Une remarque: J'aurais spreferé que les gens utilisent le mot "le monde Musulman" et non "L'Isalme" ... qd on parle de Prob, maladies, de manque ...
TARIQ RAMADAN À L’EXPRESSION
«L’absence de démocratie appauvrit l’évolution de l’islam»
«Il y a dans les pays musulmans un vrai problème de curiosité, d’implication dans le débat intellectuel international, de réconciliation avec l’universel.»
Il enseigne l’islamologie à l’université d’Oxford en Angleterre. Il milite pour un Islam moderne et ouvert sur l’universel. Il sera à Alger en ce mois de mars. Il sillonne le monde pour, comme il aime à le dire, construire des passerelles de dialogue entre le monde musulman et le reste du monde. Il venait d’Australie et repartait pour la Suisse, son pays de résidence. Entre ces deux escales, il a animé deux conférences à Bruxelles. Avec un tel agenda, et malgré la fatigue visible sur son visage, Tariq Ramadan a pu trouver le temps pour nous accorder cet entretien...c’était dans la voiture qui l’emmenait vers l’aéroport.
Nous sommes le 8 mars, c’est la Journée internationale de la femme. Avez-vous un commentaire?
Tariq Ramadan: Le fait de penser à la question de la femme d’un point de vue islamique est fondamental. Là-dessus, l’Islam a deux problèmes majeurs et il faut qu’il les résolve. Ces deux problèmes sont la réduction et la projection. La réduction, c’est la lecture littérale du Coran qui ne tient pas compte du contexte historique dans lequel le Coran a été révélé et encore moins de l’orientation de l’ensemble du message. L’autre, la projection, c’est un déni culturel sur le texte coranique. C’est-à-dire la confusion entre ce qui relève de la culture et de ce qui est réellement islamique. La culture arabe par exemple n’est pas la culture, au sens large du terme, de l’Asie. Par exemple, un certain nombre de pratiques et de problèmes comme l’excision, le mariage forcé, la violence, le libre choix de la femme dans le mariage...sont très liés à des lectures culturelles. Ce sont des projections culturelles sur le texte coranique. D’où la nécessité d’un vrai travail de fond, de réforme, d’Ijtihad...
Question certainement classique, mais combien d’actualité, je veux parler du rapport de l’Islam à la démocratie occidentale. Que répondez-vous à ceux qui estiment que l’Islam est incompatible avec la démocratie?
Ce que je dis, c’est qu’il n’y a pas de contradiction entre les principes de l’Islam et les principes de la démocratie. Et je fais une différence entre les modèles démocratiques occidentaux. D’autres modèles démocratiques, ailleurs dans le monde, peuvent-ils être meilleurs ou pas? Les principes fondateurs de la démocratie sont l’Etat de droit, la citoyenneté égalitaire, le suffrage universel, la séparation des pouvoirs. Les principes de l’islam attestent que nous n’avons aucun problème avec ces principes. Ce sont des principes. Maintenant quel modèle historique une société va-t-elle se donner pour pouvoir respecter ces principes? On voit par exemple en Europe des modèles différents. Le modèle français n’est pas celui de l’Angleterre ou celui de la Belgique. Dans les sociétés majoritairement musulmanes on aura la même chose. Les mêmes principes et des modèles variant en fonction de la culture, de la psychologie, de l’héritage sociétal etc. Ce que je dis à l’Occident, c’est de cesser de nous imposer des modèles, d’être cohérents avec leurs propres principes. Dernier élément important, c’est celui de permettre le développement de la critique de la démocratie pour l’améliorer. Aujourd’hui, quand on voit le pouvoir des médias, quand on voit la désaffection des gens pour le fait politique, excepté lors de grandes messes électorales comme l’élection présidentielle, et quand on voit que tout passe par les sondages...je dis que nous sommes dans la politique spectacle.
Aujourd’hui la réflexion sur le rapport de l’islam à la modernité est prise en charge plus par les philosophes et penseurs occidentaux que par ceux des sociétés musulmanes. Pourquoi?
