Conflit israélo-palestinien : La grande escroquerie du processus de paix au Moyen-Orient.
Lorsque Ehud Olmert et George W. Bush se rencontrèrent à la Maison Blanche en juin 2006, ils conclurent que l'éviction violente du Fatah de la bande de Gaza par le Hamas -- qui mit fin au gouvernement palestinien d'union nationale arrangé en mars à la Mecque par les Saoudiens -- venait d'offrir une nouvelle "fenêtre d'opportunité". (Jamais un processus de paix aussi désastreux n'avait jusqu'ici engendré de si nombreuses fenêtres d'opportunités !). Olmert et Bush tombèrent d'accord sur le fait qu'isoler le Hamas dans Gaza leur permettrait de faire des concessions généreuses au président palestinien Mahmoud Abbas, afin de lui donner la crédibilité dont il avait besoin auprès du peuple palestinien pour contrecarrer le Hamas.Aussi bien Bush qu'Olmert sont intarissables sur leur engagement pour une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien, mais c'est surtout leur détermination à en finir avec le Hamas, plutôt que celle d'édifier un Etat palestinien, qui motive leur enthousiasme subit à donner une bonne image de Mahmoud Abbas. C'est aussi la raison pour laquelle leur espoir de vaincre le Hamas est illusoire. Les modérés ne prendront jamais le dessus sur les Palestiniens considérés comme extrémistes dès lors que ce qui définit la modération, chez Olmert, c'est l'approbation par les Palestiniens du démembrement par Israël de leur propre territoire. En définitive, ce qu'Ehud Olmert et son gouvernement se préparent à offrir aux Palestiniens sera rejeté autant par Abbas que par le Hamas, et cela ne fera que confirmer aux Palestiniens l'inutilité de la modération d'Abbas tout en justifiant le rejet d'une telle modération par le Hamas. Tout aussi illusoires sont les expectatives de George W. Bush concernant les résultats de sa conférence de paix. A ses yeux, toutes les initiatives de paix précédentes ont échoué, dans une large mesure, sinon exclusivement, parce que les Palestiniens n'étaient pas prêts à prendre en charge un Etat qui leur fût propre. Cette réunion, par conséquent, se concentre étroitement sur l'édification et la réforme des institutions palestiniennes, sous la tutelle de Tony Blair, représentant fraîchement nommé du Quartette.En réalité, toutes les initiatives de paix précédentes n'ont abouti à rien, pour une raison que ni Geoorge W. Bush, ni l'Union européenne n'ont eu le courage de reconnaître. Cette raison, c'est le consensus, atteint depuis fort longtemps par les élites décisionnaires d'Israël, sur le fait qu'Israël n'autorisera jamais l'émergence d'un Etat palestinien qui remît en cause son contrôle effectif, tant militaire qu'économique, sur la Cisjordanie. A n'en pas douter, Israël est prêt à permettre -- et même, à favoriser -- la création d'un certain nombre d'enclaves isolées, que les Palestiniens pourraient appeler "Etat" si cela leur chante, mais à seule fin d'empêcher la création d'un Etat bi-national, dans lequel les Palestiniens seraient démographiquement majoritaires.Le processus de paix au Moyen-Orient risque fort de devenir ainsi la tromperie la plus spectaculaire de toute l'histoire de la diplomatie moderne. Depuis le flop du sommet de Camp David, en 2000, et même en réalité bien avant ce sommet calamiteux, l'intérêt d'Israël pour un quelconque processus de paix (mis à part dans le but d'obtenir des Palestiniens et de la communauté internationale une acceptation du statu quo), n'est qu'une fiction qui a essentiellement servi à dissimuler la confiscation systématique des territoires palestiniens et une occupation dont l'objectif, d'après l'ancien chef d'état major de l'armée israélienne, Moshe Ya'alon, est de "faire rentrer profondément dans la conscience des Palestiniens qu'ils sont un peuple vaincu".Par son adoption réticente des accords d'Oslo, et par son dégoût pour les colons, Yitzhak Rabin a sans doute été la seule exception, mais même lui n'a jamais envisagé une restitution des territoires palestiniens allant au-delà du "plan Allon" de 1967, qui permettait à Israël de conserver la vallée du Jourdain et diverses autres parties de la Cisjordanie.Quiconque connaît un tant soit peu l'histoire