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Les nouvelles réalités de l'économie mondiale

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  • Les nouvelles réalités de l'économie mondiale

    L’économie mondiale prend peu à peu un visage très différent de celui des années 1980 et 1990. La journée de mardi 11 mars a été marquée par deux nouveaux records sur les places boursières : celui du prix du baril de brut, qui frôlait les 110 dollars à New York, et celui du dollar qui tombait à son plus bas niveau historique, avec 1,5495 dollar pour un euro.

    Sont ainsi confirmées deux nouvelles constantes qui contribuent à façonner un nouveau paysage de l’économie mondiale, avec trois autres évolutions : le chômage en baisse, l’inflation qui revient et le fort potentiel d’investissement de pays émergents qui accumulent les dollars en réserves. Ce changement des caractéristiques de l’économie internationale aura un impact sur les politiques qui devront être décidées en France.

    Plus de 1,50 dollar pour un euro
    Le dollar plonge et devrait continuer à le faire, sous les effets des baisses de taux d’intérêt répétées de la Réserve fédérale américaine, la Fed. Sa prochaine réunion est prévue le 18 mars et les analystes tablent sur une baisse d’un demi-point du taux directeur, à 2,50 %. La Réserve fédérale veille à la conduite de la croissance américaine.

    Au moindre signe de récession, elle prend les devants en abaissant les taux pour faciliter le crédit et ainsi la reprise. Or, depuis août dernier, les indicateurs s’accumulent pour confirmer la menace de récession américaine. L’année s’est terminée avec une croissance de 2,2 %, la plus faible depuis cinq ans. Et le Fonds monétaire international a abaissé ses prévisions de croissance à 1,5 % pour 2008.

    La Banque centrale européenne (BCE) ne suivant pas les baisses de la Fed, l’argent est mieux rémunéré en zone euro que de l’autre côté de l’Atlantique. Cela a pour effet d’apprécier l’euro et de creuser l’avantage concurrentiel des produits fabriqués en dollars.

    Jusqu’à présent, la détérioration progressive du taux de change du dollar a plutôt servi les États-Unis. Ils ont pu réduire pour la première fois en six ans leur déficit commercial l’an dernier. Vu d’Europe, un dollar faible donne un avantage compétitif aux produits concurrents libellés en monnaie américaine. Mais il atténue aussi le choc de la hausse des matières premières, dont le pétrole.

    Plus de 100 dollars pour un baril de pétrole
    Alors qu’aucune tension particulière ne s’exerce sur la production ou la consommation mondiales, le baril de pétrole s’est installé au-dessus des 100 dollars. La croissance mondiale, et notamment chinoise, explique depuis trois ans une bonne partie de la hausse du prix des hydrocarbures, comme des autres matières premières agricoles et minières.

    Mais depuis quatre mois, on prévoit un ralentissement de cette croissance mondiale. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a ainsi revu à la baisse ses prévisions de consommation mondiale de pétrole. Elle ne croîtrait plus que de 1,3 % par an. En outre, l’hiver dans les pays occidentaux a été jusqu’à présent plutôt doux, ce qui a limité les consommations d’énergie.

    Les raisons de la hausse actuelle du brut sont plutôt à rechercher du côté de la déprime boursière. Les fonds spéculatifs se portent massivement sur le pétrole. Leurs achats en font monter le prix. Le pétrole joue ainsi le rôle de valeur refuge, comme d’autres matières premières, dont l’or.

    Plus de 3 000 milliards de dollars dans les fonds souverains
    La richesse mondiale se crée maintenant au Sud. L’Asie en développement représente 30 % de cette richesse, contre 10 % il y a trente ans. Les usines chinoises et les puits de pétrole des monarchies du Golfe permettent aux pays émergents d’accumuler des milliards de dollars d’avoirs.

    Il s’agit ensuite de les employer. Adia, le fonds d’Abou Dhabi, gère 875 milliards de dollars d’actifs (564 milliards d’euros). En début d’année, la Chine a annoncé qu’elle constituait un fonds de 200 milliards de dollars (129 milliards d’euros).

    Cet argent amassé par les pays émergents fait vivre à crédit les pays du Nord : ses détenteurs cherchent la sécurité, le plaçant en bons du Trésor américain émis pour financer les déficits, ou dans des prises de participation de sociétés occidentales, lorsqu’elles se trouvent en difficulté, comme récemment la banque Citigroup.

    Mais la motivation de ces fonds d’État chinois, russe ou émirati, qui ont toutes les chances de grossir au gré des excédents commerciaux, inquiète. Les ministres des pays les plus riches du G7 demandent plus de transparence sur leurs intentions. Pour eux, le bon exemple à suivre serait le fonds norvégien, gérant les revenus du pétrole pour les générations futures indépendamment du gouvernement norvégien et dont la règle est de prendre des participations très faibles dans les entreprises.

    Moins de 6 % pour le taux de chômage
    Le chômage recule dans les pays occidentaux sous les effets conjoints d’une croissance économique jusqu’ici exceptionnelle et d’une flexibilité du marché de l’emploi qui conduit à des emplois plus précaires qu’auparavant.

    En France, 2007 s’est terminé sur un fort recul du taux de chômage, à 7,5 %, son plus bas niveau depuis 25 ans. Aux États-Unis, malgré les signes de récession, le chômage ne devrait pas dépasser 5 % cette année.

    Mais, dans les pays industrialisés, où l’on prévoit un chômage de 5,5 %, l’emploi ne protège plus contre la pauvreté. Durant ce quart de siècle, le marché du travail a évolué, avec l’émergence du temps partiel, d’allers-retours entre emploi et chômage, et une accélération des départs en retraite depuis 2005. Sur les 3,7 millions d’offres d’emploi déposées à l’ANPE en 2007, un tiers seulement proposait un recrutement en contrat à durée indéterminée (CDI). En France, entre 2003 et 2005, la part des personnes en emploi « précaire » est ainsi passée de 16,7 % des salariés à 17,3 %.

    Plus de 4 % pour le taux d’inflation
    L’inflation pourrait redevenir un problème majeur pour la croissance mondiale. Elle est au plus haut dans la zone euro, à 3,2 % sur un an en février. En Chine, elle a enregistré en février son plus haut niveau en douze ans, l’indice des prix à la consommation bondissant de 8,7 %. Aux États-Unis, la hausse des prix atteignait 3,7 % sur un an en janvier, son sommet depuis 17 ans.

    Avec le ralentissement actuel de la croissance, le danger d’une stagflation revient hanter les États-Unis, même si l’inflation actuelle se situe encore loin des niveaux observés durant les années 1970. Les produits de consommation courante comme le café, le coton ou le blé, sont pris dans cette tourmente des prix.

    « La récente flambée des prix des matières premières, notamment alimentaires, en raison d’une difficulté à pourvoir la demande des pays émergents, nous rappelle que la mondialisation peut aussi créer des risques inflationnistes », a jugé Jean-Claude Trichet, président de la BCE.

    par Pierre COCHEZ - la Croix
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