Il faut regarder les choses en face. Les 24 pays à majorité arabo-musulmane produisent ou traduisent moins d’ouvrages venus d’Occident que le seul Brésil par exemple. C’est Régis Debré qui me disait ça, la semaine dernière. Il a raison, il y a dans les pays musulmans un vrai problème de curiosité, d’implication dans le débat intellectuel international, de réconciliation avec l’universel. Nous sommes enfermés dans nos certitudes. Nous avons le message (coranique) et il n’y a pas lieu de débattre...Nous sommes dans des situations de victime, c’est-à-dire que tout le monde nous déteste et nous ne faisons que réagir (ex: sur les caricatures du Prophète QSSSL). Il nous faut une vraie attitude de confiance critique qui allie la foi profonde à l’esprit critique et créatif. Ça, c’est un manque réel dans les sociétés musulmanes, en Afrique du Nord comme ailleurs. Aujourd’hui, il faut qu’il y ait une émergence de cette conscience chez les musulmans dans les pays occidentaux, sans qu’ils soient coupés des pays musulmans. Il faut que l’on réussisse à développer ce débat.
Comment convaincre l’Occidental moyen que l’Islam est un message de paix, d’amour et de tolérance lorsqu’il voit la guerre meurtrière que se livrent sunnites et chiites en Irak par exemple?
Parler de l’Islam comme message de paix (de salam), se donner entièrement à Dieu, être à la recherche de la paix intime (intérieure), de la paix sociale...c’est cela notre idéal. Maintenant, il ne faut pas confondre le message (coranique) et ses objectifs, avec des réalités socio-politiques qu’il faut étudier pour ce qu’elles sont. Je veux dire que le conflit sunnite-chiite est circonstanciel, et politique. Il y a un occupant qui a besoin de diviser pour régner. Il tire sur les ficelles. Il ne faut pas que l’on soit naïfs. La colonisation a toujours utilisé la division des sociétés pour régner. On le voit aussi en Palestine où les deux factions qui résistent à Israël sont divisées, manipulées...On ne peut pas passer sur le politique et dire: ça c’est l’Islam. Non, ce sont des questions politiques, géostratégiques, socio-économiques...qui sont en jeu dans ce cas-là.
TARIQ RAMADAN À L’EXPRESSION
«L’absence de démocratie appauvrit l’évolution de l’islam»
«Il y a dans les pays musulmans un vrai problème de curiosité, d’implication dans le débat intellectuel international, de réconciliation avec l’universel.»
Il enseigne l’islamologie à l’université d’Oxford en Angleterre. Il milite pour un Islam moderne et ouvert sur l’universel. Il sera à Alger en ce mois de mars. Il sillonne le monde pour, comme il aime à le dire, construire des passerelles de dialogue entre le monde musulman et le reste du monde. Il venait d’Australie et repartait pour la Suisse, son pays de résidence. Entre ces deux escales, il a animé deux conférences à Bruxelles. Avec un tel agenda, et malgré la fatigue visible sur son visage, Tariq Ramadan a pu trouver le temps pour nous accorder cet entretien...c’était dans la voiture qui l’emmenait vers l’aéroport.
Nous sommes le 8 mars, c’est la Journée internationale de la femme. Avez-vous un commentaire?
Tariq Ramadan: Le fait de penser à la question de la femme d’un point de vue islamique est fondamental. Là-dessus, l’Islam a deux problèmes majeurs et il faut qu’il les résolve. Ces deux problèmes sont la réduction et la projection. La réduction, c’est la lecture littérale du Coran qui ne tient pas compte du contexte historique dans lequel le Coran a été révélé et encore moins de l’orientation de l’ensemble du message. L’autre, la projection, c’est un déni culturel sur le texte coranique. C’est-à-dire la confusion entre ce qui relève de la culture et de ce qui est réellement islamique. La culture arabe par exemple n’est pas la culture, au sens large du terme, de l’Asie. Par exemple, un certain nombre de pratiques et de problèmes comme l’excision, le mariage forcé, la violence, le libre choix de la femme dans le mariage...sont très liés à des lectures culturelles. Ce sont des projections culturelles sur le texte coranique. D’où la nécessité d’un vrai travail de fond, de réforme, d’Ijtihad...
