manifeste très vite une hypersensibilité aux événements algériens survenus en novembre 1954. Il note la prise de conscience tardive des élites politiques et culturelles françaises dans la dégradation de la situation coloniale au Maroc.

    Quels étaient les rapports entre la France et Mohammed V ?

    Les rapports se tendent entre le Sultan Mohamed Ben Youssef et la Résidence générale avec la grève du sceau du Sultan et le discours nationaliste de ce dernier à Tanger le 9 avril 1947. Les manifestations de Casablanca des 7 et 8 décembre 1952, organisées par les nationalistes marocains pour protester contre l'assassinat de Ferhat Hached en Tunisie, font six tués parmi les Européens et soixante morts chez les Marocains.

    Le 16 août 1953, des nationalistes marocains d'Oujda se soulèvent contre la présence coloniale française. La déposition du Sultan, le futur roi du Maroc Mohammed V, le 20 août 1953 amplifie le niveau d'actions violentes contre la présence française. Le culte du Sultan exilé se propage dans tout le Maroc. Le 11 septembre 1953, le militant Allal Ben Abdallah qui tente d'assassiner Ben Arafa, le Sultan mis en place par le Protectorat, est abattu.

    A la veille de Noël 1953, l'explosion d'une bombe au marché central de Casablanca fait dix-huit morts et quarante blessées. Les nationalistes marocains s'engagent ainsi sur la voie de la violence (manifestations de rue, émeutes urbaines, grèves, attentats individuels) avant les Algériens, paralysés par des luttes de tendances. Le parti nationaliste marocain de l'Istiqlal en tant que tel ne se prononce pas ouvertement sur la mise en œuvre de la violence, mais ne la désavoue pas.

    Il est composé de groupes et courants qui se divisent sur le passage à la constitution de maquis.

    Comment s'expriment les rapports entre le Palais et le mouvement nationaliste marocain ?

    Le 31 mai 1947, le leader de la guerre du Rif, Mohammed Adelkrim Khattabi, s'évade d'un bateau français à Port-Saïd et se réfugie en Égypte, après vingt-et-un ans d'exil à la Réunion.

    L'Émir Abdelkrim devient la figure emblématique qui manquait aux émigrés maghrébins du Caire. Il est désigné comme président d'un « Comité de Libération du Maghreb Arabe » proclamé le 9 décembre 1947. Ce retour de l'Emir Abdelkrim sur le devant de la scène signifie-t-il un effacement de la figure du Sultan ?

    Non, pas vraiment.

    Le prestige du Sultan est immense, surtout après le soulèvement d'août 1955. En 1955 les autorités françaises au Maroc s'attendent à de graves troubles pour la date anniversaire du 20 août 1953, moment de la déposition du Roi. Toute l'attention du service d'ordre se porte vers les villes.

    La surprise est totale dans les campagnes. Du 19 au 21 août, les centres miniers du Maroc de Khénifra, Oued Zem, Aït Amar, Khouribga sont envahis, des Européens sont tués. A l'autre extrémité du Maghreb, dans le Constantinois un soulèvement algérien contre la déposition du Sultan sera très durement réprimé. Aux deux extrémités du Maghreb, une même revendication nationaliste s'exprime, trouvant sa concrétisation dans la date symbole du 20 août qui sera commémorée en Algérie et au Maroc après l'indépendance des deux pays.

    Le 6 novembre 1955 la signature à La Celle Saint Cloud d'une déclaration commune maroco-française consacre le retour du roi Mohammed V sur le trône alaouite et l'indépendance du Maroc.

    Le nouveau roi, chargé d'expérience, concentre progressivement entre ses mains la plupart des centres de décision politique, même si il doit tenir compte des appétits de pouvoir des formations nationalistes marocaines.

    L'indépendance du Maroc intervient en pleine guerre d'Algérie. Comment se manifeste la solidarité marocaine ?

