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Air Algérie doit améliorer ses standards de qualité

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    Abdelwahid Bouabdallah, le nouveau président-directeur général d’Air Algérie, se livre à Liberté. Au cours d’un entretien avec notre collaboratrice, il parle sans fard des problèmes que rencontre Air Algérie et expose sa vision du développement de la compagnie.

    Liberté : Une première question d’actualité, Monsieur le président, que comptez-vous faire pour contrer le départ massif des pilotes d’Air Algérie vers les compagnies aériennes du Moyen-Orient ?
    Abdelwahid Bouabdallah : On a certainement exagéré les choses. Plusieurs pilotes nous ont effectivement quittés mais on ne peut pas parler de départ massif. Ceci dit, le phénomène est réel, il concerne beaucoup de compagnies aériennes en ce moment. Comme vous le savez sûrement, on assiste depuis ces dernières années à un développement exceptionnel du trafic aérien dans les pays du Golfe qui, lui-même, s’accompagne d’un investissement massif dans de nouveaux appareils et d’un appel tout aussi massif de pilotes pour en prendre les commandes. On note un phénomène similaire dans les pays du Sud-Est asiatique. Quelles conséquences peut-on tirer pour Air Algérie ? La première remarque que je peux faire c’est que les pilotes d’Air Algérie sont appréciés ! Ils ont été bien formés par la compagnie et leur expérience est recherchée. Cet effort d’investissement, que la compagnie fait depuis très longtemps, n’a pas toujours été accompagné par une politique sociale optimale. Dès ma nomination à la tête d’Air Algérie, mes premiers contacts je les ai réservés aux pilotes. Que disent les pilotes d’Air Algérie ? Avant tout, ils se montrent très attachés à Air Algérie. Bien sûr, ils veulent améliorer leur situation salariale ; ce qui est légitime. Mais ils réclament surtout davantage de considération et de bien meilleures conditions de travail. À cet égard, la compagnie n’a pas toujours été à la hauteur. Ce sera là l’un de mes chantiers prioritaires. S’agissant des salaires, il est clair que les choses devraient évoluer. J’entends mettre en place un système de rémunération qui valorise surtout la productivité. C’est là une orientation générale pour la politique salariale que je veux mettre en place au sein d’Air Algérie. Et qui s’appliquera en particulier aux pilotes et à l’ensemble du personnel navigant.

    Une autre question d’actualité. Que pensez-vous de l’emprisonnement du directeur technique de la compagnie ?
    Le directeur technique fait l’objet d’une instruction et il n’est pas convenable de ma part de commenter une instruction qui est toujours en cours. Cependant, il est important que vos lecteurs sachent que la genèse de cette affaire est liée à l’approvisionnement en pièces de rechange pour nos appareils. Les exigences de service imposent de s’approvisionner dans les délais les plus courts possibles. Les procédures classiques ne sont pas toujours adaptées à cette exigence. Arbitrer entre le respect strict des procédures et les exigences d’efficacité est un exercice délicat pour les managers. Pour améliorer le taux de disponibilité de nos appareils, réduire les retards et donner une meilleure qualité de service à nos clients, Air Algérie a besoin de mettre en place des procédures d’approvisionnement ad hoc, du reste largement utilisées dans le monde. Ces procédures doivent être clairement comprises par tous les organes de contrôle pour permettre à nos managers d’agir en toute sérénité.

    Les passagers se plaignent souvent du service à bord et du comportement du personnel d’Air Algérie. Que comptez-vous faire pour améliorer les choses ?
    Déjà en tant que client d’Air Algérie, j’étais très critique quant à la qualité de service offerte par Air Algérie. À présent que je suis à la tête de la compagnie, je n’ai pas varié dans mon appréciation. Ce sera donc là l’un de mes chantiers prioritaires. Air Algérie doit le plus vite possible améliorer de façon significative ses standards de qualité. Nous avons souvent laissé notre personnel de contact démuni face aux clients ? C’est le cas notamment du personnel navigant qui parfois fait preuve d’une abnégation extraordinaire face aux situations difficiles mais sans recevoir le soutien nécessaire de la part de la compagnie. Cette situation ne peut être tolérée plus longtemps. C’est une exigence vitale de compétitivité. Mais surtout c’est un devoir vis-à-vis de nos clients. Les clients d’Air Algérie sont les meilleurs clients au monde. Ils aiment la compagnie, ils ont montré à de nombreuses reprises qu’ils étaient prêts à lui pardonner ses insuffisances ; car ils considèrent Air Algérie comme leur compagnie. Cette fidélité quasi viscérale, nous devons la mériter. Dans les tout prochains jours, je vais lancer une initiative touchant l’ensemble des volets de la qualité de service : le service à bord, l’information, le professionnalisme de notre personnel de bord, etc. Une initiative qui donnera les premiers résultats dès la rentrée prochaine. Prenons donc rendez-vous pour la fin de l’année pour apprécier les résultats des efforts que nous aurons déployés.

