Le département d’état évoque l’“ethnie kabyle”
Le rapport en clair-obscur du département d’État américain sur les droits de l’Homme en Algérie en 2007 traite, pour ainsi dire, avec une certaine légèreté, une réalité algérienne, dont la méconnaissance manifeste prête allègrement le flanc à une schématisation propice aux amalgames.
Il en est ainsi, par exemple, quand il s’est agi pour les observateurs américains de la scène politique algérienne de distribuer les bons points sur le chapitre de la participation libre et active au processus politique de ce qu’ils définissent comme “la minorité ethnique berbère”, dont le nombre est estimé par leurs soins à “environ neuf millions de personnes”. Neuf millions de personnes que le département d’État américain cantonne dans la région de Kabylie, avec tout ce que cela peut supposer en lectures grosses de lourds sous-entendus sur la situation des droits de l’Homme dans une région dont les Américains, pour des raisons qu’ils semblent être les seuls à connaître marquent la différence avec le reste du pays.
À ce que l’on sache, l’Algérie a toujours revendiqué sa berbérité, consacrée du reste constitutionnellement comme l’un des principaux fondements de son identité. Loin d’être une concession à une minorité ethnique, la reconnaissance de la berbérité traduit une réalité nourrie à la mamelle de l’histoire du peuple algérien où se reconnaissent tous les citoyens de ce pays.
Par ailleurs, le même rapport décline l’interdiction de la vente de plus de 1 100 livres religieux à caractère subversif durant la dernière Foire d’Alger comme une atteinte aux droits de l’Homme. Ignorant ainsi les ravages que ce genre de littérature, destinée à l’endoctrinement des jeunes, peut faire à un moment où le terrorisme reprend du poil de la bête.
L’Algérie vient donc d’être gratifiée par le rapport du département d’État d’une bonne évolution de la situation des droits de l’Homme, puisqu’il était exclu, en 2007, de son état des lieux, les meurtres arbitraires ou illégaux, ainsi que les emprisonnements et les détentions à caractère politique dont il n’a jamais, par le passé, absous le gouvernement et ses agents.
Le rapport relève à la décharge du gouvernement la présence massive des antennes paraboliques, faisant ainsi la part belle à l’ouverture du citoyen algérien sur l’Occident à travers les chaînes européennes (60% des ménages, selon les Américains). Toutefois, le document déplore que le gouvernement n’autorise pas la création de chaînes de radio ou de télévision privées.
De bons points également sur le plan social où le rapport note que “dans les zones urbaines, des femmes ont été socialement encouragées à poursuivre des études supérieures ou une carrière”. Avec cette mention que “le taux de réussite au secondaire (baccalauréat) est meilleur chez les filles que chez les garçons. Sur la question des droits de travail prévus par la Constitution et par les lois existantes, le département d’État semble rassuré puisqu’il souligne que le gouvernement a respecté la plupart. Il le sera moins quand il s’agit pour lui des rapports du gouvernement avec les médias”.
Le gouvernement a utilisé des lois concernant la diffamation pour harceler et arrêter des journalistes, et la presse a fait face à des représailles pour avoir critiqué des responsables dans le gouvernement.
Zahir Benmostepha (Liberté)
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