    L'aide marocaine aux nationalistes algériens est considérable. Pour les « services français », dans le courant de l'été 1956, le trafic d'armes de Tanger vers l'Algérie se montent à 500 armes mensuellement et « les difficultés pour les rebelles sont plus financières que matérielles. L'armement qui est ainsi entré en Algérie par le Maroc, a été presque exclusivement utilisé à l'équipement des bandes oranaises ». Parallèlement à ce trafic, les militaires français signalent des infiltrations d'hommes, jeunes recrues algériennes du Maroc qui sortent des camps d'entraînement.

    La 10e Région Militaire française prévoit à l'ouest un accroissement de la « pression rebelle, ce qui obligerait à renforcer notre dispositif militaire tout le long de la frontière ». L'aide marocaine se manifeste aussi par l'activité des camps d'entraînement de Nador et de la région d'Oujda. Des centres de repos pour les combattants de l'Oranie sont installés près de Boubeker. Les blessés sont hospitalisés dans les hôpitaux d'Oujda et de Figuig, des collectes, enfin, sont organisées. Pour les services de renseignements français « un tel soutien peut amener la création de véritables zones de recueil, de l'autre côté de la frontière entre Oujda-Figuig et Foum-El Hassan ». Si cette aide marocaine au FLN/ALN a été possible, cela est dû en grande partie à l'attitude du Sultan, devenu roi du Maroc après l'indépendance de son pays en mars 1956.

    Comment le Maroc a-t-il préservé ses liens avec la France ?

    Au début du mois d'octobre 1956, le Roi du Maroc envisage la tenue d'une conférence avec le président tunisien Habib Bourguiba, pour sortir de l'impasse algérienne, et se poser en médiateur avec la France. L'écrivain algérien Mostéfa Lacheraf qui faisait partie de la délégation algérienne note que Mohammed V « s'était montré partisan d'une solution négociée du problème algérien qui sauvegarderait les intérêts de la France et de la Communauté française d'Algérie ». Il ne manifesta, dit Mostefa Lacheraf, « son souci de ne heurter ni l'opinion française ni la politique marocaine de coopération avec la France ».

    Le roi du Maroc fait preuve de simplicité à une époque où la mode officielle était à la surcharge d'engagement, à l'emphase autour du socialisme et du tiers mondisme. Son tempérament l'oriente vers le pragmatisme politique entre maintien des liens culturels avec la France et fièvres idéologiques venues d'Orient. Le Maroc, qui est désormais engagé dans la difficile construction d'un État national centralisé, ne veut pas poursuivre la guerre avec l'ancien colonisateur, d'autres tâches sont plus urgentes : l'éducation, l'alphabétisation, le relèvement du niveau de vie, surtout dans les campagnes.

  • #2
    donc lesquisse dune traitrise de la part de M5 est fondé!!

    jusqu'ici je ne le pensais pas!

    oser se poser en médiateur pour "sauvegarder les intérets français en algérie" ça veut dire quoi????

    à constantine,des algériens se font massacrés aprce quil est exilé et lui sur son trône, il voulait permettre de sauvegarder "les intérets français en algérie"??

    non, merci déja que nos leaders furent pris par surprise en allant lui rendre visite, arrêté sur le sol marocain par laviation française!!!!!

    et puis stora, ilest bien gentil, "en 1953, des émautes éclatèrent au maroc avant lalgérie"..... drôle d'historienmais normal car pour un historien français qui se respecte il ne faut surtout pas évoquer LE SOULEVEMENT DE SETIF UN CERTAIN 8 MAI 1945 OU MeME DES FEMMES SCANDAIENT "libérez lafrique" faisant le chiffre astronomique de 45000 morts!!!!!

    stora, comment oses-tu revendiquer tes racines algériennes???

