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Chréa-Lieu de villégiature pittoresque : Bol d’air frais !

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  • Chréa-Lieu de villégiature pittoresque : Bol d’air frais !

    Montagne, parc national, station climatique, richesse naturelle, station de sports d’hiver, vacances, randonnées pédestres… les termes et expressions sont multiples et variés à l’évocation du mot « Chréa » ; et tout le pan historique n’est pas en reste avec la lutte armée durant la guerre de Libération nationale et les années de la tragédie nationale. Forêt, bois, chêne, cèdre, fougères : c’est la nature et l’écologie qui viennent à l’esprit.

    La station de Chréa est intégrée à la commune du même nom ainsi qu’au parc naturel, toujours du même nom et qui s’étale sur plus de 26 000 ha. Patrimoine classé depuis 1925, le parc se trouve sous la protection de la Conservation des forêts et d’une administration gérant le Parc national de Chréa ; tout comme la commune du même nom dont le siège est en plein chantier. Chréa semble être le lieu privilégié des Blidéens — la ville de Blida se trouve à 18 km —, nombre de familles des communes et wilayas environnantes n’hésitent point à défier les lacets de cette montagne sur quelques kilomètres afin d’atteindre un sommet culminant à 1500 m, synonyme d’air frais, d’oxygène et de calme.

    Halte bucolique

    Dès les premiers lacets, la sensation toute mystique de s’envoler, de s’évader est éprouvée et on se laisse aller davantage sur son siège. La forte densité urbaine de la ville de Blida s’étale à travers la vitre à chaque virage et les tâches à accomplir quotidiennement deviennent plus légères. Des bancs, placés à même la route, invitent à des pauses bienfaitrices, surtout les marcheurs et cyclistes, voire même les véhicules vieillissants qui peinent devant certaines pentes. Symbiose de vert et de gris, dualités roche et verdure, forêt et clairière, bitume et terre, ombre et lumière : tout est extase, oubli, farniente, envie de s’étendre et de fermer les yeux. Ne plus penser devient facile, l’incitation au voyage intérieur sous le chant des oiseaux invisibles devient réel. Pesanteur d’une montagne qui a su revenir à l’homme, celui par qui elle sera sauvée ou condamnée. La cédraie s’étale sur une superficie de 1200 ha et les jeunes pousses sont menacées à certains endroits par la convoitise de l’homme. C’est devenu un label de réussite sociale que d’acquérir un chalet et même le P/APC de Blida s’en offrira un qu’il se fera aménager par les employés de sa propre commune. Route du Ski Club, station créée dans les années 1920, percée de constructions dont l’architecture se distingue nettement par périodes : bois, béton, usage mixte, cette station invite au pique-nique, à un séjour limité dans le temps mais d’où partent des sentiers qui invitent quelque peu à l’aventure. L’œil furetant à droite, à gauche, devant et derrière, l’intensité se rythme en fonction de la compagnie : petite famille, épouse, compagne, petite amie ou simple camarade. Seulement, l’air s’engouffrant dans les poumons demeure le même. Aller à Chréa pour une journée, un week-end, un mois, c’est l’emmagasinage d’oxygène assuré. Belle crête, Kerrache, Belvédère, Trois moineaux, Les Glacières : lieux mythiques se cachant comme par pudeur sous l’épaisse forêt faisant de ce parc la fierté des Algériens.

