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Situation sécuritaire:Les deux phases du terrorisme

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    Situation sécuritaire 300
    Les deux phases du terrorisme (Partie 3)
    Dès 1997, la vague terroriste sous sa première forme est brisée. Il n’en reste que de petits groupes dispersés dans les montagnes au nord du pays, qui continuent cependant à se réclamer, pour la plupart tout au moins, de la même organisation, le GIA. Mais dès ce moment, ce sigle tend à disparaître au profit d’un autre, le GSPC. Pour l’essentiel, c’est toute la nébuleuse terroriste qui revêt le nouvel uniforme. Ce passage ne s’est pas fait tout seul, mais à l’issue d’un conflit implacable entre les différents émirs pour le leadership au sein de la nouvelle organisation. Pendant des mois, l’information sécuritaire tourne autour de cette guerre qui a été sanglante. Elle n’a pas peu contribué à clairsemer alors les rangs des groupes terroristes. L’histoire de ces nuits aux longs couteaux reste à faire. Mais une chose est hors de doute, les pertes du côté terroriste ont été importantes ; c’était par dizaines que des corps sont découverts à différents endroits du pays, tombés dans ce qui paraissait avoir été de véritables batailles rangées, à moins que ce ne soit dans des embuscades qui leur avaient été tendues par des groupes parfaitement au courant de leurs mouvements, ou en lesquels ils avaient confiance. Quoi qu’il en soit, avant de rallier tous le GSPC, les groupes non complètement décimés, et qui se réclamaient jusque-là du GIA, se sont affrontés pendant toute une période de transition, au terme de laquelle il n’est plus rien resté de l’ancienne organisation. Cette guerre intestine se produit à la fin des années 1990, sous la présidence de Liamine Zeroual, élu en novembre 1995.
    L’élection présidentielle de la fin de 1995 constitue un tournant. Elle n’aurait pu se tenir si la vague terroriste n’était pas retombée, et si les larges masses n’avaient pas encore choisi leur camp. Elle vient en couronnement à toute une évolution, à la fois politique et militaire. Plus l’échéance se rapproche, plus devient perceptible la détermination de l’opinion de faire élire un président de la République , en l’occurrence Liamine Zeroual. Or, l’enjeu principal se situe précisément dans le niveau de la participation. Si celui-ci est important, cela veut dire que l’opinion condamne le terrorisme tout en récusant le choix du dialogue avec les représentants attitrés de l’islamisme radical, le courant dont procèdent les groupes armés, et si la participation est au contraire des plus faibles, cela signifie que la majorité des Algériens sont pour la solution négociée, celle-là même que proposent alors les partis se qualifiant de véritable opposition, et qui se trouve formulée dans le Contrat de Rome. On sait que le scrutin donne lieu à un véritable rush des électeurs, tant dans le pays que dans les différentes communautés à l’étranger. Le débat s’en trouve du même coup tranché. Le pays a fait clairement le choix de ne pas dialoguer avec les partisans de la violence, sous quelque habit qu’ils se présentent d’ailleurs. Et ce choix a été d’autant plus marqué que « la véritable opposition », dont faisait partie le FLN, a appelé au boycott de cette présidentielle.
    L’année 1995 a été importante à un autre titre. C’est dans le courant de cette année que l’AIS, qui se donne pour la branche armée de l’ex-Fis, prend le parti d’arrêter l’action armée, en attendant de rendre les armes. Ne restent plus en activité que les groupes encore affiliés au GIA, dont le déclin commence, et ceux, de plus en plus nombreux, qui se réclament de la nouvelle organisation le GSPC. C’est pourtant dans les mois suivants que la violence atteint le summum. Les groupes terroristes, pour punir la population qui non seulement ne se reconnaît pas dans leur combat, mais presque partout s’est armée pour se défendre contre leurs exactions, qui se multiplient, perpètrent des massacres collectifs, au plus profond de montagnes comme à la périphérie des villes, dans des endroits censés être bien mieux protégés que les villages, pour certains si retirés qu’ils semblent surgir du néant pour y retourner aussitôt, mais cette fois-ci à la suite d’un carnage. Leurs survivants choisiront l’exode vers les villes les plus proches. Ils y sont encore pour certains d’entre eux. Ces déplacés se comptent par centaines de milliers. Mais ces massacres ne sont pas seulement punitifs. Ceux qui les commettent visent un autre objectif : les faire imputer aux forces de sécurité, et plus généralement au courant qui appelle à ne leur céder en rien, qu’eux-mêmes et leurs alliés ont baptisé de courant éradicateur. Ces tueries n’étaient pas gratuites ou la seule expression de la bestialité de ceux qui les commettaient. Il s’agissait d’entretenir par leur intermédiaire le doute sur la véritable identité du camp qui en était responsable. D’où le choix de certaines d’entre elles, notamment de celle de Bentalha, dans la ceinture d’Alger et à proximité d’une caserne, dans le but évident d’orienter les soupçons vers les forces de sécurité.
    Le GIA n’aurait pas tenu cette ligne s’il avait