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    • #3
      c'e tun historien du... Makhzen!! :22:

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      • #4
        Au lendemain de l’indépendance, chaque pays avait une position à défendre. Dans un premier temps, solidarité maghrébine et nationale obligent, "Mohamed V et plus tard Hassan II avaient refusé de négocier la question des frontières avec Paris tant que l’Algérie n’avait pas recouvert son indépendance"

        Mieux, dans un élan confraternel, le 6 juillet 1961, Hassan II a réussi à signer à Rabat un protocole d’accord avec le président du gouvernement provisoire de la république d’Algérie, Ferhat Abbas, lequel "reconnaît que le problème territorial posé par la délimitation imposée arbitrairement par la France entre les deux pays trouvera sa résolution dans les négociations entre le gouvernement du royaume du Maroc et celui de l’Algérie indépendante".

        Une fois les deux pays sur le même pied d’égalité, chacun affûtait ses arguments. Rabat maintenait que les limites administratives posées par Varnier en 1912 et Trinquet en 1938 étaient en faveur des départements français d’Algérie et au détriment de la souveraineté du Maroc.

        L'algerie n'a que profiter des cartes du colonialisme au detriment de son voisin, qui soutenait le peuple algérien dans son indépendance.

        Rien n’y a fait. Les tentatives de récupérer les territoires menées par l’armée de libération nationale ont été "contrecarrées aussi bien par nos homologues algériens ". Et les manifestations spontanées des Tindoufis en faveur de la marocanité de leur ville ont été matées. "Lorsque feu Hassan II s’est rendu à Alger le 13 mars 1963, pour rencontrer le président Ben Bella, il a rapporté des preuves historiques, des cartes, pour régler le différend frontalier. C’est comme s’il tenait une clef pour ouvrir une serrure rouillée". "Je lui ai dit, il y a quand même Tindouf, vous ne pouvez vraiment pas méconnaître que Tindouf est certainement, parmi toutes les injustices, la plus flagrante et la plus patente", rapportait le roi défunt, prêt alors à toutes les concessions sauf celle-ci. Sur un ton rassurant, mais trompeur, Ben Bella lui a répliqué :"Il ne saurait être question pour les Algériens d’être purement et simplement les héritiers de la France en ce qui concerne les frontières de l’Algérie". Le roi a pris cela pour une promesse, mais comme le dit Ben Bella dans une interview accordée à Al Jazeera, "il n’y a jamais eu un engagement écrit ". Il fallait donc s’attendre à un volte-face. La preuve, à peine Ahmed Réda Guedira, directeur du cabinet royal, et Abdelaziz Bouteflika, ministre des Affaires étrangères alors, s’étaient réunis le 5 octobre 1963 à Oujda pour "réaffirmer le principe de non-ingérence" entre les deux pays, que l’armée algérienne s’est empressé de le violer. Ses incursions enregistrées à Hassi Baïda et Tinjoub, mais aussi les attaques violentes contre les postes d’Ich, à 50 km de Figuig, et un viol de l′espace aérien de la région de Tindrara (près d’Oujda) ont été le prélude à la fameuse guerre des sables.

        c'est un Maroc indépendant qui s'est entièrement sacrifié pour la guerre d'Algérie, feu Mohammed V en tête qui ne cessait de répéter: “la révolution algérienne est aussi la nôtre”. Dans le droit fil du soutien sans limite déjà prodigué par le Sultan Moulay Abderrahmane à l'Emir Abdelkader avec la fameuse bataille de l'oued Isly. Cette même région de l'Oriental qui s'est intégralement transformée, institutions, camps d'entraînement et habitations en base arrière de la révolution algérienne.

        Chapeau et bravo à nos anciens Résistants et Membres de l'Armée de Libération qui ont donné un exemple de bravoure et de solidarité sans pareil à une Algérie ingrate.

        Les exemples de la solidarité marocaine sont nombreux. Lorsque Abdelaziz Bouteflika se rend en France en 1961 pour rencontrer les dirigeants du FLN, détenus au château d’Aulnoy, il voyage avec un vrai-faux passeport délivré par l’administration marocaine. Et qui était l’avocat de ces chefs du FLN ? Abderrahmane Youssoufi, leader de la gauche marocaine et futur Premier ministre du gouvernement d’alternance sous Hassan II.

