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Harcèlement sexuel en milieu professionnel

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  • Harcèlement sexuel en milieu professionnel

    Rompre l’omerta

    Chaque jour, et à n’importe quel moment, les femmes sont exposées aux violences, passant de l’agression verbale dans la rue, attouchements dans les bus ou dans les marchés au harcèlement sexuel dans le milieu familial ou celui du travail, allant parfois jusqu’au viol. Diverses violences touchent spécialement les femmes, le harcèlement sexuel est l’un des actes ayant des effets graves, particulièrement sur mental des victimes, car il porte gravement atteinte à leur dignité. Elles sont blessées, humiliées et fragilisées.

    La plupart d’entre elles subissent ces actes en silence, sans avoir le courage de les dénoncer par peur de passer du statut de " victime " à celui de " coupable " par ce qui leur est arrivé. Pour l’année 2007, les services de la Sûreté nationale ont enregistré les plaintes environ 174 femmes victimes de harcèlement sexuel dans le milieu professionnel.

    La femme harcelée et les idées " mal " reçues...

    " La femme harcelée récolte ce qu’elle a semé ", estiment la majorité des personnes interrogées à ce sujet. Un jeune de 29 ans dira : " la plupart des femmes veulent à tout prix attirer l’attention et les regards des hommes, et ce par leur façon de s’habiller, de parler ou de marcher ". " Elles méritent ce qui leur arrive ", a-t-il poursuivi. C’est le regard dur de la société posé sur la femme : cette dernière est considérée comme étant à l’origine de tous les problèmes que subit la société. Au-delà de cette attitude, il est important de préciser que la femme est victime, surtout quand il s’agit de harcèlement sexuel en milieu professionnel où elle est rarement jugée sur sa compétence ou son intelligence, comparativement à ses collègues de sexe masculin.

    Les mots ne pourront jamais traduire les souffrances de ces femmes…

    Sujet autrefois tabou, le harcèlement sexuel sur le lieu de travail sort de plus en plus de l’ombre ces dernières années car les langues ont commencé peu à peu à se délier.
    Conscientes de la lâcheté de " leur entourage ", la plupart des victimes préfèrent se taire. Nous nous sommes rapprochés de ces femmes nous avons pu constater la gravité de ces violences, qui laissent des séquelles des années, surtout sur le plan mental.
    Certaines de ces femmes n’ont pas osé déposer plainte ou témoigner, de peur d’être reconnues par leurs proches, mais d’autres par contre n’ont pas hésité à nous faire confiance et nous raconter leurs douloureuses épreuves.
    Hayet, 43 ans, mariée, raconte : " Dans l’usine de confection où je travaille, le " maître " profite de son poste pour me faire des avances en m’invitant souvent à sortir avec lui. J’ai quatre enfants. Ce responsable malhonnête ne me laisse pas bosser en paix. Il veut que je sois à sa disposition à l’intérieur et à l’extérieur de l’usine. Je subissais un calvaire. A la fin, j’ai dû renoncer à mon job pour rester définitivement à la maison ". Après un moment de silence elle continue : " J’ai démissionné et je ne regrette rien ; au contraire, cette mésaventure m’a permis de corriger certaines idées fausses que j’avais auparavant ". Un autre cas, pas très différent de celui de Hayet, il s’agit cette fois-ci d’une jeune fille qui n’a même pas atteint trente ans : Leila, est une jeune demoiselle ravissante, âgée de 25 ans, une licenciée en sciences commerciales. Cette dernière a tenu à nous assurer d’une voix chargée de colère : " Il est préférable à la femme harcelée de se taire pour sa famille et pour son entourage, car il ne sert absolument à rien de crier au scandale. Nous sommes dans une société qui a plein de tabous, et cellle d’entre nous qui tentera de dénoncer son harceleur mettra sa dignité en jeu ". Juste après l’obtention de son diplôme, Leila a eu “la chance” de trouver facilement un job dans une société privée spécialisée dans la pièce détachée. Assumant le poste " chargée de clientèle ", la jeune fille avait décidé après une année d’hésitation et de souffrance de dénoncer le comportement abusif de son responsable hiérarchique. " Durant une année, j’ai fait l’objet de harcèlements de la part de mon supérieur direct ; j’ai tenté de me confier à quelques-unes de mes collègues mais j’ai eu l’impression de " prêcher " dans le désert : personne n’a cru à mon histoire ", a-t-elle déclaré avec une note de désarroi. Elle s’interrompit un moment…puis nous fixant elle poursuivit : " Vous pouvez donc imaginer la réaction de la société vis-à-vis de la femme harcelée ". Comme elle n’a pas cédé, Leila a perdu son poste de travail, espérant trouver un autre emploi où seules les qualités professionnelles seraient requises. L’agresseur était jusque-là le seul bénéficiaire de ce silence, et dans ce cas précis il a été constaté que les femmes travaillant dans le secteur privé ne dénoncent pas leur harceleur car il faut pouvoir prouver ce harcèlement par ces femmes auxquelles la plupart des droits ne sont pas reconnus.

