Généralement, cela peut se résumer ainsi: l'électroménager est turc, la rapidité est chinoise, les vêtements sont italiens, les portables sont suédois ou danois et le terrorisme « est » surtout algérien. C'est ce que répètent à satiété ceux qui nous aiment et ceux qui nous supportent.
Lorsqu'on kidnappe des touristes en Tunisie, la Tunisie dit que cela se passe au Maghreb et que les preneurs d'otages sont algériens et que cela concerne désormais le Mali. Très loin de Hammamet et de Djerba donc, à des milliers de kilomètres entre la barbe et le bikini. Lorsque quatre terroristes assassinent quatre Français, les terroristes sont d'abord affirmés comme étant algériens, avant que l'on corrige pour dire qu'ils sont des inconnus avec des passeports algériens, avant de finir par faire oublier le raccourci. Et lorsqu'on accroche un Maroco-Belge pour emploi de mouchard dans leurs services et pour activisme terroriste au Maroc, on y répète qu'il a entreposé des armes au Maroc, lesquelles armes étaient destinées à l'Algérie. Ce dernier pays étant producteur, exportateur, consommateur et importateur de ce fameux terrorisme qui est mondial mais qui est collé à l'Algérie comme une double nationalité abstraite.
Pourquoi ? Parce que cela arrange nous voisins et les autres et parce que nous l'avons bien voulu. A force de répéter que nous avons été aux premières lignes de la lutte antiterroriste pendant dix ans, le monde a bien retenu que les terroristes sont nés chez nous avant de naître un peu partout ailleurs. Cela arrange les pays qui vivent du tourisme et ceux qui veulent vivre de notre pétrole. Du coup, des pays plus malins ont investi l'antiterrorisme pour nous laisser la facture du cadavre de cette époque.
Du côté de chez nous, on reste donc coincé: comment expliquer que nous avons défendu la thèse internationaliste du terrorisme dès les années 90 et qu'aujourd'hui nous refusons que le GSPC soit appelé Al-Qaïda du Maghreb ? Comment tirer profit de la lutte antiterroriste mondiale qui tire profit de notre cas, sans s'embarquer dans un jeu qui nous dépasse ? Comment être bon voisin avec la Tunisie et le Maroc pour qui le terrorisme est maghrébin, les terroristes algériens et le développement « chacun pour soi » ?
Là, les attitudes diffèrent: on peut faire comme Belkhadem et répéter, avec si peu d'habilité en communication, que « cela ne nous concerne pas ». On peut faire comme Zerhouni et répéter que nous étions au courant mais que cela arrive même à New York. On peut faire comme Bouteflika et parler « d'une coopération mondiale possible si elle est loyale ». On peut faire comme les médias tunisiens et parler du terrorisme comme d'un fait divers chez nous et comme d'un grave problème chez nos voisins, le tout pour sauver la saison touristique qui s'annonce et la vie dorée de Benali. On peut faire comme les agences de presse occidentales et démarrer sur l'affirmation que le terroriste était algérien, avant de taire la découverte que c'est un Malgache ou un Allemand. On peut aussi faire comme les médias algériens: ne savoir quoi faire. C'est-à-dire comment être nationaliste comme les médias tunisiens, sans êtres larbins comme des comités de soutien pro-Bouteflika ? C'est-à-dire comment défendre ce pays sans défendre ses propriétaires ? Très difficile, l'Algérien étant coincé entre le sentiment de haine de soi et le devoir de ne pas se faire manger par ceux qui ne sont pas algériens. Depuis les Romains et bien avant.
La solution ? Personne ne sait. Surtout pas les Irakiens qui ont vécu le même dilemme, avant de le résoudre par le suicide du peuple et la pendaison de son chef.
par Kamel Daoud.
Sources : lequotidien-oran.com.
Lorsqu'on kidnappe des touristes en Tunisie, la Tunisie dit que cela se passe au Maghreb et que les preneurs d'otages sont algériens et que cela concerne désormais le Mali. Très loin de Hammamet et de Djerba donc, à des milliers de kilomètres entre la barbe et le bikini. Lorsque quatre terroristes assassinent quatre Français, les terroristes sont d'abord affirmés comme étant algériens, avant que l'on corrige pour dire qu'ils sont des inconnus avec des passeports algériens, avant de finir par faire oublier le raccourci. Et lorsqu'on accroche un Maroco-Belge pour emploi de mouchard dans leurs services et pour activisme terroriste au Maroc, on y répète qu'il a entreposé des armes au Maroc, lesquelles armes étaient destinées à l'Algérie. Ce dernier pays étant producteur, exportateur, consommateur et importateur de ce fameux terrorisme qui est mondial mais qui est collé à l'Algérie comme une double nationalité abstraite.
Pourquoi ? Parce que cela arrange nous voisins et les autres et parce que nous l'avons bien voulu. A force de répéter que nous avons été aux premières lignes de la lutte antiterroriste pendant dix ans, le monde a bien retenu que les terroristes sont nés chez nous avant de naître un peu partout ailleurs. Cela arrange les pays qui vivent du tourisme et ceux qui veulent vivre de notre pétrole. Du coup, des pays plus malins ont investi l'antiterrorisme pour nous laisser la facture du cadavre de cette époque.
Du côté de chez nous, on reste donc coincé: comment expliquer que nous avons défendu la thèse internationaliste du terrorisme dès les années 90 et qu'aujourd'hui nous refusons que le GSPC soit appelé Al-Qaïda du Maghreb ? Comment tirer profit de la lutte antiterroriste mondiale qui tire profit de notre cas, sans s'embarquer dans un jeu qui nous dépasse ? Comment être bon voisin avec la Tunisie et le Maroc pour qui le terrorisme est maghrébin, les terroristes algériens et le développement « chacun pour soi » ?
Là, les attitudes diffèrent: on peut faire comme Belkhadem et répéter, avec si peu d'habilité en communication, que « cela ne nous concerne pas ». On peut faire comme Zerhouni et répéter que nous étions au courant mais que cela arrive même à New York. On peut faire comme Bouteflika et parler « d'une coopération mondiale possible si elle est loyale ». On peut faire comme les médias tunisiens et parler du terrorisme comme d'un fait divers chez nous et comme d'un grave problème chez nos voisins, le tout pour sauver la saison touristique qui s'annonce et la vie dorée de Benali. On peut faire comme les agences de presse occidentales et démarrer sur l'affirmation que le terroriste était algérien, avant de taire la découverte que c'est un Malgache ou un Allemand. On peut aussi faire comme les médias algériens: ne savoir quoi faire. C'est-à-dire comment être nationaliste comme les médias tunisiens, sans êtres larbins comme des comités de soutien pro-Bouteflika ? C'est-à-dire comment défendre ce pays sans défendre ses propriétaires ? Très difficile, l'Algérien étant coincé entre le sentiment de haine de soi et le devoir de ne pas se faire manger par ceux qui ne sont pas algériens. Depuis les Romains et bien avant.
La solution ? Personne ne sait. Surtout pas les Irakiens qui ont vécu le même dilemme, avant de le résoudre par le suicide du peuple et la pendaison de son chef.
par Kamel Daoud.
Sources : lequotidien-oran.com.
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