«Si les Arabes imaginent qu’ils peuvent nous provoquer à faire la guerre et que parce que nous sommes peu nombreux, ils gagneront facilement, ils commettent une lourde erreur. Notre campagne englobera les 13 millions de Juifs de tous les pays du monde. Et chacun sait combien de chefs d’État, combien de décideurs politiques, combien de personnes de grande sagesse, de grande richesse et de grande influence nous avons en Europe et aux États-Unis.»
Joseph Klaunser dans Ha’aretz: Propos rapportés par Tom Segev (2001),
Depuis quelque temps, les dirigeants israéliens multiplient les pressions et déclarations visant à faire d’Israël la patrie du peuple juif. Ce vocable d’Etat du peuple juif commence à faire son chemin dans l’imaginaire occidental qui n’a pas de réticence à l’admettre au nom de la dette éternelle. Pour Tom Segev historien et politologue et une des plumes les plus libres d’Israël qui rapporte une étude du professeur Sand:
«La Déclaration d’indépendance d’Israël dit que le peuple juif est né sur la terre d’Israël et a été exilé de son pays natal. Chaque écolier israélien apprend que cela s’est passé pendant la période de domination romaine, en 70 après J-C.. La nation est restée fidèle à sa terre, à laquelle elle a commencé à revenir après deux millénaires d’exil. Faux, dit l’historien Shlomo Sand, dans l’un des livres les plus fascinants et stimulants publiés ici depuis longtemps. Il n’y a jamais eu de peuple juif, seulement une religion juive, et l’exil non plus n’a jamais eu lieu - il n’y a donc pas eu de retour. Sand rejette la plupart des histoires de la formation de l’identité nationale dans la Bible, y compris l’exode d’Égypte et, de façon plus satisfaisante, les horreurs de la conquête sous Josué. Tout cela est de la fiction et un mythe qui a servi d’excuse à la création de l’État d’Israël, affirme-t-il.»(1)
«Selon Sand, les Romains n’ont généralement pas exilé des nations entières, et la plupart des Juifs ont été autorisés à rester dans le pays. Le nombre de ces exilés a été tout au plus de quelques dizaines de milliers. Lorsque le pays a été conquis par les Arabes, beaucoup de Juifs se sont convertis à l’Islam et ont été assimilés parmi les conquérants. Il s’ensuit que les ancêtres des Arabes palestiniens étaient des Juifs. Sand n’a pas inventé cette thèse, 30 ans avant la Déclaration d’indépendance, celle-ci a été endossée par David Ben Gourion, Yitzhak Ben-Zvi et d’autres».
Inventions et fictions
«Si la majorité des Juifs ne se sont pas exilés, comment se fait-il qu’un si grand nombre d’entre eux a atteint presque tous les pays sur la terre?
Sand affirme qu’ils ont émigré de leur propre gré, ou, s’ils étaient parmi ceux exilés à Babylone, ils y sont restés par choix. Contrairement à une croyance conventionnelle, la religion juive a tenté d’inciter les membres d’autres confessions à devenir Juifs, ce qui explique comment on en est venu à compter des millions de juifs de par le monde. Comme le Livre d’Esther, par exemple, le note: «Et la plupart des gens du pays sont devenus Juifs, par crainte que les Juifs ne les attaquent.»
Sand cite de nombreuses études existantes, dont certaines ont été écrites en Israël, mais évacuées du discours central. Il décrit également en détail le royaume juif de Himyar, dans le sud de la péninsule arabique et les juifs berbères en Afrique du Nord. La communauté des Juifs d’Espagne était issue d’Arabes devenus juifs et arrivés avec les forces qui conquirent l’Espagne des Chrétiens, et d’individus nés en Europe qui étaient aussi devenus juifs.(1)
Les premiers Juifs d’Ashkenaz (l’Allemagne) ne provenaient pas de la terre d’Israël et ne sont pas parvenus en Europe de l’Est d’Allemagne, mais étaient devenus des juifs dans le royaume khazar dans le Caucase. Sand explique les origines de la culture yiddish: ce n’était pas une importation juive d’Allemagne, mais le résultat de la connexion entre la lignée des Kuzari et des Allemands ayant voyagé vers l’Est, dont certains en tant que marchands. Nous constatons donc que les membres d’une variété de peuples et de races, blonds et noirs, bruns et jaunes, sont devenus des juifs en grand nombre. Selon Sand, le besoin des sionistes de s’inventer une ethnicité partage et une continuité historique a produit une longue série d’inventions et de fictions, ainsi que le recours à des thèses racistes.
