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L’Algérie courtisée

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  • L’Algérie courtisée

    Mais qu’ont-ils donc tous, ces chefs d’Etats et tous ces princes, à accourir à Alger ? On interrogerait quelques musiciens de la clique de Haras El-Djoumhouri en mal de permission on aurait probablement des réponses peu amènes pour tous ces visiteurs de marque. Mais ce n’est pas la bonne exécution des hymnes nationaux sur le tarmac de l’aéroport Houari-Boumediène qui laisse le plus de traces de ces visites. Ces responsables politiques ont des agendas chargés. Si l’on insiste à chaque fois sur les relations bilatérales entre leurs pays et l’Algérie, cela ne répond pas à la question essentielle : pourquoi tant d’intérêt pour l’Algérie aujourd’hui ?
    Certes, personne ne va se plaindre. Ni les musiciens de la garde républicaine ni même le président Bouteflika. D’abord parce qu’il n’y a pas lieu de ne pas accueillir, comme le veulent les traditions du pays, les hôtes de l’Algérie, mais aussi parce que cela rompt avec un passé pas si lointain où l’Algérie présentait l’image d’un pays quasiment infréquentable. Dans le même temps, cet intérêt politique est révélateur d’intérêts économiques sous-jacents, mais que personne ne peut feindre d’ignorer. L’Algérie est aujourd’hui un pays aux potentialités économiques multiples et c’est un marché ouvert. Un eldorado peut-être ? Dans le langage politique, cela ne se dit pas, d’autant que cela signifierait que l’Algérie n’intéresse que pour ses potentialités économiques. Effectivement, une telle analyse ne ferait que mésestimer un pan essentiel du poids international de l’Algérie constitué par sa diplomatie. L’Algérie est une voix qui compte (nous l’avons vu dans le règlement du conflit Erythrée-Ethiopie ou dans les conflits au nord du Mali et du Niger). Cette voix algérienne, qui a repris ses accents assurés, est écoutée en ce qui concerne le Sahara Occidental, le conflit au Proche- Orient, la situation en Irak, au Darfour, le dossier nucléaire iranien et sur bien d’autres thèmes. Cette diplomatie pondérée et modérée a permis d’afficher des positions claires et constantes sur les questions essentielles lui permettant de jouer parfois un rôle décisif pour le règlement de conflits ou de certaines situations difficiles. Pourquoi alors le monde libre se passerait-il des services et des conseils d’un pays qui a repris sa place dans le concert des nations ?
    Mais il ne fait aucun doute que l’embellie économique permet aussi à l’Algérie de s’inscrire dans une dynamique internationale alors que le libéralisme est devenu un choix irréversible. Cette ouverture économique intéresse tous les opérateurs économiques étrangers, qui ne conçoivent leur prospérité que dans un mouvement mondial dans lequel l’Algérie a sa place. Un marché vierge, des potentialités en rade, même dans le secteur des hydrocarbures, ne sont pas pour déplaire. Comme on le sait, les chefs d’Etat et de gouvernement aiment bien jouer les VRP pour leurs opérateurs économiques d’autant qu’on comprendrait mal à quoi pourrait bien servir une bonne politique si elle n’apporte rien au plan économique. Finalement, les Présidents en visite à Alger se retrouvent à placer leurs entreprises, à favoriser la recherche de pistes pour des partenariats fructueux et même à monter des affaires (pas pour leur enrichissement personnel bien entendu) rentables.

  • #2
    La France, suivie de l’Espagne
    Si on évalue la visite du président français Nicolas Sarkozy en Algérie en juillet dernier, on trouve beaucoup de dossiers économiques. Sur les dossiers politiques, la seule initiative est l’Union méditerranéenne qui reste à faire. Au centre de ce voyage, une offre d’alliance Sonatrach-GDF qui n’a pas séduit les algériens. Nicolas Sarkozy voulait trancher des questions problématiques, à commencer par le gaz. Il a trouvé intéressant, mais pas Chakib Khelil, de nouer des relations privilégiées et stratégiques entre le groupe Sonatrach et Gaz de France. Mais qu’on ne s’y trompe pas, le chef d'Etat français incite les entreprises françaises à plus de présence sur le marché algérien, au risque de se faire devancer par les compagnies américaines, italiennes ou espagnoles, notamment dans le secteur pétrolier, et cela ils ne se le font pas dire deux fois. Aujourd’hui, 250 entreprises françaises sont présentes en Algérie sur des secteurs essentiels (énergie, projets d’infrastructures, finance).
    Fût-il éclair, le voyage du Premier ministre espagnol, à Alger, fin juillet, n'était pas non plus sans intérêt économique. La visite de José Luis Rodríguez Zapateroa permis, entre autres, d’apaiser une tension réelle entre l’Algérie et l’Espagne sur le dossier Medgaz. Le conflit en est arrivé au point où le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a, dans une de ses déclarations, souligné à mots à peine voilés que l'Algérie pouvait se passer de ce gazoduc. Quand l’économique vacille, c’est le politique qui vient à la rescousse.
    Les Emirats suivi par l’Iran
    Il y a eu aussi cette visite fort remarquée celle de Cheikh Khalifa Ben Zayed Al Nahian, président des Emirats Arabes Unis. Dans ce cas, il ne s’est agi que d’économie. Les ambitions émiraties sont connues. Tout ce qui est économique les intéresse et ils ont jeté leur dévolu sur l’Algérie depuis longtemps. Activités portuaires, bâtiment, services, tout intéresse les émiratis et le Cheikh Kahlifa n’est pas reparti les mains vides d’Alger. Les investissements attendus en Algérie se chiffrent en milliards de dollars.
    Visite très suivie aussi, celle du Président iranien. Certes, quand on est président de l’Iran, on pourrait imaginer que les questions économiques sont à la limite secondaire et que l’on a d’abord besoin de soutiens politiques. Le dossier nucléaire et le conflit avec les Emirats Arabes Unis ont eu leur part de discussions, mais ce pays présente des atouts considérables en matière économique qu'il y a lieu de faire fructifier, en coopération avec des pays comme l'Algérie. Mécanique, agroalimentaire, services bancaires, hydrocarbures connaissent des évolutions tout à fait intéressantes. Le marché algérien présente sans nul doute de belles opportunités et le Président iranien souhaite coopérer avec Alger dans les domaines que l'Iran maîtrise le mieux : l'énergie et le nucléaire. Il se pourrait même que la première voiture algérienne soit d’origine iranienne.
    Des perspectives qui renseignent sur la capacité de l’Algérie de séduire, maintenant, et qui indiquent sans nul doute que sur le plan économique, le pays se porte bien. Pourtant, dans un pays où se crée et se développe la richesse, le désespoir des jeunes harraga repêchés en haute mer n’en est que plus incompréhensible.
    Mohamed Chakiroullah

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