Le Jour d'Algérie.
Du 13 Mars 2008.
Dans cet entretien que nous a accordé le président du Haut Conseil Islamique (HCI), Bouamrane Cheikh revient sur la «campagne» d’évangélisation qui bat son plein actuellement en Algérie. Il notera en ce sens que cette campagne est menée par «des néo-conservateurs évangélistes alliés aux sionistes avec des moyens financiers importants». Le président du HCI a par ailleurs tenu à réduire à sa plus simple expression le différend qui opposait dans un passé récent cette institution au ministre des Affaires religieuses et des waqfs. Cheikh Bouamrane s’est par contre montré peu prolixe sur l’implication du HCI dans le sillage de la lutte anti-terroriste, mais a rappelé que le Haut Conseil a toujours condamné les attentats.
Le jour d’Algérie: Quoi qu’il ait toujours existé en Algérie, le phénomène de l’évangélisme semble prendre depuis quelque temps des proportions alarmantes. Nombreuses sont les réactions suscitées à ce sujet aussi bien en Algérie qu’ailleurs dans le monde, en particulier en France. Quels sont selon vous les tenants et aboutissants de cette campagne et peut-on savoir pourquoi c’est en cette période que l’évangélisme en Algérie s’est tellement amplifié ?
M. Bouamrane Cheikh : Comme vous le dites, le phénomène de l’évangélisation a toujours existé en Algérie, bien qu’il n’ait jamais pu prendre racine dans notre pays, y compris aux pires moments de la colonisation. Notre peuple est attaché à la religion de ses ancêtres, religion qui lui donne sérénité, équilibre, esprit de solidarité et amour de la liberté et de la dignité. Les seuls cas d’évangélisation que nous avons connus sont le fait d’orphelins recueillis par le cardinal Lavigerie pendant la grande famine qu’a connue l’Algérie dans les années 1866-1868. Si cette campagne prend maintenant des proportions alarmantes, c’est parce qu’elle vient dans un contexte particulier marqué par la volonté d’une grande puissance de propager la religion évangéliste partout dans le monde, tout particulièrement dans le monde musulman. Une telle campagne est menée par les néo-conservateurs évangélistes alliés aux sionistes avec des moyens financiers importants. Elle est destinée à former une minorité chrétienne au sein de la majorité musulmane pour pouvoir intervenir dans les affaires du pays.
D’après vous, y a-t-il un courant politique qui encourage la pratique de l’évangélisme en Algérie? Et puis, n’est’ce pas que cette pratique est l’une des conséquences néfastes de la mondialisation ?
Comme je viens de vous le dire, ce n’est un secret pour personne que cette campagne est soutenue et encouragée par les milieux que je viens de citer. Il est clair pour nous qu’elle ne se propose pas de sauver des âmes, de créer des minorités dans le monde musulman. Les musulmans ont une religion révélée et n’ont nullement besoin de nouveaux sauveurs.
Une vive polémique s’est fait jour tout récemment entre deux institutions cultuelles du pays, à savoir le HCI dont vous êtes le premier responsable et le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs. La polémique a trait bien sûr à la gestion du fonds de la zakat. Pouvez-vous nous expliqué quelle est votre position sur cette question et aussi en quoi consistent exactement les reproches que vous avez émis au sujet de la gestion du fonds de la zakat ?
En réalité, il ne s’agit pas de polémique, mais d’un malentendu qui a été dissipé. Il fallait répondre à une question : la zakat doit-elle passer par une caisse ou aller directement aux pauvres, aux nécessiteux et autres catégories précisées par le Coran ?
Certaines sources affirment que le ministre des Affaires religieuses aurait sollicité le président de la République pour que ce dernier procède à la dissolution du HCI ou alors le placer sous tutelle des Affaires religieuse et des wakfs. Quel est votre commentaire à ce sujet?
Ce sont des rumeurs qui n’ont aucun fondement.