Certaines ont été concoctées dans l’esprit de ceux qui ont conçu le mouvement sioniste, tandis que d’autres ont été présentées comme les conclusions d’ études génétiques menées en Israël. (é)
Le Professeur Zand enseigne à l’Université de Tel Aviv. Son ouvrage «Quand et comment le peuple juif a-t-il été inventé?» (When and How was the Jewish People Invented?) (publié par les éditions Resling, en hébreu), vise à promouvoir l’idée qu’Israël devrait être un «Etat de tous ses citoyens» -Juifs, Arabes et autres- par opposition à son identité proclamée de «pays juif et démocratique». Des histoires personnelles, une discussion théorique profuse et des saillies sarcastiques nombreuses ne servent pas l’ouvrage, mais ses chapitres historiques sont bien écrits, et ils citent de nombreux faits et analyses que beaucoup d’Israéliens seront étonnés de lire pour la toute première fois.(2)
«Dans leur majorité, les Juifs dits de la "diaspora" n’ont aucune attache ancestrale avec la Palestine et que les Palestiniens ne sont
pas autre chose que les autochtones de la Palestine: tour à tour polythéistes, Juifs puis Chrétiens et/ou Musulmans. C’est que l’histoire de la Palestine ne diffère pas fondamentalement de celle d’autres contrées que nous incluons dans ce que nous appelons actuellement le monde arabe. Les Arabes n’ont pas supplanté les peuples autochtones, que ce soit en Palestine, en Syrie, en Egypte ou en Algérie. Partout très minoritaires, ils ont obtenu, en général lentement, contrairement aux idées reçues, la conversion à l’Islam de franges plus ou moins larges de la population des nations qu’ils dominaient. Le mouvement d’islamisation ne cessant d’ailleurs pas avec la fin de la domination politique arabe».(3)
«Cet article sera surtout utile pour ceux qui persistent à voir dans le conflit palestino-sioniste un différend de nature religieuse, et entre deux légitimités dont l’une se fonde sur un droit au retour après un exil bimillénaire. Comme on le savait, mais c’est bien de l’entendre dire par un historien, ce long exil est une fiction. Et la tragédie palestinienne n’est que le résultat d’une oeuvre coloniale tout ce qu’il y a de classique, à quelques nuances près.
On observe alors que des membres de différents peuples et races, blonds et noirs, bruns et jaunes, devinrent juifs en grand nombre. D’après Zand, le besoin pour le sionisme d’imaginer pour eux une ethnicité partagée et une continuité historique a conduit à une longue série d’inventions et de fictions à côté de l’invocation de thèses racistes. Certaines ont été concoctées dans le cerveau de ceux qui ont conçu le mouvement sioniste tandis que d’autres viennent des découvertes d’études génétiques réalisées en Israël. Il n’y a pas de diaspora juive».(3)
Comment l’Etat d’Israël a-t-il été créé? Il faut remonter à ce fameux Congrès de Bâle où Théodore Herzl, le père du sionisme, écrivait en septembre 1897: «Si je devais résumer le Congrès de Bâle en un mot ce serait celui-ci: à Bâle, j’ai fondé l’État des Juifs». L’Etat d’Israel n’a jamais cessé de se vouloir occidental. «Là-bas [ au Moyen-Orient] nous établirions un mur contre la Barbarie», tel était leur credo incanté constamment pour convaincre l’Occident. Pourtant peut-on parler de peuples juifs quand on voit la mosaïque des Juifs venus de différents horizons et avec des statuts différentiés en Israël? Il est connu par exemple que les Juifs nord- africains qui ont vécu au Maghreb depuis deux mille ans, les Séfarades sont autrement moins bien considérés que les Ashkénazes venus d’Europe centrale. L’une des plus anciennes synagogue juive - Lalla Ghriba- se trouve à Djerba. Se pose alors la question:
Qu’est ce qu’un sémite? Il est généralement admis que les Arabes sont aussi des sémites.
