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Un nouveau système constructif voit le jour:Y a-t-il preneur pour le “béton blindé” ?

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  • Un nouveau système constructif voit le jour:Y a-t-il preneur pour le “béton blindé” ?

    Noureddine Haouam et l’équipe de chercheurs multidisciplinaire avec laquelle il travaille récidivent. Après le four de troisième grade pour la dégradation des huiles askarels (hautement toxiques et cancérigènes) et le procédé de traitement des eaux usées mis au point il y a quelques années et présenté aux responsables des secteurs concernés, voilà qu’ils reviennent cette année avec une autre innovation dont le but est de construire plus solidement, plus rapidement et avec des coûts nettement plus avantageux que les méthodes classiques. L’idée de mettre au point cette construction est venue à la suite du séisme de mai 2003 qui a lourdement touché la région de Boumerdès. Après plusieurs visites sur le terrain, une équipe de chercheurs, membres de l’Union nationale des inventeurs et sociétés innovantes, a récolté toutes les informations et observations pouvant être déduites du séisme pour comprendre les raisons qui ont poussé des structures métalliques et en béton à s’écrouler comme des châteaux de cartes. Il y a, bien sûr, la qualité du ciment, du sable et du rond à béton à mettre cause. Mais il y a aussi, selon ces chercheurs, la manière et la technique de construction qui leur semble déterminante dans la solidité et la sécurité d’un ouvrage lorsqu’il est soumis à une charge aussi importante qu’un séisme comme celui qu’a connu Boumerdès en 2003. Partant de là, Haouam et son équipe se sont attelés, depuis cette date, à étudier les raisons exactes qui ont fait que des “constructions normalisées” ont pu céder le jour du séisme. “Lorsqu’il y a un tremblement de terre, voire même une explosion, l’onde de choc n’est pas absorbée par le béton. Ce dernier ne diffuse pas rapidement l’énergie qu’il reçoit, alors il s’écroule”, nous explique Noureddine Haouam lors d’une visite sur le site du prototype de la maison en béton blindé sis à Ouled Moussa (dans la région de Réghaïa).
    La particularité du “système constructif” mis au point par Haouam et son équipe est qu’il ne comporte pas de rond à béton et n’a pas besoin de poutres en bois puisque le coffrage “n’est pas du tout nécessaire”. Par contre, il repose sur une charpente métallique.
    Qualifié “d’unique au monde” par ses concepteurs, ce système constructif “permet d’allier les caractéristiques des constructions en béton armé à celle de la charpente métallique, tout en donnant des caractéristiques de résistances aux séismes, aux vents, des caractéristiques d’isolation thermique et phonique de loin plus performantes que celles des construction habituelles, comme nous l’ont prouvé les études soumises aux instances de contrôle concernés”, explique l’équipe de chercheurs dans une lettre adressée au ministère de l’Habitat et à celui de la PME-PMI, ainsi qu’aux différents organismes publics comme le CNERIB et le CTC, les invitant à venir vérifier.
    L’intérêt économique de ce procédé de construction est qu’il ne consomme pas deux des principaux composants, en l’occurrence le rond à béton et le bois, utilisés dans le système habituel ; par conséquent il permet de réduire sérieusement le recours à l’importation de ces deux produits. “La charpente en métal (de type E24) dont nous avons besoin pour ce système est produite localement par ANABIB”, rassure Noureddine Haouam. Il nous explique que l’entreprise publique peut même fabriquer une autre qualité de charpente, de types X42 et X52, dont la particularité est de résister deux fois plus à la compression que le E24. “Le pilier de 12 centimètres de diamètre (M. Haouam n’a pas souhaité qu’on diffuse les photos de la structure métallique pour des raison évidentes de protection de l’invention) permet de construire jusqu’à 10 étages”, explique notre interlocuteur.