  • #2
    Le GIA n’aurait pas tenu cette ligne s’il avait été livré à lui-même. Depuis le début du terrorisme, une frange de l’opinion, qui disposait de relais internationaux, s’était chargée de faire semblant d’ignorer pour sa part qui est réellement derrière les actes de violence dans leur totalité. La question « Qui tue qui ? » accompagne le terrorisme depuis le début. On peut dire que dans le cas algérien, elle en est indissociable. Cette affectation de doute, simulée sans discontinuer par la foule des réconciliateurs, aux appartenances politiques diverses, est un trait marquant de ces années de terreur. Tout se passait comme si ceux-là mêmes qui se qualifiaient de réconciliateurs constituaient l’aile politique d’un courant, dont l’autre aile, la branche militaire, était formée par les groupes armés. Ils ont été marchands de sang, comme ils furent d’ailleurs taxés par leurs adversaires, aussi longtemps que cela avait été possible. Sans eux, la crise aurait été différente. Il est fort probable qu’elle aurait été moins sanglante et qu’elle aurait duré moins de temps. Même le nom par lequel ils se sont fait connaître était usurpé. En effet, qui en appelle au dialogue et milite pour faire cesser la violence, a pour première règle de conduite de ne pas prendre ouvertement parti entre les deux camps belligérants. En prenant au contraire position en faveur de l’un contre l’autre, il attise le feu au lieu de l’éteindre comme il le souhaiterait, à moins que son intention réelle ne soit pas d’aboutir à une réconciliation mais à la victoire du camp choisi pour allié. Nos réconciliateurs auront tout fait pour innocenter des groupes terroristes particulièrement sanguinaires, et par là même pour faire condamner les forces engagées contre eux, sur le terrain sécuritaire ou au plan politique. Rappelons, en effet, que le Contrat de Rome considère comme légitime la violence commise par les groupes armés, qualifiée dans ce document de résistance populaire devant le coup d’Etat de janvier 1992 et ses conséquences. C’est pourquoi la double interrogation n’est pas l’expression de quelqu’un qui s’avoue incapable de comprendre les motifs de cette violence démesurée, et plus encore de l’imputer à un bord plutôt qu’à un autre, mais la machine de guerre par laquelle une partie de l’opinion conteste les dires de leurs adversaires politiques, aux affiliations aussi diverses que les leurs, qui pour leur part en attribuent la responsabilité aux groupes intégristes. Ce qui veut dire qu’ils pointent le doigt vers une autre direction: les forces de sécurité et autres groupes d’autodéfense. La forme interrogative ne trompait personne. Chacun savait bien que c’était là une accusation directe. Le but était évidemment de convaincre la communauté internationale afin d’obtenir une condamnation du régime, ce qui aurait eu pour conséquence immédiate de transformer la défaite militaire du terrorisme, dont ils ont pris fait et cause sous couleur de rejeter la violence d’où qu’elle vienne, en une victoire politique, dans la croyance que celle-ci serait la leur avant d’être celle des groupes armés.