    Un centre d’écoute et d’aide aux femmes victimes de harcèlement sexuel...

    " Le harcèlement sexuel n’est pas nouveau mais les nouvelles conditions socio-économiques de l’ordre libéral faites de rareté et de précarité de l’emploi forment un terreau propice à son extension ", a affirmé Mme Soumia Salhi, présidente de la Commission nationale des femmes travailleuses à l’UGTA.
    Devant l’ampleur de ce phénomène qui a commencé à prendre des proportions alarmantes, selon Mme Soumia Salhi, les femmes travailleuses ont décidé de franchir le pas et de chercher les moyens de se défendre, par une médiation administrative, syndicale, ou bien une action en justice grâce à l’article 341 bis du code pénal portant incrimination du harcèlement sexuel.
    Afin de venir en aide à ces femmes en détresse, la Commission nationale des femmes travailleuses (CNFT), affiliée à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), a mis en place en décembre 2003 un centre d’écoute et d’aide aux femmes travailleuses victimes de harcèlements sexuels sur le lieu du travail. " Elles sont nombreuses à franchir le pas et demander de l’aide au 021 66 36 60 ", a affirmé Mme Soumia Salhi, ajoutant que le nombre d'appels reçus au centre d'écoute durant l'exercice 2007 est de 267. Il s'agit de témoignages de cas de harcèlements sexuels en milieu professionnel et plusieurs procès sont en cours au niveau des tribunaux, y compris la Cour suprême.
    La présidente du CNFT s’est dit " satisfaite " car selon elle ces appels à l’aide et cette recherche lui donnent de l’espoir quant au changement du " regard " et du comportement de ces femmes envers elles-mêmes. Que ces femmes se reconstruisent donc en parlant et en se battant pour défendre leurs droits au travail dans le respect et la dignité !
    Sur le plan technique, Mme Hassani Wahiba, psychologue au CHU Mustapha et consultante au centre d’écoute, nous a affirmé : " A partir du moment où l’on reçoit un appel, on essaye de rassurer la personne sur l’anonymat et la confidentialité des membres du centre. Ces femmes commencent alors à parler d’elles-mêmes, avouant en fin de compte leurs douloureuses expériences ".
    Elles racontent rarement à leurs familles et leurs amis ce qu’elles subissent de la part de leur harceleur de peur d’ébruiter l’affaire, ce qui les amène à passer du statut de " victime " à celui de " coupable ", selon Mme Hassani, qui ajoute: " Notre rôle est de rassurer les femmes harcelées et de leur dire qu’elles ne sont pas seules dans leur combat, et aussi de les orienter vers les différents dispositifs qu’elles auront à suivre, à savoir: les femmes doivent éviter leur harceleur, se confier aux collègues ou bien aller voir par exemple s’il y a un médecin de travail ou une assistante sociale ". " Des troubles physiques et psychologiques sont remarqués chez la plupart des femmes harcelées, c’est une sorte de traumatisme que la victime ne peut raconter ", a affirmé la psychologue. Pour conclure, Mme Soumia Salhi, a tenu à expliquer que la mise en place d’un centre d’écoute est quelque chose de bien, mais cela doit être une institution organisée, structurée et ayant les moyens humains et matériels conséquents. Par son existence et sa fonction, un centre d’écoute devient un organe de veille qui nous renseigne sur l’état de la société, ses pulsations intimes, les relations sociales problématiques, leurs dérèglements, leurs conséquences et les possibilités d’intervention pour qu’elle soit-moins " malade ".

    - Par la Depeche de Kabylie
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