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USA 2008: Obama prononce un discours sur la religion et la race

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  • USA 2008: Obama prononce un discours sur la religion et la race

    Barack Obama, ses conseillers, ses stratèges, semblent définitivement avoir une certaine maîtrise de l'agenda médiatique, de l'art de la défense et de l'art de rebondir sur des polémiques pour mieux avancer encore dans la campagne électorale américaine en rassembleur et pour mieux transcender querelles et lesdites polémiques. On peut s'imaginer que le sénateur de l'Illinois et sa garde rapprochée avaient sans doute prévu de faire un jour un grand discours sur la race, les clivages raciaux. Peut-être attendaient-ils une opportunité plus particulière, plus symbolique, comme par exemple une fenêtre médiatique à la suite de sa possible victoire à la course à l'investiture démocrate ou se réserver un grand discours "fondateur" pour entamer le duel envisageable entre John McCain et lui.

    Mais apparemment, il n'était plus possible d'attendre ou alors c'était vraiment prévu ainsi. Qu'importe. Les proches d'Obama avaient fait circuler la "news" dès lundi, à savoir que le sénateur allait prononcer un important discours, faisant allusion même à un des discours les plus importants de sa carrière. Et voilà comment ensuite les médias américains l'ont présenté comme le grand événement politique de la journée de mardi. Après une semaine de polémiques sur la question raciale - lancée par une proche d'Hillary Clinton, Geraldine Ferraro, et relayée un peu partout dans les médias, commentaires et éditoriaux - et sur les sermons virulents et incantatoires du pasteur et confident spirituel de Barack Obama, Jeremiah Wright (Trinity United Church of Christ à Chicago), après une semaine de "tournée" médiatique du sénateur pour déjà expliquer, se défendre, enlever des doutes et éclaircir des zones d'ombre sur notamment ses relations avec ce révérend controversé, le candidat démocrate a marqué mardi un moment important dans cette campagne 2008.

    Devant pas loin de dix drapeaux américains, derrière un sobre pupitre, Barack Obama a tenu mardi matin à Philadelphie (au National Constitution Center) un discours de près de 40 minutes intitulé "A More Perfection Union". Une longue intervention, plus solennelle que flamboyante. Bien loin des meetings électriques du sénateur. Plus proche de la conférence de presse officielle voire même d'une sorte d'adresse à la Nation. Le ton était calme et sobre, parfois entrecoupé d'applaudissements dans la salle. Avec un argumentaire penchant du côté de la logique et de la raison plutôt que du côté de la fierté et de la passion. Dans ce "speech" sur la race et sur comment "construire une union plus parfaite", Obama s'est expliqué sur ses croyances, ses filiations spirituelles et religieuses, son rapport avec le pasteur Wright, a rappelé qu'il dénonçait catégoriquement certains de ses sermons, est revenu sur les motivations de sa campagne et son engagement politique, a retrouvé ses thèmes favoris (rassemblement, changement, espoir, etc.) et, surtout, il a abordé sans détour la question de la race, sans facilité non plus, dans toute sa complexité, avec notamment quelques rappels historiques s'agissant de la lutte pour les droits civiques.

    En clair, d'une pierre deux coups: Obama profite de prendre ses distances, de se démarquer de la ligne la plus radicale de Jeremiah Wright et sa manière d'éructer sur les divisions raciales de la société américaine et en profite pour proposer un discours fédérateur sur l'unité de la Nation américaine. Difficile de faire mieux pour "redorer" un blason un peu "barbouillé" par les médias depuis, en gros, le Super Tuesday II du 4 mars (Ohio et Texas). De l'art de ne pas rester coincé dans une seule logique de défense, mais de ricocher ensuite sur un discours aux aspirations plus amples, conciliatrices et fédératrices. Et ce dans la ville même où fut rédigée la Constitution des Etats-Unis. C'est d'ailleurs par les premiers mots du préambule de cette Constitution, «Nous, Peuple des Etats-Unis, en vue de former une Union plus parfaite», que le sénateur de l'Illinois a introduit son discours-clé.

    Quelques extraits (vidéo et discours complets ici: http://www.realclearpolitics.com/art...3/a_more_...): "Nous avons entendu mon ancien pasteur, le révérend Jeremiah Wright, recourir à un langage incendiaire pour exprimer des opinions qui risquent non seulement d'aggraver les divisions raciales, mais dénigrent aussi la grandeur et l'excellence de notre nation. Cela offense aussi bien les blancs que les noirs". "Les déclarations qui ont provoqué cette récente tempête ne relevaient pas simplement de la controverse. Ce n'étaient pas simplement là l'effort d'un homme de religion pour évoquer ce qu'il perçoit comme une injustice. Au lieu de ça, ces déclarations ont donné une vision faussée du pays". "La faute profonde des sermons du révérend Wright n'est pas qu'il ait parlé du racisme dans notre société, mais qu'il ait parlé comme si notre société était statique, comme si aucun progrès n'avait été accompli, comme si ce pays était encore irrévocablement lié à un passé tragique". "Je ne peux pas plus le renier que je ne peux renier la communauté noire". "Je ne peux pas plus le renier que je ne peux renier ma grand-mère blanche, une femme qui m'aime plus que tout au monde mais qui a un jour avoué qu'elle avait peur des hommes noirs qui la dépassaient dans la rue". "Ces gens sont une part de moi-même. Ils sont une part de l'Amérique, le pays que j'aime". "Le racisme est un sujet que la Nation ne peut se permettre d'ignorer". "Contrairement à ceux qui me critiquent, noirs comme blancs, je n'ai jamais été assez naïf pour croire qu'on pouvait dépasser les divisions raciales avec une simple élection".

    A chaud, les médias ont notamment évoqué un discours "vrai" et "authentique", plutôt courageux, habile et intelligent. Ci-dessous quelques premiers commentaires.

    Le New York Times, qui soutient ("endorses") Hillary Clinton, juge dans son éditorial que le discours d'Obama était courageux, fort et franc, dans le sens où il a abordé les deux sujets les plus "toxiques" en politique, à savoir la race et la religion:

    http://www.nytimes.com/2008/03/19/op...9wed1.html?_r=...

    L'hebdomadaire Time Magazine estime que le discours d'Obama était profond, même l'un des plus remarquables entendus depuis quelques décennies de la part d'une figure politique majeure. Le journal salue le risque pris par le sénateur d'avoir abordé le sujet des clivages raciaux dans sa complexité plutôt qu'en surface, et surtout de ne pas l'avoir ignoré:

    http://www.time.com/time/nation/arti...599,1723302,00...

    Le compte-rendu et quelques commentaires à chaud du bi-média (journal et webzine) Politico et du webzine Slate:

    http://www.politico.com/news/stories/0308/9104.html

    http://www.slate.com/id/2186849/

    Plus critique, la National Review sur son site online: une "élégante farce" que ce discours! Un peu fade et insipide, comme une conversation morale entre Obama et lui-même... Le vrai courage aurait été de se séparer officiellement de son pasteur, selon le média conservateur.

    http://article.nationalreview.com/?q...hjN2RjNDU2N2Ez...
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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