de la confiscation des territoires palestiniens par Israël, basée sur un plan conçu, supervisé et exécuté par Ariel Sharon, sait bien que l'objectif de l'entreprise de colonisation en Cisjordanie est d'ores et déjà en grande partie atteint. Gaza, dont l'évacuation des colonies a été si naïvement saluée par la communauté internationale qui s'est plu à y voir le geste héroïque d'un homme tout récemment impliqué dans une paix honorable avec les Palestiniens, n'était que la première création de toute une série de bantoustans palestiniens. La situation actuelle de la Bande de Gaza nous donne une idée de ce que deviendront tous ces bantoustans si leurs habitants ne se comportent pas conformément aux desiderata d'Israël.C'est l'engagement hypocrite d'Israël dans un soi-disant processus de paix et une solution à deux Etats qui a rendu possible l'occupation à durée indéterminée et le démembrement du territoire palestinien. Et le Quartet -- l'Union européenne, l'Onu et la Russie suivant avec obéissance la ligne imposée par Washington -- a participé à cette tromperie, et l'a couverte, en acceptant le prétexte invoqué par Israël qu'il n'aurait pas été en mesure de trouver un partenaire de paix palestinien méritant.Un an, tout juste, après la guerre de 1967, Moshe Dayan, ancien chef d'état major de l'armée israélienne qui était, à l'époque, ministre de la Défense, interrogé sur ses projets pour le futur, répondit qu'il s'agissait "de la réalité actuelle dans les territoires". "Le projet", at-il affirmé, "est en train d'être mis en oeuvre dans les faits. La situation actuelle de la Cisjordanie doit demeurer". Dix ans plus tard, lors d'une conférence à Tel-Aviv, le même Dayan déclara: "La question n'est pas "Quelle est la solution ?", mais "Comment pouvons-nous vivre sans solution ?". Geoffrey Aronson, qui a contrôlé l'entreprise de colonisation depuis ses débuts, résume ainsi la situation: Vivre sans solution, à l'époque comme aujourd'hui, a été compris par Israël comme la clé permettant de maximiser les bénéfices de la conquête, tout en minimisant les charges et les dangers d'un retrait, comme ceux d'une annexion formelle. Ce pari sur le statu quo masquait toutefois un programme d'expansion que des générations successives de dirigeants israéliens ont soutenu, car elle permettait, à leurs yeux, la transformation dynamique des territoires et l'extension d'une souveraineté israélienne effective jusqu'au Jourdain.Dans une interview accordée en 2004 au quotidien israélien Ha'aretz, Dov Weissglas, chef de cabinet d'Ariel Sharon, Premier ministre à l'époque, présenta l'objectif stratégique de la diplomatie sharonienne comme consistant à obtenir le soutien de la Maison Blanche et du Congrès américain à des mesures israéliennes susceptibles de "formoliser" le processus de paix et la constitution d'un Etat palestinien. C'était là une métaphore diaboliquement adéquate: en effet, le formol a pour principal intérêt d'empêcher les corps morts de se détériorer, allant jusqu'à créer, parfois, l'illusion qu'ils sont encore en vie. Weissglas explique que le but du retrait unilatéral de la Bande de Gaza décidé par Ariel Sharon, ainsi que celui du démantèlement de plusieurs implantations isolées en Cisjordanie, a été de faire accepter aux Américains l'unilatéralisme d'Israël, et non de créer un précédent pour un éventuel retrait de Cisjordanie. Les retraits limités ont été calculés pour assurer à Israël une marge politique afin d'approfondir et d'étendre sa présence en Cisjordanie, ce à quoi il est parvenu sans peine. Dans une lettre à Sharon, Bush écrit: "À la lumière des nouvelles réalités sur le terrain, y compris l'existence d'importants centres de population israélienne, il est irréaliste d'envisager que le résultat des négociations sur le statut final soit un retour plein et entier aux lignes d'armistice de 1949".Dans une récente interview à Ha'aretz, James Wolfensohn, représentant du Quartet à l'époque du retrait de la bande de Gaza, a déclaré qu'Israël et les Etats-Unis ont systématiquement sapé l'accord qu'il avait contribué à élaborer en 2005 entre Israël et l'Autorité palestinienne, et avaient au contraire transformé Gaza en une vaste prison.
