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Les dialectes arabes Maghrebins (1)

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  • Les dialectes arabes Maghrebins (1)

    Un peu de lécture pour ceux qui s'intéressent aux caracteristiques et aux origines des divers dialectes arabes du Maghreb :

    Il est un grand caractère phonétique qui s'applique à la grande majorité des parlers arabes maghrébins, sans cependant convenir à tous ni se limiter à eux seuls puisqu'on le relève aussi dans certains parlers du Machreq : une perte considérabl du matériel vocalique et, par conséquence, une tendance marquée vers les teintes neutres du vocalisme bref.

    Dans tous les parlers du N. du Maroc, de l'Algérie, de la Tunisie, dans tous ceux du Sahara Occidental, la voyelle brève tombe en syllabe ouverte v + c + v. L'éffort articulatoire se porte vers la fin du mot et en neglige le début de sorte que le mot dissylabique devient monosyllabique : dharab devient dhrab ("il a frappe"), farah devient frah ("joie").

    La réduction s'opère aussi quand le radical du mot est suivi de suffixe ou de desinence, ou précédé de préfixe : dharabou devient dharbou ("ils ont frappe") ; tadhribouhou devient tedhrbou ("tu le frappes") ; shajara devient shejra ... etc.

    La concentration des élements est parfois si forte que tout élement vocalique disparait : qsba ("roseau") sh-khssk ? ("qu'est-ce qui te prends ?") ... etc. Ce sont les parlers du Maroc, notamment ceux très dégradés des villes, ou le fait s'observe le plus couramment.

    Dans cette évolution qui porte les idiomes strictement parlés a réduir les élements du language (de par la loi du moindre effort), les voyelles brèves de timbre i et ou sont les plus exposées car, étant de faible aperture, elles semblent par nature très vulnérables étant donné que le moindre relâchement des organes de la parole en dénature le timbre original, voire les fait disparaitre totalement.

    C'est ce que relève l'état des parlers de Syrie au même titre que ceux du Fezzan-Cyrénaïque et du S. de la Tunisie qui sont, en quelque sorte, la charnière entre les parlers arabes maghrébins et ceux du Machreq : de la voyelle a il subsiste toujours quelque chose, soit un élément bien conservé comme dans dharab, halîb ("lait") ; soit un élément altéré comme roubatt pour rabatt ("il a attaché") ou toubag pour tabaq ("corbeille) ... etc.
    Dernière modification par Harrachi78, 25 août 2015, 10h49.
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

  • #2
    Les dialectes arabes Maghrebins (2)

    Dans la morphologie, il est également des traits qu'on pourrait à divers degrés considérer comme typiquement maghrébins. Le plus caractéristique étant la présence de l'indice n- à la première personne du singulier de l'inacompli des verbes, remplaçant l'initiale hamza ('-) qui est générale dans les parlers du Machreq, l'Egypte étant la limite orientale de l'usage maghrebin du n-.

    La substitution de n- a '-, déja rapportée par Ibn Khaldoun dans les chants populaires des Bani Hilal qu'il avait receuilli, est enregistré par Ibn Quzman pour l'Andalousie à l'époque Almoravide et se retrouve dans la Sicile normande du Moyen-Age. Cette innovation morphologique propre à l'Occident musulman consiste a créer un indice personnel du singulier à l'analogie de l'indice pluriel qui est lui tradionnel en arabe : naf'alou ("nous faisons") devient donc naf3al ("je fais").

    Dans le meme sillage, un thème verbal dérivé, f3âal (s'inspitant des thèmes arabes anciens IX-XI) exprime la valeur résultative : k'hâal ("il noirci") ; byâadh ("il est devenu blanc") ; twâal ("il est devenu long") ... etc.

    A l'analogie des dérivations de valeurs médio-passive, à prefixe t- comme tfa33al (qui vient des theme II fa33al) et tfâ3el (du theme VI fâ3al), l'arabe Maghrebin a forgé, comme certains parlers du Machreq, un tf3al en face du theme I (f3al) qu'il en use souvent au détriment de nf3al et même qu'il lui arrive de combiner tf3al et ntf3al pour donner des ntf3al ou des tnef3al : ntejrah ("il s'est blesse") ; tenehreq ("il s'est brule") ... etc.

