Maroc Hebdo
Bouteflika plonge l’Algérie dans le doute en allant dans les camps du Polisario
Qu’est-il allé faire à Tindouf ?
Intox, faux appels au calme, au sujet du Sahara marocain, la presse et le pouvoir algériens sont tellement rompus au mensonge que l'on se demande pour qui ils prennent les Algériens.
Amale Samie
• Abdelaziz Bouteflika et Mohamed Abdelaziz.
Les journaux et le peuple algériens viennent-ils de découvrir que la presse marocaine avait raison de dire que la proposition de partition du Sahara venait du président Bouteflika qui en avait fait part à James Baker le 2 novembre 2001? Difficile de le croire. Pourtant, les journalistes algériens, jouant la vertu outragée dans une belle unanimité, accusent la presse marocaine de fabuler depuis le 19 février, jour de la remise du rapport de Kofi Annan au Conseil de sécurité.
La vérité: la presse marocaine a franchement cru que les journalistes exécutaient une consigne.
Toutefois, à en croire Le Matin d'Alger, ce n'est que le 6 février 2001 qu'ils auraient relu attentivement le rapport de Kofi Annan. Pourquoi sont-ils retournés à leurs archives? À cause de la parution dans le quotidien londonien Al Hayat du 1 mars, d'informations qualifiées benoîtement de “troublantes et graves" par Le Matin d'Alger. Bouteflika a bien vendu le Polisario. Les Algériens déchantent, les grands principes sont très élastiques. Pire encore, Bouteflika a fait la proposition de partition au nom du Polisario.
Désenchantement
Toujours dans son édition du 6 février, Le Matin s'interroge sur les raisons de la visite de Bouteflika à son homologue, Mohamed Abdelaziz: “Les spéculations vont bon train : manifestation de soutien aux Sahraouis, diversion, peut-être risque d'aggravation de la crise entre les deux pays. Des questions restées jusque-là sans réponse. Mais l'explication réside peut-être dans le rapport de Kofi Annan publié le 19 février dernier qui “contient en effet des révélations troublantes. Car, selon le secrétaire général des Nations unies, l'Algérie, par la voix de son Président de la République, aurait donné son accord pour le partage pur et simple des territoires du Sahara occidental”. Le Matin ayant relu le rapport de M. Annan cite l'article du rapport qui ne laisse plus aucune place au doute: “Les 24 et 25 janvier 2002, James Bakers'est rendu au Maroc (…) pour informer les autorités marocaines que () à son avis, l'Algérie et le Front Polisario seraient disposés à examiner ou à négocier une division du territoire”. Mais, poursuit le journal algérien, cette proposition déplaît “au plus haut point au royaume chérifien", qui réaffirme avec force son rejet catégorique de tout projet ou proposition visant à porter atteinte à son intégrité territoriale et à sa souveraineté inaliénable sur ses provinces du Sud.
Diversion
Il est difficile de croire que les journalistes de Le Matin s'étaient vraiment dispensés de lire le rapport de M. Annan quand on sait leur souci pour le devenir du “peuple sahraoui”.
Ce n'est pas tout: Le Matin s'enfonce dans le doute existentiel quand il se demande sincèrement pourquoi, en fin de compte, le président algérien a été se promener sur les dunes. Mais on n'en a pas fini avec les questions de Le Matin. Bouteflika voulait-il éviter le scandale après le rejet de la partition du Sahara par le Maroc? Voulait-t-il étouffer à la hâte l'affaire avant son retentissement, tant national qu'international? Le Président de la République a-t-il soumis cette proposition à James Baker dans l'espoir d'amener le Maroc sur ses positions, ce qui implique la disposition de l'Algérie à renoncer au soutien au peuple sahraoui ?" Le Matin proteste ensuite contre “la hâte du ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, à démentir l'information d'El Hayat, selon laquelle il se serait rendu à Tindouf uniquement pour faire diversion”.
Voilà où ils en sont au Matin qui conclut, sous la plume de Abla Chérif, par cette phrase d'anthologie: “Restent les explications du Front Polisario”. Le Polisario n'a qu'un droit, désormais: celui de se taire. La diplomatie algérienne évalue l'indépendance sahraouie en hectares et en kilomètres de littoral.