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Lorsque Ehud Olmert et George W. Bush se rencontrèrent à la Maison Blanche en juin 2006, ils conclurent que l'éviction violente du Fatah de la bande de Gaza par le Hamas -- qui mit fin au gouvernement palestinien d'union nationale arrangé en mars à la Mecque par les Saoudiens -- venait d'offrir une nouvelle "fenêtre d'opportunité". (Jamais un processus de paix aussi désastreux n'avait jusqu'ici engendré de si nombreuses fenêtres d'opportunités !). Olmert et Bush tombèrent d'accord sur le fait qu'isoler le Hamas dans Gaza leur permettrait de faire des concessions généreuses au président palestinien Mahmoud Abbas, afin de lui donner la crédibilité dont il avait besoin auprès du peuple palestinien pour contrecarrer le Hamas.Aussi bien Bush qu'Olmert sont intarissables sur leur engagement pour une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien, mais c'est surtout leur détermination à en finir avec le Hamas, plutôt que celle d'édifier un Etat palestinien, qui motive leur enthousiasme subit à donner une bonne image de Mahmoud Abbas. C'est aussi la raison pour laquelle leur espoir de vaincre le Hamas est illusoire. Les modérés ne prendront jamais le dessus sur les Palestiniens considérés comme extrémistes dès lors que ce qui définit la modération, chez Olmert, c'est l'approbation par les Palestiniens du démembrement par Israël de leur propre territoire. En définitive, ce qu'Ehud Olmert et son gouvernement se préparent à offrir aux Palestiniens sera rejeté autant par Abbas que par le Hamas, et cela ne fera que confirmer aux Palestiniens l'inutilité de la modération d'Abbas tout en justifiant le rejet d'une telle modération par le Hamas. Tout aussi illusoires sont les expectatives de George W. Bush concernant les résultats de sa conférence de paix. A ses yeux, toutes les initiatives de paix précédentes ont échoué, dans une large mesure, sinon exclusivement, parce que les Palestiniens n'étaient pas prêts à prendre en charge un Etat qui leur fût propre. Cette réunion, par conséquent, se concentre étroitement sur l'édification et la réforme des institutions palestiniennes, sous la tutelle de Tony Blair, représentant fraîchement nommé du Quartette.En réalité, toutes les initiatives de paix précédentes n'ont abouti à rien, pour une raison que ni Geoorge W. Bush, ni l'Union européenne n'ont eu le courage de reconnaître. Cette raison, c'est le consensus, atteint depuis fort longtemps par les élites décisionnaires d'Israël, sur le fait qu'Israël n'autorisera jamais l'émergence d'un Etat palestinien qui remît en cause son contrôle effectif, tant militaire qu'économique, sur la Cisjordanie. A n'en pas douter, Israël est prêt à permettre -- et même, à favoriser -- la création d'un certain nombre d'enclaves isolées, que les Palestiniens pourraient appeler "Etat" si cela leur chante, mais à seule fin d'empêcher la création d'un Etat bi-national, dans lequel les Palestiniens seraient démographiquement majoritaires.Le processus de paix au Moyen-Orient risque fort de devenir ainsi la tromperie la plus spectaculaire de toute l'histoire de la diplomatie moderne. Depuis le flop du sommet de Camp David, en 2000, et même en réalité bien avant ce sommet calamiteux, l'intérêt d'Israël pour un quelconque processus de paix (mis à part dans le but d'obtenir des Palestiniens et de la communauté internationale une acceptation du statu quo), n'est qu'une fiction qui a essentiellement servi à dissimuler la confiscation systématique des territoires palestiniens et une occupation dont l'objectif, d'après l'ancien chef d'état major de l'armée israélienne, Moshe Ya'alon, est de "faire rentrer profondément dans la conscience des Palestiniens qu'ils sont un peuple vaincu".Par son adoption réticente des accords d'Oslo, et par son dégoût pour les colons, Yitzhak Rabin a sans doute été la seule exception, mais même lui n'a jamais envisagé une restitution des territoires palestiniens allant au-delà du "plan Allon" de 1967, qui permettait à Israël de conserver la vallée du Jourdain et diverses autres parties de la Cisjordanie.Quiconque connaît un tant soit peu l'histoire de la confiscation des territoires palestiniens