Quand Finkielkraut parle d’antisémitisme, désigne-t-il une religion ou un peuple, les blonds d’Europe centrale ou les Séfarades cousins des Arabes? Pourtant, le mot antisémitisme est devenu une marque déposée qui ne concerne que le peuple juif ou plus exactement les Juifs
Joseph Klaunser dans Ha’aretz: Propos rapportés par Tom Segev (2001),
Depuis quelque temps, les dirigeants israéliens multiplient les pressions et déclarations visant à faire d’Israël la patrie du peuple juif. Ce vocable d’Etat du peuple juif commence à faire son chemin dans l’imaginaire occidental qui n’a pas de réticence à l’admettre au nom de la dette éternelle. Pour Tom Segev historien et politologue et une des plumes les plus libres d’Israël qui rapporte une étude du professeur Sand:
«La Déclaration d’indépendance d’Israël dit que le peuple juif est né sur la terre d’Israël et a été exilé de son pays natal. Chaque écolier israélien apprend que cela s’est passé pendant la période de domination romaine, en 70 après J-C.. La nation est restée fidèle à sa terre, à laquelle elle a commencé à revenir après deux millénaires d’exil. Faux, dit l’historien Shlomo Sand, dans l’un des livres les plus fascinants et stimulants publiés ici depuis longtemps. Il n’y a jamais eu de peuple juif, seulement une religion juive, et l’exil non plus n’a jamais eu lieu - il n’y a donc pas eu de retour. Sand rejette la plupart des histoires de la formation de l’identité nationale dans la Bible, y compris l’exode d’Égypte et, de façon plus satisfaisante, les horreurs de la conquête sous Josué. Tout cela est de la fiction et un mythe qui a servi d’excuse à la création de l’État d’Israël, affirme-t-il.»(1)
«Selon Sand, les Romains n’ont généralement pas exilé des nations entières, et la plupart des Juifs ont été autorisés à rester dans le pays. Le nombre de ces exilés a été tout au plus de quelques dizaines de milliers. Lorsque le pays a été conquis par les Arabes, beaucoup de Juifs se sont convertis à l’Islam et ont été assimilés parmi les conquérants. Il s’ensuit que les ancêtres des Arabes palestiniens étaient des Juifs. Sand n’a pas inventé cette thèse, 30 ans avant la Déclaration d’indépendance, celle-ci a été endossée par David Ben Gourion, Yitzhak Ben-Zvi et d’autres».
Inventions et fictions
«Si la majorité des Juifs ne se sont pas exilés, comment se fait-il qu’un si grand nombre d’entre eux a atteint presque tous les pays sur la terre?
Sand affirme qu’ils ont émigré de leur propre gré, ou, s’ils étaient parmi ceux exilés à Babylone, ils y sont restés par choix. Contrairement à une croyance conventionnelle, la religion juive a tenté d’inciter les membres d’autres confessions à devenir Juifs, ce qui explique comment on en est venu à compter des millions de juifs de par le monde. Comme le Livre d’Esther, par exemple, le note: «Et la plupart des gens du pays sont devenus Juifs, par crainte que les Juifs ne les attaquent.»
Sand cite de nombreuses études existantes, dont certaines ont été écrites en Israël, mais évacuées du discours central. Il décrit également en détail le royaume juif de Himyar, dans le sud de la péninsule arabique et les juifs berbères en Afrique du Nord. La communauté des Juifs d’Espagne était issue d’Arabes devenus juifs et arrivés avec les forces qui conquirent l’Espagne des Chrétiens, et d’individus nés en Europe qui étaient aussi devenus juifs.(1)
Les premiers Juifs d’Ashkenaz (l’Allemagne) ne provenaient pas de la terre d’Israël et ne sont pas parvenus en Europe de l’Est d’Allemagne, mais étaient devenus des juifs dans le royaume khazar dans le Caucase. Sand explique les origines de la culture yiddish: ce n’était pas une importation juive d’Allemagne, mais le résultat de la connexion entre la lignée des Kuzari et des Allemands ayant voyagé vers l’Est, dont certains en tant que marchands. Nous constatons donc que les membres d’une variété de peuples et de races, blonds et noirs, bruns et jaunes, sont devenus des juifs en grand nombre. Selon Sand, le besoin des sionistes de s’inventer une ethnicité partage et une continuité historique a produit une longue série d’inventions et de fictions, ainsi que le recours à des thèses racistes.