De son côté, La Tribune rapportait le même jour, le 6 mars, à ses lecteurs un démenti “catégorique" de Abdelaziz Belkhadem, chef de la diplomatie algérienne, à l'article d'Al Hayat qui attribuait ce qu’il qualifie de “fermeté du président Bouteflika sur ce dossier” à des “facteurs internes”, dont la “situation en Kabylie”.
La preuve ayant été faite que notre voisin a réellement demandé un couloir sur l'Atlantique, Le Matin et La Tribune craignant aussi la réaction de leurs lecteurs tentent d'évacuer la compromission en catastrophe. On peut simplement remarquer que le Maroc a l'avantage de savoir pourquoi il se bat. Le Polisario non. L’Algérie encore moins.
Cafouillage pitoyable
L'Algérie vit de mauvais jours: l'évolution du dossier du Sahara a révélé une faille grave dans l'unanimisme officiel, un cafouillage pitoyable où les militaires réservent un mépris hautain pour la presse algérienne toujours en peine de conseils politiques sur la démocratie chez ses voisins.
Le pire dans tout cela étant la manière dont le pouvoir et la presse informent les Algériens. L'affaire est plus grave qu'on ne pense, car si l'avenir de la presse algérienne regarde les Algériens, la position de tous les journaux algériens pose des questions graves. De quoi sont-ils informés par les généraux politiciens sur les négociations menées par la diplomatie algérienne au sujet du Sahara marocain? Que leur dit-on, que leur cache-t-on?
Sur un autre plan, le quotidien La Tribune, dans un article frappé au coin du faux-culisme, proteste contre la tension entre les journalistes des deux pays qui pourrait atteindre les peuples algérien et marocain, etc.
La solution? Rien de plus simple, écrivait La Tribune du 5 mars: il suffirait que les Marocains acceptent d'accorder l'indépendance au peuple sahraoui. Quel peuple sahraoui? Celui de Smara ou celui du camp Smara dans les confins algéro-marocains?
A.S.
Bouteflika plonge l’Algérie dans le doute en allant dans les camps du Polisario
Qu’est-il allé faire à Tindouf ?
Intox, faux appels au calme, au sujet du Sahara marocain, la presse et le pouvoir algériens sont tellement rompus au mensonge que l'on se demande pour qui ils prennent les Algériens.
Amale Samie
• Abdelaziz Bouteflika et Mohamed Abdelaziz.
Les journaux et le peuple algériens viennent-ils de découvrir que la presse marocaine avait raison de dire que la proposition de partition du Sahara venait du président Bouteflika qui en avait fait part à James Baker le 2 novembre 2001? Difficile de le croire. Pourtant, les journalistes algériens, jouant la vertu outragée dans une belle unanimité, accusent la presse marocaine de fabuler depuis le 19 février, jour de la remise du rapport de Kofi Annan au Conseil de sécurité.
La vérité: la presse marocaine a franchement cru que les journalistes exécutaient une consigne.
Toutefois, à en croire Le Matin d'Alger, ce n'est que le 6 février 2001 qu'ils auraient relu attentivement le rapport de Kofi Annan. Pourquoi sont-ils retournés à leurs archives? À cause de la parution dans le quotidien londonien Al Hayat du 1 mars, d'informations qualifiées benoîtement de “troublantes et graves" par Le Matin d'Alger. Bouteflika a bien vendu le Polisario. Les Algériens déchantent, les grands principes sont très élastiques. Pire encore, Bouteflika a fait la proposition de partition au nom du Polisario.