Le HCI est une institution constitutionnelle dépendant directement de la présidence de la République, créée en 1996 pour encourager et promouvoir «l’idjtihad» ; cependant, ce que l’on a pu constater depuis quelque temps, c’est plutôt cette attitude d’indifférence, pour ne pas dire de désintéressement par rapport à l’implication du HCI dans la lutte contre le terrorisme en général et les attentats suicides en particulier. Peut-on dès lors savoir pourquoi le HCI ne s’implique pas, bien sûr à sa manière, par la condamnation des attentats dans la lutte antiterroriste ?
Le HCI a toujours condamné les actes de violence et les attentats. Vous n’avez qu’à consulter les nombreux textes et communiqués que nous avons publiés à ce sujet.
Compte tenu que seul l’avortement thérapeutique est autorisé actuellement dans notre pays, quel est votre avis quant à la nécessité de l’élargissement de cette pratique aux cas où la femme fait l’objet d’un viol et désire procéder à l’interruption volontaire de la grossesse (IVG) ?
Le HCI a publié une fetwa en ce sens en 2001, alors qu’ils était dirigé par mon prédécesseurs le Professeur Abdelmadjid Meziane (que Dieu lui accorde Sa miséricorde). Vous pouvez vous y référer.
Face à la recrudescence des viols durant les années noires, les autorités civiles et religieuses ont réagi en autorisant l’avortement pour les femmes victimes de la barbarie terroriste. Etant donné que le nombre de femmes ayant fait l’objet de viols de toute autre nature est actuellement en augmentation effarante, qu’est-ce que vous proposez comme solution pour les femmes qui refusent de garder leurs bébés non désirés ?
Il a été répondu à cette question plus haut.
Selon les chiffres du ministère de la solidarité nationale, pas moins de 5 000 enfants abandonnés, nés hors mariage, sont enregistrés chaque année dans notre pays. Qu’est-ce que vous proposez pour assister et soutenir ces femmes qui payent souvent pour des actes qu’elles n’ont pas commis?
L’Etat a le devoir de prendre en charge ces enfants et de trouver des solutions pertinentes pour les mères célibataires.
Entretien réalisé par Karim Aoudia
Du 13 Mars 2008.
Dans cet entretien que nous a accordé le président du Haut Conseil Islamique (HCI), Bouamrane Cheikh revient sur la «campagne» d’évangélisation qui bat son plein actuellement en Algérie. Il notera en ce sens que cette campagne est menée par «des néo-conservateurs évangélistes alliés aux sionistes avec des moyens financiers importants». Le président du HCI a par ailleurs tenu à réduire à sa plus simple expression le différend qui opposait dans un passé récent cette institution au ministre des Affaires religieuses et des waqfs. Cheikh Bouamrane s’est par contre montré peu prolixe sur l’implication du HCI dans le sillage de la lutte anti-terroriste, mais a rappelé que le Haut Conseil a toujours condamné les attentats.
Le jour d’Algérie: Quoi qu’il ait toujours existé en Algérie, le phénomène de l’évangélisme semble prendre depuis quelque temps des proportions alarmantes. Nombreuses sont les réactions suscitées à ce sujet aussi bien en Algérie qu’ailleurs dans le monde, en particulier en France. Quels sont selon vous les tenants et aboutissants de cette campagne et peut-on savoir pourquoi c’est en cette période que l’évangélisme en Algérie s’est tellement amplifié ?
M. Bouamrane Cheikh : Comme vous le dites, le phénomène de l’évangélisation a toujours existé en Algérie, bien qu’il n’ait jamais pu prendre racine dans notre pays, y compris aux pires moments de la colonisation. Notre peuple est attaché à la religion de ses ancêtres, religion qui lui donne sérénité, équilibre, esprit de solidarité et amour de la liberté et de la dignité. Les seuls cas d’évangélisation que nous avons connus sont le fait d’orphelins recueillis par le cardinal Lavigerie pendant la grande famine qu’a connue l’Algérie dans les années 1866-1868. Si cette campagne prend maintenant des proportions alarmantes, c’est parce qu’elle vient dans un contexte particulier marqué par la volonté d’une grande puissance de propager la religion évangéliste partout dans le monde, tout particulièrement dans le monde musulman. Une telle campagne est menée par les néo-conservateurs évangélistes alliés aux sionistes avec des moyens financiers importants. Elle est destinée à former une minorité chrétienne au sein de la majorité musulmane pour pouvoir intervenir dans les affaires du pays.