    Autre particularité de cette technique, selon ses inventeurs, c’est qu’“elle permet la préfabrication en usine de tous ses éléments, permettant de réduire les coûts de fabrication ainsi que les délais de réalisation à plus de 40% des coûts et des délais standards”. Si les caractéristiques sont telles qu’elles sont décrites, autant parler de révolution et non pas d’innovation uniquement. Car quand on connaît les problèmes du secteur de l’habitat en Algérie qui sont justement liés au coût, à la consommation de matériaux de construction (béton, rond à béton…) et à la durée souvent hors normes, ce nouveau procédé, s’il venait à être admis (après contrôle bien évidemment) donne l’espoir d’un règlement rapide de la lancinante question du logement.
    Même le transport des matériaux se trouve conséquemment réduit puisque le poids des composants de ce système “fait que ce type de construction ne mobilise pas de moyens de levage très importants, rendant la réalisation en régie beaucoup plus accessible au particulier, dont souvent les habitations en cours de construction prennent des années faute de gros moyens financiers”, lit-on dans la lettre d’invitation adressée au ministre de l’Habitat à venir visiter le prototype en construction de la maison. Quant au coût, Haouam l’évalue à environ 900 000 DA pour la maison de 55 m2 qu’il construit actuellement à Ouled Moussa.
    La particularité de cette construction, c’est que les murs ne cèdent pas facilement. Le grillage utilisé permet de “disperser l’énergie dans toute la maison, réduisant ainsi la menace d’une forte secousse tellurique”, explique Noureddine Haouam. “Même si le mur cède, il s’effrite à la verticale, il ne s’écroule pas sur les habitants”, ajoute-t-il pour plus de précision.
    De plus, le concept utilise du polystyrène pour béton (jusqu’à présent importé mais qu’on peut fabriquer localement, selon M. Haouam) pour garantir une isolation thermique et phonique à la maison, ce qui permet aussi la réduction de la facture énergétique pour les propriétaires. Même la dalle est construite avec ce procédé .
    Le système constructif a été breveté, affirme M. Haouam. La prochaine étape est l’obtention de la licence, une fois que le procédé sera complètement mis au point dans la moindre de ses étapes. Pourquoi ne se lance-t-il pas lui-même dans la construction d’immeubles ou de maisons qu’il vendrait à des acquéreurs ? “Ni mes collègues ni moi-même ne sommes des hommes d’affaires. Nous sommes des inventeurs, notre métier est de chercher, à partir de problématiques existantes, des solutions innovantes”, répond-t-il tout simplement. Noureddine Haouam souhaite que l’Etat, aussi bien que les promoteurs privés, viennent constater de visu la solidité du procédé car c’est à eux de lancer à grande échelle la construction sous licence.
    Quelle chance a ce “système constructif” d’être pris en charge par les pouvoirs publics ? Difficile de répondre à cette question, surtout quand on sait le sort qui a été réservé à d’autres innovations présentées par cette même équipe de chercheurs. Rappelez-vous, en 2006, le procédé de d’élimination des huiles Askarels (dont l’envoi à l’étranger coûte des sommes importantes en devises à la collectivité) et celui de traitement des eaux usées (aussi chargées que celles de l’oued El-Harrach) ont été tout simplement ignorés par les pouvoirs publics à ce jour. Pourtant, aucune expertise n’est venue démontrer l’inefficacité de ces procédés. Des ministres ont bien bu l’eau traitée sous leurs yeux et devant les caméras de la télévision nationale. Ils ont bien vérifié la véracité de la technique, mais aucune suite n’a été donnée à l’équipe de M. Haouam. Gageons que cette fois, étant donné les enjeux de sécurité et de coût de l’habitat, ce nouveau système de béton blindé recevra l’attention qu’il faudra. Même si, reconnaissons-le, un système de construction qui va réduire les importations de rond à béton et de bois ne va pas être facilement admis étant donné les intérêts financiers qu’il met en danger.
    En tout état de cause, selon M. Haouam, des opérateurs espagnols, français et émiratis s’intéressent déjà à ce procédé qui pourrait être introduit en Algérie via des sociétés étrangères…
    Abdelkader Djalil
    Dernière modification par fumeurdethé2, 17 mars 2008, 12h30.
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