par Israël, basée sur un plan conçu, supervisé et exécuté par Ariel Sharon, sait bien que l'objectif de l'entreprise de colonisation en Cisjordanie est d'ores et déjà en grande partie atteint. Gaza, dont l'évacuation des colonies a été si naïvement saluée par la communauté internationale qui s'est plu à y voir le geste héroïque d'un homme tout récemment impliqué dans une paix honorable avec les Palestiniens, n'était que la première création de toute une série de bantoustans palestiniens. La situation actuelle de la Bande de Gaza nous donne une idée de ce que deviendront tous ces bantoustans si leurs habitants ne se comportent pas conformément aux desiderata d'Israël.C'est l'engagement hypocrite d'Israël dans un soi-disant processus de paix et une solution à deux Etats qui a rendu possible l'occupation à durée indéterminée et le démembrement du territoire palestinien. Et le Quartet -- l'Union européenne, l'Onu et la Russie suivant avec obéissance la ligne imposée par Washington -- a participé à cette tromperie, et l'a couverte, en acceptant le prétexte invoqué par Israël qu'il n'aurait pas été en mesure de trouver un partenaire de paix palestinien méritant.Un an, tout juste, après la guerre de 1967, Moshe Dayan, ancien chef d'état major de l'armée israélienne qui était, à l'époque, ministre de la Défense, interrogé sur ses projets pour le futur, répondit qu'il s'agissait "de la réalité actuelle dans les territoires". "Le projet", at-il affirmé, "est en train d'être mis en oeuvre dans les faits. La situation actuelle de la Cisjordanie doit demeurer". Dix ans plus tard, lors d'une conférence à Tel-Aviv, le même Dayan déclara: "La question n'est pas "Quelle est la solution ?", mais "Comment pouvons-nous vivre sans solution ?". Geoffrey Aronson, qui a contrôlé l'entreprise de colonisation depuis ses débuts, résume ainsi la situation: Vivre sans solution, à l'époque comme aujourd'hui, a été compris par Israël comme la clé permettant de maximiser les bénéfices de la conquête, tout en minimisant les charges et les dangers d'un retrait, comme ceux d'une annexion formelle. Ce pari sur le statu quo masquait toutefois un programme d'expansion que des générations successives de dirigeants israéliens ont soutenu, car elle permettait, à leurs yeux, la transformation dynamique des territoires et l'extension d'une souveraineté israélienne effective jusqu'au Jourdain.Dans une interview accordée en 2004 au quotidien israélien Ha'aretz, Dov Weissglas, chef de cabinet d'Ariel Sharon, Premier ministre à l'époque, présenta l'objectif stratégique de la diplomatie sharonienne comme consistant à obtenir le soutien de la Maison Blanche et du Congrès américain à des mesures israéliennes susceptibles de "formoliser" le processus de paix et la constitution d'un Etat palestinien. C'était là une métaphore diaboliquement adéquate: en effet, le formol a pour principal intérêt d'empêcher les corps morts de se détériorer, allant jusqu'à créer, parfois, l'illusion qu'ils sont encore en vie. Weissglas explique que le but du retrait unilatéral de la Bande de Gaza décidé par Ariel Sharon, ainsi que celui du démantèlement de plusieurs implantations isolées en Cisjordanie, a été de faire accepter aux Américains l'unilatéralisme d'Israël, et non de créer un précédent pour un éventuel retrait de Cisjordanie. Les retraits limités ont été calculés pour assurer à Israël une marge politique afin d'approfondir et d'étendre sa présence en Cisjordanie, ce à quoi il est parvenu sans peine. Dans une lettre à Sharon, Bush écrit: "À la lumière des nouvelles réalités sur le terrain, y compris l'existence d'importants centres de population israélienne, il est irréaliste d'envisager que le résultat des négociations sur le statut final soit un retour plein et entier aux lignes d'armistice de 1949".Dans une récente interview à Ha'aretz, James Wolfensohn, représentant du Quartet à l'époque du retrait de la bande de Gaza, a déclaré qu'Israël et les Etats-Unis ont systématiquement sapé l'accord qu'il avait contribué à élaborer en 2005 entre Israël et l'Autorité palestinienne, et avaient au contraire transformé Gaza en une vaste prison.
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