D’après vous, y a-t-il un courant politique qui encourage la pratique de l’évangélisme en Algérie? Et puis, n’est’ce pas que cette pratique est l’une des conséquences néfastes de la mondialisation ?
Comme je viens de vous le dire, ce n’est un secret pour personne que cette campagne est soutenue et encouragée par les milieux que je viens de citer. Il est clair pour nous qu’elle ne se propose pas de sauver des âmes, de créer des minorités dans le monde musulman. Les musulmans ont une religion révélée et n’ont nullement besoin de nouveaux sauveurs.
Une vive polémique s’est fait jour tout récemment entre deux institutions cultuelles du pays, à savoir le HCI dont vous êtes le premier responsable et le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs. La polémique a trait bien sûr à la gestion du fonds de la zakat. Pouvez-vous nous expliqué quelle est votre position sur cette question et aussi en quoi consistent exactement les reproches que vous avez émis au sujet de la gestion du fonds de la zakat ?
En réalité, il ne s’agit pas de polémique, mais d’un malentendu qui a été dissipé. Il fallait répondre à une question : la zakat doit-elle passer par une caisse ou aller directement aux pauvres, aux nécessiteux et autres catégories précisées par le Coran ?
Certaines sources affirment que le ministre des Affaires religieuses aurait sollicité le président de la République pour que ce dernier procède à la dissolution du HCI ou alors le placer sous tutelle des Affaires religieuse et des wakfs. Quel est votre commentaire à ce sujet?
Ce sont des rumeurs qui n’ont aucun fondement.
Le HCI est une institution constitutionnelle dépendant directement de la présidence de la République, créée en 1996 pour encourager et promouvoir «l’idjtihad» ; cependant, ce que l’on a pu constater depuis quelque temps, c’est plutôt cette attitude d’indifférence, pour ne pas dire de désintéressement par rapport à l’implication du HCI dans la lutte contre le terrorisme en général et les attentats suicides en particulier. Peut-on dès lors savoir pourquoi le HCI ne s’implique pas, bien sûr à sa manière, par la condamnation des attentats dans la lutte antiterroriste ?
Le HCI a toujours condamné les actes de violence et les attentats. Vous n’avez qu’à consulter les nombreux textes et communiqués que nous avons publiés à ce sujet.
Compte tenu que seul l’avortement thérapeutique est autorisé actuellement dans notre pays, quel est votre avis quant à la nécessité de l’élargissement de cette pratique aux cas où la femme fait l’objet d’un viol et désire procéder à l’interruption volontaire de la grossesse (IVG) ?
Le HCI a publié une fetwa en ce sens en 2001, alors qu’ils était dirigé par mon prédécesseurs le Professeur Abdelmadjid Meziane (que Dieu lui accorde Sa miséricorde). Vous pouvez vous y référer.
Face à la recrudescence des viols durant les années noires, les autorités civiles et religieuses ont réagi en autorisant l’avortement pour les femmes victimes de la barbarie terroriste. Etant donné que le nombre de femmes ayant fait l’objet de viols de toute autre nature est actuellement en augmentation effarante, qu’est-ce que vous proposez comme solution pour les femmes qui refusent de garder leurs bébés non désirés ?
Il a été répondu à cette question plus haut.
Selon les chiffres du ministère de la solidarité nationale, pas moins de 5 000 enfants abandonnés, nés hors mariage, sont enregistrés chaque année dans notre pays. Qu’est-ce que vous proposez pour assister et soutenir ces femmes qui payent souvent pour des actes qu’elles n’ont pas commis?
L’Etat a le devoir de prendre en charge ces enfants et de trouver des solutions pertinentes pour les mères célibataires.
Entretien réalisé par Karim Aoudia
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