    Parmi les schèmes nominaux à vocalisme long de l'arabe classique, un semble être devenu spécifiquement maghrébin : f3îl. Celui-ci, anciennement en langue arabe scheme de masdar assez rare (en usage éssentiellement pour les verbes exprimant un bruit ou un cri), est devenu dans les parlers maghrebins le masdar le plus employé des verbes d'action : chtîh ("danse") ; ghsîl ("lavage") ... etc.

    Lui est semblable le cas d'extension analogique du pluriel, f3âlîl comme pour ma3nâ ("sens", "allusion") qui devient au pluriel m'aani ; ou pour mechta ("peigne") qui devient mchaati.
    La suite plus tard incha Allah ...
    Dernière modification par Harrachi78, 25 août 2015, 11h06.
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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    • #3
      Une question

      Si on s'amuse à évaluer les parlers des différentes parties du monde arabe, lequel serait le plus proche de l'arabe classique ?
      J'ai l'impression que c'est l'égyptien et plus précisément celui du Sa3iid, non ?
      Une autre question qui me taraude : c'est la négation, dans presque tous les parlers dialectaux c'est sh Ex makanesh (il n y a pas, maghrébin) mafish(égyptien), alors si quelqu'un peut nous éclairer sur l'origine de ce sh pour la négation ça serait génial.
      Ainsi va le monde

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      • #4
        Un élément de réponse

        Une autre question qui me taraude : c'est la négation, dans presque tous les parlers dialectaux c'est sh Ex makanesh (il n y a pas, maghrébin) mafish(égyptien), alors si quelqu'un peut nous éclairer sur l'origine de ce sh pour la négation ça serait génial.
        Je réponds à moi même lol
        Le berbère y est pour quelque chose, c'est certain
        Un Chawi pour dire manekoulesh (je ne mange pas) il dit Outhetchersh lol c'est pas du Tifinegh ça.
        Mais le contre exemple c'est le cas des orientaux qui n'ont pas connu, excepté dans des temps immémoriaux, le contact avec la population berbèrophone.
        Ainsi va le monde

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        • #5
          Mais le contre exemple c'est le cas des orientaux qui n'ont pas connu, excepté dans des temps immémoriaux, le contact avec la population berbèrophone
          .

          N'ya t il pas là un argument pour plaider le contraire, je pense que le sh ou ch (pourquoi avec s ?) appartient à l'arabe dialectal.

          Dans le berbere, la négation c'est : "ur .... ara" pour "ne .... pas" si on veut.

          Pour les chawi je pense aussi qu'ils disent " ur ...... ch" !!

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          • #6
            ai l'impression que c'est l'égyptien et plus précisément celui du Sa3iid, non ?
            Une autre question qui me taraude : c'est la négation, dans presque tous les parlers dialectaux c'est sh Ex makanesh (il n y a pas, maghrébin) mafish(égyptien), alors si quelqu'un peut nous éclairer sur l'origine de ce sh pour la négation ça serait génial.
            le ch est le reliquat de chay/chi (chose)
            que l'on retrouve dans ulach ( wa la chi). On peut entendre "ulach" dans certains parlers afghans, à l'occasion de reportages.

            En ce qui concerne les langues vernaculaires arabes du Maghreb, elles étaient considérées comme des variante d'une langue maghrébine à part entière par le colon, enseignée dans les écoles d'administration coloniale (notamment CHEAM), avec des précis de grammaire détaillés comme celui de P. Marçais. Si le colon avait bien compris l'intérêt de se faire comprendre, les États indépendants ont bien compris celui de ne pas se faire comprendre.
            Dernière modification par absente, 16 mars 2008, 12h17.

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            • #7
              Si le colon avait bien compris l'intérêt de se faire comprendre, les États indépendants ont bien compris celui de ne pas se faire comprendre.
              Voila, tout est la.