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    • #3
      Le « qui tu qui ? » est passé de mode. Celui qui feindrait aujourd’hui de ne pas savoir exactement qui sont ces groupes qui tiennent la montagne et en sortent le temps de commettre un attentat, passerait sans doute soit pour un attardé mental, soit pour un amuseur, en aucune façon pour un politique retors ou particulièrement cynique, capable de faire douter des évidences. Le cynisme de ceux qui agitaient cette question par le passé éclate maintenant au grand jour, c’est maintenant qu’il se dénonce pour ce qu’il est. Il n’y a aucune raison en effet pour qu’ils admettent aujourd’hui ce qu’ils contestaient hier. Ou ils ignoraient sincèrement qui était derrière cette violence sans précédent, plus souvent exercée d’ailleurs contre la population civile que contre les forces de sécurité, et il n’y a alors aucune raison pour qu’ils le sachent aujourd’hui, d’autant qu’ils soutiennent encore à l’occasion qu’ils étaient dans le vrai quand ils menaient campagne sur le thème du « qui tue qui ? ». Et il n’y a par conséquent aucune raison justifiant l’abandon de leurs doutes, dont on sait qu’ils ne bénéficiaient qu’à un seul bord, celui-là même qu’ils ont choisi d’appuyer contre vents et marées. Ou ils connaissaient le coupable, mais orientaient exprès les soupçons vers le camp d’en face. Le fait est qu’il impossible aujourd’hui d’enfourcher ce cheval-là. Il y avait une certaine vraisemblance à soutenir que le vrai coupable n’est pas celui que l’on croit, et cela tant que la violence avait un caractère massif autorisant d’une certaine façon à la qualifier de résistance populaire. « Le qui tue qui tue ? » devient impraticable dès lors que le terrorisme a perdu ce caractère. On peut donc dire que le procédé est mort de sa belle mort. La réalité a cessé de lui donner prise. Lui-même dépendait des circonstances dans lesquelles il est apparu.
      Le reflux du terrorisme et le début de sa transformation, celle-ci étant scandée par l’extinction rapide du GIA et la montée en puissance du GSPC, est l’arrière-fond réel sur lequel se détache la politique de réconciliation nationale menée dès son accession au pouvoir par Abdelaziz Bouteflika. C’est la raison pour laquelle elle n’a de commun que le nom avec la réconciliation prônée par la « véritable opposition » dans le Contrat de Rome. Elle sera menée en deux étapes. La première, celle de la concorde civile, se borne dans son principe à régulariser au point de vue juridique la situation de l’AIS, la branche armée du parti dissous, qui a mis fin à l’action armée quatre ans auparavant. Mais elle va plus loin, puisqu’elle donne lieu à la libération de plusieurs milliers de terroristes qui se trouvaient en prison. Quant à la seconde, la politique de réconciliation, elle prend la forme d’une offre d’amnistie pour tout terroriste qui rendrait les armes. Elle s’adresse aux terroristes encore en activité, mais à titre individuel. Elle propose des remèdes aux retombées de la crise, comme la question des disparitions, l’indemnisation des victimes, et l’abandon des poursuites contre les forces de sécurité dans les cas de dépassements. Il s’agissait de créer les conditions permettant au pays de surmonter la crise, de tourner la page, de trouver un nouveau départ. Mais cet objectif restait conditionné par le retour à la paix civile, par le rétablissement de la sécurité sur tout le territoire national. Tant qu’il y a des terroristes en activité, la réconciliation n’est pas atteinte, même si les premiers sont une poignée et que la société dans son ensemble vit en paix.

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      • #4
        Bien que la réconciliation se soit donnée pour une politique dépassant le cadre sécuritaire, il n’en reste pas moins que c’est exclusivement à cette aune-là qu’elle est mesurée. Une amélioration de la situation sécuritaire, si elle avait été incontestable, aurait été inévitablement portée à son actif. Et d’ailleurs des mois après sa mise en œuvre, toutes les occasions ont été bonnes pour les membres du gouvernement, mais aussi pour d’autres responsables, pour faire son éloge, proclamer sa sagesse et les bienfaits qui en ont découlé. Il se trouve que ces discours ne sont plus de saison. Aujourd’hui, il est convenu de la tenir pour une politique par définition limitée dans le temps, l’offre faite aux terroristes toujours sur la brèche ne pouvant courir indéfiniment.
        M. Habili

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