Annonce

Réduire
Aucune annonce.

La Chine est devenue la troisième puissance scientifique mondiale

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • La Chine est devenue la troisième puissance scientifique mondiale

    [b]La Chine est devenue la troisième puissance scientifique mondiale[b], par Stéphane Grumbach

    LE MONDE | 27.06.05 | 14h42

    Il suffit de considérer le programme spatial chinois pour se rendre à l'évidence. Plus de quarante lancements de satellites réalisés avec succès sans discontinuité depuis 1996, un vol habité prévu tous les deux ans et un programme lunaire. La Chine est devenue une puissance scientifique et technologique, dont le programme spatial n'est que la partie la plus visible.

    Avec des dépenses de recherche et développement (R & D) de 153 milliards de yuans (15 milliards d'euros) en 2003, la Chine occupe la troisième place mondiale en parité de pouvoir d'achat après les Etats-Unis et le Japon. Ce budget représente le double de celui de la France. Les dépenses de R & D qui correspondaient en 2003 à 1,31 % du produit intérieur brut (PIB) augmentent de 0,1 point de PIB par an Cette tendance devrait se confirmer dans le XIe plan quinquennal 2006-2010.

    Le développement scientifique et technologique est une priorité du gouvernement qui connaît un soutien sans faille depuis les « quatre modernisations » de Deng Xiaoping en 1978. La capacité dont disposent aujourd'hui les autorités de définir une politique scientifique ambitieuse et de la mettre en oeuvre est impressionnante. L'Académie des sciences a ainsi, dans un souci de rationalisation, fermé un tiers de ses instituts depuis la réforme du premier ministre Zhu Rongji en 1998. La politique de ressources humaines qui lie directement la rémunération des chercheurs à leurs résultats a permis à la fois une augmentation de leur production scientifique et une amélioration extraordinaire de leur niveau de vie. La Chine recrute aujourd'hui ses meilleurs chercheurs au même niveau de rémunération qu'aux Etats-Unis.

    Les retombées de cette politique sont très visibles tant dans le domaine académique que dans le domaine industriel. La Chine occupait en 2003 le cinquième rang mondial pour la production scientifique derrière les Etats-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et l'Allemagne, avec 5,1 % des publications internationales. Au niveau industriel, la croissance annuelle des exportations de produits de haute technologie est supérieure à 40 %, soit 20 points de plus que la croissance des exportations en général.

    Il y a un quart de siècle, la Chine était une puissance scientifique marginale. Les efforts réalisés par la République populaire après 1949 ont été pour l'essentiel anéantis par la révolution culturelle, à l'exception du nucléaire et du spatial, qui relevaient de la défense. La Chine réussira ainsi à faire exploser sa première bombe atomique en 1964 et à lancer son premier satellite en 1970. Après vingt-cinq ans d'efforts, les progrès sont remarquables, mais l'investissement dans la recherche fondamentale, qui ne représente que 6 % du total, reste très faible, et la Chine n'occupait en 2003 que la dix-huitième place pour le taux de citation de ses publications, révélant ainsi un impact plutôt moyen.

    Comment alors justifier l'immense intérêt porté par la communauté internationale au développement scientifique de la Chine ? Qu'est-ce qui pousse des centaines d'industriels du monde entier à installer des centres de R & D en Chine ?

    L'innovation technologique est pour la Chine une impérieuse nécessité pour poursuivre un développement durable. Nourrir 20 % de la population de la planète avec seulement 7 % des terres arables et des ressources en eau insuffisantes impose des innovations majeures. La croissance de la consommation d'énergie pose des problèmes environnementaux majeurs : la Chine contribuait en 2001 à 14 % des rejets mondiaux de CO2, et abrite, d'après la Banque mondiale, seize des vingt villes les plus polluées de la planète. Dans le domaine de la santé, l'émergence de virus (SRAS en 2003, grippe aviaire en 2004) soumet le pays à des aléas qui pourraient affecter très sérieusement sa croissance.

    L'innovation technologique est également nécessaire au développement économique. La Chine dispose d'une part très faible de la propriété industrielle mondiale et dépend très lourdement des brevets étrangers. Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la Chine détenait en 1999 moins de 0,2 % des brevets déposés en Europe, au Japon et aux Etats-Unis. Les contraintes imposées par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) incitent la Chine à la conception de nouveaux produits basés sur des brevets chinois et à la définition de nouveaux standards. Dans les télécoms, la Chine, qui dispose de 300 millions de mobiles - le plus grand parc de la planète -, possède des atouts. C'est aussi le seul pays, avec des outils de bureautique développés par des entreprises locales, qui constitue un défi pour Microsoft. En novembre 2004, la municipalité de Pékin a ainsi annulé un important marché avec l'éditeur de logiciels. La Chine poursuit une stratégie ambitieuse de développement de la propriété industrielle soutenue par un immense marché intérieur.

    Si aujourd'hui le nombre de scientifiques chinois est inférieur à celui des Européens, il en sera différemment demain. La révolution culturelle a créé un vide dans la pyramide des âges, laissant peu de scientifiques de plus de 45 ans. Avec ses 12 millions d'étudiants, la Chine forme autant de jeunes que l'Europe ou les Etats-Unis, mais les flux d'entrée à l'université sont aussi importants que ceux de l'Europe et des Etats-Unis réunis ! Par ailleurs, la diaspora scientifique chinoise, principalement installée aux Etats-Unis, joue un rôle prépondérant dans les performances des laboratoires qui profitent du « reverse brain drain » (retour des cerveaux), encouragé efficacement par les autorités. Si la Chine n'est pas encore le laboratoire du monde, son impact est déjà considérable
Chargement...
X