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              • #8
                "Les Arabes se sont entendus pour ne pas s'entendre et les jours où ils ont cherché à s'entendre ils ne s'entendaient plus"

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                • #9
                  le ch est le reliquat de chay/chi (chose)
                  que l'on retrouve dans ulach ( wa la chi). On peut entendre "ulach" dans certains parlers afghans, à l'occasion de reportages.
                  Le mystère est en grande partie élucidé, merci absente
                  Ainsi va le monde

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                  • #10
                    aller la suite lol

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                    • #11
                      je pense qu'il n'y a pas de lien entre le suffixe arabe "ch" et le suffixe berbere "ch" qui expriment tous deux la négation.
                      le suffixe berbere vient de "kra" qui signifie chose, il a été déformé en kabyle en "ara" et en chaoui en "ch". (car kra se prononce chra dans les parlers zenetes dont font partie le chaoui et le rif).
                      la particule "kra" existe encore dans les parlers du sud du maroc.

                      kra --> ara en kabyle
                      kra --> chra --> ch dans les parlers zenetes (chaoui, rif, etc...)
                      kra --> kra en tachelhit

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                      • #12
                        Les dialectes arabes Maghrebins (3)

                        Les rapport syntaxiques font apparaitre un certain nombre d'innovations dialectales typiquement maghrebines. On notera particulierement :

                        I) La creation d'un veritable article indefini pour exprimer l'etat du nom indetermine

                        C'est le numéral "un" (wâhed) qui sert a cet usage. Invariable, il est suivi du nom détérminé soit par l'article défini el- (l'arabe classique rajouloun ("un homme") devient wâhed er-râjel, parfois réduit à wahi, wah, ha er-rajel) ; soit par un complément déterminatif (wâhed sahbi = "un ami à moi") ...

                        II) La tendance à éliminer l'annéxion direcrte du complément déterminatif au nom (idhâfa en arabe classique)

                        Ainsi, au lieu du classique rihet el-ward ("parfum des roses") on ajoute une particule de liaison pour devenir er-riha ntâ3 el-ward. La présence de mtâ3 (de l'arabe classique matâ3 = "bien", "propriété") est deja attestée dans les parlers d'Andalousie et dans la Chronique Almohade de Baydhaq (13e siecle) et s'étend de l'Atlantique à l'Egypte (betaa').

                        La même évolution s'obsèrve dans les parlers arabes du Machreq, sauf que certaines des particules de liaison sont typiquement maghrébines comme d, di, dyal (Maroc, Algerie) ou la (issu de mtâ3 a Malte).

                        III) Usage du préverbe ta ou ka (surtout au Maroc) pour marquer l'action réelle dans le présent

                        Le ka marocain semble être le même préverbe semi-flexible ka-ku (qui vient de kan-ikoun = "était"-"sera") et qu'on trouve avec une valeur prèsque analogue en Algérie (Kabylie Orientale notamment), alors qu'en Libye (Cyrénaïque, Fezzan) c'est le ba, b du Machreq qui est en usage.

                        IV) Tous les parlers arabes du Maghreb utilisent un représentatif de l'idée verbale qui associe l'imperatif au verbe arabe "voir" (ra'â) aux affixes personnels pour constater la réalité d'un état ou d'une action, dans le présent ou dans le passé :

                        a) Devant un verbe (accompli ou inacompli) : râni jît ("voici que je suis venu") ; râh yebki ("le voila qui pleure") ... etc.

                        b) En proposition nominale : râk mridh ("c'est que tu es malade") ; râhoum l-temm ("ils sont la bas") ... etc.

                        Une tournure négative s'est créee par le même procédeé donnant : mâ-rânich ou maanich ("je ne suis pas") ; mâ-râkch ou mâ-kch ("tu n'es pas") ; mâ-hûch ("il n'es pas") ... etc. qui sont plus utilisés en proposition nominale que verbale.
                        A suivre ...
                        Dernière modification par Harrachi78, 25 août 2015, 11h39.
                        "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                        • #13
                          La creation d'un veritable article indefini pour exprimer l'etat du nom indetermine