    L’autre grand motif d’insatisfaction des passagers est celui des retards. Que comptez-vous faire pour éviter à vos clients ces désagréments ?
    C’est là un autre problème majeur que je connais bien et dont j’ai souvent souffert en tant que client puisque je prends toujours les vols d’Air Algérie. C’est un problème à dimensions multiples. Il a des raisons internes à la compagnie et des raisons qui lui sont externes. L’une des principales raisons internes est liée à l’insuffisance de nos capacités flotte. Bien que la compagnie ait renouvelé une bonne partie de sa flotte vieillissante durant les dernières années, elle doit encore renouveler pratiquement le même nombre d’appareils. Comme vous pouvez l’imaginer, l’insuffisance des capacités et l’exploitation d’un bon nombre d’appareils trop âgés exercent une forte pression sur nos opérations en les mettant à la merci de tout incident. Toutefois, la situation s’est nettement améliorée depuis l’introduction des nouveaux appareils puisque notre taux de ponctualité a gagné quatre points entre le début 2006 et la fin 2007. Ce taux — que je suis personnellement de jour en jour — évoluera de façon encore plus significative avec la livraison des nouveaux appareils quand nous aurons renouvelé l’ensemble de notre flotte. Ceci dit, il faudrait en même temps que nos procédures d’approvisionnement en pièces de rechange — que j’évoquais tout à l’heure — soient rendues plus aisées ; car même des appareils neufs peuvent tomber en panne ! Il y aussi les cause externes qui sont souvent en dehors des marges de manœuvre de la compagnie. Ce sont, par exemple, les mesures de sécurité. Celles-ci sont, certes, légitimes dans la situation que connaît le pays. Toutefois, avec la contribution de services de sécurité, je suis persuadé que nous pourrons améliorer grandement les choses sans sacrifier aux exigences de sécurité. C’est là, du reste, un dialogue que j’entends mener le plus vite possible avec les autorités concernées. Pour toutes ces raisons, je demande encore de la patience à nos clients, sachant que la plupart d’entre eux me comprendront car ils savent que je travaille pour eux.

    Air Algérie se caractérise par une multitude de syndicats. Comment faites-vous face à cette situation ?
    La présence de plusieurs syndicats n’est pas en soi une mauvaise chose. Au contraire, elle permet de mieux prendre en compte les spécificités des divers métiers qu’exerce Air Algérie. À cet égard, mes premiers contacts avec l’ensemble des syndicats m’ont permis de mieux comprendre les problèmes qui se posent à Air Algérie, en complément de ce que remonte la hiérarchie et de mon observation personnelle du fonctionnement de nos activités. J’ai donc besoin de cette écoute supplémentaire pour pouvoir agir au plus près des problèmes qui se posent et recueillir des avis contrastés sur les solutions à mettre en œuvre. Cela dit, l’exercice syndical devra se faire dans un cadre légal strict. À cet égard, et en conformité avec les récentes dispositions réglementaires, les différents syndicats d’Air Algérie vont devoir, avant le 31 mars prochain, se mettre en règle avec la loi en mettant en place — ou en renouvelant — leurs textes et leurs organes de gestion. On m’a informé que ce travail est en bonne voie et que très bientôt nous aurons à Air Algérie une représentation syndicale totalement apte à jouer son rôle de partenaire social pour le bien de la Compagnie et de ses salariés.

    Vous avez évoqué tout à l’heure l’insuffisance de la flotte d’Air Algérie. Comment pensez-vous combler ces manques de capacité ?
    Il y a déjà la deuxième tranche de renouvellement des appareils arrivés en bout de potentiel. C’est une opération qui va s’engager dès cette année. Ce programme prévoit l’acquisition d’une dizaine de moyens courriers de module 150 sièges et de deux avions cargos. À l’achèvement de cette opération prévue fin 2012, Air Algérie disposera d’une flotte entièrement rénovée, ce qui améliorera considérablement la ponctualité de ses vols et sa rentabilité globale. En plus de ces nouvelles acquisitions, Air Algérie continuera à faire appel aux affrètements pour pouvoir être le plus flexible possible et s’adapter aux variations de trafic.

    source : Liberté
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