    Havre de paix

    Des familles, des jeunes, des retraités se promènent d’un pas tranquille et assuré, scrutant le sommet des arbres, tentant de détecter les refuges des dizaines d’oiseaux faisant partie de cette faune diversifiée. Pistes aménagées par l’homme, les Châtaigniers, le Col des Fougères, les Quatre Bancs sont autant d’endroits pour les promenades et l’évasion. Des jeunes sont en randonnée. « Nous ne pouvons pas ne pas venir ! C’est notre bol d’air hebdomadaire », dira un enseignant de l’université de Soumaâ. Ils sont un groupe de cinq adultes avec quelques enfants à escalader dès 6h les pentes menant vers Chréa par les chemins escarpés. En mars, ils « redescendent » vers 16h, plus tardivement dès le mois de mai. Destination majoritairement favorite des Blidéens, mais les Algérois leur disputent ce privilège, n’hésitant pas à braver 50 km pour être sur la même ligne de départ et aller vers les cîmes comme les enfants de Sidi El Kebir. Il est vrai que très rares sont les personnes venues dans le cadre d’une carrière professionnelle, civile ou militaire, et qui repartent de cette ville ou ne se dénichent pas un pied à terre. Que de choses dites sur ce Blidéen qui, finalement, devient l’instrument par lequel l’étranger accapare la contrée. Quel meilleur hommage à ce piémont que tout un chacun peut admirer à partir des hauteurs ! Au fil des lacets avalés en direction des cimes, le paysage change et le riverain rencontré avec sa famille ou seul n’a point ce comportement hautain : il est tout sourire et offre les produits du terroir que l’administration du parc a longtemps encouragés. Miel, figues, abricot, prune, pain « metlouê », ail, oignon... ont longtemps alimenté le marché Bab Rahba plus bas et à des prix qui défiaient toute concurrence. La station de Chréa qui est l’aire de loisir la plus prisée du pays il est très incommode de parler de commune pour un espace où la recette municipale est inexistante, où les capacités de prise en charge des besoins sont nulles et où la dépendance est criarde, il serait plus judicieux de réviser le découpage administratif pour la recoller à Blida souffre du manque de commodités pour l’accueil des visiteurs : parking sauvage, signalisation absente, divers dossiers en souffrance, activités de loisirs non programmées. L’arrivée à la place offre immédiatement l’impression d’abandon et même le siège de la commune est toujours en chantier. Cela vaut sans doute mieux pour ceux qui viennent tout d’abord se requinquer, retrouver cette harmonie avec la nature.

    L’auberge algérienne

    Au Col des Fougères, une halte à l’auberge permet le ressourcement et laisse découvrir la réalité d’une administration tordue. « Les gens qui viennent nous font confiance et il faut que nous soyons à la hauteur mais allez le faire comprendre à une APC qui met des bâtons dans les roues en ne me permettant pas de remplir ma bâche d’eau, en ne changeant jamais les lampes de l’éclairage public sur la route qui mène jusqu’ici et c’est à moi d’y pourvoir. » Par des moyens détournés, le gérant se voit obligé de fermer à 21h30 alors que ces moments de fraîcheur ramènent une clientèle ; c’est à lui qu’on fera payer 15 millions pour la consommation d’énergie alors qu’il était absent, comme tous les autres, à une période où il ne faisait pas bon se promener de ces côtés-ci. « Des gens sans emploi cherchent du travail en été et je peux en leur offrir pour peu que l’Etat encourage ce genre d’activités », dira M. Ouadjina qui emploie pour l’heure quatre étudiants pour la saison estivale qui débute. Il déclarera avoir un projet d’énergie solaire qui lui procurera l’eau et l’électricité : « Une autonomie que les pouvoirs publics regretteront. » Juste en face, ou tout autour, c’est l’évasion et la rencontre très possible avec le pic vert, le loriot, la chouette. Indonésiens, Chinois, Allemands, citoyens du nord de l’Europe : des nationalités diverses qui marquent leur passage et qui apprécient les sites naturels. Chréa possède cette capacité d’intégrer et d’acclimater tous les citoyens du monde des deux sexes et de tous âges mais il manque ce savoir-faire professionnel qui permet de faire passer du bon temps et de rentabiliser cette réserve naturelle. Le directeur du Parc national de Chréa rappellera cependant la nécessité d’interdire l’usage des véhicules motorisés à certains endroits, l’encouragement aux randonnées pédestres, l’usage du cheval, de la charrette ou d’un minitrain pour les promenades. « L’harmonie entre le milieu naturel, les riverains et les visiteurs d’un jour peut déboucher sur le respect de l’environnement, l’amour du prochain avec le dialogue et les échanges. »

    Balade pédestre, équestre

    Il ira plus loin en proposant un festival de la poésie vantant la beauté des lieux comme cela a déjà été organisé à Magtaâ Lazreg dans la commune de Hammam Melouane. Ses projets pour la région laissent rêveur tout un chacun : le canoë et la voltige sont à développer en tant qu’activités sportives et les randonnées pédestres ainsi que les visites guidées sont à encourager. Il parlera de VTT en location, de cheval comme création d’emplois pour les riverains qu’il s’agit de fixer par de multiples initiatives et les échanges avec les visiteurs ramèneraient, selon le directeur, plus de familles et plus de groupes. L’interaction des gens agira pour le respect de cette réserve de biosphère reconnue mondialement.

    - Elwatan, Edition du 8 août 2007
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