                          C'est le numeral "un" (wahed) qui sert a cet usage. Invariable, il est suivi du nom determine soit par l'article defini el- (l'arabe classique rajouloun ("un homme") devient wahed errajel, parfois reduit a wahi, wah, ha errajel) ; soit par un complement determinatif (wahed sahbi = "un ami a moi") ...
                          Merci Harrachi c'est une info bien utile. Je comprend un peu mieux d'où vient, ce qu'on appelle chez-moi, "el ha el jijeliya"....ha erajel, ha el kerssi, ha el kahwa...etc.
                          (رأيي صحيح يحتمل الخطأ، ورأي غيري خطأ يحتمل الصواب (الامام الشافعي

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                          • #14
                            Les dialectes arabes Maghrebins (4)

                            V) Renouvelement des particules :

                            Une des principales originalités des parlers arabes maghrébins consiste dans la création d'un indice -âch (-âh dans certaines régions, -êsh a Malte, -iyyesh dans le N. Constanstinois), qui provient de l'arabe classique ayy chay', et qui sert à former des adverbes ou des conjonctions quand il est combiné avec des noms ou des prépositions :

                            bâch ? ("par quoi ?" en arabe classique bi ayy chay' ?) ; lâch ? ou 3lâch ? ("pourquoi ?" à l'origine limâ dha a-chay' ?) ; kifâch ("comment ?", kayfa dha a-chay') ; qeddâch ? ("combien ?" bi qadr kam ...) ... etc.

                            Le mot arabe classique kayf ("comment" devenu kîf) s'emploie lui comme préposition au sens de "comme", "semblable à" (kîf-kîf dans certaines régions) et comme conjonction ("lorsque", "étant donné que" ... etc.)

                            VI) La tournure mâ-zâl (en arabe classique lam yazal = "demeure encore", "n'a pas cesse")

                            Conjuguée ou invariable, elle sert à exprimer la notion de "encore !" ou "pas encore ?", bien que certaines régions (Malte notamment) utilisent 3âd (en arabe classique "revenir") pour ce besoin.
                            La suite ...
                            Dernière modification par Harrachi78, 25 août 2015, 11h47.
                            "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                            • #15
                              Les dialectes arabes Maghrebins (5)

                              C'est le fait vocabulaire qui diffirencie le plus les parlers arabes du Maghreb de ceux du Machreq. Ainsi, cette petite liste de mots est-elle exclusivement maghrébine :

                              - lamîn (en arabe classique el-amin) désigne pour les Maghrebins le "chef de corporation".
                              - anjâs ou lanjâs (parfois lanzâch) = "poire" existe depuis l'époque andalouse.
                              - berrâd = "theillère"
                              - bezzûla = "sein" ou "mamelle" existe du Sénégal jusqu'en Libye en passant par Malte, le Fezzan utilisant le mot arabe classique thedyy.
                              - bâkôur = déja connu en Andalousie, c'est la seule désignation pour la "figue" au Maroc et en Algerie, alors qu'en Tunisie et à Malte on dit bithâr ou baytar.
                              - bekkôuch = "muet" partout dans le Maghreb.
                              - bellâredj (parfois bellârendj ou berrârej) = "cigogne" et proviendrait du grec pelargos.
                              - tây (atây, latây) = "thé"
                              - terrâs = "individu", "personne" ou "piéton". Il provient de l'arabe classique tarrâs ("valet d'arme", "porteur de bouclier").
                              - terfâs = "truffes"
                              - chta = "pluie" et "hiver". L'arabe classique chitâ' désigne uniquement la saison
                              - tabrouri = "grêle". Il s'agit d'un mot berbère à l'origine
                              - jrâna = "grenouille"
                              - jughma = "gorgée"
                              - hoût = "poisson". En arabe classique ce mot renvoie plutot vers "baleine"
                              - khudmi = "couteau" ou "canife. Il est d'origine andalouse
                              - khemmem = "reflechis"
                              - dechra = "village" ou toute aglomeration rurale
                              - râchi = "pourri" ou "peu solide"
                              - hrach = "rude" ou "rugeux"
                              - zreb = "il a fait vite"
                              - zoûdj = en arabe classique signifiant "une paire", ce mot a presque totalement remplace thnin pour exprimer le numeral "deux", y compris a Malte.
                              ...
                              A suivre .....
                              Dernière modification par Harrachi78, 25 août 2015, 11h54.
                              "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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