Question certainement classique, mais combien d’actualité, je veux parler du rapport de l’Islam à la démocratie occidentale. Que répondez-vous à ceux qui estiment que l’Islam est incompatible avec la démocratie?
Ce que je dis, c’est qu’il n’y a pas de contradiction entre les principes de l’Islam et les principes de la démocratie. Et je fais une différence entre les modèles démocratiques occidentaux. D’autres modèles démocratiques, ailleurs dans le monde, peuvent-ils être meilleurs ou pas? Les principes fondateurs de la démocratie sont l’Etat de droit, la citoyenneté égalitaire, le suffrage universel, la séparation des pouvoirs. Les principes de l’islam attestent que nous n’avons aucun problème avec ces principes. Ce sont des principes. Maintenant quel modèle historique une société va-t-elle se donner pour pouvoir respecter ces principes? On voit par exemple en Europe des modèles différents. Le modèle français n’est pas celui de l’Angleterre ou celui de la Belgique. Dans les sociétés majoritairement musulmanes on aura la même chose. Les mêmes principes et des modèles variant en fonction de la culture, de la psychologie, de l’héritage sociétal etc. Ce que je dis à l’Occident, c’est de cesser de nous imposer des modèles, d’être cohérents avec leurs propres principes. Dernier élément important, c’est celui de permettre le développement de la critique de la démocratie pour l’améliorer. Aujourd’hui, quand on voit le pouvoir des médias, quand on voit la désaffection des gens pour le fait politique, excepté lors de grandes messes électorales comme l’élection présidentielle, et quand on voit que tout passe par les sondages...je dis que nous sommes dans la politique spectacle.
Aujourd’hui la réflexion sur le rapport de l’islam à la modernité est prise en charge plus par les philosophes et penseurs occidentaux que par ceux des sociétés musulmanes. Pourquoi?
Il faut regarder les choses en face. Les 24 pays à majorité arabo-musulmane produisent ou traduisent moins d’ouvrages venus d’Occident que le seul Brésil par exemple. C’est Régis Debré qui me disait ça, la semaine dernière. Il a raison, il y a dans les pays musulmans un vrai problème de curiosité, d’implication dans le débat intellectuel international, de réconciliation avec l’universel. Nous sommes enfermés dans nos certitudes. Nous avons le message (coranique) et il n’y a pas lieu de débattre...Nous sommes dans des situations de victime, c’est-à-dire que tout le monde nous déteste et nous ne faisons que réagir (ex: sur les caricatures du Prophète QSSSL). Il nous faut une vraie attitude de confiance critique qui allie la foi profonde à l’esprit critique et créatif. Ça, c’est un manque réel dans les sociétés musulmanes, en Afrique du Nord comme ailleurs. Aujourd’hui, il faut qu’il y ait une émergence de cette conscience chez les musulmans dans les pays occidentaux, sans qu’ils soient coupés des pays musulmans. Il faut que l’on réussisse à développer ce débat.
Comment convaincre l’Occidental moyen que l’Islam est un message de paix, d’amour et de tolérance lorsqu’il voit la guerre meurtrière que se livrent sunnites et chiites en Irak par exemple?
Parler de l’Islam comme message de paix (de salam), se donner entièrement à Dieu, être à la recherche de la paix intime (intérieure), de la paix sociale...c’est cela notre idéal. Maintenant, il ne faut pas confondre le message (coranique) et ses objectifs, avec des réalités socio-politiques qu’il faut étudier pour ce qu’elles sont. Je veux dire que le conflit sunnite-chiite est circonstanciel, et politique. Il y a un occupant qui a besoin de diviser pour régner. Il tire sur les ficelles. Il ne faut pas que l’on soit naïfs. La colonisation a toujours utilisé la division des sociétés pour régner. On le voit aussi en Palestine où les deux factions qui résistent à Israël sont divisées, manipulées...On ne peut pas passer sur le politique et dire: ça c’est l’Islam. Non, ce sont des questions politiques, géostratégiques, socio-économiques...qui sont en jeu dans ce cas-là.
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