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La nouvelle route du kif

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    De Béchar, Ouargla, Illizi vers la Tunisie et la Libye

    20 quintaux de kif ont été saisis vendredi soir par les gardes frontières à Béchar. Cette prise record est la seconde en moins d’une semaine, ce qui démontre une forte activité des réseaux de trafiquants qui ont ouvert une nouvelle route vers la Tunisie et la Libye via Ouargla, El Oued et Illizi. Redéploiement imposé par le strict contrôle des ports du sud de l’Europe et les nombreuses prises opérées sur les routes de l’Oranie et les ports d’Alger, de Skikda et de Annaba.

    Moins d’une semaine après la saisie de 20,39 quintaux de kif à Béchar, la Gendarmerie nationale vient de faire une autre importante prise dans la même région. Ainsi, vingt autres quintaux ont été saisis au niveau du poste frontalier de Hassi Khebbi, à Béchar, dissimulés dans deux véhicules de type Toyota Station, abandonnés par ses occupants après les tirs de sommation des gardes frontières. Surpris par la réaction de ces derniers, les trafiquants ont préféré rebrousser chemin vers le Maroc, à bord d’un troisième véhicule.

    L’opération, menée de nuit, intervient après celle du 2 mars par les gardes frontières de Delaât Djenaib, à Béchar, et qui a permis la récupération de 20,39 quintaux de kif. Ces saisies record montrent une évolution inquiétante du trafic de drogue, indiquent des spécialistes. En effet, si l’on compare les statistiques des services de sécurité, rendues publiques par l’Office national de lutte et de prévention contre les toxicomanies, on se rend compte d’une hausse annuelle importante des saisies.

    Celles-ci sont passées de 7 t en 2005, à 10,5 t en 2006, pour atteindre 16,5 t en 2007. Durant les deux premiers mois de l’année 2008, l’office avance déjà un chiffre qui avoisine les 3 t. Les plus importantes prises ont été effectuées, nous a-t-on signalé, surtout dans les régions sud- ouest, ce qui marque une nouvelle évolution de la route du kif. Avant, celle-ci passait par les villes de l’Oranie, pour atteindre la frontière tunisienne, alors qu’aujourd’hui, elle traverse l’Erg de l’ouest (Erg el gharbi) qui va de Béchar jusqu’à la frontière libyenne et tunisienne via Ouargla-El Oued et Ouargla-Illizi.

    La même route de la culture locale de cannabis, qui existait avant pour des consommations personnelles, mais commencent à prendre de l’ampleur vu l’importante demande sur le marché. Pour de nombreux spécialistes, ce redéploiement des circuits de la drogue s’explique par d’abord la fermeture des frontières européennes qui constituaient les premières portes d’entrée de la résine de cannabis en Europe, comme les ports espagnols, français, portugais et belges, où les services de sécurité ont durant ces dernières années mis en échec de nombreuses opérations de trafic.

    Ce durcissement du contrôle aux frontières a poussé les narcotrafiquants à revoir la route de passage pour les 1200 t de kif produites chaque année au Maroc. Une véritable industrie qui fait vivre tout le Rif marocain et qui place le royaume comme premier producteur de kif dans le monde, avec 60% de la production mondiale et un chiffre d’affaires estimé en 2004 par l’Office des Nations unies de lutte contre le crime et la drogue à 13 milliards de dollars.

    D’un statut de pays de transit, l’Algérie, qui constitue aujourd’hui la plus importante, pour ne pas dire l’unique porte de cette production vers l’Europe et l’Asie, a tendance, vu la crise socioéconomique et sécuritaire qu’elle a traversée, à basculer progressivement vers le statut de pays de consommation. Même si elles ne sont pas exhaustives, les nombreuses enquêtes réalisées sur la toxicomanie ont fait état de 4631 toxicomanes pris en charge par l’Etat en 2006. En 2007, ce nombre est passé à 5545.

    En dix ans (1998 à 2008), 26 686 toxicomanes ont suivi des traitements. Des chiffres qui restent très loin de la réalité puisque certains sondages ont montré que même les écoliers ont déclaré avoir fumé du hachisch ou avalé des psychotropes au moins une fois. Un fléau qui, devant la faiblesse des moyens mis par l’Etat pour le prévenir et le combattre, ne cesse de prendre de l’ampleur et de ravager des pans entiers de la jeunesse.

    Salima Tlemçani (El Watan)
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