Certaines ont été concoctées dans l’esprit de ceux qui ont conçu le mouvement sioniste, tandis que d’autres ont été présentées comme les conclusions d’ études génétiques menées en Israël. (é)
Le Professeur Zand enseigne à l’Université de Tel Aviv. Son ouvrage «Quand et comment le peuple juif a-t-il été inventé?» (When and How was the Jewish People Invented?) (publié par les éditions Resling, en hébreu), vise à promouvoir l’idée qu’Israël devrait être un «Etat de tous ses citoyens» -Juifs, Arabes et autres- par opposition à son identité proclamée de «pays juif et démocratique». Des histoires personnelles, une discussion théorique profuse et des saillies sarcastiques nombreuses ne servent pas l’ouvrage, mais ses chapitres historiques sont bien écrits, et ils citent de nombreux faits et analyses que beaucoup d’Israéliens seront étonnés de lire pour la toute première fois.(2)
«Dans leur majorité, les Juifs dits de la "diaspora" n’ont aucune attache ancestrale avec la Palestine et que les Palestiniens ne sont
pas autre chose que les autochtones de la Palestine: tour à tour polythéistes, Juifs puis Chrétiens et/ou Musulmans. C’est que l’histoire de la Palestine ne diffère pas fondamentalement de celle d’autres contrées que nous incluons dans ce que nous appelons actuellement le monde arabe. Les Arabes n’ont pas supplanté les peuples autochtones, que ce soit en Palestine, en Syrie, en Egypte ou en Algérie. Partout très minoritaires, ils ont obtenu, en général lentement, contrairement aux idées reçues, la conversion à l’Islam de franges plus ou moins larges de la population des nations qu’ils dominaient. Le mouvement d’islamisation ne cessant d’ailleurs pas avec la fin de la domination politique arabe».(3)
«Cet article sera surtout utile pour ceux qui persistent à voir dans le conflit palestino-sioniste un différend de nature religieuse, et entre deux légitimités dont l’une se fonde sur un droit au retour après un exil bimillénaire. Comme on le savait, mais c’est bien de l’entendre dire par un historien, ce long exil est une fiction. Et la tragédie palestinienne n’est que le résultat d’une oeuvre coloniale tout ce qu’il y a de classique, à quelques nuances près.
On observe alors que des membres de différents peuples et races, blonds et noirs, bruns et jaunes, devinrent juifs en grand nombre. D’après Zand, le besoin pour le sionisme d’imaginer pour eux une ethnicité partagée et une continuité historique a conduit à une longue série d’inventions et de fictions à côté de l’invocation de thèses racistes. Certaines ont été concoctées dans le cerveau de ceux qui ont conçu le mouvement sioniste tandis que d’autres viennent des découvertes d’études génétiques réalisées en Israël. Il n’y a pas de diaspora juive».(3)
Comment l’Etat d’Israël a-t-il été créé? Il faut remonter à ce fameux Congrès de Bâle où Théodore Herzl, le père du sionisme, écrivait en septembre 1897: «Si je devais résumer le Congrès de Bâle en un mot ce serait celui-ci: à Bâle, j’ai fondé l’État des Juifs». L’Etat d’Israel n’a jamais cessé de se vouloir occidental. «Là-bas [ au Moyen-Orient] nous établirions un mur contre la Barbarie», tel était leur credo incanté constamment pour convaincre l’Occident. Pourtant peut-on parler de peuples juifs quand on voit la mosaïque des Juifs venus de différents horizons et avec des statuts différentiés en Israël? Il est connu par exemple que les Juifs nord- africains qui ont vécu au Maghreb depuis deux mille ans, les Séfarades sont autrement moins bien considérés que les Ashkénazes venus d’Europe centrale. L’une des plus anciennes synagogue juive - Lalla Ghriba- se trouve à Djerba. Se pose alors la question:
Qu’est ce qu’un sémite? Il est généralement admis que les Arabes sont aussi des sémites.
Quand Finkielkraut parle d’antisémitisme, désigne-t-il une religion ou un peuple, les blonds d’Europe centrale ou les Séfarades cousins des Arabes? Pourtant, le mot antisémitisme est devenu une marque déposée qui ne concerne que le peuple juif ou plus exactement les Juifs
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