Désenchantement
Toujours dans son édition du 6 février, Le Matin s'interroge sur les raisons de la visite de Bouteflika à son homologue, Mohamed Abdelaziz: “Les spéculations vont bon train : manifestation de soutien aux Sahraouis, diversion, peut-être risque d'aggravation de la crise entre les deux pays. Des questions restées jusque-là sans réponse. Mais l'explication réside peut-être dans le rapport de Kofi Annan publié le 19 février dernier qui “contient en effet des révélations troublantes. Car, selon le secrétaire général des Nations unies, l'Algérie, par la voix de son Président de la République, aurait donné son accord pour le partage pur et simple des territoires du Sahara occidental”. Le Matin ayant relu le rapport de M. Annan cite l'article du rapport qui ne laisse plus aucune place au doute: “Les 24 et 25 janvier 2002, James Bakers'est rendu au Maroc (…) pour informer les autorités marocaines que () à son avis, l'Algérie et le Front Polisario seraient disposés à examiner ou à négocier une division du territoire”. Mais, poursuit le journal algérien, cette proposition déplaît “au plus haut point au royaume chérifien", qui réaffirme avec force son rejet catégorique de tout projet ou proposition visant à porter atteinte à son intégrité territoriale et à sa souveraineté inaliénable sur ses provinces du Sud.
Diversion
Il est difficile de croire que les journalistes de Le Matin s'étaient vraiment dispensés de lire le rapport de M. Annan quand on sait leur souci pour le devenir du “peuple sahraoui”.
Ce n'est pas tout: Le Matin s'enfonce dans le doute existentiel quand il se demande sincèrement pourquoi, en fin de compte, le président algérien a été se promener sur les dunes. Mais on n'en a pas fini avec les questions de Le Matin. Bouteflika voulait-il éviter le scandale après le rejet de la partition du Sahara par le Maroc? Voulait-t-il étouffer à la hâte l'affaire avant son retentissement, tant national qu'international? Le Président de la République a-t-il soumis cette proposition à James Baker dans l'espoir d'amener le Maroc sur ses positions, ce qui implique la disposition de l'Algérie à renoncer au soutien au peuple sahraoui ?" Le Matin proteste ensuite contre “la hâte du ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, à démentir l'information d'El Hayat, selon laquelle il se serait rendu à Tindouf uniquement pour faire diversion”.
Voilà où ils en sont au Matin qui conclut, sous la plume de Abla Chérif, par cette phrase d'anthologie: “Restent les explications du Front Polisario”. Le Polisario n'a qu'un droit, désormais: celui de se taire. La diplomatie algérienne évalue l'indépendance sahraouie en hectares et en kilomètres de littoral.
De son côté, La Tribune rapportait le même jour, le 6 mars, à ses lecteurs un démenti “catégorique" de Abdelaziz Belkhadem, chef de la diplomatie algérienne, à l'article d'Al Hayat qui attribuait ce qu’il qualifie de “fermeté du président Bouteflika sur ce dossier” à des “facteurs internes”, dont la “situation en Kabylie”.
La preuve ayant été faite que notre voisin a réellement demandé un couloir sur l'Atlantique, Le Matin et La Tribune craignant aussi la réaction de leurs lecteurs tentent d'évacuer la compromission en catastrophe. On peut simplement remarquer que le Maroc a l'avantage de savoir pourquoi il se bat. Le Polisario non. L’Algérie encore moins.
Cafouillage pitoyable
L'Algérie vit de mauvais jours: l'évolution du dossier du Sahara a révélé une faille grave dans l'unanimisme officiel, un cafouillage pitoyable où les militaires réservent un mépris hautain pour la presse algérienne toujours en peine de conseils politiques sur la démocratie chez ses voisins.
Le pire dans tout cela étant la manière dont le pouvoir et la presse informent les Algériens. L'affaire est plus grave qu'on ne pense, car si l'avenir de la presse algérienne regarde les Algériens, la position de tous les journaux algériens pose des questions graves. De quoi sont-ils informés par les généraux politiciens sur les négociations menées par la diplomatie algérienne au sujet du Sahara marocain? Que leur dit-on, que leur cache-t-on?
Sur un autre plan, le quotidien La Tribune, dans un article frappé au coin du faux-culisme, proteste contre la tension entre les journalistes des deux pays qui pourrait atteindre les peuples algérien et marocain, etc.
La solution? Rien de plus simple, écrivait La Tribune du 5 mars: il suffirait que les Marocains acceptent d'accorder l'indépendance au peuple sahraoui. Quel peuple sahraoui? Celui de Smara ou celui du camp Smara dans les confins algéro-marocains?
A.S.
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