        Mais, pour les Algériens, le Maroc c’est aussi et surtout un roi : Mohammed V. L’un des plus célèbres boulevards d’Alger ne porte-il pas son nom ? Pourquoi donc ce souverain marocain demeure-t-il populaire en Algérie plus de quarante ans après sa mort ? Parce qu’il a ouvertement soutenu le FLN. N’est-ce pas lui qui a mis à la disposition de cinq dirigeants du FLN l’avion de la compagnie marocaine Air Atlas qui devait les amener à Tunis, avant que l’appareil ne soit détourné par l’armée française ? Cet épisode de l’histoire est encore enseigné dans les collèges d’Algérie.

        Le 22 octobre à Rabat, cinq dirigeants du Front de libération nationale prennent place à bord d'un DC-3 de la compagnie Air Atlas à destination de Tunis. Parmi eux, Ahmed Ben Bella, l'un des fondateurs du FLN et chef militaire des rebelles. L’appareil, affrété par le gouvernement marocain, doit les mener à un sommet réunissant le Maroc, la Tunisie et la rébellion algérienne. Invités par le président Bourguiba, Ahmed Ben Bella et ses compagnons doivent y discuter de l’avenir du Maghreb.

        Réactions immédiates en Tunisie et au Maroc. Les boutiques européennes sont saccagées. Des voitures sont incendiées. A Meknès, une trentaine d’Européens sont massacrés. Mohammed V s’estime personnellement atteint par l’arrestation de «ses hôtes». Bourguiba rappelle son ambassadeur.

        Les bases arriere du FLN au Maroc

        En 1956, l'ALN ordonne à tous les étudiants algériens de rejoindre ses rangs, sous peine d’être poursuivis pour désertion. Abdelaziz Bouteflika rejoint l'Armée des frontières au Maroc à l'âge de 19 ans.
        Il fit son instruction militaire à l’École des cadres de l’ALN de Dar El Kebdani ( Nador) puis il devint "contrôleur" pour la direction de la Wilaya V (au Maroc), sa tâche consistait "à plaider la cause de l’ALN" (Maroc, Ville de auprès des populations rurales algériennes pour en obtenir le ralliement. Il se consacrera à cette fonction de contrôleur durant dix mois, entre 1957 et 1958.

        Et dans l'histoire ...

        l'Emir Abdelkader

        Le 5 mai 1839, il demanda et obtint l'appui de l'empereur du Maroc, ainsi que la concession du territoire situé entre Ouchda et la Tafna.
        Il voulut annexer le Constantinois en y nommant un « khalifa ». En réaction, la France organisa l'expédition des « Portes de Fer » en octobre 1839, expédition qui fut considérée par Abd El-Kader comme une violation du Traité de la Tafna. À partir de ce moment, la guerre reprit avec violence. Au mois d'octobre, il fait égorger dans l'ouest de la Mitidja le commandant Raffet et 200 soldats français; ces derniers marchent contre lui et reprennent Cherchell, Mildah, Milianah, etc.

        Le Maroc

        En 1841, sous le gouvernement de Bugeaud, Mascara, Tlemcen, Borhan, Thazat, Tekdemt, Saïda et Tafraoùts tombèrent dans les mains des français. L'émir n'ayant plus ni villes, ni magasins, ni trésors, n'était plus qu'un chef dé partisans. La prise de la smala par le duc d'Aumale lui porta un coup terrible ; et, poursuivi à outrance par le général Bugeaud, il fut forcé de chercher un refuge au Maroc. Là, il sut attacher à sa cause le sultan Abd-er-Rahman. Comme marabout, il prêcha l'extermination des infidèles et souleva de nombreuses tribus marocaines ; il parvint aussi à se faire écouter par les premiers fonctionnaires de la cour de Fes, qui ne cherchaient qu'un prétexte pour déclarer la guerre aux français.

        Jeune Afrique

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